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EAN : 9782203353374
84 pages
Casterman (07/08/2006)
4.1/5   343 notes
Résumé :
" Et si Vassili Alexandrovitch m'a sauvé la mise en faisant de moi l'artisan du grand bond de la paysannerie bulgare, comme on disait en 1958... C'est toujours le même cauchemar que j'ai depuis... Celui d'un monstre obscène et ambigu venu de je ne sais quelle étoile à jamais refroidie... Et ce monstre il m'arrive de penser que c'est moi, Vasil Stroyanov, à moins que ce ne soit le Parti lui-même, dont je ne suis qu'une bouche imprécatrice, qu'une griffe atroce... "
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Critiques, Analyses et Avis (30) Voir plus Ajouter une critique
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Partie de chasse... Ou la bd chef d'oeuvre tant par son dessin que son histoire... la bd paf dans ta tronche...

Pitch :
Un train en direction d'un bled en Pologne, dehors c'est la nuit, il neige on se pèle. Dedans les lumières sont tamisées, les loufiats apportent de la vodka, et ça raconte, histoire de faire passer le voyage plus vite pour arriver à destination. Pour cette partie de chasse organisée malgré la caillante. Ils seront dix, tous plus ou moins potes, tous de la même génération enfin presque. Tous avec plus ou moins les mêmes parcours, dans l'un ou l'autre pays du bloc de l'est, les pays frères comme ils aiment le dire..
Enfin sauf un, lui c'est l'interprète, un jeune français, qui balise un peu. Il se demande se qu'il fout là. C'est que quand même il y a du sacré monde à cette partie de chasse...

Ah qu'est ce que j'aime le dessin de Bilal de cette époque là.
Il fait partie de mes premières découvertes en bd... Les bds du tonton que je lisais, même si je n'y comprenais pas grand chose à l'époque. C'est avec ces bd : Partie de chasse, La ville qui n'existait pas ou La croisière des oubliés que j'ai fais mes premières armes (entre autres.. avant y avait eu Little Nemo, et juste après y a eu Pratt et Blueberry (ça c'était plus compréhensible pour moi ^^))
C'était pas de mon âge, mais ça m'empêchait pas d'aimer et de trouver ça beau, étrange, et fascinant.

Alors c'est toujours beau étrange et fascinant, mais en plus maintenant que j'ai l'âge pour comprendre.. Tain ça envoie du pâté !
Et ce qui m'amuse beaucoup, c'est que comme beaucoup de ma génération, comme disait le film « Tout le monde n'a pas eu la chance d'avoir des parents communistes » et bien moi, si, mais c'était plutôt les grand-parents... (personne n'est parfait non plus ^^) Et donc oui j'ai connu, autour de la table dominicale les oncles et tantes, tous et toutes d'une faction, d'un courant, les léninistes, les trotskiste, Bakounine, et Mao qui s'invite dans les conversations devenant plus qu'houleuses... Moi tout ça je captais pas grand chose et j'allais lire les bd du tonton...
Et dans les bd du tonton Partie de chasse, cherchez l'erreur... et j'ai un sourire. Lui s'était le taiseux, qui est parti vite et loin...

Il arrive que l'histoire soit changeante... et on est à la deuxième page, seulement à la deuxième page.
Oui l'histoire changeante suivant les points de vu, vainqueur, perdant.. colonisé colonialiste... le début de l'histoire et la fin pour un même homme, et ce qu'il a vécu entre.. Sauver sa peau ? Encore ? Pourquoi faire ? Pour qui ? Pour l'histoire ou pour soi ? Gagner une vie mais à quel prix ?

Les idéaux qui se dissolvent dans le sang, dans le pouvoir... l'un appelle-t-il forcement l'autre ? Ou les deux ne sont-ils que les différentes facettes d'une même pièce ?
Là oui époque de la dissolution, les mensonges, les faux semblant tombent... les années 80 et le bloc de l'U.R.S.S..
Renier les idéaux, un album cimetière...

Un vieux monsieur raconte à un jeune homme... raconte le pourquoi le avant, le comment... raconte un homme... une période, un pays, enfin des pays soi disant frères... une idéologie... un ratage total ( ça certains diraient ça dépend du point de vu.. sans doute)... Et puis le jeune homme va écouter les conversations de ces dix hommes, certains déchus, d'autres en devenir, essayer d'entrevoir, c'est un peu dur, quand on est un chouille naïf, avec encore des grands idéaux.

Visage de pierre qui s'effrite, qui se fissure comme un mur bientôt... Album prémonitoire datant de 83... visage figé impassible et froid, comme le temps dehors... comme la neige qui tombe, comme le brouillard glacial qui envahie tout...

J'adore ce dessin, j'adore toute cette période de Bilal où son travail pictural donne le ton, ce ton étrange, à la lisière, du rêve, du cauchemar, où son dessin sa colorisation sont d'une force.
Les couleurs des souvenirs, au milieux des chapes de brume,
Et le rouge qui s'invite de plus en plus. Ce rouge vif au milieu du gris.. Damned la colorisation de Bilal c'est quelque chose !
Atmosphère à la limite.
Parfaite avec cette histoire, son histoire aussi, le bloc de l'est comme on dit, Bilal il vient de là. C'est dans ses gènes cette vision et ce refus du communisme (demandez à papa Bilal ce qu'il en pense...)

De la bd plus qu'intelligente pesante, glaçante et cynique, et qui remet bien les choses dans leur contexte.
Un album que la jeune génération devrait lire, pour comprendre un peu... comprendre le sang sur les mains, les beaux discours et les cadavres dans le placard...
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Vassili Alexandrovitch est un ancien « monstre » de l'URSS. Homme doté d'une intelligence aiguë et d'un fanatisme sans faille, il a été de toutes les guerres, de toutes les révolutions, de tous les gouvernements depuis la chute du tsarisme. Pendant plus de quarante ans, il s'est hissé à la force du poignet au sein du parti bolchévique, piétinant au passage alliés et amis. Mais l'âge est cruel et au début des années 80, le général Alexandrovitch n'est plus qu'un vieillard rendu muet par l'attaque cardiaque qui lui a paralysé le visage et rongé par le souvenir d'une femme qu'il a aimée et sacrifiée. Malgré tout, le vieux général reste une puissance au sein du parti et quand il invite une douzaine d'anciens « amis » à se joindre à lui pour une chasse à l'ours de trois jours au fin fond de la Pologne, nul n'ose refuser… Dans quel but ? Personne ne le sait et personne n'a d'ailleurs osé le lui demander.

Les voici donc tous réunis dans un somptueux palais isolé dans la campagne enneigée : certains sont russes, d'autres allemands, tchèques, roumains ou polonais. Certains ont connu la 2e guerre mondiale, d'autres sortent à peine de l'académie militaire ou politique. Mais ils ont tous comme point commun d'occuper ou d'avoir occupé des postes importants au sein des partis communistes de leurs différents pays. Les heures s'écoulent et au sein du petit groupe, la discorde s'éveille progressivement. Des souvenirs sont échangés, des vieilles rancoeurs sont réveillées et un sentiment d'intense malaise submerge petit à petit toute l'assemblée. La tension monte lentement juste au point culminant de la fameuse partie de chasse où… Argh Argh Argh Spoiler !

Après ce résumé où j'ai tenté (probablement avec un succès limité) d'être aussi évasive que possible, passons à mon appréciation personnelle : au cas où vous ne l'auriez pas compris, « Partie de chasse » est une petite merveille de tension et de glauquitude, une de ses oeuvres pour lesquelles le terme machiavélique semble avoir été expressément inventé. C'est également une des bandes dessinées les plus fascinantes qu'il m'ait été donné de lire, mélange de thriller psychologique et de récit historique parfaitement réussi. C'est prenant, d'une grande finesse psychologique et absolument passionnant pour peu que l'on s'intéresse à l'histoire de l'ex-URSS.

Parlons un peu du dessin puisqu'il s'agit tout de même d'une bande dessinée. Avant toute chose, je ne suis pas particulièrement fan du style de Bilal : je reconnais sans problème sa virtuosité, mais j'ai toujours trouvé que ces dessins avaient un petit quelque chose qui mettait profondément mal à l'aise. Autant dire que, dans ce cas particulier, ils sont parfaitement adaptés à l'intrigue ! Mention spéciale pour la galerie de personnages aux trognes toutes plus marquées et plus dérangeantes les unes que les autres, dominée bien entendu par la figure écrasante du général Alexandrovitch, vieux tigre en apparence brisé, mais bien plus dangereux qu'il n'y laisse paraître.

Pour finir cette critique qui commence un peu à s'éterniser, il est intéressant de mentionner que la bande dessinée est sortie en 1983, c'est-à-dire 6 ans avant la chute du mur de Berlin. Afin de commémorer cet événement, les deux auteurs ont ajouté une épitaphe à la fin de l'ouvrage. Et c'est fou à dire mais cet ajout a réussi à enrichir la bande dessinée – pourtant déjà une réussite en soit : ces mecs là ont réussi à faire de la poésie en parlant de soviétisme ! Moi, je dis chapeau bas !
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Si les dessins sont superbes, l'intrigue est noire, très noire.

Le lecteur est lancé dans une partie de chasse avec différents acteurs politiques soviétiques, quelque part dans la neige et le froid. Ils se connaissent tous, ont des bribes de passé en commun, parfois plus. le pion étranger dans cette partie, c'est un interprète français, qui ne sait pas qu'il aura un rôle important à jouer, à son insu jusqu'au bout.

Nous sommes avant la chute du mur de Berlin, avant l'éclatement du bloc communiste puisque le bouquin est sorti dix ans avant ce tournant de l'histoire. Et l'intrigue s'immisce dans les failles déjà apparentes de cette construction érigée dans la violence et le sang.

Les dessins sont très beaux, les visages très précisément dessinés et les couleurs sont exploitées au service du récit. Beaucoup de noir bien sûr, du rouge, à chaque page, pour symboliser la mort et du jaune aussi, dans les souvenirs essentiellement.
Je n'ai pas été embarquée mais j'ai apprécié le travail de l'artiste.
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La couverture de cette bande dessinée plante le décor : une brochette de dix hommes, aux mines patibulaires, équipés de leur fusil, sont installés en arc de cercle autour d'une flaque de sang. Derrière eux, un paysage sombre, sinistre. Tout est déjà là !

Et tout au long du récit, le dessin est précis, net, froid. La neige qui recouvre les paysages n'est pas seule en cause : ces dix hommes, qui ont participé à l'histoire de l'Europe de l'Est, ont chacun des cadavres dans le placard. Trahisons, meurtres, que ce soit par conviction ou, parfois, seulement pour sauver leur peau, ils ont tous été obligés d'accepter des compromis pour survivre et s'élever.

Tchevtchenko, le premier de tous, doit vivre avec ses renoncements. Ainsi, il a laissé emprisonner et tuer celle qu'il aimait, Vera Nikolaevna Tretiakova. Accusée de trotsko-zinovievisme, elle a été éliminée en 1937. Alors qu'il l'aimait, il a du, pour échapper aux menaces, l'abandonner à son sort.

Tous ces hommes sont habitués à profiter des avantages du régime. Ils mangent du caviar, boivent de la vodka hors de prix, chassent. Tout leur est dû, semble-t-il. Ils se tiennent les uns les autres, chacun connaissant les turpitudes des autres.

Tout sonne juste dans cette histoire. le cynisme, la tension palpable entre eux – ils ont tous l'habitude de se méfier de tout et de tous -. Dans ce cadre gris, on sent qu'on est en permanence à la limite du drame. Un one shot bien ficelé, pour se rappeler ce que c'était que l'Europe de l'Est… Alors, n'hésitez pas : c'est du très bon, du très lourd, souvent considéré comme le meilleur album issu de la collaboration entre Christin et Bilal !
Lien : https://ogrimoire.wordpress...
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Dans un relais de chasse perdu au milieu des bois, 10 hommes se retrouvent pour traquer le gibier.
Ces hommes ont en commun leurs convictions politiques.
Un jeune interprète français excepté, ces hommes entretiennent entre-eux des relations subtiles faites de rivalité, de colère, d'amitié, de regrets et de souvenirs. Si ils ne sont pas tous amis, la plupart ont été camarades lors de la construction des révolutions et de la construction des états communistes.
Je n'en dirai pas plus pour ne pas dévoiler des indices...
Les personnages sont mis en place par leur relation avec Vassili Alexandrovitch, instigateur de cette fameuse partie de chasse et j'ai trouvé ce moyen de narration très original et bien pensé.
L'histoire se lit agréablement même si je dois avouer avoir eu un peu de mal à cerner les exactes positions de chacun. Mais je tiens à ne pas trop développer mon appréciation qui risquerait de dévoiler quelques éléments de l'histoire.
Par contre je peux parler du dessin : c'est de l'excellent travail, de l'excellent Bilal. On retrouve ici son trait caractéristique : des visages froids et souvent fermés mais avec un dessin d'une grande finesse.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Parce que moi aussi je voulais comprendre ce qui s'était vraiment passé... Dans notre camp, il arrive que l'histoire soit changeante comme tu sais [...] Oui... il ne faudrait pas le dire ainsi en principe... Et pourtant il y a plusieurs manières de raconter la très longue vie d'un héros de la révolution...
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Vassili Tchevtchenko vétéran de la Révolution russe organise une partie de chasse en 1983. Il y convie un jeune journaliste français idéaliste et naif qui va être utilisé pour assassiner un membre du parti et camoufler ce crime en accident de chasse.
Très nombreux personnages (imaginaires) représentant les différentes générations du parti communiste, les pays satellites de l'Est, les cadres du parti.
Déliquescence du parti au début des années 1980 ( mise à jour après la chute de l'URSS), crépuscule du communisme, perte des idéaux, pratiques occultes, trafics. Un scénario bien complexe sauvé par le dessin d'Enki Bilal.
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J'étais devenu membre titulaire du bureau politique et chargé entre beaucoup d'autres choses de suivre l'élaboration du palais de la culture offert par ses amis soviétiques au peuple polonais martyr.
J'ai vite compris le prix qu'il fallait payer au protecteur généreux mais insatiable, au grand frère sûr de lui et inflexible, à l'ogre cruel dévorant ses propres enfants... alors j'ai connu la honte...
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Pourquoi m'avoir choisi, moi, pour ce voyage?

Parce que je ne suis pas éternel et parce que tu es un bon étudiant connaissant toutes les langues qui vont se parler à notre arrivée, je suppose...
ou alors c'est l'un de ces hasards bureaucratiques dont notre régime scientifiquement organisé est familier, qui sait?
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Vos paroles vaines, vos agitations fébriles, vos pactes honteux,
Tout cela n’a servi qu’à la liquidation systématique de nos anciens idéaux,
Par votre faute, il n’en reste plus que des carcasses rouillées, des souvenirs de vagues, d’absurdes statues perdues dans le désert,
Des étoiles rouges gisant sans signification sur un sol stérilisé.
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Augustin Trapenard reçoit Enki Bilal pour "Shakespeare – Bilal. Une rencontre", paru aux Editions Marie Barbier. L'ouvrage se penche sur l'adaptation de "Roméo et Juliette" de William Shakespeare par Enki Bilal en 2011. A ses côtés, Camille de Peretti présente "L'Inconnue du portrait", édité chez Calmann-Lévy, dans lequel elle imagine l'histoire de la femme peinte par Gustav Klimt dans son "Portrait d'une dame". Yannick Haenel, lui, évoque "Bleu Bacon", publié chez Stock, et Thomas Schlesser "Les Yeux de Mona", édité chez Albin Michel.
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