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Critique de Rebka


Rebka
03 septembre 2017
FFfF, moi aussi - sur le même modèle - je dégaine mes quatre lettres. FFfF pour « Fuck Fuck fuck Fuck », parce que là, faut exorciser, mais grave ! Alors oui, d'aucuns pourraient trouver ça vulgaire, mais pour ma part, ce que je trouve vraiment dégueulasse, c'est cet alignement de H, je vous laisse juger : HHhH pour « Himmlers Hirn heißt Heydrich », littéralement « le cerveau de Himmler s'appelle Heydrich ». Pouah ! Eh ouais, ça calme tout de suite hein ? Alors comme ça on part du postulat qu'Himmler a un cerveau ? Et où ça le cerveau ? Juste à côté de la croix gammée brandée sur le cul ? Décidément ces (saletés de) nazis ont un certain sens de la plaisanterie qui me laisse songeuse (et vaguement nauséeuse).

Blague et vomi à part, j'ai vraiment beaucoup aimé ce très surprenant livre. J'en ai lu un bon paquet sur le sujet mais un comme ça, jamais. Quelle bonne idée que de lutter contre la tentation de romancer à outrance, quelle bonne idée que d'exposer ses dilemmes d'écriture et le processus d'enquête. Résultat, un bouquin hyper vivant et impossible à lâcher.
J'ai eu l'impression de suivre un cours (ou une conférence) délivré par un professeur comme on n'en rencontre pas souvent dans sa vie (j'ai eu la chance d'en avoir un, un vieil archéologue libanais qui a su rendre vivante et tellement proche la Syrie paléochrétienne que je m'en souviendrai toujours). Laurent Binet nous entraîne dans son sillage, il nous fait partager son obsession et son admiration pour les deux parachutistes de l'opération Anthropoid, Jozef Gabčík et Jan Kubiš (objectif, buter Heydrich).
J'ai eu l'impression aussi de voir un film tellement le découpage est aux p'tits oignons et percutant, Inglourious Basterds vous voyez le genre ? Avec Christoph Walz dans le rôle de Reinhard Heydrich, le fameux cerveau, la Bête Blonde, le Boucher de Prague (sans déconner ça me fait chier de mettre des majuscules à ses surnoms, beurk beurk beurk). Ok je retire ce que j'ai dit, c'est pas sympa pour Christoph Walz. oOooups ! Stop j'arrête mon blabla, je viens de me rendre compte que je dois sortir de ma grotte de temps en temps : en réalité il EXISTE un film tiré de ce livre. Sorry. N'empêche ce que j'ai dit reste vrai, même en lisant simplement le livre on a déjà l'impression d'avoir vu un film. Et en plus maintenant que j'y pense, je le savais que ce film existait, mais comme j'essaye d'avoir le moins d'infos possibles avant de me lancer dans une lecture, j'avais complètement zappé. Bref, rien de grave.

Ce qui est grave par contre, c'est cette histoire, toutes ces choses qu'on arrive encore à apprendre quand on lit sur le sujet, cet inépuisable puits d'horreurs, de monstruosités, plus on en lit, plus on comprend ce que réellement signifie la formule qui peut sembler parfois convenue de "Crime contre l'humanité".
Si je vais un jour à Prague, je ne manquerai pas de faire un pèlerinage sur le lieu de l'attaque contre Heydrich (a priori transformé à présent en une bretelle d'autoroute) et à l'emplacement de l'église où les parachutistes retranchés ont vécu leurs dernières heures.
Terrible et admirable, un livre où on sait dès le début que c'est sans espoir mais où à chaque instant on a envie d'y croire, de leur crier, fuyez, sauvez-vous, tout en croisant les doigts à s'en faire mal... Et, petite satisfaction mesquine avant d'en finir, j'ai l'impression que Laurent Binet n'a pas davantage que moi apprécié la lecture des Bienveillantes qui m'avait poussée à déclarer forfait après 120 laborieuses pages avec un Auf Wiedersehen de soulagement...
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