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EAN : 9782246366331
159 pages
Grasset (04/09/1985)
3.88/5   38 notes
Résumé :

A l'aube d'une journée d'été, en l'an de grâce 1872, j'assassinai mon père, acte qui, à cette époque, produisit sur moi une profonde impression." Les dix-sept récits de ce recueil appartiennent au fantastique, au surnaturel: maisons hantées, forêts maléfiques, fantômes... Une écriture glacée, un humour noir proche des surréalistes."

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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, format court, avec un recueil de nouvelles : Histoires impossibles, d'Ambrose Bierce.

-Jamais entendu parler. C'est qui, çui-là ?

-Aucune idée*.

Or donc, comme c'est un recueil de nouvelles, je ne puis vous donner de résumé. En revanche, ces textes possèdent les mêmes dénominateurs communs : le fantastique, l'inexplicable, l'épouvante...

-Et l'illisibilité !

-Meuh non, n'exagère pas.

-Ah si. C'est illisible.

-Mais non, rholàlààà. Bierce écrit dans une prose classique, très classique…

-TROP classique… Excuse-moi Déidamie, mais ce style est parfaitement démodé !

-Oui… certes… mais j'aime bien, parce que j'adore les phrases bellement structurées à la façon antique. J'ai buté une ou deux fois sur des constructions, il est vrai, cependant, en analysant un peu, j'ai vite retrouvé mes petits…

-Et on fait quoi si on n'a pas la passion de l'architexture ?

-On peut apprécier la haute qualité des histoires, évidemment !

-Ah non. Je regrette, elles restent très inégales. Et puis on dirait qu'elles sont incomplètes, pas finies, ‘manque quelque chose...

-Oui, je reconnais que certaines de ces nouvelles sont étranges, elles paraissent lacunaires, comme s'il manquait des éléments qui lieraient le fantastique au réel. Je pense notamment aux Yeux de la panthère. D'autres sont aussi amusantes que les histoires qu'on se raconte pour se faire peur. Ce magnifique style classique dont je parlais plus haut est parfait pour faire monter crescendo l'horreur et la terreur des personnages. Et puis, je me sens comme une grande dâme du XIXe siècle qui tient salon quand je lis des textes pareils…

-Moi, je maintiens que certaines histoires sont bancales et décevantes. On commence avec un terrible mystère, et puis le soufflé retombe, comme dans l'histoire de la montre. Je préfère les narrations comme La Vénus d'Ille, où tu choisis ton interprétation, ou comme le cauchemar d'Innsmouth, dans laquelle tu comprends très bien ce qu'il se passe. Et puis, il y a des coquilles.

-Bon, pas beaucoup, notre édition est vieille, aussi… En revanche, une chose est remarquable : l'humour !

-L'humour ?

-Oui ! La plupart des nouvelles sont plutôt dramatiques et finissent mal en général. Pourtant, Bierce trouve le moyen de faire rire en écrivant quelques textes étonnants, qui inversent complètement le bien et le mal. Cela donne des nouvelles à la fois candides et malfaisantes, comme si le mal était innocent et faisait l'objet de perpétuels malentendus. Et c'est tellement gros, cela va si loin dans le déni de la réalité que ces récits de criminels me font m'esclaffer.

-Si t'aimes pas l'humour noir, hein…

-Ah, si tu n'aimes pas l'humour noir ou absurde, effectivement, il vaut mieux s'abstenir. Quoi qu'il en soit, j'ai passé un fort bon moment en compagnie de M. Bierce. Sa prose n'est plus de notre monde, il est vrai, mais j'ai apprécié cette élégance surannée. Je le relirai pour l'admirer à mon aise. »

*Ecrivain et journaliste autodidacte né en 1842 aux Etats-Unis et disparu au Mexique en 1914, et quand je dis « disparu », je veux vraiment dire « disparu ». On ne sait ni quand ni comment ce monsieur est passé dans l'autre monde. Alan Moore vous explique brièvement ce qu'il est devenu dans Providence.
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Ambrose Bierce ne se contentait pas d'écrire des histoires surnaturelles, car sa vie elle-même en était une : un roman empli de guerres, de meurtres et de fantômes venant le hanter. Blessé à la tête dès la fin de son adolescence dans la guerre de Sécession, il verra ses fils abréger leur vie avec l'aide de l'alcool et des revolvers, puis il retournera au front à l'âge tendre de 71 ans pour aller faire la révolution aux côtés de Pancho Villa... et disparaître mystérieusement.

Ce rapide tour d'horizon permet de se faire une petite idée de la familiarité entretenue par Bierce avec la mort. Une vielle compagne qu'il invite ici à sa table, dans des récits fantastiques qui suivent tout à fait les conventions narratives du genre au XIXème siècle, car ils s'appuient systématiquement sur une parole rapportée, en l'occurence un narrateur interne racontant après-coup les faits surnaturels qu'il a observés. Cela permet une mise à distance qui préserve les âmes sensibles (ouf, nous sommes sûrs que le héros a survécu), mais fait forcément perdre un peu en frissons.

Les thèmes abordés sont variés et attrayants (fantômes, monstres invisibles, phénomènes psychiques inquiétants…), même si rien de cela ne paraîtra très dépaysant pour les connaisseurs du Horla, des fantômes de Poe et des fantaisies spiritistes de Conan Doyle. le classicisme absolu de l'ensemble imprègne jusqu'à la plume de Bierce, à la solennité toute victorienne et d'une finesse admirable, qui lui permet de déployer les ressorts subtils de la peur sans avoir besoin de recourir à une exagération tonitruante (Lovecraft, si tu m'entends…).

Les choses deviennent encore plus intéressantes à partir du moment où l'on s'aperçoit que Bierce place systématiquement les institutions sociales et les valeurs humaines en situation d'échec face aux phénomènes surnaturels : un docteur de chair et d'os est incapable d'inverser le « diagnostic de mort » de son collègue fantôme, les inspecteurs confrontés au cadavre laissé par un esprit vengeur s'enfuient sans demander leur reste, et un aristocrate perd son self-control dans un dîner mondain où le sens de ses visions lui apparaît. L'amour lui-même est brisé par le choc entre le monde des humains et celui, plus large, qui l'entoure.

Le cynisme de Bierce perce peu à peu, et finit par éclater en fin de recueil, avec la nouvelle « La tombe sans fond » puis une courte série de quatre textes additionnels : « Le club des parenticides ». Dans ces dernières histoires, les fantômes disparaissent brutalement et ne laissent que des anti-héros dansant sur les ruines de l'humanité et de la famille en particulier.

Par cet humour fondé sur la souffrance (comme pour tout clown triste qui se respecte) Bierce se révèle à son meilleur : le raffinement de son écriture lui sert de levier ironique pour renverser les idoles de la moralité, et se gausser de cette humanité dont il a observé la folie aux première loges.
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Un recueil de nouvelles fantastiques et horrifiques écrites à la fin du XIXème siècle par l'écrivain américain Ambrose Bierce. On y décèle des similitudes avec les auteurs classiques du genre comme Guy de Maupassant ou Edgar Allan Poe.
On y retrouve une quinzaine de nouvelles avec une teinte fantastique et macabre, les trois dernières nouvelles, issues du chapitre "Le club des parenticides" ont davantage à voir avec un certain humour noir.


Concernant le décor, force est de remarquer que les Etats-Unis de la deuxième moitié du XIXème siècle avec leurs restes des fronts pionniers, les souvenirs vivaces de la guerre de sécession et les vastes espaces quasiment inhabités font parfaitement l'affaire. On y retrouvera le bestiaire conventionnel du genre : esprits vengeurs, cadavres animés et automate échappant à son créateur.

Ambrose Bierce est un auteur talentueux et cela se ressent nettement au niveau du style. La plupart des nouvelles n'excèdent pas dix pages d'où un rythme soutenu et fluide. Ces éléments font du recueil une lecture tout à fait facile et agréable.


Si le talent de l'auteur est difficilement contestable, les textes inclus dans ce recueil souffrent d'un sérieux bémol lorsqu'ils sont lus par un lecteur d'aujourd'hui : du fait du renouvellement du genre fantastique/horrifique quelques décennies plus tard par Lovecraft et de l'utilisation devenue très courante de ses thèmes dans la littérature et le cinéma, les textes d'Ambrose Bierce souffrent d'un classicisme trop marqué où l'on peine à retrouver des idées vraiment originales. On se retrouve avec une impression de "tarte à la crème" d'histoires de fantômes et autres revenants.


Bref, c'est un recueil de textes fantastiques que j'ai trouvé plaisant en dépit d'un arrière-gout de déjà-lu.
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Ce court recueil de 17 nouvelles fantastiques de Ambrose Bierce, est très sympa à lire. Les nouvelles les plus longues font dix pages, ce qui rend la lecture très accessible. Ici, on est pas vraiment dans l'horreur brut, dans le gore ou autre. On se rapproche plus du registre fantastique classique à la Maupassant.
Le recueil se finit par quatre nouvelles réunit sous l'intitulé : le club des parenticides, qui conclue très bien la lecture.

Lecture conseillé !
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Du fantastique ironique, un précurseur du mouvement cyberpunk...Un écrivain comparé à Poe.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Il se nommait Halpin Frayser. En ce temps-là, il résidait à Saint-Helena, mais nul ne sait où il réside à l'heure actuelle car il est mort. Celui qui dort dans les bois, sans rien au-dessous de lui que les feuilles sèches et le sol humide, sans rien au-dessus de lui que les branches d'où sont tombées les feuilles, et le ciel d'où est tombée la terre, celui-là ne saurait espérer vivre très vieux: or, Frayser avait déjà atteint sa trente-deuxième année. Il y a de par le monde des millions d'êtres, les meilleurs d'entre nous, qui considèrent la trentaine comme un âge très avancé. Ce sont les enfants. Pour ceux qui contemplent le voyage de la vie depuis le port du départ, le navire déjà en mer, à une distance notable, semble déjà tout proche de la rive opposée. Néanmoins, il n'est pas certain que Halpin Frayser ait trouvé la mort uniquement pour avoir couché à la belle étoile.

(Histoires impossibles - La mort de Halpin Frayser)
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Il y a de par le monde des millions d'êtres, les meilleurs d'entre-nous, qui considèrent la trentaine comme un âge très avancé. Ces êtres sont les enfants. Pour ceux qui contemplent le voyage de la vie depuis le port de départ, le navire déjà en mer, à une distance notable, semble déjà tout proche de la rive opposée.
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A l'aube d'une journée d'été, en l'an de grâce 1872, j'assassinai mon père, acte qui, à cette époque, produisit sur moi une profonde impression.

(Histoires impossibles - A l'épreuve du feu)
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Après avoir essayé sans résultat de se faire bandit de grands chemins ( si l'on peut donner un nom si dur à un représentant de commerce)
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Ma chère amie, déclara Morgan avec l'intonation machinale d'un interprète en train de traduire, la perte de ce mulet a poivré le café de M. Elderson.
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