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EAN : 9782268070292
164 pages
Les Editions du Rocher (05/01/2011)
3.5/5   4 notes
Résumé :
Il y a 65 ans, le 6 février 1945, Robert Brasillach, journaliste
et écrivain de renom, était fusillé pour intelligence avec l’ennemi.
Philippe Bilger ne revient pas sur sa culpabilité. Il retrace
le parcours intellectuel de ce personnage sulfureux et met
en lumière les ressorts intimes de l’écrivain collaborateur, les raisons tantôt explicites, tantôt obscures, de ses dérives.
Surtout, – et c’est toute la nouveauté de son ouvrage ... >Voir plus
Que lire après 20 minutes pour la mort. Robert Brasillach: le procès expédiéVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Bon, un peu de légereté ce matin...
J'ai participé, pour la 4e fois, à l'opération Masse Critique de Babelio. Je viens donc d'achever la lecture de Vingt minutes pour la mort. Robert Brasillach : le procès expédié, publié en 2010 aux Editions du Rocher.
Et maintenant je suis sensée en rédiger une critique. Si je n'étais pas liée par cet engagement moral "un livre, une critique", je crois bien que j'aurais botté en touche.
Philippe Bilger, avocat, se penche sur le procès de Robert Brasillach fusillé pour "intelligence avec l'ennemi" en 1945. L'auteur a une histoire familiale chargée qui le lie directement à son sujet (son père a été condamné pour faits de collaboration) et dont il ne se cache absolument pas (ce qui est à mettre à son crédit). le livre s'ouvre même sur cette confidence que les sociologues appellent "l'implication du chercheur".
Ensuite, le livre nous livre quelques éléments sur le parcours de Brasillach, biographie, idées, n'hésitant pas à énoncer clairement l'antisémitisme du personnage, voire de citer quelques unes de ses phrases les plus nauséabondes. C'est sur l'"intelligence avec l'ennemi" que Bilger est plus circonspect. On ne peut le lui reprocher, l'implication qu'il a choisi de nous exposer en ouverture pose d'entrée cet ouvrage dans le registre personnel.
Les chapitres consacrés au procès sont plus détaillés et plus intéressants : le point de vue d'un homme "de l'art", forcément...
Le livre se conclut sur l'exécution, la fusillade et les derniers mots de Brasillach ainsi que ceux, horribles, d'un petit fonctionnaire bien content d'avoir respecté son timing.
Alors, que manque-t-il dans tout cela ?
Une mise en perspective historique.
Je l'attendais depuis le début, je me disais qu'il fallait forcément qu'elle arrive : comment écrire un livre sur l'exécution de Brasillach sans livrer deux mots sur le contexte ?
Mais elle ne vient pas, et c'est ce qui m'a le plus gênée dans cette lecture et m'a fait hésiter à écrire une chronique sur ce livre dans mon tout petit blog. Je n'ai pas compris par exemple l'insistance de l'auteur sur un "détail" (toutes proportions gardées, on parle tout de même de la vie d'un homme) tel que le fait que le père de Brasillach était "mort pour la Patrie" au cours de la Grande Guerre et que ce fait n'a pas été utilisé au procès. Ou bien lorsqu'il décrit la justice sous Vichy, se défendant d'avoir "l'impudence" de reprocher aux jurés de l'époque de ne pas s'être révoltés contre leur gouvernement, alors qu'au paragraphe suivant, il reproche justement clairement aux tribunaux du Gouvernement populaire d'avoir été aux ordres et d'avoir finalement alignés beaucoup plus de condamnés à mort que sous Pétain.
C'est compliqué, cette affaire-là. Extrêmement intéressant, mais compliqué. Je lirai volontiers, à l'occasion, d'autres livres, d'autres points de vue sur le procès de Brasillach. La prose de Philippe Bilger est parfaite, c'est un beau français et de belles phrases : digne d'un avocat. Je ne me risquerais pas plus loin dans mon analyse de cet ouvrage, on ne joute pas avec des pros du verbe.
Le lecteur sera seul juge...
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Refaire un procès, c'est comme refaire un match de football: l'exercice peut paraître vain. Il reste pertinent dès lors qu'il se plie aux règles de l'analyse approfondie et s'applique à un cas exemplaire. Ces conditions sont remplies dans le livre "20 minutes pour la mort" de Philippe Bilger, qui retrace, d'une manière à la fois fouillée et très littéraire, les aléas du procès de Robert Brasillach, qui s'est soldé par la peine de mort pour le prévenu, antisémite et ancien rédacteur en chef du journal "Je suis partout" sous l'Occupation.

Du portrait de Robert Brasillach...

L'auteur ouvre sa réflexion par un portrait de Robert Brasillach. L'auteur des "Sept couleurs" est présenté comme un homme à la fois doux et fasciné par une certaine violence, et plus particulièrement envoûté par les grandes chorégraphies militaires dont le nazisme avait le secret. Une fascination pour la force d'autant plus étonnante, relève l'auteur de ce livre, que les romans de Robert Brasillach n'échappent pas à une certaine mièvrerie, parfois, et ont subi l'outrage des ans. Dès lors, Philippe Bilger s'interroge: comment un homme si intelligent a-t-il pu se laisser emporter, et fort loin des limites du raisonnable, par des délires racistes?

... peut-être en se cherchant des excuses? L'auteur analyse l'antisémitisme de Robert Brasillach, et considère que ce dernier le justifie par des arguments intellectuels, raisonnés. Acceptables? Philippe Bilger les balaie d'un geste sec: "Antisémitisme de raison contre antisémitisme de peau, d'instinct? Foutaises. Cette hérarchie est absurde qui, en théorisant et analysant le Mal, croit le justifier." Ainsi se trouve identifié un élément condamnable.

... à son procès

Condamnable, ai-je dit? On le sait, Robert Brasillach a été fusillé le 6 janvier 1945 pour "intelligence avec l'ennemi". Cette peine exemplaire, forcément exemplaire, était-elle justifiée, méritée, proportionnée? L'auteur s'interroge, analyse les preuves avec un regard critique, épluche les considérations des acteurs de la justice. le lecteur est donc invité à suivre une analyse minutieuse du procès, rédigée par un magistrat qui connaît son droit. Philippe Bilger pointe du doigt les faiblesses d'un procès où de nombreuses circonstances ont joué contre le prévenu - pour ne pas dire "le coupable", tant il est vrai que le procès, tel que présenté par Philippe Bilger, semble joué d'avance.

Le juriste met ainsi en avant la connivence entre le procureur et l'avocat, voisins de palier amenés à avoir des contacts réguliers qui auraient pu influer sur la décision du tribunal. le juge, quant à lui, semble plus préoccupé par l'idée de frapper un grand coup en faisant condamner un collabo à la peine capitale que par celle de condamner de manière proportionnée. Autour de lui, se trouvent des jurés anciens résistants, peu réceptifs aux arguments d'ordre intellectuel avancés par Jacques Isorni, avocat de Robert Brasillach.

Car que reproche-t-on à Robert Brasillach? Philippe Bilger arrive à démontrer que l'acte d'accusation a tout du procès pour délit d'opinion, en considérant qu'écrire des articles antisémites, certes nauséabonds, dans un journal, n'a pas forcément la même portée que décider très directement de la mise à mort d'une certaine population, par décret ayant force de loi ou en tenant l'arme du crime. L'accusation semble par ailleurs reposer sur un dossier relativement mince, en définitive. Dès lors, le délit d'"intelligence avec l'ennemi" est-il suffisamment réalisé pour mériter la sanction que l'on sait?

Assumant jusqu'au bout ses idées, Robert Brasillach n'a pas produit de témoins; cela obligeait le juge à choisir entre l'acquittement pur et simple et la condamnation maximale, rien ne venant justifier, au titre de circonstances atténuantes, une réduction de peine pour un crime majeur, et perçu comme tel dans le sillage de la Libération.

Peine de mort?

Philippe Bilger en arrive cependant à la conclusion que la peine de mort était, pour Robert Brasillach, excessive - et hâtive, compte tenu de la rapidité des délibérations (20 minutes pour décider de la mort d'une personne, au terme d'un procès de six heures - soit peu de chose). Cela, d'autant plus que des personnes plus engagées, Lucien Rebatet par exemple, ou Louis-Ferdinand Céline, n'ont pas eu, en définitive, à payer de leur vie l'expression de leurs idées.

En définitive, l'auteur de "20 minutes pour la mort" considère qu'une peine d'indignité nationale aurait été parfaitement proportionnée au vu du cas exposé. Praticable? Philippe Bilger suggère assez fortement qu'elle n'aurait pas été perçue comme acceptable par certains lésés ou observateurs. Exécuté peu avant ses 36 ans, Robert Brasillach, si peu recommandables qu'aient été ses pensées et ses écrits, aurait-il payé pour d'autres au terme d'un procès dont l'issue était jouée d'avance?

En filigrane, c'est aussi une opposition à la peine de mort que l'auteur laisse transparaître. Et au final, le lecteur de ce livre aura goûté une réflexion pertinente, quoique d'un style parfois légèrement maniéré, sur le fonctionnement de la justice, dans ses forces mais aussi et surtout dans ses faiblesses, dérives et excès. Un sujet périlleux, abordé ici avec finesse et intelligence, loin de tout juridisme rébarbatif.


Lien : http://fattorius.over-blog.c..
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C'est donc avec plaisir que je me suis plongé dans ce que je pensais être une biographie de Robert BRASILLACH. En effet, la quatrième de couverture nous annonce :

Philippe Bilger ne revient pas sur sa culpabilité mais retrace le parcours intellectuel de ce personnage sulfureux. Il met en lumière les ressorts intimes de l'écrivain collaborateur, les raisons tantôt explicites, tantôt obscures de ses dérives.

Sauf que j'aurai dû lire plus attentivement la suite :

Surtout, il pointe la justice expéditive qui a présidé au procès de cet intellectuel qu'il rejuge en sa qualité d'avocat général.

Donc, pour ne décevoir les éventuels futurs lecteurs : ce n'est pas une biographie ! On retrace, certes, rapidement, un peu trop même, sa jeunesse et son éphémère carrière de journaliste et de lettreux, mais surtout on se perd en conjecture et supputations lors du procès, pour essayer de comprendre pourquoi ci et pas ça. On essaye de se mettre à la place de l'avocat de Robert BRASILLACH, du président ou encore du commissaire du gouvernement. Ce serait comme de refaire le match, en imaginant ce qu'aurait apporté de mettre tel joueur à tel poste. On aura beau faire toutes les simulations possibles, une fois que le coup de sifflet final a retenti, le score ne peut être changé (sauf sur tapis vert, mais c'est une autre histoire…).

Car si on se contente des faits, l'histoire est vite expédiée. L'écrivain a choisi le mauvais camp, comme tant d'autres, et devait payer pour l'exemple. Mais pour quel exemple ? Pour la responsabilité de l'intellectuel ou comme intellectuel de la responsabilité. En effet, Philippe Bilger montre bien à quel point l'accusation repose sur si peu d'éléments (tout au plus quelques articles – mais d'autres en ont écrit pires ! – et un voyage qu'il n'était pas le seul à avoir fait, et qu'il a fait en tant que journaliste qui plus est…) que l'issue d'un tel procès a l'heure actuelle ne ferait aucun doute.
Lien : http://www.iti1801.net/blog/..
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Ce livre est curieux. L'auteur s'y exprime sans cesse de manière très personnelle, commente le procès sans donner les pièces, et semble prendre surtout plaisir à écrire, au point de dire les choses en deux fois plus de pages qu'il n'aurait pu le faire (influence de sa pratique d'avocat ?). Malgré cela, ce n'est pas inintéressant si l'on a quelque inclination pour ces écrivains qui ont collaboré, pour ce qui touche à la période trouble de Vichy, et pour Brasillach en particulier. C'est aussi une ouverture sur le monde de la justice et ses codes, son éthique (l'auteur est magistrat et évoque souvent ces points).
Je ne sais donc si recommander ou non ce livre. Disons que je l'ai lu sans peine, d'autant qu'il est bref, et ai appris des choses, mais reste tout de même un peu dubitative.
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Refaire un procès, c'est comme refaire un match de football: l'exercice peut paraître vain. Il reste pertinent dès lors qu'il se plie aux règles de l'analyse approfondie et s'applique à un cas exemplaire. Ces conditions sont remplies dans le livre "20 minutes pour la mort" de Philippe Bilger, qui retrace, d'une manière à la fois fouillée et très littéraire, les aléas du procès de Robert Brasillach, qui s'est soldé par la peine de mort pour le prévenu, antisémite et ancien rédacteur en chef du journal "Je suis partout" sous l'Occupation.

La suite ici:

http://fattorius.over-blog.com/article-philippe-bilger-et-le-proces-de-robert-brasillach-65281158.html
Lien : http://fattorius.over-blog.c..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Parce que je n'aurais pas requis la peine de mort contre Brasillach. parce que je n'aurais pas tout mis en oeuvre pour qu'il soit condamné à mort. Parce que j'aurais accueilli son recours en grâce. Parce que je n'aurais pas, si j'avais été Brasillach, désiré serrer la main de l'accusateur Reboul.
Parce que, quoi que j'aie fait, je serais mort indigné.
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J'avoue que je suis, en même temps, fasciné et angoissé par ce clivage qui, dans un être, le tient à distance du meilleur qui l'a habité pour le soumettre au pire qu'il ne questionne plus.
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