Ce roman terrible, dans le sens premier du terme, est à ne pas mettre dans toutes les mains. Mais il est un cri formidable de l'homme face à sa condition et marque un repère dans la littérature française, celui de la lucidité.
C'est un livre fort et puissant qui nous rappelle, hors du quotidien par lequel nous sommes souvent hypnotisé, juste notre humanité.
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Une nuit d'hiver, dans un coin de province, le plus loin possible du regard de "l'autre", le démon rappelle à la vie quelques morts d'un cimetière de campagne. Il prétend les rendre, s'ils le veulent, à la condition des vivants qu'ils furent. Effectivement, chacun retrouve son existence, oublie la mort, se comporte comme avant et tâche de renouer avec son passé.
Or, le démon, le faussaire a trompé chacun. Ces vivants provisoires, ils sont sans le savoir diversement marqués. En eux, dans un innommable compromis, la mort et la vie coexistent. C'est ce que, dans de dramatiques confrontations, les vrais vivants ont à découvrir.
Rien ne se voudrait moins gratuit que cette histoire. Elle s'attache, en chaque détail, à la réalité la plus concrète, celle des êtres, du pays, de la saison, de l'heure. La mort incarnée, présente, est mêlée au réel quotidien. Elle altère ou détruit les rapports humains, elle rend vain jusqu'au désespoir.
Le cas étrange et surréel de la dernière victime, illustre particulièrement le drame de l'âme humaine, condamnée à ne pas mourir.
"Le faussaire" est donc un roman de révolte contre la condition humaine, telle que nous la subissons et telle que tentent de la justifier les religions et les croyances régnantes.
De là sa violence, sa cruauté parfois insoutenable, son rythme de colère, son désespoir. Mais aussi, dans un envers inséparable, son amour des hommes, son humble soumission aux choses naturelles qui contiennent tout.
(quatrième de couverture - Édition parue à la NRF en 1964)