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EAN : 9782336302607
224 pages
Editions L'Harmattan (23/07/2014)
3.5/5   2 notes
Résumé :
Cet ouvrage s'appuie sur les travaux de comparatisme indo-européen initié par Georges Dumézil et plus particulièrement d'un mythème de "guerrier impie" s'attaquant obstinément à tous les niveaux du sacré, du droit et du juste, repoussant dédaigneusement les avertissements divins et s'obstinant dans sa démesure jusqu'à succomber. Ces enquêtes rendent compte des formes et des motivations propres à chaque culture du guerrier impie (tels que les Grecs Achille et Belléro... >Voir plus
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Le livre traite du mythème du guerrier impie dans le monde indo-européen : de l'Inde à Rome, en passant par la Grèce, la Scandinavie, le monde celte ou encore le monde slave… Tous semblent s'inspirer des mythes indo-européens et ce mythème du guerrier impie est, selon l'auteur, uniquement présent chez les indo-européens. On retrouve à la fois des personnages légendaires et des personnages ayant existé (Catilina, César, Crassus, Trajan…). Le mythème concerne donc un ensemble de personnages mythiques ou réels.

Le guerrier impie est décrit comme étant un personnage négatif, qui possède une démesure inébranlable, qui commet des actes barbares, qui bafoue les lois sacrées, qui viole les trois fonctions indo-européennes (religieux, militaire, économique), qui est mis au fait de sa destinée par des prédictions et qui finit par mourir, souvent cruellement, dans une punition divine qui met fin à ses actes terribles. La plupart de ces guerriers impies n'éprouvent pas de remords quant à leurs actes barbares, sauf dans l'exemple finlandais de Kullervo : il se suicide en se jetant sur son épée après avoir violé sa propre soeur.

Le rôle du cheval est frappant dans chacun de ces mythes, y compris chez les personnages ayant réellement existé. Le cheval est un médiateur entre le monde des vivants et celui des dieux. Il est un animal doué de prédilection, un oracle. Que ce soit par la parole ou par des actes (en refusant d'aller dans la bataille, en faisant tomber le guerrier, en pleurant des larmes de sang…), le cheval transmet un message au guerrier impie : il lui indique le chemin à ne pas franchir, mais celui-ci, dans sa démesure, n'en a cure. Le cheval est donc un avertissement essentiel. Les manifestations anormales des forces de la nature sont aussi des présages à prendre en compte, mais le guerrier impie passe toujours outre.

Si le livre met en avant un sujet des plus intéressants, il n'est pas exempt de défauts : certains exemples de l'auteur sont analysés en seulement quelques lignes (Catilina) et d'autres personnages ne semblent pas correspondre totalement au mythème du guerrier impie. Le cas des guerriers celtes en est un exemple : ils commettent bien des sacrilèges, mais à leur insu. Ils sont mis devant le fait accompli et ne peuvent y échapper. Dès lors, il parait difficile de considérer ces guerriers comme de vrais impies… De même, si certains personnages semblent réellement néfastes comme Ravana, d'autres comme Achille ou Soslan (chez les Ossètes) sont plus ambigus et ne s'inscrivent pas directement dans une lutte manichéenne du Bien contre le Mal. Par ailleurs, l'auteur indique pour le cas de Cuchulainn qu'il est possible que la légende ne soit pas tirée directement du mythe indo-européen mais plutôt du mythe grec classique (le cheval mythique Liath Macha étant très proche du cheval d'Achille, Xanthe). En effet, il semble indéniable que les mythes se soient inspirés les uns les autres sans forcément prendre exemple sur le mythe indo-européen bien plus éloigné au point de vue temporel. Sans détruire la thèse d'une inspiration indo-européenne, il se pourrait donc que celle-ci soit parvenue d'une manière indirecte à certains peuples européens.

Les personnages réels sont présents surtout chez les Romains, ce que l'auteur explique par la suite. Selon l'auteur, la digestion du mythe indo-européen est différente selon les cultures et les époques. Ainsi c'est l'Inde qui semble être le plus proche du mythe originel en se situant dans une vision cosmogonique.

Puis vient la Grèce qui dégrade le mythe en mettant en scène des Hommes et non des Dieux, même si ces derniers jouent un rôle et non des moindres tout au long de l'Iliade. C'est ici la démesure humaine qui est au centre du mythe, l'hubris concernant Achille.

Enfin Rome parvient à l'ultime dégradation du mythe en optant pour une laïcisation et une rationalisation. Il s'agit en fait d'un moyen de propagande des auteurs pour discréditer des personnages connus comme César ou Trajan. Le but étant de déshonorer leur mémoire, et par la même occasion leur famille, ce qui est à l'époque d'une importance capitale. Le mythe servait aussi d'excuse pour expliquer une défaite cuisante lors d'une guerre, ce qui est le cas pour Crassus contre les Parthes. Toutefois, ce sont les Romains qui ont conservé le mieux la finalité juridique du mythe sur les principes de la guerre juste. La structure du mythème reste présente dans son ensemble mais on constate une dégradation du mythe au cours des siècles.

Enfin, il y a chez les Celtes une inversion totale du mythème, ce sont ici les exploits des agressés qui sont contés et non ceux des agresseurs comme chez les Grecs par exemple. Achille, qui est dans le camp des agresseurs lors de la guerre de Troie, est ainsi en opposition à Cuchulainn (son équivalent celte) qui est dans le camp des agressés. Il aurait toutefois été intéressant d'avoir une analyse plus poussée de l'auteur sur les exemples chrétiens.

Ce livre aborde un sujet très intéressant qui permet de parcourir de nombreux mythes et de les aborder sous un angle différent. Bien sûr, comme souvent en ce qui concerne les indo-européens, certains exemples sont à prendre avec des pincettes.
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