Très court récit d'une dizaine de pages. Pendant l'occupation nazie, un jeune homme, sur le point d'être fusillé, échappe de peu à la mort. Pour lui, c'est comme s'il était mort, sans l'être.
Je n'ai pas vraiment adhéré au texte, pourtant magnifiquement écrit avec une justesse des mots. Peut-être trop court ? Je ne sais pas. Toujours est-il que l'émotion ne vient pas. Mais j'ai l'intention de lire d'autres livres de maurice blanchot.
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"Je me souviens d'un jeune homme - un homme encore jeune - empêché de mourir par la mort même - et peut-être l'erreur de l'injustice.
Les Alliés avaient réussi à prendre pied sur le sol français. Les Allemands, déjà vaincus, luttaient en vain avec une inutile férocité."
Dans ces quelques lignes, Blanchot évoque cette fusillade, manquée.
Les nazis voulaient le tuer. Finalement, il est resté vivant dans la mort, mort dans la vie...
"Demeurait cependant, au moment où la fusillade n'était plus qu'en attente, le sentiment de légèreté que je ne saurais traduire : liberté de la vie ? l'infini qui s'ouvre ? Ni bonheur, ni malheur. Ni l'absence de crainte et peut-être déjà le pas au-delà. Je sais, j'imagine que ce sentiment inanalysable changea ce qui lui restait d'existence. Comme si la mort hors de lui ne pouvait désormais que se heurter à la mort en lui. "Je suis vivant. Non, tu es mort.""
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Texte bref d'un homme face à une mort potentielle. On voit avec ses yeux, on ressent avec lui ce court instant où tout pourrait s'arrêter.
Une prose magnifique, l'instant d'une vie en quelques mots aussi bref soit cet instant avec l'horreur en toile de fond
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Demeurait cependant, au moment où la fusillade n'était plus qu'en attente, le sentiment de légèreté que je ne saurais traduire : liberté de la vie ? l'infini qui s'ouvre ? Ni bonheur, ni malheur. Ni l'absence de crainte et peut-être déjà le pas au-delà. Je sais, j'imagine que ce sentiment inanalysable changea ce qui lui restait d'existence. Comme si la mort hors de lui ne pouvait désormais que se heurter à la mort en lui. "Je suis vivant. Non, tu es mort."
Seul demeure le sentiment de légèreté qui est la mort même ou, pour le dire plus précisément, l'instant de ma mort désormais toujours en instance.
Je sais – le sais-je – que celui que visaient déjà les Allemands, n’attendant plus que l’ordre final, éprouva alors un sentiment de légèreté extraordinaire, une sorte de béatitude (rien d’heureux cependant), – allégresse souveraine ? La rencontre de la mort et de la mort ?
À sa place, je ne chercherai pas à analyser ce sentiment de légèreté. Il était peut-être tout à coup invincible. Mort – immortel. Peut-être l’extase. Plutôt le sentiment de compassion pour l’humanité souffrante, le bonheur de n’être pas immortel ni éternel. Désormais, il fut lié à la mort, par une amitié subreptice.
C’était cela, la guerre : la vie pour les uns, pour les autres, la cruauté de l’assassinat.
Demeurait cependant, au moment où la fusillade n’était plus qu’en attente, le sentiment de légèreté que je ne saurais traduire : libéré de la vie ? l’infini qui s’ouvre ? Ni bonheur, ni malheur. Ni l’absence de crainte et peut-être déjà le pas au-delà. Je sais, j’imagine que ce sentiment inanalysable changea ce qui lui restait d’existence. Comme si la mort hors de lui ne pouvait désormais que se heurter à la mort en lui. « Je suis vivant. Non, tu es mort. »
Je me souviens d'un jeune homme - un homme encore jeune - empêché de mourir par la mort même - et peut-être l'erreur de l'injustice.
Les Alliés avaient réussi à prendre pied sur le sol français. Les Allemands, déjà vaincus, luttaient en vain avec une inutile férocité.
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