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EAN : 9782732470092
416 pages
Editions de la Martinière (08/01/2015)
4.03/5   18 notes
Résumé :
En entrant sur le conseil de son oncle dans l'atelier d'Ingres, le jeune peintre allemand Henri Lehmann (1814-1882) a-t-il vendu son âme au diable ? Quand ce maître génial mais tyrannique prend la direction de l'Académie de France à Rome, Henri, subjugué, décide de l'y rejoindre. C'est là, dans les salons enchantés de la Villa Médicis, qu'une autre rencontre va bouleverser sa vie : celle de Marie d'Agoult et de Franz Liszt. Témoin fasciné de l'agonie de leurs célèbr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Que ceux qui ont aimé frissonner devant la rivalité de Salieri et de Mozart se rassurent: il est d'autres tâcherons qui contemplent avec désespoir la supériorité injuste des génies: les premiers de leur siècle.
Encore que.
Christophe Bigot a choisi un angle mort des plus pertinents: Henri Lehmann, second couteau de la peinture française, a intimement connu Ingres, Chasseriau, Liszt, Mme d'Agoult et, dans une moindre mesure, Chopin et Delacroix; il a adulé leur talent si supérieur au sien et pâti de leurs mesquineries, lui, doux et médiocre, eux, génies égoïstes.
Le livre est agréable à lire et guide aimablement son lecteur entre "Voici" pour les amours tumultueuses et souvent sordides et "Connaissance des arts" pour la rivalité de la ligne et de la couleur.
Mais le postulat initial sent son procédé. Christophe Bigot veut à tout prix faire de Lehmann un raté, au prix de contorsions peu acceptables. Son peintre est admiré, on lui passe mainte commandes, mais le chapitre XXXV s'ouvre sur cette parole comminatoire: "J'avais échoué dans l'art". Il connaît des deuils mais son ménage semble paisible et heureux, il vit confortablement, entouré de ses petits-enfants. Et page 398, il se plaint d'avoir "payé un si lourd tribut" à la Providence. Lehmann nous affirme que sa vie et son art sont un échec mais rien de tangible ne vient étayer cet aveu.
Trop souvent, donc, le narrateur veut qu'on le croie sur parole. Marie d'Agoult fait tourner toutes les têtes, nous dit-il, ce que d'ailleurs nous ont appris les livres d'histoire. le problème, c'est que rien, dans ce qu'il nous dit d'elle ne permet de comprendre l'ascendant qu'elle pouvait bien exercer. Elle avait un esprit étourdissant, répète-t-il. Mais les discours qu'il lui fait tenir ne nous montrent guère mieux qu'une pécore de sous-préfecture fielleuse et geignarde.
Cette opposition constante entre ce que dit le texte (je suis un raté, Marie d'Agoult me subjugue, l'influence d'Ingres a empêché mon épanouissement artistique, etc.) et ce que montre ce même texte ( Lehmann a plutôt réussi sa vie et Marie d'Agoult peut difficilement être rangée parmi les grandes figures du siècle) n'a cessé de contrarier ma lecture .
Mais j'ai au moins plongé dans Wikipédia avec plaisir et je suis tombée en admiration devant le portrait de Clémentine Karr. Vingt Dieux la belle ouvrage! Même s'il ne suffit pas à réhabiliter à mes yeux le roman de Bigot.
Encore que.
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Après notre découverte enchantée du Château des Trompe-L'oeil, impossible pour Steven et moi de lâcher de sitôt Christophe Bigot qui avait si bien su ressusciter l'époque révolutionnaire et offrir une surprenante histoire intime. Nous avons donc logiquement choisi son roman se passant dans la période suivante : le XIXe siècle pour poursuivre. Dans un style totalement différent, l'auteur a une nouvelle fois convaincus !


Christophe Bigot est vraiment un auteur qui sait enfiler différents costumes sur une même variation. Il nous offre, en effet, à nouveau de suivre un héros narrateur qui, subjugué par son sujet, va peu à peu s'effacer derrière tout en nous apportant, à nous lecteurs, une riche documentation historique passionnante et une histoire bouleversante.

Comme précédemment, je suis très facilement entrée dans l'histoire, grâce à la plume on ne peut plus accessible de l'auteur, alors même qu'il truffe son récit de nombreuses références artistiques, historiques et littéraires pour faire revivre cette époque, ce à quoi il réussit à merveille. Il nous plonge, en effet, dans un XIXe siècle plus vrai que nature que nous allons traverser aux côtés d'un artiste peintre quasiment oublié qui fut pourtant un élève d'Ingres et un peintre reconnu à son époque : Henri Lehmann. le Musée Caravalet lui a d'ailleurs consacré une rétrospective que l'auteur cite en source. Et des sources, on sent bien que Christophe Bigot s'en est nourri de nombreuses pour faire revivre cette époque. J'ai dû faire cette lecture le téléphone à la main pour confronter ses écrits à la réalité historique et tenter de dénicher peut-être les inventions, mais je n'en ai pas trouvé. Chaque artistes cité, chaque oeuvre citée a existé. J'ai ainsi adoré mettre des images sur les tableaux invoqués et parcourir, même brièvement, les biographies des personnes croisées. J'ai à nouveau appris ou redécouvert énormément de choses.

Aux côtés de son héros, nous revivons l'histoire d'un groupe d'artistes, celui qui tournoie autour d'Ingres, célèbre peintre classique du XIXe qui a du mal avec la modernité et les changements apportés par certains de ses contemporains. C'est le regard émerveillé que j'ai découvert comment vivait ce petit monde, entre histoires d'atelier, rivalités d'artistes, critiques plus ou moins bien reçues, riches commandes, arts qui se croisent et histoires plus personnelles. le narrateur s'efface totalement derrière elles. Très vite on suit son parcours en deux coups de crayons mais on se passionne plus pour les liens qu'il va nouer, avec Ingres d'abord, puis avec Liszt et sa compagne Marie D'Agoult, femme tellement atypique. C'est cette dernière qui animera vraiment l'oeuvre à travers sa relation adultère assumée avec Liszt, les enfants naturels qu'ils auront et le destin de ces derniers.

Roman historique d'une époque, il célèbre le spleen à la Baudelaire, le romantisme à la Musset, et on croise énormément de figures connues et d'autres plus méconnues : d'Ingres, en passant par Liszt, Chopin, George Sand, Delacroix ou Chassériau... le portrait de cette époque, de l'évolution du rapport à l'art, de l'évolution de la peinture elle-même, du fonctionnement des ateliers et des salons artistiques, tout cela est très intéressant. J'ai cependant longtemps eu l'impression d'être moi-même un peu trop spectatrice et d'être du coup dans une histoire classique à défaut d'être sensible. C'était riche, intéressant, instructif, mais il me manquait quelque chose.

Ce quelque chose est heureusement arrivé dans le dernier tiers lorsque l'art lui-même finit par s'effacer peu à peu devant les vies complexes de ces artistes où les méandres sentimentaux et familiaux qu'ils vivent contrastent avec leur peinture si bien ordonnées. Suivre les soubresauts de la vie de la Comtesse d'Agoult et la relation non moins compliquée que le narrateur, Henri Lehmann, entretient avec elle fut ce qui a donné vraiment corps à l'histoire et lui a permis de dépasser le simple stade de récit d'une époque, aussi riche et intéressante soit-elle. C'est dans leurs rapports à chacun avec leurs enfants au sens propre et figuré que mon coeur a vraiment battu et que j'ai enfin trouvé le petit truc en plus qui manquait jusqu'alors au récit.

Malgré un petit côté plus classique que le Château des Trompe-L'oeil, Les premiers de leur siècle fut une lecture d'une très belle maîtrise de bout en bout avec un décor historique riche et passionnant où j'ai aimé me perdre au milieu de ces artistes à la petite vie encore plus tortueuse que leurs oeuvres. Nous ne sommes pas prête de quitter Christophe Bigot avec mon cher Steven. Rendez-vous très bientôt avec ses romans révolutionnaires ;)
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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Suite à notre initiale rencontre avec Christophe Bigot, Tachan dont l'avis suivra d'ici peu et moi avons décidé de réitérer l'expérience en nous plongeant dans le troisième roman de l'auteur, Les Premiers de leur Siècle. Ce dernier se promettait riche de peintures et de ses artistes et tel fut le cas à la fois, tout en se dévoilant bien plus encore.

En effet, à travers les mémoires de son protagoniste, Christophe Bigot invite et immerge son lecteur dans une période historique riche et prolifique, celle du XIXème siècle. Une fois de plus, j'ai été subjugué par tant de détails historiques parfaitement amenés par celui-ci. C'est un monde de grands noms qui m'a été ouvert et qui, surtout, ouvre la porte pour le lecteur qui cherchera à en apprendre bien davantage concernant cette dernière. Ainsi, j'ai été ravi de retrouver et de remonter les traces des célèbres George Sand, Chopin entres d'autres moins connus mais néanmoins captivants à rencontrer. Plus que le merveilleux cercle des peintres, c'est celui restreint des Arts qui s'ouvre alors au lecteur, allant de celui de l'aquarelle, en passant par celui de l'écriture, jusqu'à celui de la chanson. Une importante galerie d'artistes est ainsi exposée et j'ai fortement été sensible à la modernité des portraits dépeints à travers de nombreuses intrigues toutes autant aguicheuses les unes que les autres. N'ayant que très peu de connaissances concernant l'Histoire de l'Art, je ne peux que saluer une telle édifiante porte d'entrée en la matière.

Les Arts ne se dessinent d'ailleurs qu'un support tant Christophe Bigot dépeint une profonde et fine étude et analyse des moeurs de l'époque. Cette orientation qui n'a cessé de me rappeler mes chers grands classiques se veut d'ailleurs celle que j'ai préféré découvrir. Il faut dire que le résultat fut aussi une pertinente et délicieuse surprise que celle de suivre les mondanités et autres snobisme de l'époque et ce, en plein coulisse de ceux-ci. Ainsi, c'est un style davantage contemplatif que précédemment mais néanmoins tout aussi séduisant qui nous est cette fois-ci dévoilé. D'autant plus qu'entre banalités et frivolités s'esquisse un monde débordant de vanité apportant son lot conséquent de coups bas et autres médisances humaines caractérisés en grande partie par la complexe et moderne comtesse Marie d'Agoult.
Bien que Henri Lehmann reste le véritable pilier de ce roman, sa place maîtresse dans la vie de cette dernière le situant en tant que témoin, confère à cette grande dame le rôle majeur de toute cette délicieuse oeuvre dramatique. J'ai d'ailleurs adoré la profondeur de leur relation, s'intensifiant au fil de l'évolution de cette dernière et ce, jusqu'à la disparition de sa muse. La place des sentiments se veut a nouveau de taille dans cette oeuvre et bien qu'habitué, je reste pour autant admiratif de la justesse et de la finesse quant à la plume de Christophe Bigot qui n'a cessé d'à nouveau me régaler.

C'est pourquoi et quand bien même différente, cette seconde rencontre m'a fort convaincu. Christophe Bigot associe son art à celui des Arts et j'ai adoré cette revisite historique et culturelle dans ce cercle mondain où la vanité et les sentiments se révèlent complexes et profonds. Aussi sarcastique que mélancolique, la plume de ce dernier m'a à nouveau emporté dans cette délicieuse oeuvre que je recommande aux amateurs de l'Histoire de l'Art.
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Je remercie Babelio et les Editions de la Martinière pour l'envoi de cet ouvrage, dans le cadre de Masse Critique.

Amatrice d'Histoire et d'Histoire de l'Art en particulier, j'ai savouré la lecture de ce roman qui s'attache à nous faire découvrir et estimer Henri Lehmann, une figure peu connue de la peinture française du XIXème siècle. Sous forme de mémoires, le roman nous plonge dans l'intimité de cet élève d'Ingres qui passa son existence à vénérer et soutenir les nombreux génies gravitant autour de lui. La vie de Lehmann sera réglée sur celles des autres, mais toujours dans l'ombre, toujours en retrait. Chacun exercera sa petite tyrannie personnelle sur le candide Henri. D'abord Ingres, son maître aux fluctuations d'humeur et de popularité, et puis surtout Franz Liszt et sa célèbre maîtresse Marie d'Agoult. Ce couple là, amoureux de lui-même et du scandale qu'il égraine à travers toute l'Europe, va emprisonner Lehmann dans une amitié destructrice tant pour l'homme que pour l'artiste...
Plus le récit avance, plus les confessions se font acides, le ton amer, comme si le vieillard tenant la plume s'offrait une pâle revanche, à coup de sarcasme et d''autodérision. le vernis se craquelle enfin, et laisse apparaître le vide d'une existence en creux et d'une oeuvre qui passera de justesse à la postérité.

Un très beau roman, sur un destin touchant et révoltant.
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Ce livre a été une surprise ! le résumé ne dévoilant pas grand chose, outre l'époque et quelques personnages, je n'avais absolument aucune idée de quoi attendre!
Et la surprise n'en aura été que plus plaisante! Car c'est dans le XIXè siècle que nous embarquons dans ce livre, suivant un artiste, Henri Lehmann dans ses rapports avec Les Premiers de Leur Siècles, de Lizst en passant par Chopin, Delacroix, Georges Sand, bref, tout le beau monde.
L'on y découvre ici, plus que les moeurs de l'époque, les rivalités assez présentes dans tous domaines (ce qui est compréhensible...), les potins qui circulaient en permanence dans tous les cercles sociaux, bref, il est dépeind ici une représentation assez réaliste de l'époque.
Ce roman à été très intéressant et enrichissant à mes yeux, en tant qu'artiste.
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critiques presse (1)
LaPresse
18 août 2015
Un roman captivant qui a tout pour plaire aux amateurs de musique, de littérature et d'histoire de l'art, s'ils s'intéressent aussi à l'âme humaine.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Je n'oublierai jamais ce moment où je quittais la maison familiale. C'était à la fin du mois de juin, par une matinée déjà chaude, riche de toutes les promesses d'une belle journée d'été. Un ciel d'un bleu irréel baignait les toitures. Au balcon les géraniums bavaient d'un rouge cru. Mes frères et mes soeurs étaient tous groupės sur le pas de la porte, dans une attitude solennelle qui eût paru comique si elle n'eūt ėtė si cruelle pour nous tous. A chaque instant, ma mère se jetait dans mes bras en hoquetant. Mes soeurs couraient dans la maison et revenaient me fourrer une médaille dans la main, un morceau d Apfelstrudel dans la bouche, un mouchoir brodé dans la poche. Je tâchais de sourire, mais c'était à travers mes larmes.
J'abandonnais le confort. La certitude d'être aimé. Et surtout la faiblesse si douce à l'artiste qui consiste à ne soumettre jamais ses essais qu'au jugement de ceux qu'il sait sinon pouvoir, du moins vouloir les comprendre.
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Comment expliquer que ceux qui tiennent le premier rang parmi les hommes de leur temps se montrent si souvent amis ingrats, amants infidèles ou parents indignes ? Quels liens entretiennent, dans les cuisines enterrées de la création, l'aspiration au beau idéal et les passions les plus tristes, les penchants les plus égoïstes, les appétits les plus vulgaires ? Faut-il croire que les forces nécessaires à la fabrication d'un chef-d'œuvre suffisent à assécher le cœur et à ruiner le bon sens utile à une conduite décente dans les rapports privés ?
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Je compris soudain que je serais toujours le témoin impuissant de ce rapt de moi-même. La vraie vie se déroulerait ailleurs, plus loin et plus haut, dans la vibration de la lumière et l'intensité chromatique, tandis que je me morfondrais de l'autre côté de la vitre, dans une ombre grise et froide.
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Je devinais soudain que l'art ne doit pas édulcorer ce que la vie comprend de violent, et que la beauté ne peut éclater qu'avec pour toile de fond les atrocités et les laideurs dont elle a dû triompher.
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Il faut toujours compter avec cette épuisante irrégularité de notre vie intérieure. La paresse, pente naturelle de l'homme et le plus terrible de nos vices, la lâcheté, les besoins du corps, les démons de l'imagination et l'intuition récurrente de l'inutilité de si pénibles efforts paraissent se prêter concours pour brouiller nos idées les plus précises et ramollir nos volontés les plus arrêtées.
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Videos de Christophe Bigot (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Christophe Bigot
La rentrée littéraire 2022 n'a pas fini de nous en mettre plein les yeux : cette semaine, la librairie Point Virgule s'intéresse à trois auteurs qui nous avaient déjà conquis avec leurs précédents ouvrages, et qui reviennent cette rentrée avec de nouveaux romans épatants.
- Le château des trompe-l’œil, Christophe Bigot, éditions de la Martinière, 22,90€ - Zizi Cabane, Bérengère Cournut, Le Tripode, 20€ - L'homme peuplé, Franck Bouysse, Albin Michel, 21,90€
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