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EAN : 9782842631338
316 pages
Le Dilettante (30/01/2007)
4.31/5   8 notes
Résumé :

Lisant le journal de Jacques Brenner, qui vient de paraître, je revois mes premiers pas vers la publication. C'est en effet Brenner, auquel j'avais envoyé le manuscrit d'Entre chien et loup au printemps 1988, qui, par téléphone, recadra mon affaire : "Si les Cahiers des saisons existaient toujours, je vous en prendrais des extraits avec joie. Cela pour vous dire que vos Carnets, c'est de la littérature à part. " Je compris " ... >Voir plus
Que lire après Contrebande : Carnets 2003-2005Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
" 2004
Mes-Carnets- sont plus parents du recueil de moraliste et de chroniqueur que du journal, dont la raison d'être est de raconter des journées; moi, par le truchement des -Carnets-, je tâche au contraire d'oublier les journées en leur substituant de quoi exister sans avoir à les vivre." (p. 105)

Selon l'expression familière "Quand on aime on ne compte pas" !...
c'est le cas de mon engouement pour André Blanchard dont je poursuis la lecture des Carnets...

"2003-
Un écrivain ne vous apprend pas à vivre; au mieux vous aide-t-il à continuer." (p. 40)

Etudiant en droit, très brillant était bien parti pour avoir une position sociable enviable, mais surprise... il regimba, ne voulut d'aucune manière rentrer dans le moule, préféra les petits boulots et le chemin ingrat de l'Ecriture ! Une difficulté à vivre, à adhérer à l'existence....

"2004--Depuis que j'ai l'âge raison, s'est-il trouvé un matin où j'ai été bras ouverts, donc pote avec la vie ? Me poser la question y répond. Mon mouvement instinctif, celui où de tout temps je me suis reconnu, aura été de recul." (p. 142)


Esprit acide, caustique, ironique , il n'y a que ses lectures qui le transportent, le mettent en joie [ sans oublier une compagne aimée et
soutien discret, constant]...Sinon, il observe ses contemporains et nous offre son regard très critique sur son époque !

Comme je l'exprime très fréquemment... j'ai un faible pour les livres qui amènent à d'autres livres. André Blanchard m'aura fait découvrir Christian Guillet [ avec "L'Adoration perpétuelle"...que je note dans mes lectures de 2020...] et Colin d'Amiens, peintre-écrivain, au destin tragique...

Je réitère mes remerciements au Dilettante d'avoir publié cet esprit libre et atypique, pour qui l'Ecriture était TOUT.... !

@Françoise Boucard-Décembre 2019
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Trié sur le volet.
Le diariste épéiste André Blanchard, avec la densité de sa plume que l'humour allège, rend compte de la vie intellectuelle et littéraire depuis Vesoul à travers ses « Carnets », courant de 2003 à 2005 et intitulés Contrebande. Carnets commencés en 1987 sous le titre Entre chien et loup, ont suivi de littérature et d'eau fraîche : 1988-1989 ; Messe basse : 1990-1992 ; Impasse de la Défense : 1993-1995 ; Petites nuits : 2000-2002. Entre ces journaux, s'intercalent des chroniques, Impressions, siècle couchant, I & II. L'auteur a troqué l'éditeur provincial Maé-Erti, sis à Conflandey pour le Dilettante ayant pignon sur rue à Paris, ville qui reste une place forte littéraire « la meilleure du monde », « malgré les prêchi-prêcha des ultras qui adorent aller s'agenouiller outre-Atlantique ». On ne s'ennuie jamais à la lecture des Carnets qui ne constituent donc pas à proprement parler un journal. L'auteur ne relate pas son quotidien qui est expurgé et ramené à une réflexion plus générale : « Mes Carnets sont plus parents du recueil de moraliste et de chroniqueur que du journal… ». le style est vif, les paragraphes courts. A travers des mots bien pesés, le vinaigre gicle sur les ignares prétentieux et les baumes se répandent sur les laissés pour compte. L'auteur épingle les travers des comportements et les langues qui fourchent : « […] ceci, dit à un écrivain par un interviewer… « Vos mots, on le sent bien, peuvent sauver un lecteur de la mort. » Mais non, andouille ! La différer, tout au plus la différer ». Il sait aussi remarquablement bien parler de la littérature qu'il aime ainsi que de celle qui lui pèse. Ainsi, Montaigne a droit à sa volée de bois vert : « […] je n'ai jamais pu lire Montaigne, quelques pages et il me barbe, tant il m'en apparaît une bien vieille… ». Sous la trique d'André Blanchard, Marcel Jouhandeau trinque à son tour : « C'est tout lui, sorte de Bobin avant l'heure, en plus dessalé, pipelet de la mystique, acrobate de la prière tant elle partait des bas-fonds… ». Il y a encore Ernaux, « obscénité littéraire » ou Houellebecq avec son roman dont « le cul reste le personnage principal », « […] Houellebecq… cet auteur culte, comme ils disent, quand auteur de cul serait plus juste… ». Pour Baudelaire, la matraque se fait plume et c'est bath : « [Ses poèmes] sont tellement impériaux qu'on les dirait de toute éternité, venus de la nuit des temps. C'est cela, consubstantiels à l'origine du monde et, vers dans le fruit, qui en prophétisent la chute ». Plus loin, il dit encore : « Baudelaire… au chevet du mal, le veille à sa façon : en l'hypnotisant ». Pour Albert Cohen, la férule est en suspens : « Belle du seigneur, lu il y a vingt-cinq ans. Est-ce que je le relis ? C'est un des livres qui nous culbutèrent de joie et que nous avons peur de ne plus tant aimer ». François Mauriac tire la couverture à lui avec les louanges qu'André Blanchard lui tresse de tout temps. On ne devine jamais comment la phrase va frapper mais elle sonne toujours juste, gifle ou caresse, lancée avec l'élan de la sincérité, ce qui met le lecteur en joie et ses joues en feu. le tout se sirote avec délectation même si le fond du propos est souvent désabusé, sombre et astringent. Il faut boire la vie jusqu'à l'hallali avec l'amertume d'en avoir déjà fini. Avec sa plume légère de médecin de l'âme atteint lui-même de mélancolie, l'auteur nous vaccine efficacement contre le mal à vivre, l'épuisant spleen baudelairien qui « nous écrase par terre » tel l'insecte que la dépression terrasse. « Un écrivain ne vous apprend pas à vivre ; au mieux vous aide-t-il à continuer. […]- Et ce ne sont pas les plus optimistes ni les bien dans leur peau qui y parviennent le mieux ! » André Blanchard, c'est parole d'évangile ! A « la cohue des jobards » qui viennent nous assassiner jusque dans nos livres, on peut penser très fort et entonner le refrain salutaire comme un hymne vengeur : « du large, les connards ! ».
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Mai 2003

Le noir, je suis tombé dedans quand j'étais petit, fourré dans les jupes d'une veuve et les soutanes.
Qu'on n'est pas sur terre pour être heureux, me l'a- t-on assez dit.J'aurai vécu là-dessus , et, si possible, délégué à mes phrases: qu'elles donnent du bonheur, fut- ce en hébergeant son contraire.
Comme ça, la mélancolie ne serait pas une vaincue.

( p.33)
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Septembre ( 2004)

" Après ". - Je ne connaissais pas cette suite, ces lendemains d'" À l'Ouest rien de nouveau ", où nous voyons que le retour à la vie civile de ceux qui tuèrent pour ne pas l'être, c'est encore du combat, et du tragique: comment reprendre une vie dite normale quand revenir sain et sauf des tranchées, c'est d'apparence, votre esprit ramène de là- bas, et pour longtemps, le champ de bataille, plus cet aveu entre tous pathétique : on a beau haïr la guerre, ce fut durant ce temps là qu'on a réellement vécu. À Erich Maria Remarque de se débrouiller avec ça. Il y arrive au mieux, en dotant ces survivants d'une stature sans réplique, excepté celle de l'ombre, où s'agitent les démons.

( p.170)
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Septembre ( 2003)

Je n'avais jamais lu un livre de Clara Malraux, détourné par ce que son speedé de bonhomme avait dit d'elle, quelque chose comme: " Vous, écrire ? Contentez- vous d'être ma femme," Elle a bien fait de passer outre, me suis-je dit après que le hasard de la brocante m'a lesté de " La Fin et le Commencement", cinquième volume de ses Mémoires où défilent le Front populaire, la guerre d'Espagne, l'Occupation.Il se pose là, comme livre qui dépasse le simple témoignage en croquant - sur le vif- jurerait- on- toute une époque qu'il tire vers l'épopée, d'où une sorte d'ambiance romanesque au service de personnages prenant pied dans l'histoire.Que ce soit aussi le livre de qui aura mis en selle un mec génial, et ce que cela implique d'effacement, vaudrait comme bonus.Jugeons-en à ce qu'elle dit de son grand homme, et qui nous semble un hommage aussi grandiose que suicidaire: " Avec ses qualités et ses défauts, il fut pour moi une intoxication beaucoup plus grave que celle de l'opium." C'est ce qui est bien dans ce livre, de donner le pour et le contre.

( p.53)
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Mai 2003

De temps en temps, avant de m'endormir, j'embarque avec Baudelaire.Ce fut il y a peu pour me faire cette curieuse réflexion face à ses poèmes les plus hauts perchés : de tels vers, c'est à peine croyable que personne ne les écrits avant ! Ils sont tellement impériaux qu'on les dirait de toute éternité, venus de la nuit des temps.

( p.32)
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Qu'est-ce que l'aura de la littérature, et son règne d'égal à égal avec le surnaturel ? Eh bien ceci par exemple : Flaubert et Du Camp qui, lors de leur bourlingue en Bretagne, se découvrent dès qu'ils pénètrent sur les terres de Combourg.
Sartre eût-il été avec eux, qu'il aurait filé doux, sous peine de raclée.
Quand il pissa sur la tombe du vicomte, ce fut comme on sème, à tous vents. Des générations se le tinrent pour dit.
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