Une dizaine d'années a passé. Jill Bioskop, la femme piège, a disparu de la circulation après un accouchement hors norme. Nikopol-fils, recherché à Paris pour l'assassinat de Choublanc, tente de retrouver son père en Afrique : d'abord sur les lieux de tournage d'un film inachevé puis à Equateur City, ville d'Afrique au climat polaire, cité-Etat et capitale du plus grand réseau mafieux du monde.
Dans cette ville des contrastes, dans cette ville des contraires, le destin de tous les personnages va se jouer. Horus, rattrapé par ses congénères, songe à la fin de son aventure humaine. Nikopol-père, dont l'humanité décline progressivement au profit de sa divinité , prépare quant à lui un combat de chess-boxing, mélange de boxe et d'échec, pour en devenir le champion du monde. Se mêle à eux une généticienne, Yelena, attirée par l'histoire de l'accouchement de Jill (dont l'enfant, en réalité, est le fruit de ses unions avec Nikopol-Horus) ainsi qu'une galerie de personnages secondaires : les affreux dirigeants d'Equateur City, Johnelvis Johnelvison, champion de chess-boxing et son ami Ivo Kohl, Anubis qui doit convaincre Horus de revenir, sans oublier le chat-télépathe aux rayures vertes,
Gogol. Et puis il y a Jill Bioskop, qui passe comme un fantôme, encore belle après toutes ces années et qui a choisi l'oubli comme thérapie.
Froid Equateur est un grand foutoir merveilleusement graphique où se retrouvent les personnages, l'ambiance et les idées sorties de nulle part qui font le charme de la trilogie Nikopol. L'album est un récit qui ne se prend pas au sérieux et prend toutes les libertés pour divaguer avec poésie (laquelle est rappelée par les citations de l'auteur des Fleurs du mal) et construire, bon gré mal gré, une histoire à peu près cohérente. A vrai dire, peu importe qu'elle le soit ou non. Bilal propose un voyage vers un futur tant dystopique qu'irréaliste, grotesque et inquiétant à la fois, qui prend forme grâce à cette patte graphique incomparable. Dans ces conditions, on aurait tort de refuser le billet.