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EAN : 9782846260916
246 pages
Au Diable Vauvert (01/09/2005)
3.68/5   77 notes
Résumé :

Fatigué de la vie moderne, Valentin se retranche chez lui avec pour seule compagnie son chien et sa télévision. Mais cette stratégie se révèle vite déprimante. Il décide alors de changer d'air : direction le Mexique, pour un trip façon routard. En bus ou en stop, de la jungle urbaine aux étendues désertiques, il sillonne ce nouvel eldorado, peuplé d'autochtones chaleureux, de hippies roublards, d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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C'est l'histoire d'un mec… euh… déjà vu il me semble.
Il était une fois… bah non, c'est pas un conte de fée… un compte de faits peut être.

Donc, il était une fois un Valentin (sans Valentine) accompagné dans la vie par Charlotte. Leur unique activité, la télé. Toute la télé consommée sans modération. Lobotomisation à volonté.
Après avoir abusé de substances illicites, Charlotte meurt "pendant que Jacqueline gagne une cuisine Mondial Kit" . La disparition de sa chienne (ah, je vous avais pas dit?) réveille Valentin.

Tout plaquer et partir de l'autre coté de l'horizon (et là on est pas arrivé parce que plus on avance et plus il recule, bref…) qui n'en a pas rêvé ? Valentin l'a fait.
Il vend tout et s'embarque pour… donner un sens à sa vie ? Un voyage en Amérique centrale entre Mexique Guatemala Belize et Cuba dans un premier temps. Un vrai road movie tant le film passe dans la tête au fil des mots et des maux. Rencontres avec des routards, avec des stars , des bandits, des hippies des putes des musiciens des … des Hommes dans tout ce qu'ils ont de bon et (surtout ?) de moins bon.

Il fait bon dans ces pages, il fait chaud, il fait au moins… deuxième degré presque en permanence. En même temps c'est frais et ça fait un bien fou.

Suite du voyage... les Etats Unis … retour à la… civilisation?
Bon, les américains sont… américains, ils ne se rendent pas compte (oui un peu cliché et féroce à souhait) on ne peut pas leur en vouloir complètement (euh…si si on peut). Retour à l'artifice au superficiel au superflu dernier cri (cliché ? pas sur pas sur). Les fêlés en tout genre de la première partie du voyage manquent déjà au lecteur ( enfin à moi).

Valentin fait partie des abusés désabusés faisant le triste constat qu'on tourne en rond autour du destin, quoi qu'on fasse, où que l'on soit. Donner un sens à sa vie, un sens unique, un sens interdit, un sens dessus dessous, quand on commence à se poser des questions ça devient vite le bordel.

C'est acide et c'est doux, c'est sucré salé, c'est dur et tendre à la fois, drôle et triste voir tristement drôle . Une (grosse) pincée d'ironie, un zeste d'amour et un nuage de laid ou de beau (selon les saisons), le tout mijoté en 230 trop courtes pages.

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Après des mois à végéter devant la télé, notre narrateur se donne un coup de pied aux fesses pour décoller de son canapé parisien. Sac à dos et guitare, direction l'Amérique du Sud, dans un premier temps, puis la Californie*, Cuba...
Dépaysement complet au Mexique, un univers bruyant et coloré en ville où la misère côtoie l'opulence ; rencontres et affinités avec des autochtones et d'autres voyageurs ; découverte des vestiges pré-colombiens et du désert ; et bien sûr dégustation des spécialités locales avec modération - pulque, mescal y tequila, comme dirait Hubert**.

Premier ouvrage publié de Julien Blanc-Gras, 'Gringoland' est sans doute le carnet de voyage du routard qu'il fut lorsqu'il avait une vingtaine d'années. Après avoir lu 'Touriste' et les excellents 'Paradis avant liquidation' et 'In utero', je craignais que l'auteur, faisant ses premières armes, soit timoré, poseur et/ou arrogant.
Finalement, je me suis régalée. Il faut dire que Blanc-Gras, journaliste, sait observer et écrire avec intelligence, finesse et humour. Son regard sur le monde, la société et les individus qui l'entourent est acéré, sans complaisance - aussi bien pour lui que pour les autres.
En le suivant dans ce voyage, le lecteur découvre les lieux visités, les populations locales, mais aussi les différents types de voyageurs : du vrai routard au philanthrope en mission humanitaire, en passant par le beauf américain et le désabusé occidental venu chercher du sens auprès de chamanes plus ou moins honnêtes.
Depuis ma lecture de 'In utero', j'éprouve beaucoup de sympathie pour cet auteur. Je le trouve cool, honnête et drôle. Je me régale de ses propos à la fois mignons et percutants, pleins d'autodérision, souvent mesurés, parfois plus incisifs (sur la religion, les Etats-Unis, Bush et les Américains, par exemple).

Presque un coup de coeur - les considérations sur le sens de la vie et les projets d'avenir de l'auteur à la fin ont un peu fait retomber le rythme et mon enthousiasme...

Ce témoignage devrait toucher plus de lecteurs que 'In utero', qui parle davantage aux (futurs) parents.

* Californication, Red Hot Chili Peppers - https://www.youtube.com/watch?v=YlUKcNNmywk
** Pulque Mescal y Tequila, Hubert-Félix Thiéfaine - https://www.youtube.com/watch?v=Uz4mN7rRA_Y
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J'étais tombée sur pas mal de citations de "Gringoland" sur Babelio et ça m'avait interpellé car elles me plaisaient... toutes! Logiquement, je me suis procuré le livre et je ne regrette pas mon achat! Déjà la couverture. Celle de mon livre est différente de celle présentée ici, je l'ai ajoutée mais elle n'apparaît que dans ma bibliothèque. C'est une page au motif "papier craft froissé" avec un dessin de cactus et des dollars éparpillés dessus. Je la trouve beaucoup + en rapport avec le livre que l'autre. Elle retranscrit bien la sensation de voyage et même l'aspect "baroudeur". Adepte des voyages un peu "roots", avec un sac à dos pour tout bagage, ça m'a tout de suite parlé.

Et dès les premières pages, ma bonne impression s'est confirmée. J'ai tout de suite adhéré au style à la fois cru, drôle, réaliste et cynique de l'auteur. de +, sa prose respire la culture, ce qui décuple le plaisir de lecture. J'aurais juste aimé savoir s'il s'agissait à 100% d'une autobiographie ou pas, et je n'ai pas trouvé cette information sur internet. Cela paraît "probable", sans toutefois aucune certitude. du coup j'ai parfois eu du mal à me laisser émerveiller, comme si je me demandais "c'est du lard ou du cochon ton histoire?!" Reste que je me suis reconnue dans son ras-le-bol et sa vision "étouffante" de la société. La seule différence, c'est que lui est passé à l'acte et moi pas: il a tout plaqué et s'est payé un aller simple vers le Mexique. Il faut oser... Pour quelqu'un de plutôt asocial tel qu'il se décrit au début, je trouve qu'il a le contact facile, très facile même! Ca m'a paru un peu louche. Comme par hasard il rencontre également toujours quelqu'un au bon moment, des opportunités s'offrent à lui sur un plateau d'argent et font de son voyage un rêve éveillé plutôt que l'enfer de solitude qu'il aurait pu (dû?) redouter. A trop se poser de questions on finit par passer à côté de sa vie et Julien Blanc-Gras a pris le taureau par les cornes, apparemment bien décidé à VIVRE. Alors, romancé ou pas? Parce que dans ces conditions, dans un monde ou "tout-le-monde-il-est-beau-tout-le-monde-il-est-gentil" moi aussi je veux bien partir demain, toute seule et sans rien dans les poches!

Enfin je dis ça mais son périple m'a vraiment captivé. Je me demande s'il ne s'agirait pas... d'une pointe de jalousie (ouhhhh la vilaine! :$) Dans tous les cas, le coup de tête de Julien Blanc-Gras aura eu le mérite de porter mon attention vers le Mexique, terre mystérieuse s'il en est mais pourtant pas l'endroit que j'aurais choisi de visiter de moi-même. Je m'enrichis donc au fil des pages de précieuses connaissances sur le Mexique, ses us et coutumes. Pour tout vous dire, je ne soupçonnais même pas l'existence d'une jungle au Mexique. C'est dire si j'avais besoin d'un cours de rattrapage!

Le fil du récit suit son cour, au rythme des déplacements du narrateur; nous voilà maintenant aux USA, bien loin de sa face la + reluisante. L'auteur pousse d'ailleurs la réflexion assez loin et nous dresse un constat tristement cohérent: isolationnisme, autodestruction, ignorance tacite... Les USA sont au bord de l'implosion. + qu'un road-trip, j'ai trouvé dans ce "journal de bord" de véritables pensées philosophiques.

Mais voilà; + on avance dans le récit et dans le temps, + on voit le narrateur changer. Il n'est plus le jeune homme épris de liberté du début. Au contraire, il cogite, il théorise et semble parfois même à 2 doigts de virer mégalo, tout rempli de son expérience américaine. A t-il tout simplement déchanté à mesure qu'il a confronté ses rêves à la réalité? Je n'ai pas vraiment aimé celui qu'il semble être devenu. Au début du livre je ressentais de l'admiration pour ce "héros" (réel ou fictif), mais je trouve qu'au moment du bilan, il ne fait pas bon usage de la masse de connaissances et d'expériences qu'il a vécu.

Au début il était dans l'instant, dans l'émotion, le présent, la vie. Il disait lui-même qu'il fallait moins réfléchir et agir +. Et le livre se termine sur (trop) de considérations existentielles, le style a complètement changé ainsi que le fonctionnement psychique du narrateur. Il contredit lui-même ses propos du début; ce voyage semble l'avoir changé d'une drôle de manière et j'avoue que j'ai tourné la dernière page un peu déboussolée. Envolés la fraîcheur et l'enthousiasme, l'énergie phénoménale du début de son voyage. J'ai eu l'impression de tourner sur une boucle temporelle où quoi qu'on fasse, quoi qu'on vive, on finit toujours par revenir à cet état frustrant de questionnements existentiels, au final jamais résolus. Je pense lire d'autres ouvrages du même auteur pour me faire une idée + globale de sa personnalité, car ici il m'a ouvert les yeux sur les merveilles du monde pour ensuite me faire retomber comme un soufflé. Genre: "Viens, suis-moi, le monde est grand, le monde est beau, l'avenir est à nous! (...) ah ben en fait non, le monde est moche et ma petite vie étriquée aussi, et on peut visiblement rien y faire. Au temps pour moi"... Frustrant...
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Dépressif au dernier degré, un homme se cloitre devant sa télévision, limitant ses interactions sociales à celles qui lui sont vitales. Je suppose qu'en 2005, commander ses repas n'était pas aussi démocratisé qu'aujourd'hui, et que faire son actualisation Pôle emploi nécessitait de se déplacer en agence - au lieu de quoi, notre narrateur aurait été encore plus seul qu'il ne l'est : le voilà tout de même qui descend à la grande surface du coin. Bref ; voilà un début de roman tout haenelien, auquel, en tant qu'immense fan de Yannick, je ne peux m'empêcher de superposer le mode de vie de Jean dans Tiens ferme ta couronne. Sauf qu'ici, la consommation audiovisuelle compulsive ne fait pas office de révélation philosophique mais d'abrutissement, et que le chien n'est pas une contrainte ouvrant des péripéties et un ressort comique, mais la dernière once d'affection dans la vie du narrateur, se mouvant à sa mort en élément diégétique déclencheur. Se sauver ne passera pas ici par une métaphysique de l'absolu puisée d'abord dans l'art, mais par une syllepse : pour trouver le sens, et sortir de l'apathie, il faut courir le monde. Valentin vend son sofa et prend le vent - il achète un billet d'avion et nous conte son périple, à la recherche d'une raison de vivre et de lui-même.

Quel livre. C'est en un sens Sur la route 2.0, mais de façon noble, bien loin de la pâle copie ou du remake redondant, et qui prend en compte son époque. Un livre avec un style propre, mais une sympathie - au sens de résonnance comme d'affection - affichée pour la contre-culture, ses héritiers et sa philosophie. Sympathie n'étant pas nécessairement convergence.

J'ai la sensation d'avoir pris l'humanité dans la gueule. Et ressortir sonnée, songeuse et enrichie d'une lecture, ça tombe bien, c'est ce que je demande à la littérature. Voilà une impression qui rend très ironique le point de vue du narrateur sur l'art d'écrire, dans le dernier chapitre. La posture de Valentin ne l'est-elle pas de toute manière un peu au regard de l'existence de Julien ? le voilà devenu écrivain, jouant sur la ligne de l'autofiction et du roman autobiographique. Et un sacré bon écrivain, qu'il se renie ou non ; c'est factuel.

Je suis à la fois réservée et enthousiaste quand j'ouvre un récit de voyage. Il n'y a pas d'intrigue dans ce genre de livres ; c'est la mise en mots d'une initiation. Et si la magie n'opère pas, on peut vite se retrouver à contempler des pages et des pages de descriptions de paysages, de cultures et de gens inconnus que les mots sont incapables d'hypotyposer (j'invente le terme), et s'ennuyer à mourir en passant complètement à côté de ce qu'il y a à comprendre, telle Alice Zeniter accablant Kerouac en réduisant ses chefs d'oeuvres - On the Road en première ligne - à "annoncer le nombre sur le compteur kilométrique". Bon. Les phrases de Julien sont loin de me faire cet effet.

Je suis toujours soufflée par la justesse du regard si éclairé de l'auteur. C'est un fin observateur très très fort pour analyser le comportement humain, doué d'un esprit vif et d'une culture qui lui confèrent une pleine conscience du monde qui nous entoure et une pertinence à souligner, notamment sur les questions de société. Il aurait sans doute fait un excellent anthropologue ou sociologue, s'il avait voulu. Mais non. Il préfère être touriste professionnel. Je dirais vaguement aventurier, même. C'est une trajectoire très intéressante et, de fait, Julien n'hésite pas à jouir de sa liberté de ton. Vous ne verrez pas beaucoup d'oeuvres réellement empruntes de littérarité, pourtant attachées au style oral, et où Anatole France, Descartes, Kipling et Kerouac côtoient Radiohead, les Beatles, Ben Harper et Manu Chao dans une homogénéité assumée et sincère. C'est ce que j'aime profondément avec les intellectuels éloignés des institutions : ils sont souvent dénués de mépris de classe, et sont plus enclins à la sincérité brute. Des gens capables de comprendre que Dylan n'a pas usurpé son prix Nobel, tout en sachant très bien de quoi il est question quand on parle de littérature comme quand on parle de la folk de Dylan. Des gens qui ne font pas du savoir une fin en soi, mais un outil vital à la compréhension du monde et à une existence en plein conscience. le projet est simple : il s'agit de parvenir à être authentiquement heureux. Cela suppose d'abord de comprendre et d'accepter le monde et la réalité. Voilà donc la fonction de cette longue errance du narrateur en Europe et en Amérique : troquer la mélancolie hypocrite et l'apathie du poète romantique pour un pragmatisme honnête et éthique. Regarder le monde, se regarder soi, en face, et accepter ce que l'on voit. Prendre conscience de nos moyens, en partie dérisoires, accepter la part de fatalité de l'existence, et faire au mieux avec. C'est topique, mais c'est joli et c'est bien amené. Et puis c'est important. On peut jouer les septiques sur le style de Julien ; décréter, même si ça me paraît voulu et très conscient, que ce n'est pas assez écrit, qu'en quelques rares endroits il y a des maladresses, que le narrateur a un côté insupportable (au moins, il est très bien caractérisé et assez authentique, c'est une qualité d'écriture essentielle qui a pourtant tendance à être négligée dans les premiers romans). On peut difficilement en revanche lui reprocher de ne pas s'attaquer aux enjeux de notre temps, ou de manquer de justesse. Julien vise toujours juste sur le fond, dont il met au service la forme. Ses fresques de l'humanité sont absolument remarquables. Ici, de façon plus hachée dans Touriste, ou encore sous le mode de la dystopie dans Comment devenir un dieu vivant.

Je terminerai sur un aparté : je suis tellement contente d'être tombée par hasard sur Julien, par l'intermédiaire de Gaspard Royant (songwriter génial, artiste immense), d'ailleurs remercié en clôture du livre. Alors même qu'à l'époque, Gaspard avait l'impressionnant nombre de 0 disque à son actif X). Je me plais à penser que d'autres feront le chemin inverse. Qu'en partant de la prose de Julien, ironique mais qui sait par touche se faire sensible et poétique, drôle, pragmatique, impressionniste, naturaliste, et à la remarquable littérarité, ils arriveront au détour d'une mention, d'une dédicace ou d'une citation à Gaspard, aux vers ironiques autant que sensibles et poétiques, drôles, impressionnistes, naturalistes, et à la remarquable littérarité emprunte de pragmatisme. Gaspard, qui dans l'homogénéité la plus sincère renvoie d'ailleurs aux Beatles, à Jacky Wilson et aux films d'art martiaux japonais autant qu'à la littérature gothique et romantique anglaise. Gaspard, dont la Los "Monkeytown" Angeles ressemble beaucoup à la San Francisco de Julien. Il n'est pas difficile de comprendre pourquoi Julien et Gaspard se renvoient assez systématiquement l'ascenseur en toute sincérité. Medium différent, style singulier, mais tonalités proches et idées très similaires : ils regardent clairement dans la même direction.

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Un voyage inouï et babacool dans un Mexique coloré et flamboyant, auprès des gringos, tour à tour généreux, désabusés ou seuls avec leurs problèmes.

Le soleil éblouit, la fiesta bat son plein, tous les mexicains que croise notre anti héros au charme indéfinissable, fraîchement sorti d'une déprime, sont des personnages rigolos à la peau veloutée.

Au début du livre, Valentin traverse une période un peu difficile ou il use le parquet de son appartement. Mais au bout d'un moment, il décide de quitter Charlotte sa chienne, pour aller à la conquête du Mexique. C'est une immersion, une vraie rencontre avec les autochtones. L'écriture est humoristique, avec une bonne dose de tendresse.

Au travers de toutes les rencontres décrites, on voit à la fois les aspects négatifs du pays, tels que les passages clandestins vers les Etats-­Unis, la drogue, le chômage, mais aussi les côtés plus réjouissants, tels que les filles, le surréalisme, la musique des Mariachi, les Mayas...

Réflexions sur la politique, le tourisme... on sent souvent le profil de journaliste de Julien Blanc-­Gras qui exprime un avis bien précis sur tout ce qu'il voit. Mais surtout une personne très attachante que j'ai trouvée extrêmement sympathique.

Bref, une lecture qui donne le sourire.
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Citations et extraits (48) Voir plus Ajouter une citation
- Voilà, moi j'ai fait des études en sociologie et il fallait que je trouve un sujet pour mon mémoire de quatrième année. Alors je savais pas trop, j'ai essayé de choisir un thème qui me concernait. Alors j'ai fait mon analyse sur 'cannabis et consommation', tu vois.
C'était un Chilien qui allait à San Cristobal pour acheter de l'ambre. Il fabriquait des bijoux et les vendait là où il passait. Sa façon de voyager. Il parlait à mille à l'heure.
- L'idée, c'était d'étudier la façon de consommer des gens qui fument pour mesurer l'impact du THC sur leur façon d'être des objets consommants tu vois. Alors je me suis posté à la sortie d'un supermarché, euh, une semaine, puis je repérais les mecs qui avaient des têtes de fumeurs tu vois et je leur demandais si je pouvais examiner le contenu de leurs courses et tout avec des questions pour cerner leur profil.
Il était muni d'un combi Volkswagen dans lequel nous étions entassés contre une participation pour l'essence. L'ambiance était potache. On avait de belles étapes devant nous.
- Alors j'ai dégagé plusieurs axes en fait. Le premier c'est l'influence directe, physique, les mecs vont acheter plus de sucreries, plein de chocolat, un peu comme les bébés achètent des couches, c'est normal. Ensuite, et c'est là que je voulais en venir : c'est l'influence profonde. C'est-à-dire comment la ganja modifie ton attitude complète face au système consommationnel.
Maïa était sous le charme et sur un nuage. Elle l'écoutait avec des grands yeux et rigolait de temps en temps.
- Alors il y a plusieurs trucs qui ressortent mais j'ai pas trop réussi à, euh, synthétiser. T'as les mecs qui vont pas acheter du Coca ou des trucs trop emblématiques, avec un discours politique fort sur les multinationales assassines. Ensuite, ce qui ressort, ce qui est important en fait, c'est qu'en général le fumeur, faire les courses ça lui prend la tronche. Il essaye d'expédier ça le plus vite possible et méprise les blaireaux qui jouissent du principe d'achat et qui passent deux heures à pinailler sur le choix d'un yaourt. Le fumeur considère le système de grande distribution moderne comme une aliénation à laquelle on ne peut échapper en milieu urbain. Il rejette le côté aseptisé, manipulateur, dépourvu de bonnes vibrations authentiquement humaines, tu vois. Alors en général les mecs se collent un gros oinj avant d'aller faire les courses pour que ça passe mieux. Là, on a un autre problème parce qu'au final ça les ralentit. Enfin, t'as ceux qui ont leurs repères et qui se mettent sur des rails sans réfléchir et puis ceux qui sont perdus au rayon lessive pour acheter des bières. Heu, voilà, j'en étais où ?
Maïa :
- T'as eu une bonne note ?
- Non, ils ont rien compris. C'était des vieux. Ils m'ont pris pour un drogué.
- C'est con parce que ça a l'air vachement bien.
(p. 87 à 89)
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Dieu n'est pas tout-puissant, voyons. Sinon, il ferait moins de conneries. Il ne nous contrôle pas. C'est une affaire d'interconnexion vitale entre lui et nous. Dieu est un gros bonhomme pataud, gaffeur. Sa santé est fragile : regardez son monde. Vu l'accélération de l'histoire des hommes, on peut affirmer sans crainte que Dieu est en pleine évolution. Peut-être est-il adolescent. Les guerres sont ses cauchemars. Hiroshima est une poussée d'acné. Le Flower Power son premier baiser. Si ça se trouve, Dieu n'a jamais tiré sa crampe. Le jour J, quand il caressera pour la première fois les seins doux et chauds de la déesse de l'amour, on verra une grande vague de bonheur déferler sur la création. Ce sera peut-être ça l'avènement du surhomme, Dieu devenant homme. Peut-être suis-je également, après mûre réflexion, un petit peu défoncé.
(p. 149-150)
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Il m'expliquait qu'il n'avait pas le droit de prendre sa voiture aujourd'hui, la circulation étant alternée en fonction du numéro des plaques pour réduire la pollution. J'étais surpris d'apprendre l'existence d'un code de la route dans cette ville [Mexico]. J'avais remarqué que les composantes essentielles d'un véhicule étaient le klaxon et l'icône religieuse, qui n'empêchaient pas les massacres routiers à grande échelle. En cas de contrôle policier, qu'on soit en règle ou pas, il fallait toujours avoir de la monnaie sur soi, car les flics sont mal payés. C'est dans les moeurs.
(p. 25)
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J'étais installé dans l'auberge de jeunesse à deux pas de chez Joana. Un repaire de paumés. On avait un quinquagénaire qui faisait la vaisselle pour tout le monde. Au bout d'une minute de discussion, il racontait invariablement sa rencontre avec les extraterrestres. On avait un gros mauvais qui avait un avis péremptoire sur tout, notamment les différents complots menaçant le citoyen. On avait une militante écologiste pas épilée qui passait sa vie à manger des sandwichs au thon, ce qui vu sa gueule tenait du cannibalisme. Elle était un peu effrayante dans sa façon d'être véhémente. Elle hurlait « Propaganda » à chaque fois qu'elle allumait la télé et j'aurais pas été rassuré de voir des gens comme elle au pouvoir.
(p. 171)
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C'est curieux, l'aboutissement de l'odyssée de Kerouac, c'est une virée dans un bordel mexicain. D'un tourbillon de débauche il a fait des bouquets de mots. De belles pages. Ça devait être transgressif dans les années 1950. Mais un bordel mexicain aujourd'hui, ça n'a rien de rock'n'roll. C'est une industrie qui sent le vieux foutre et la tequila frelatée. Moi, les putes, rien à faire. Ça me fait pas bander. La prostitution est au sexe ce que le karaoké est à la musique. On se fait croire que, et ça soulage deux minutes. Où est le fun ? La réponse est peut-être à chercher du côté de chez Joe Dassin qui, derrière la fêlure du poète, bourrait des putes :
« Ma demoiselle de déshonneur
Mon premier amour d'un quart d'heure. »
(p. 157)
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