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EAN : 9782070787722
184 pages
Joëlle Losfeld (07/05/2009)
4.11/5   9 notes
Résumé :

Mettre le nez à la fenêtre, en termes cyclistes, c'est se porter en tête du peloton en vue de s'échapper. Voilà précisément ce que fait Maurice, dit Momo, dans une grande étape de montagne du Tour de France.

Trop présomptueux? La gloire n'a jamais été à son programme. Et s'il gagnait...

Si cette course était pour lui une manière de régler ses comptes avec une enfance âpre et solitaire, qui l'a convaincu que la lutte est la... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Je cherchais à lire un de ceux de la liste « Des romans composés de nouvelles ».
Quelques titres m'interpellent, un surtout : « Hôtel intérieur nuit ». de Jean-Noël Blanc, connais pas celui-là. La médiathèque non plus.
Mais il y en a un autre de lui, « Le nez à la fenêtre », une histoire de vélo.
Un petit format, moins de 200 pages, mais un grand col, l'Izoard.
L'histoire d'un gamin, des souvenirs et des anecdotes en perspective, il ne m'en faut pas plus pour sauter dans la roue, c'est parti, roulez jeunesse !

La quatrième de couverture pose une question cruciale « Faut-il toujours s'échapper pour exister ? »
J'ai envie d'ajouter : rester dans le moule ou sortir de la foule ? La réponse est sur la selle, « Allez, roule ! »

Deux histoires en une, alternées, un chapitre pour chacune, à tour de rôle.
Le Momo de l'initiation, de l'enfance à l'accomplissement, et le Momo coureur d'une étape mythique de son dernier Tour de France avec l'arrivée à Briançon. La montagne, ça vous gagne !

Un sacré développement, histoire de changer de rapport, trouver la bonne vitesse pour aller au bout de l'effort, pour atteindre le graal et combattre le mal, souffrance, malchance, être en transe, entrer dans la danse.

C'est l'histoire d'un « gregario », le porteur d'eau au service du leader, un suceur de roue habitué à faire l'élastique, à prendre l'autobus pour rallier l'arrivée, le fameux « groupetto » qu'on pourrait écrire groupe-étau, pris en tenaille entre le peloton et la voiture balai.

Momo n'est pas un costaud, plutôt un fil de fer qui doit plus en faire, style marathonien, un coureur de fond, qui se fond dans la masse du peloton, habitué à aller au casse-pipe et à passer par la fenêtre. Alors, il doit se planquer dans les roues, car il est largué à la pédale, pas assez de poids pour faire le poids.
Mais dès que ça monte, plus de honte, il se la raconte, il se met en danseuse et devient l'étoile du ballet, ça décolle dans les cols.
Et quand il a les jambes, il peut faire le trou, c'est la grande lessive derrière, le nez dans le guidon, les mains aux cocottes, ne pas se mettre dans le rouge, éviter le coup de bambou, quand on est carbo c'est la mort assurée, impossible de se refaire la cerise.

Mais aujourd'hui, les circonstances de la course lui ont permis de mettre le nez à la fenêtre, il se retrouve en tête, il peut gagner une étape, dans son dernier tour, un vrai tour d'honneur, pour prouver qu'il valait mieux, qu'il aurait pu avoir les honneurs beaucoup plus tôt, lui le petit bicot, qui apprend ses origines sur le tard, car le père est mort trop tôt, et la mère se mure dans le silence, femme de ménage bonne à nettoyer les plaies, cette « mère au foyer des autres », sa "petite reine".
Elle aimait les fleurs, son seul plaisir, pour embaumer l'appartement, embellir sa vie, l'espace d'un instant.
Aujourd'hui, c'est lui qui va recevoir des fleurs, mais elle est partie, trop tard pour lui faire ce cadeau, c'est le bouquet !
Et la douleur derrière le genou, tendon dans le poplité, c'est toute sa vie qu'il voit défiler, « on s'en tirera, on n'est pas des assistés ».
Seul dans l'Isoard et sa fameuse Casse Déserte, il se dit qu'il court à sa perte, il fredonne Béranger, « A quoi ça sert de vivre et tout, à quoi ça sert en bref d'être né ?».
C'est sur la ligne d'arrivée qu'il a compris, exténué mais heureux, le sens de sa vie, il a bien fait de mettre « le nez à la fenêtre ».

Le hasard fait bien les choses, moi aussi j'ai passé un bon moment, avec Momo et Jean-Noël Blanc.
Même avec un « vélo » en pièces détachées, on peut écrire « love ».






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Cette expression, je la connais depuis mes débuts cyclistes, en 1967, sous les couleurs de l'Auto-Cycle Annonéen. Elle désigne le fait de tenter de sortir du peloton, d'attaquer, de ne pas se contenter de "sucer les roues", de rester à l'abri, dans le sillage des autres coureurs. L'auteur illustre formidablement cette expression dans ce livre, un véritable bijou.

Dans la roue de Maurice Bénadour, je me suis régalé en savourant cette histoire remarquablement menée. Parallèlement, l'auteur nous fait vivre soit avec Momo, enfant, vivant seul avec sa mère dans un immeuble, soit au sein d'une équipe cycliste disputant l'étape Draguignan - Briançon du Tour de France. Les journées passent, l'enfant grandit et l'auteur révèle beaucoup de talent pour tenir son lecteur en haleine. Moi qui lis depuis très longtemps de nombreuses revues spécialisées, jamais je n'ai savouré un récit aussi bien détaillé que celui de ce livre, sur la course vécue de l'intérieur. Tout y est : la tactique, l'observation des moeurs du peloton, l'évolution de la course au milieu de la foule et surtout les sensations du coureur en plein effort.

L'histoire se termine d'une façon terriblement émouvante aux côtés de Momo, Maurice Bénadour, coureur du Tour.
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Avec ce roman Jean-Noël Blanc nous offre une expérience unique : participer à une étape du Tour de France, de l'intérieur, sous les traits de Maurice, dit Momo. Avec lui, on souffre. le roman est construit sur une double série de séquences narratives, l'une autour de la jeunesse de Momo, l'autre autour de cette étape clé du Tour de France.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Dans un brouillard. Jetant mon vélo sur la ligne d'un dernier effort de tout le corps. Entendant hurler mon nom au moment où je me relève après la ligne et où le maillot jaune me double sur sa lancée du sprint en donnant du poing sur le guidon, rageant de ne pas m'avoir rattrapé avant la ligne et d'avoir laissé la victoire à un sans-grade comme moi.
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Et le vacarme se met de la partie. Ce bruit tout le temps. Depuis les clameurs des haut-parleurs au village de départ, au moment où on signe la feuille, jusqu'aux vociférations des haut-parleurs à l'arrivée, en passant par la sono de la caravane publicitaire, les cris des spectateurs, les voitures, les avertisseurs, les motos, et surtout l'hélicoptère de la télé qui suit la course. Un boucan permanent.
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Je croyais que tu étais pour le coureur français, dit sa mère en s'étonnant de sa joie encore intacte lorsqu'il revint à la maison. Et comme elle voyait qu'il ne la comprenait pas, elle ajouta : c'est bien un italien qui a gagné, non ? Bernarino, ce n'est pas un nom italien ?
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