AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782849411889
314 pages
François Bourin (23/09/2010)
4.2/5   5 notes
Résumé :

Dans les débats autour de l'islam, les préjugés dominent. Les uns ne retiennent que l'image d'une religion archaïque défendant l'application stricte de la loi de Dieu. Les autres dénoncent l'islamophobie rampante d'un Occident angoissé par les métamorphoses du religieux.

Mais les questions fondamentales ne sont pas posées : l'islam a-t-il les ressources pour se confronter à l'exigence moderne de liberté ? L'Occident contemporain est-il ca... >Voir plus
Que lire après L'islam face à la mort de Dieu : Actualité de Mohammed IqbalVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Notre civilisation occidentale a annoncé la mort de Dieu (“Dieu est mort ! Dieu reste mort ! Et c'est nous qui l'avons tué !” in le Gai Savoir de Friedrich Nietzsche) comme condition d'entrée dans la Modernité. Et pourtant l'homme occidental ne se satisfait pas du matérialisme de la modernité. Il est à la recherche d'une spiritualité compatible avec elle obligeant les religions à modifier leur message tout en restant compatible avec leurs textes fondateurs. L'Islam pourra-t-il franchir cette étape et Mohammed Iqbal devenir le Luther de l'Islam prouvant que Nietzsche s'est trompé ? Dieu est-il réellement mort ?

Mohammed Iqbal (1877 – 1938), inconnu ou presque en France, honoré comme Père fondateur du Pakistan - le Iqbal Day, le 21 Avril, marque l'anniversaire de sa naissance – et comme son poète officiel, est un profond connaisseur de la modernité occidentale et de ses philosophes tels Henri Bergson (1859-1941) ou Friedrich Nietzsche (1881-1900). A cheval sur les deux rives de ces continents culturels, il questionne l'Islam qui, après sa période flamboyante finissant au milieu du XIIIème siècle, se trouve pris dans les serres d'un conservatisme religieux anéantissant la pensée, interdisant l'exégèse des textes fondateurs et ne songeant plus qu'à “maintenir une vie sociale pour le peuple, en excluant jalousement tout innovation dans la loi de shari'a”.

En cet ouvrage, Abdennour Bidar se propose d'étudier, non le politique, mais le penseur de la destinée humaine en s'appuyant sur son maître livre composé de sept conférences données en anglais entre 28 et 32 : Reconstruire la pensée religieuse de l'islam. L'intérêt est double : parce qu'elles sont données en anglais, les risques d'interprétation sont réduits et la pensée de Iqbal est à son sommet. le lecteur découvrira cet Islam asiatique fortement teinté de soufisme et des traditions indiennes.

Abennour Bidar, fils d'auvergnate convertie dans mes années 60, aimerait croire que la vigueur de la pensée d'Iqbal pourrait permettre ainsi à la civilisation musulmane d'entrer dans la modernité tout en proposant au monde une spiritualité disparue dans le matérialisme et l'utilitarisme.

Ce livre est très intéressant quoique souvent difficile à lire et les grilles de lectures de l'ouvrage sont nombreuses et seul le regard du lecteur lui donnera la vie.
Toutefois l'Occident a commencé à lutter contre la Modernité. La condamnation de ce monde fondé sur l'oubli de l'être au profit d'un utilitarisme totalitaire a déjà été prononcée par Heidegger (1889 – 1976), contemporain d'Iqbal, décrivant le système, Gestell, et ses quatre idoles : la technique, l'argent, la masse et l'ego. Ce système où l'hédonisme, ou le plaisir de l'ego, est la cause finale du comportement moderne. Iqbal recherche aussi un égo, un Ego ultime que l'ouvrage développe longuement. Iqbal est contemporain de géants de la pensée et ses réflexions se retrouvent chez Jung, Heidegger, Bergson, Einstein, Nietzsche etc…Bidar pose Iqbal non comme l'un d'entre eux mais comme le primum inter pares, tout en ramenant tout à l'islam comme seule solution.

Pour ma part, Iqbal, pair des philosophes du XXème siècle, et témoin d'une culture voisine justifie en soi la lecture de l'ouvrage d'Abdennour Bidar.

Lien : http://quidhodieagisti.kazeo..
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Avec une étonnante aisance, Iqbal circule sans arrêt entre les deux univers culturels de l'Orient et de l'Occident, entre les deux registres de la pensée religieuse et de la pensée profane. Sur la trame de ce dialogue permanent, il tisse son projet de ce qu'il nomme la "reconstruction de la pensée religieuse de l'islam". Mais le résultat dépasse ses intentions. Car son inspiration est si riche et si diverse qu'il ne pouvait produire à l'arrivée une philosophie de l'homme qui aurait été seulement "islamique" et comme telle seulement aussi à l'usage des musulmans. Il conduit si loin le dialogue avec l'Occident, et donne à son projet de reconstruction une telle ampleur critique et créatrice, que celle-ci semble le soulever bien au-delà de son intention initiale pour le déposer finalement bien au-delà. Il propose une conception de l'islam et de la religion d'une telle originalité , si radicalement distincte des formes et des significations que nous avons l'habitude de leur donner, qu'au terme de la lecture de ces conférences de Reconstruire nous avons même du mal à reconnaître ces objets "religion" et "islam". Non pas qu'il les oublie en route, ni qu'il les trahisse ou les dénature. Mais il les arrache à leurs compréhensions usuelles.
Commenter  J’apprécie          40
(...) la religion n'a pas pour finalité de conduire l'homme hors de lui-même vers le pari d'une (...) divinité transcendante, mais de l'acheminer au centre de lui-même. S'il y a transcendance, elle est immanente. Transcendance de l'Ego ultime au coeur secret de l'ego ordinaire. Et donc altérité du divin qui doit se résoudre dans l'identité d'une intériorité doublement réconciliée avec elle-même, par identification finale de la radicale altérité de Dieu comme radicale identité du Soi et par identification du moi au Soi dont il est un filament. Dans la conscience du Soi s'unissent ainsi la conscience du moi et celle de Dieu.
Contrairement à sa réputation auprès de la plupart des croyants eux-mêmes et parmi les non-croyants, la vocation de la religion n'est pas par conséquent de "réduire l'ego au profit d'un grand Tout qui le dépasserait". Elle est double exercice qui fait passer les potentialités les plus hautes de l'ego de la puissance à l'acte : exercice (comme entraînement, développement, discipline) de l'intuition spirituelle du Soi, et exercice (comme activité, usage, jouissance) de cette intuition une fois qu'elle est éveillée.
Commenter  J’apprécie          20
La révolution moderne du sacré s'envisage comme révélation de la (con)quête du Soi créateur. Auparavant cette "expérience supérieure" de soi comme Soi était certes méditée et tentée, mais de façon plus ou moins occultée ou secrète dans les voies mystiques et initiatiques des différentes religions. L'orthodoxie de celles-ci ordonnait au contraire que la vie spirituelle soit consacrée à l'adoration de Dieu. Il n'est pas question, dans l'exotérisme, de connaissance de soi et de reconnaissance de soi comme Soi ultime, mais d'obéissance à des lois et volontés du divin et d'imploration de sa protection ou de sa miséricorde. Vis-à-vis de cette conception traditionnelle qui a prévalu jusqu'ici, Iqbal pense donc de la visée du Soi qu' "il y a d'importantes raisons pour lesquelles elle doit être posée au moment présent de l'histoire de la culture moderne."

Chapitre II. Une autre compréhension de la modernité
Par delà la voie religieuse et la vie profane § La modernité comme seuil de la révélation de la quête du Soi
Commenter  J’apprécie          20
Pour que le regard de la modernité en quête des facultés de l'ego soit alerté par cette expérience du "coeur" spirituel et de sa capacité de perception particulière, encore eût-il fallu que la religion la transmette effectivement. Or que signifie "croire" pour l'immense majorité des croyants d'hier et d'aujourd'hui ? C'est avoir le sentiment ou la conviction plus ou moins forte de la réalité et de la présence d'un être supérieur auquel ils adressent leurs prières. Cette conviction correspond-elle à l'expérience du coeur dont parle Iqbal ? Elle n'en est que l'expression la plus primaire ou grossière, sa forme infantile. Car le développement de "l'oeil du coeur" (selon la désignation soufie classique) ne se contente pas de pressentir ou d'espérer, il perçoit. Et ce qu'il perçoit n'est plus mélangé de ce que l'imagination de la croyance ordinaire croit identifier comme "un être supérieur aux hommes." L'individu doué d'une telle vision du coeur se voit lui-même comme le siège du divin -et lorsque son regard s'aiguise encore il aperçoit non plus seulement le divin en lui, mais ce divin comme lui-même...
Et ce dont le divin était le nom symbolique laisse place alors l'Ego ultime. Il ne s'agit plus là de croyance, mais d'expérience de soi et "en ce qui concerne les possibilités de connaissance, le domaine de l'expérience mystique est aussi réel que n'importe quel autre domaine de l'expérience humaine, et on ne peut l'ignorer sous le seul prétexte qu'on ne peut la rapporter à l'expérience sensorielle".
Commenter  J’apprécie          10
En regard de ce type d'enquête, notre culture contemporaine semble bien être devenue un asile de l'ignorance. Loin d'évoquer l'idée d'une perception possible, la "foi" est perçue par les athées comme une aberration, dont ils plaignent ou méprisent une illusion déclarée par principe. Aucun doute, ni aucune curiosité, ne les effleurent qui les conduiraient à envisager qu'il ya aurait là peut-être un phénomène dont la nature et la richesse leur échappent. Mais il faut dire à leur décharge que ce n'est pas toujours l'exemple de la foi des croyants qui pourrait les incliner à chercher une profondeur réelle de ce côté là. Fait-on souvent la rencontre en effet, chez un croyant, de cette foi dont on dit qu'elle "soulève des montagnes", c'est-à-dire qui manifeste la réalité de Dieu ou du Soi créateur en se montrant elle-même douée d'une exceptionnelle puissance ou vitalité créatrice ? Combien de fois la "foi" est-elle au contraire sans véritable force ? Juste une "croyance" enracinée par l'habitude, qui n'ouvre sur aucune profondeur particulière dans l'intériorité et ne produit aucun résultat particulier ?
Un véritable homme de foi, selon Iqbal et James, est la preuve vivante du Soi créateur. Car son action semble animée de l'intérieur par une telle énergie que celle-ci ne peut prendre sa source que dans la puissance et la sagesse créatrice du Soi lui-même, dont le feu brûle en lui. L'homme dans le coeur duquel le Soleil du Soi s'est levé rayonne de sa vie et de sa force.
Commenter  J’apprécie          10

Videos de Abdennour Bidar (39) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Abdennour Bidar
Débat quelle école pour grandir en humanité ? Philippe MEIRIEU, Abdennour BIDAR, Aurélien ARAMINI au 35e festival du Livre de Mouans-Sartoux
autres livres classés : pakistanVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (20) Voir plus



Quiz Voir plus

Jésus qui est-il ?

Jésus était-il vraiment Juif ?

Oui
Non
Plutôt Zen
Catholique

10 questions
1827 lecteurs ont répondu
Thèmes : christianisme , religion , bibleCréer un quiz sur ce livre

{* *}