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EAN : 9782359494426
436 pages
Don Quichotte éditions (22/09/2016)
3.67/5   3 notes
Résumé :
Si aujourd’hui dans la musique tout se confond, se mélange, se fertilise et s’oublie, il n’en a pas toujours été ainsi. Je t’aime, moi non plus explore, analyse, chronique, mémorialise les relations inévitables et complexes, fertiles, au cours du dernier demi-siècle pendant lequel la chanson française a perdu son influence internationale face à la domination planétaire du rock, qu’elle a épousé sans pour autant lui céder tout à fait, exception française elle aussi. ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Je remercie d'abord Babelio de m'avoir sélectionné pour la chronique de ce livre dans le cadre de l'opération Masse Critique.
Je dois admettre que j'ai été un peu surpris en recevant ce livre. Je m'attendais à un ouvrage plus dans le style de la Scandaleuse Histoire du Rock du regretté Gilles Verlant, à savoir un livre qui invite au vagabondage, qu'on ouvre au hasard.
Le livre d'Yves Bigot ne se prête pas du tout à ce picorage. L'absence même de table de matière n'aide pas à une lecture dilettante. C'est pourtant le genre de lecture que je préfère lorsqu'il s'agit de musique ou de cinéma.
Il me fallut donc lire ce livre de la manière la plus classique qui soit, du début à la fin. J'adresserai un autre reproche à l'éditeur et à l'auteur. J'aurai aimé que la lecture soit enrichie d'une bande-son. de ce point de vue, nous n'avons droit qu'un service minimum: en fin de chapitre, 3 mentions d'albums (culte, phare et classique) certains étant introuvables (Catherine Ribeiro, Gérard anset, Ronnie Bird...). En 2016, il serait tellement plus facile de faire appel à l'interactivité grâce à des QR Code qui renverraient à des playlists sur Deezer et Spotify.
Après ces reproches plus techniques, il est temps que je parle du contenu de ce livre
Dans les années 50, un nouveau courant musical apparaît: le rock.
Très vite, son influence dépasse la sphère musicale pour devenir un véritable phénomène de société. le rock est une musique de rupture entre les générations. En quelques années, Elvis devient le héraut de cette révolution culturelle. Plus qu'une musique nouvelle, une nouvelle identité était en train d'émerger. La nouvelle génération refuse désormais de rentrer dans le même moule que ses parents. Il ne fallait pas s'étonner que certains y voient une musique diabolique qu'il fallait absolument éradiquer. Les racines noires (pour ne pas dire nègres) du rock, héritée du blues contribuaient encore plus à en faire le symbole d'une révolution.
En quelques années, le rock a changé l'image de la musique partout dans le monde... sauf en France.
La chanson française fit figure d'exception, écartelée entre une tradition littéraire forte et le besoin viscéral d'intégrer le mouvement rock. le rock fut condamné à être assimilé à une forme de contre-culture ou de produit d'importation.
L'approche musicale est trop différente.
Le rock est une histoire de sons et de notes alors que la chanson française reste attachée à une culture des mots. La langue française se prête plus difficilement à cette trituration qui fait que le rock sonne comme il le fait.
De cette incapacité à se remettre en question découlera une forme de vide et d'errances parfois étonnantes, comme de présenter Johnny Hallyday comme étant américain et lui inventer une vie de cowboy, comme si cette imagerie était nécessaire pour lui donner la crédibilité "rock" Et pourtant, selon Yves Bigot, les chanteurs des années 60 et 70 avaient pleinement conscience de l'importance du rock et certains d'entre eux étaient même de véritables connaisseurs. Mais ils se montrèrent pratiquement incapables de traduire en français ce qui faisait l'essence même du rock.
Yves Bigot fut le témoin privilégié de toute cette période. Adolescent emporté par le tsunami du rock, il fut disquaire, journaliste, homme de radio et officia 3 ans à la tête de Mercury. Dans ce livre, il dresse une série de portraits qui décortiquent le rapport compliqué entre rock et chanson française. de Gainsbourg à Goldman, pour se doter de 2 références aisément identifiables (le premier qui allia la virtuosité des mots sans négliger la musique jusqu'au second qui a la mieux transpose le rock FM américain en France), mais aussi pour circonscrire une période, approximativement entre 1960 et 1980, pour ce premier volume
Ce qui frappe, c'est à quel point ces artistes étaient influencés par le blues et le rock. Ils ne furent pourtant que rarement capable de l'intégrer complètement dans leur musique. Au fil des chapitres, Yves Bigot utilise ce rapport au rock comme point d'appui pour évoquer les carrières des plus grandes vedettes de l'époque.
Je dois lui reconnaître une vraie pertinence et sa crédibilité ne fait aucun doute. Par contre, son livre donne parfois l'impression d'être aussi une célébration de sa petite personne. Il aime à expliquer qu'untel est un ami, parler de leurs rencontres, la connivence qui le lie avec certains, et d'adresser quelques perfidies à d'autres (entre autres à Michel Jonasz ou Véronique Sanson). Il aime aussi à souligner son travail chez Mercury, qu'il ait abouti ou non. Un bel ego mais je dois lui reconnaître qu'il a effectivement une belle carrière et qu'il a matière à se jeter quelques lauriers.
Il est très indulgent avec certains (Johnny Hallyday en tête), assassin avec d'autres (Julien Clerc après la fin de sa collaboration avec Roda-Gil, Michel Jonasz, Claude Nougaro...). Il renvoie Claude François au statut de simple chanteur de variétoche, malgré un certain goût en matière de musique. S'il a repris des standards soul et R&B assez imparables, il les a systématiquement transformé en soupe indigeste et ringarde, perdant toute l'énergie et la puissance des originaux. Il suffit de se rappeler que ses Clodettes qui se trémoussent mollement derrière lui sont des transpositions des Ikettes de Ike et Tina Turner, autrement plus provocantes et énergiques. Mais il fallait coller à l'image familiale de Podium, SLC et des Carpentier.
Pour moi qui n'ait pas connu cette période, je trouve parfois surprenant l'impact qu'avait Antoine ou l'image contestataire d'un Hugues Aufray. J'ai aussi du mal à comprendre l'admiration qu'il a pour Il était une fois, dont je me comme un groupe de gentille variété mais qu'il considère comme une merveille de pop sophistiquée.
Par un étrange paradoxe, Bob Dylan, l'une des influences les plus importantes de la musique mondiale et inspiration plus qu'assumée pour Hughes Aufray, Francis Cabrel ou encore Antoine, reçoit le Prix Nobel de Littérature. Chanteur de rock, Dylan l'est assurément. Son ombre traverse le livre d'Yves Bigot. Il sait fait sonner les notes, donner du ses à des sons. mais c'est aussi un poète formidable. Preuve sans doute de la supériorité de l'anglais sur le français lorsqu'il s'agit de rock, Dylan allie sons, notes, sens et poésie. Bigot utilise le How does it feel de Like a Rolling Stone pour illustrer ce sens donné à des sons. Même si on ne comprend pas l'anglais, il y a dans cette phrase, la manière dont il la chante, une détresse et une urgence qui dépasse la barrière de la langue. Ce que les Français n'arrivent que très rarement, voire jamais, à faire. Je ne vois que Bashung pour comme lointain équivalent.
Ce livre reste très agréable à lire et m'a appris pas mal de choses. Certains passages sont vraiment très réussi, comme le début du chapitre sur Dutronc qui dresse un portrait très drôle et très juste du personnage. Je pense qu'il ne manque personne de crucial, si ce n'est Téléphone. Mais ils feront l'objet d'un second volume, qui s'intéressera aussi à la manière dont la musique française va recommencer à rayonner à travers le monde, que ce soit grâce a Daft Punk ou plus récemment Christine & the Queen et du belge Stromae.
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Merci à Babelio et aux éditions Don Quichotte de m'avoir permis de découvrir ce livre qui est passionnant et qui nous fait découvrir des faces cachées de tous ces chanteurs, ces groupes qui nous ont accompagnés depuis tant d'années
Yves Bigot a vraiment fait un ouvrage particulièrement étayé, en analysant au fil des pages les amours tour à tour froissées, consanguines ou débridées entre la chanson française et le rock, les auteurs et compositeurs français et anglo-saxons. Tous y passent – ou presque !
Le livre commence par une petite " étude " de Gainsbourg, véritable pont entre la tradition érudite et classique d'un côté et le modernisme rock recyclage d'aujourd'hui.
" Gainsbourg, c'est l'exception culturelle française ".
Puis nous continuons notre lecture en côtoyant Souchon, Nougaro, Jonasz, Aufray, Ferrer....
Evidemment nous rencontrons Johnny, qui " a survécu à tout, qui est éternel comme le rock " ...
Vient ensuite Sylvie " Star à 17 ans, elle a été le modèle de toutes ces " yéyé girls " que l'Angleterre s'est mis à nous envier " ...
Nous poursuivons avec Adamo, Dutronc et Hardy, Cloclo qui " incarne le show-biz français triomphant dans toute sa caricature flamboyante, ses danseuses et ses
paillettes " ...
Un petit crochet pour rencontrer Berger, Christophe, Dassin, Shuman, Antoine ...
Un moment passé avec " IEUF ", ce fameux groupe ...
Il était une fois ... qui restera " le joyau égaré et foutraque d'une mythique pop française qui connaît tellement de mal à s'incarner " ...
Tiens, maintenant on est avec Bashung, qui jouit de ce statut exceptionnel d'artiste chéri, borderline mais adoré.
Un peu plus loin, c'est Renaud, " le plus balzacien des auteurs de sa génération " ...
Et sans tous les énumérer, je peux vous dire que nous en rencontrons encore beaucoup d'autres ... jusqu'à ce phénomène de Goldman, par qui s'achève ce premier livre.
Vraiment cet ouvrage est une mine d'or de renseignements, de découvertes et il est vraiment très intéressant.
Il faut dire qu'Yves Bigot connait tous ces artistes particulièrement bien. Sa connaissance et son amitié pour certains d'entre eux y sont pour beaucoup. C'est d'ailleurs sans aucun doute la clé de voûte de ce livre. Rappelons, si besoin en est, qu'Yves Bigot est actuellement directeur général de TV5 Monde, qu'il a chroniqué des milliers de disques et interviewé de nombreux artistes (que ce soit pour les prestigieux Rolling Stones et Libé ou sur les ondes de France Inter, Europe 1, RTL ou France 2 et la RTBF) et qu'il a dirigé plusieurs maisons de disques (Fnac Music et Mercury).
Alors en conclusion, je peux vous dire que j'attends avec impatience le deuxième volume ( qui doit normalement paraître au printemps 2017 ).
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