Sa maman, une femme-oiseau qui vit comme une femme-maison, son papa, un homme-bateau qui vit comme un homme-voiture, élèvent Chloé comme une petite fille-miroir. Et pourtant, Chloé le sent bien à l’intérieur d’elle-même, elle est une petite fille-violon et elle a souvent beaucoup de mal à le cacher ce qui fait naître des nuages de colère dans les yeux de ses parents. Ah si seulement elle pouvait être comme son amie Souad ! C’est une petite fille-peinture et ses parents, papa-jardin et maman-lumière, ne lui demandent pas d’être une autre, ils l’acceptent et la respectent telle qu’elle est…
Mon avis : La Pimpante est une maison d’édition jeunesse toute récente puisqu’elle a été fondée en 2014. Pour ses albums, elle choisit des visuels originaux afin d’ouvrir l’horizon graphique des enfants et privilégie des textes visant à l’accompagner dans le développement de ses potentiels personnels. « L’enfant qui voulait vivre sa vie » appartient à la collection Ailes de kangourou dont la devise est « prendre son envol et faire des bonds en avant ». En grandissant, Chloé, « L’enfant qui voulait vivre sa vie », sent de plus en plus précisément que ses parents, sa mère en particulier, projettent sur elle une image qui ne lui correspond pas vraiment. Elle en souffre et commence à lutter pour ne pas rester l’enfant-miroir que l’on fait d’elle et pour pouvoir s’épanouir en fonction de sa propre personnalité. En entrant dans ce conte philosophique, je me suis trouvée légèrement déstabilisée : mon regard d’adulte se laissait emporter par la poésie du récit et la problématique abordée mais ne parvenait pas à savoir ce qu’un petit lecteur saurait en retirer, ni même comment il pourrait l’appréhender. Et puis j’ai lâché prise en me disant qu’après tout le premier niveau de lecture étant très agréable, il était déjà bon de le lui offrir pour lui permettre éventuellement d’approfondir sa réflexion s’il le désire. Les illustrations qui accompagnent l’histoire regorgent d’une multitude de détails à observer au fil des pages, accordant des pauses qui permettent de mieux intégrer encore les ressentis des divers personnages. Je pense sincèrement que cet ouvrage peut s’avérer utile pour ouvrir un dialogue entre l’enfant et ses parents qui ne parviennent pas toujours à se trouver sur la même longueur d’onde et à harmoniser leurs désirs, mais mon avis reste cependant un peu mitigé et, comme à chaque fois qu’il en est ainsi, je resterai très attentive à la parution de nouvelles critiques…
Je finirai avec cette parole de Gibran que j'aime tant et que j'ai entendue en écho pendant ma rencontre avec Chloé :
" Vos enfants ne sont pas vos enfants. Ils sont fils et filles du désir de vie en lui-même. Ils viennent par vous mais non de vous, et bien qu’ils soient avec vous, ce n’est pas à vous qu’ils appartiennent. Vous pouvez leur donner votre amour mais non vos pensées, car ils ont leurs propres pensées. Vous pouvez loger leurs corps mais non leurs âmes, car leurs âmes habitent la demeure de demain, que vous ne pouvez vous efforcer de leur ressembler, mais n’essayez pas qu’ils vous ressemble. Car la vie ne retourne pas en arrière ni s’attarde à hier. "
Public : à partir de sept – huit ans
Si vous voulez vous rendre sur le blog de l’illustratrice, Mam’zelle rouge, vous pouvez suivre cette adresse :
http://mamzellerouge.canalblog.com/
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Merveilleux livre!!
Est-il disponible au Québec?
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A sa naissance, Chloé était une petite fille violon.
Elle était parfaite :
des yeux pour recevoir et envoyer la lumière,
une bouche pour croquer des poèmes
et chanter le goût des mandarines,
des joues pour rire et être embrassée,
des oreilles et du temps pour que les oiseaux puissent y faire leur nid,
un nez et des poumons pour respirer comme un accordéon,
un cœur pour vibrer et agir,
des bras pour câliner tendrement chacun de ses rêves,
des jambes pour avancer dans la vie.
Mais voilà : sa maman voulait une petite fille-miroir.
Quand elle rentre chez elle, Chloé ne se sent pas très à l'aise
avec ses parents et son rôle de petite fille-miroir.
Elle se rend compte que sa mère n'est pas
une vraie femme-maison et que son père
n'est pas un vrai homme voiture...
Et qu'ils n'en ont même pas conscience !