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EAN : 9782843045684
322 pages
Zulma (06/10/2011)
3.91/5   41 notes
Résumé :
« Vous avez un quart d’heure de trajet en métro ? Trouvez-vous une place assise et partez avec Blas de Roblès à Aigues-Mortes, dans la résidence d’hiver du roi de France pour une magistrale partie d’échecs entre Saint Louis et le prince des Bédouins.
Vous n’avez que quatre minutes à attendre votre tour chez le dentiste ? C’est suffisant pour entrer dans la peau du jeune marin qui hait tellement le capitaine du port et désire si fort sa mort que celle-ci va se... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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La mémoire de riz est une nouvelle appartenant au recueil éponyme de ce conteur hors pair qu'est Jean-Marie Blas de Roblès. Il prend un personnage historique, David d'Ashby, un frère dominicain anglais ayant vécu au XIIIe siècle et lui fait raconter une aventure extraordinaire : lors de son séjour aux Indes, il a comme professeur Maître Shang, qui devient un ami. Lorsque le vieux sage est incarcéré pour trahison, il lui donne ce qu'il a de plus précieux : un sac contenant des grains de riz… Mais ne contient-il réellement que cela ?

J'ai été captivée par cette lecture ! Quel talent ! Pendant l'espace d'un instant, j'étais dans une contrée lointaine, dans un espace-temps qui l'est plus encore, en train de fouiller dans ce sac avec le narrateur ! Voilà ce que j'aime dans les nouvelles : en quelques pages, on vient me mettre une claque. Chapeau bas !

Lien : https://promenadesculturelle..
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Toujours à Étonnants voyageurs, j'ai découvert Jean-Marie Blas de Roblès. Oui, je sais il est connu depuis longtemps, mais pas par moi. J'avais bien noté le titre si beau Là où les tigres sont chez, eux, mais sans aller plus loin. Mais pourquoi personne ne m'a-t-il mis un de ses livres dans les mains en m'assurant “Lis, tu vas aimer.” ?

J'ai donc commencé par un recueil de nouvelles. 26, très diverses, très bien écrites, avec l'impression d'une large culture derrière les mots.
Diverses par les pays, nous voyageons en Europe mais aussi en Afrique du Nord. Par le temps, si la plupart sont contemporaines, il y a une incursion au XIIIe siècle, et dans un temps mythique. Elles sont parfois cruelles, parfois douces.
J'ai souvent eu l'impression que Blas de Roblès égrenait des souvenirs, d'autant qu'il évoque plusieurs fois un ami.
Chaque nouvelle nous plonge dès les premiers mots dans le monde qu'il crée pour nous. Mais ce qui m'a le plus enchantée, c'est la langue. Jugez vous-même “Oblalie, sa vieille gouvernante, un cep de vigne portant le deuil et nouée par les rhumatismes, vint surveiller la broche et repartit sans mot dire vers la cuisine.” Ou ”Un mistral d'automne, éparpillant les fruits velus des platanes, cinglait l'espace de ses grains d'or insidieux, couvrait le pavé d'une toison instable qui s'envolait en soyeuses nuées à chaque recrudescence du vent.” “Un cep de vigne portant le deuil”, on la voit, sèche, tordue. “ses grains d'or insidieux” quand on se rappelle comment au printemps on peut être envahis par certaines productions des arbres.

Donc une excellente découverte.
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Prix de la nouvelle de l'académie française en 1982. Recueil qui en comporte 22.

Sous le thème de l'imaginaire, Jean-Marie Blas de Roblès nous embarque dans son bateau fantastique et nous mène dans ce monde de créations littéraires renversantes de beauté.
J'ai donc décidé de traiter autrement cette chronique en mettant en avant chaque texte tant son contenu est exceptionnel.

1) En prestidigitateur, il nous invite à méditer sur la vie, entre magie et manipulation de la réalité, l'illusionniste Blas de Roblès , fidèle comme une tourterelle à son sens du phrasé, m'a fascinée.

2) "Charles Boquet, artiste peintre"
Véritable peinture de la faiblesse humaine, de son renoncement parfois face à sa lâcheté, l'homme écrit sa propre partition, perdu dans son propre superflu à défaut de s'élever pour magnifier sa destinée.

3) Animal, nous le sommes aussi dans "le même et l'autre" . Chasseur de tout temps chassant ses pulsions, sa jouissance au meurtre.
L'homme ronge son os face à son miroir, ce double envahissant qu'il tente de dissimuler dans sa noirceur.
"Aussi paradoxal que cela puisse paraître, nous ressemblons à ces enfants qui étranglent les moineaux à trop vouloir les caresser : au bout du fil, cloué par la flèche de l'arbalète, il n'y a jamais que le cadavre de nos espoirs"

4) de la Libye ancestrale jusqu'à celle de Kadhafi, la nouvelle "colloque à Tripoli" expose t'elle la vérité des peuples ancestraux ou bien... serait-ce l'exotisme de l'imagination des rêveurs ?...

5) Et puisque l'on évoque la vérité,
la vérité ultime de toute chose est-elle contenue dans "La mémoire de riz"?
Cette bourse récupérée à la ceinture d'un sage chinois renfermant cinq mille grains de riz sur lesquels des écrits sont l'équivalent d'une bibliothèque de 4999 volumes de cinq mille pages, transmission datant de l'époque de Confucius, de Houei Che, Kong-souen Long et de tant d'autres...
Quel talent de conteur réside chez Jean-Marie Blas de Roblès !

6) Puis Lucien, documentaliste, qui vit sa vie, chaque soir, à travers les tableaux qui prennent vie au même titre que son amour fabriqué, Mélusine, mélange des oeuvres de Titien, Rubens Giorgione...
L'imagination l'amène alors au summun de l'adoration, tellement plus que ne lui apporterait la réalité...

7) cette nouvelle "la loi Cioran" qui m'a bien évidemment beaucoup parlé, interdisant la destruction des livres, d'aucun ne doit disparaître depuis que le virus Hermès a déstabilisé les données informatiques en 2080 et que les disques durs sont devenus obsolètes.
Par économie de papier et de classement,
dès lors, les écrivains voulant éditer un livre devront le payer de leur vie...
"Saine mesure censée éviter ou, ou du moins enrayer la prolifération des livres médiocres sur les étals des librairies, tout en redonnant à l'écriture son véritable sens"

8) Démétrios, pope de Santorin considérant les femmes à l'image de Belzebuth, produit une mosaïque fait d'ossements de vierges martyres afin de racheter le péché originel par la pureté divine de sa créature.
Soudainement , un fléau s'empare de l'île chaque nuit...
Un texte d'une qualité divinement articulée.

9) Un lecteur se retrouve dans la nouvelle "Le quartette d'Alexandrie" au beau milieu des personnages du livre du "Quatuor d 'Alexandrie"de Lawrence Durrell...

10) un échéquier envoûtant faisant défiler l' Histoire du monde durant une partie entre Saint Louis et le roi des bédouins.
Entre croisades, respect et foi, le discernement prend forme dans la confusion.
Une nouvelle d'une richesse vertigineuse.

11) La haine peut-elle convoquer juste par la pensée, la mort ? Ainsi questionne le récit du capitaine du port.
"Le fait d'être homme résidait justement dans cette efficacité de l'esprit sur la matière, dans cette capacité de réalisation qui permettait le choix. Car s'il y avait un réel pouvoir de la pensée, il existait dans les deux sens : la haine étant capable de fermer une porte, il devenait crédible que l'amour en puisse ouvrir de nouvelles "

12) le philosophe perroquet Heidegger qui rédige les mémoires de son maître Michel Ange Martin.
La métamorphose ne s'arrêtera pas qu'à la langue de l'homme...

13) Lettre à Mademoiselle Eames, récit faisant apparaître des cauchemars issus de tableaux, des sorcières issues des livres, des histoires effrayantes sorties du Folklore de Belle-île.
Gare à vos yeux et aux coups de bec !
Un récit qui sent bon les embrums dans une langue toujours aussi admirable.

14) farid ou le dédoublement de l'esprit.
D'une pêche en solitaire se dessine un drame devant une assistance ébahie.

15) Ah ! quelle condition, quelle nature ou quel destin ! Je vis, en une mort vivante, une vie morte. " Giordano Bruno.
Telle est l'histoire du" Pat ou l'enfer du décor"...

16) Avec "l'Âne empaillé" , Blas de Roblès nous propulse dans le leurre de l'esprit.
Qu'est ce qui existe ? Qu'est ce qui n'existe pas ? Un hui clos dans une chambre fantasmagorique.

17) Un récit d'amour lyrique digne de l'Iliade. "L'offrande lyrique" invite les dieux, les déesses pour une épopée somptueuse...

18) "Rempart du rouge ", très courte nouvelle sur un moment de guerre à Sarajevo et un livre divinatoire...

19) Un homme scrute la photo de ses grands parents, entre faux semblants de plâtre et réalité, il évoque les morts qui hantent les vivants...
" Ils ne sont plus, et je me dis avec tristesse que leurs visages d'idoles sont aussi riches, aussi impénétrables que ceux des vivants, la parole exprimant toujours moins de choses sur la nature de l'être qu' un simple geste, une mimique ou un regard"

20) À l'aube de sa mort, un vieil homme tente d'enseigner à sa fille la valeur de la vie, sa philosophie, celle que l'on cherche toute une vie, que l'on comprend peut-être qu'aux portes du néant...

21) bienvenue dans la boutique de l'horreur, ce récit est bien le plus horrifique.
Quand un médecin décide de sauvegarder l'humanité. Tel un Noe, il se veut le gardien de celle-ci... Telle une nuit éternelle dans le musée endormi...

22) Texte d'une noblesse incroyable " L'oncle Félix" décrit la vie, l'essentiel avec un rien qui représente tout. Sublime tableau qui résume toute la sagesse du résilient.

Chaque nouvelle méritait son mot, l'une d'entre elles vous décidera peut être à lire cette perle littéraire que j'ai pris grand soin d'aborder dans les grandes largesses.
Allant du fantastique à la condition humaine, nous sommes bien dans la nouvelle de haute volée, tant par cette écriture éclatante et érudite que par le sens profond de chaque récit.
Philosophique, ce recueil l'est à chaque page, jouant avec les mots et l'essence même de ce qui nous gouverne tous, c'est à dire : l'envie, l'envie de vivre, de connaissance, de compréhension...
L'envie "d'être".
Une invitation au voyage au coeur de l'humain emplie d'histoire et d'art aux allures de féerie et de magie ensorcelante.

Une merveille d'un esthétisme exquis.

















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Conditions idéales pour apprécier "La Mémoire de riz" : vieux fauteuil, feu dans l'âtre, ambiance feutrée (en version hivernale ce qui, à mon sens, lui sied davantage). Que l'on ne se méprenne pas, cette recherche de quiétude n'est pas là pour amener le lecteur vers une douce torpeur (toutes ses facultés seront largement sollicitées) mais elle correspond à l'ambiance de contes que nous donne à savourer Jean-Marie Blas de Roblès au travers de ces nouvelles. Savourer, en effet, chaque histoire m'a donné la sensation de déguster une part de gâteau au chocolat fort nourrissant (pour autant, le propos n'est ni doucereux ni sucré...). Richesse incontestable de la langue d'abord, phrases ciselées, érudition maitrisée, vocabulaire recherché (des mots presque oubliés que l'on découvre ou redécouvre avec plaisir) ; fertilité de l'imaginaire convoqué qui nous éloigne sans conteste d'un quotidien contemporain pour nous plonger dans un merveilleux (pas toujours joyeux) à temporalité universelle. Qu'elles soient contées, entre autres, par une antiquaire tactile, un joueur d'échecs passionné ou un perroquet désabusé, ces 22 nouvelles jouent sur plusieurs gammes : les illusions et les hallucinations apportent la part de fantastique et de mystère (impossible à chaque fois de deviner la chute), le descriptif n'est pas en reste, soutenu par un vocabulaire des plus précis, les préoccupations des personnages interrogent de grandes questions universelles voire philosophiques, les lieux nous transportent d'un continent à l'autre, la temporalité est volontairement brouillée.
Je ne les ai pas toutes appréciées de manière égale (ou pour être honnête, je ne les ai pas forcément toutes comprises comme il se doit...), j'ai trouvé que certaines nouvelles étaient trop sombres mais l'ensemble est, comment dire, relevé, foisonnant, subtil. Mentions spéciales pour la nouvelle éponyme du recueil, une vraie petite merveille et pour la dernière, "L'Oncle Félix", nouvelle lumineuse, résolument positive malgré l'adversité (le prénom n'est pas choisi par hasard).
J'aurais dû démarrer ma découverte de Jean-Marie Blas de Roblès avec cet ouvrage (c'est son premier, écrit en 1982). J'aurais ainsi mieux pris mon élan pour apprécier "L'Île du Point Némo". Ceci dit, son monumental "Là où les tigres sont chez eux" trône dans ma PAL...

Lien : http://leschroniquesdepetite..
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[Coup de coeur] Comment fait-on pour écrire aussi merveilleusement bien et créer un ensemble de nouvelles aussi différentes et prenantes. En quelques phrases, le décor est planté et l'ambiance annoncée.

L'écrivain magique nous transporte en quelques minutes d'un univers à l'autre. Illusionniste, sage chinois, monstre marin, Saint-Louis et Prince des bédouins, autant de contes plus captivants les uns que les autres. Difficile de parler d'une vingtaine de nouvelles dans leur ensemble mais ce recueil est d'une étonnante richesse culturelle et onirique.

Ces nouvelles sont d'excellents moments de littérature et on regrette seulement qu'elles ne constituent pas chacune un roman à part entière.
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critiques presse (1)
LesEchos
28 décembre 2011
Les histoires ne sont belles que parce que l'homme est cruel, qu'il fait de la vie un jeu mortel... dont l'écrivain illusionniste se repaît. Jean-Marie Blas de Roblès junior en fait parfois un peu trop pour donner du relief à ses spectres. Mais ses histoires extraordinaires forment une troublante fantaisie littéraire, qu'on redécouvre avec plaisir et frissons.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Voyez-vous, cher ami, la vie elle-même n'est qu'un artifice, une triviale manipulation de la réalité par un esprit toujours en quête de lui-même.
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Videos de Jean-Marie Blas de Roblès (24) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Marie Blas de Roblès
À l'occasion de la 33ème éditions du festival "Étonnats Voyageurs" à Saint-Malo, Jean-Marie Blas de Roblès vous présente son ouvrage "Le livre noir des Mille et une nuits" aux éditions Cherche Midi.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2656013/richard-francis-burton-le-livre-noir-des-mille-et-une-nuits-notes-sur-les-moeurs-et-coutumes-de-l-orient-toutes-les-facons-d-etre-homme-que-connaissent-les-hommes
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