Dans ce roman, paru en 1977, l'auteure nous décrit plusieurs membres d'une famille qu'on qualifierait aujourd'hui, à tout le moins, de dysfonctionnels.
D'abord, l'arrière-grand-mère, qui donne son titre au roman, une vieille femme austère, froide et figée, dans une demeure qui l'est tout autant qu'elle, où son arrière-petite-fille, adolescente, va passer un certain temps, convalescente.
La tante de la jeune fille, Lavinia, dont on nous dresse ensuite le portrait, n'est guère plus équilibrée. Fêtarde, fantasque, instable et suicidaire, vivant dans un luxueux appartement moderne (selon l'époque) de Chelsea, elle paraît comme l'antithèse de
Granny Webster.
Enfin, il y a la grand-mère : carrément folle, du moins par intermittence, vivant dans une énorme demeure glaciale et délabrée en Irlande du Nord, et se réfugiant dans un monde imaginaire, celui des elfes et des fées.
Avec une belle plume, littéraire,
Caroline Blackwood nous brosse ces portraits de femmes, toutes trois malheureuses, chacune à leur façon : enfermées dans leur solitude.
On passe d'une atmosphère à une autre. Celle d'un roman presque victorien, aux accents gothiques, puis subitement nous voici au coeur des Seventies, avec un personnage aux moeurs débridées vivant dans un décorum clinquant.
J'ai lu ce roman sans déplaisir, mais curieusement sans être surpris à aucun moment, avec des impressions de déjà-vu (figures victoriennes, images des années 1970).
L'auteure nous décrit ses personnages avec une certaine distance et finalement peu d'empathie. Aucun n'a suscité chez moi un attachement quelconque, sinon une certaine commisération. Je les ai vus "à distance", comme j'ai lu ce roman, "à distance", sans vraiment m'y attacher. Et je pense pas en garder un souvenir profond, ni même en garder le simple souvenir. Bien écrit, mais anecdotique.