Isaac, Jacques, le portugais, Rillette et Antoine, se sont mis au vert dans les environs de Paris après avoir désobéi au chef de la pègre locale. Mais Jacques ne l'entend pas de cette oreille et compte bien retourner à la capitale pour visiter sa "petite amie" et continuer à exercer son art de monte en l'air. de son côté, Isaac veut à tout prix retrouver Alice, et se venger de son rival.
On retrouve l'esprit des premiers tomes, drôle dès le départ, rocambolesque, naïf.
Dans ce cinquième tome, Jacques se la jouera Arsène Turlupin, cambrioleur voyeur mais puceau. La métamorphose qu'il subit après sa toute première nuit d'ébats est géniale ; en modifiants quelques traits à son dessin,
Christophe Blain en fait un beau gosse radieux.
Bravo pour les surprises que réserve M.
Sofer père au lecteur. J'ai été cueuilli.
Si on pouvait regretter l'absence de scène maritime dans le précédent tome, celui-ci en présente d'excellentes puisqu'on y retrouve Alice et son cher Philippe en proie à un mal de mer incurable. Si la jeune femme parvient à s'en défaire et à retrouver goût à la nourriture (ne serait-elle pas enceinte?), assister au calvaire du rival d'Isaac est jouissif.
La case opposant Isaac et Philippe lors de leur prise de bec est géniale, et on redoute de les voir brouillés à tout jamais. C'est cela d'avoir des "testiculos no lugar do cérebro"…
Continuant dans le dessin, la fuite dans Paris d'Isaac et Agnès est vraiment prenante ; les décors flous accentuent l'idée de vitesse et ce sentiment d'oppression. Chapeau.
Ce tome commence sur les chapeaux de roues, et se termine bien. Malheureusement cette fin n'en est pas une. À quand le tome 6 ? À jamais ?
Mon avis sur la série dans son ensemble :
Isaac le pirate est une pépite !
Dans sa réalisation, tout d'abord. le dessin peut être sommaire lorsque l'action défile, précis lorsqu'il nous faut nous appesantir sur des détails ; trop habitué à des planches uniformes et lisses dans leurs réalisations, c'est avec cet album que j'ai pris conscience du poids des dessins sur la lecture et sur l'ambiance générale. Même la plus petite case noire, totalement noire, placée à merveille et pensée à la perfection s'imbrique parfaitement dans la narration et contribue à forger l'ambiance et à faire qu'on ne peut s'arracher à sa lecture. Cette foutue case noire. Géniale. Parfaite.
Dans son histoire et ses personnages, ensuite. Sous ses abords vaniteux, prétentieux, machos et imbu de lui-même, Isaac se révèlera humain, affable, doux et franc, un peu niais ou trop bon, il se laissera entraîner dans une aventure qui le dépassera et qui, certainement, ne le laissera pas indemne. L'aventure est grandiose et théâtrale ; les péripéties nombreuses et variées ; l'ambiance prenante et l'environnement bien dépeint.
Dans sa globalité, enfin. Car on pourrait croire à une fable gentillette, mais c'est tout sauf rendre justice à Christophe Blain. Son oeuvre est profonde, réfléchie, drôle et poignante. Sous couvert d'un humour sarcastique et pincé, de jeux de mots fins et bien choisis, on touche à des ressorts universels tels que, dans le désordre, la loyauté, l'amour, la justice, la folie, le mal-être, la nostalgie, la distance, la solitude, la gaieté, la fidélité, la camaraderie, les manipulations, la vie, la mort, les rêves de grandeur, la religion, l'au-delà, la futilité de l'existence…
Pour se détendre ou pour entamer une réflexion philosophique, pour rire un bon coup ou pour se remettre en question, Isaac le pirate sera là.
D'autant que les aventures rocambolesques de ce petit bonhomme n'ont pas fini de nous réjouir et de nous tenir en haleine.