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EAN : 9782021224634
224 pages
Seuil (12/01/2017)
3.67/5   9 notes
Résumé :
Il était une fois, dans les ruines d'un pays déchiré par la guerre et la terreur, des assassins transformés en artistes, et leurs victimes en œuvres d'art ; des soldats morts écrivant des romans d'outre-tombe ; des lapins pondant des œufs ; un sourire refusant de s'effacer d'un visage ; des couteaux disparaissant par magie ; des fantômes et des djinns ; des hommes cherchant par tous les moyens à fuir, sur les routes de l'exil ou de l'asile, l'effroi d'une existence ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Jusqu'où peut aller l'atrocité entre les hommes ?
Jusqu'où un homme peut perdre toutes ses caractéristiques humaines pour devenir un monstre ? ( les limites du mot " monstre" reste à définir )
Jusqu'où le reste du monde peut rester indifférent à ces atrocités ?
Comment survive-t-on dans un climat inhumain ? ......quelques unes des nombreuses questions qu'on se pose à la lecture de ces histoires.
L'auteur iraquien Hassan Blasim en quinze nouvelles de "Cadavre Expo"et celles de "Iraqi Christ" son livre de nouvelles en anglais, lus simultanément, -dont 9 nouvelles en commun -, au total vingt, nous raconte l'histoire du passé récent et à l'heure actuelle de l' IRAK, un pays qui fût le berceau des plus anciennes civilisations du monde, Sumer, Assyrie, Babylone, dans la fameuse région historique du Moyen-Orient, La Mésopotamie. Un pays, champs de bataille entre les empires du Moyen-Orient, auquel les Etats-Unis de Georges W. Bush finirent par donner " le coup de grâce", pour en faire l'enfer sur terre. La réalité du quotidien que nous relate ces nouvelles est digne d'un roman d'horreur que la plume aiguisée, délicate, et n'empêche la morosité, imprégnée d'humour de Hassan Blasim nous touche et nous régale d'une sublime noirceur. Même en fuyant l'Irak, les personnages n'arrivent pas à échapper au traumatisme vécu ("Ce fichu sourire" , triste mais magnifique," Les cauchemars de Carlos Fuentes", sublime avec son humour et sa chute).
Toutes sont intéressantes, un cabinet de curiosité où l'imagination de l'auteur ( "Dear Beto","A Wolf ","Le journal des armées") n'a de reste que pour nous raconter l'inracontable ; aucune justice, aucune logique, aucun repère, l'ennemie peut être n'importe qui, n'importe où.....et tout ce qu'il relate malheureusement est la réalité, une réalité qui vit son bis en Syrie, juste à côté.
Une lecture pas trés facile car chargée de réflexions, d'émotions et de peines, extrêmement riche de sens, que l'auteur nous laisse souvent libre d'interpréter.

L'auteur irakien est née à Baghdad en 1973 et vit aujourd'hui en Finlande. Certaines des nouvelles s'y passent, mais toujours avec l'Irak en toile de fond.
Inutile de vous dire lisez-le, c'est excellent , même si la traduction française me semble avoir légèrement terni la prose de l'oeuvre originale.**

"Mais la vérité était ailleurs : ce poltron dégénéré s'était laissé gagner par des sentiments philanthropiques à deux sous. Il avait commencé à se demander ce que commettre un homicide signifiait. S'il existait un Créateur qui observait nos actes. En somme, il était au bord du gouffre."( L'exposition des cadavres )


**Tous les deux ( Cadavre Expo et Iraqi Christ ) ont été traduit de l'arabe, une langue que je ne connais pas. En lisant la même nouvelle dans les deux langues, j'ai été surprise par les divergences de traduction, importantes à mon avis, car elles changent la signification et la valeur littéraire du livre. Je dois dire je préfère de très loin la traduction anglaise, tout en ne sachant pas laquelle est restée plus fidèle au texte original. En tout cas mon impression est que le traducteur de la version française a pris trop de libertés et a tué un peu le charme de la prose de Blasim, qu'on savoure pleinement dans celle, anglaise. J'aimerais juste en donner un exemple pour qui ça intéresserait; la nouvelle "Le Trou" -un conte philosophique sur l'atrocité que s'inflige les hommes, nommant La guerre," un jeu " dont les deux partis opposés le jouent chacun avec son propre code privé-, qui se trouve dans les deux livres, une divergence de traduction à mon avis importante a attiré mon attention : Dans "un trou" un djinn qui y vit déjà, dit à l'homme qui vient d'y tomber , fuyant des hommes armés dans un Bagdad en guerre :
-"La mémoire est-elle la carte gagnante de ce jeu dans lequel on ne peut abandonner avant la fin de la partie ou n'est-elle là que pour se donner en spectacle ?Quiconque tombe ici finira dans l'estomac d'un autre, voué à satisfaire les instincts d'un autre, à apporter l'énergie nécessaire à son organisme… Nous sommes les… les quoi, au juste ? Qui sommes-nous ? Pauvres de nous… Personne n'en a la moindre idée…"
-"Is memory a winning card in this game that we play so seriously till it's over, or should we merely have fun ? Everyone who falls down here becomes a meal or a source to satisfy the instincts, or energy for other systems.We who....damn, who are we? No one knows?..."( "La mémoire est-elle la carte gagnante de ce jeu que nous jouons avec tellement de sérieux jusqu'à qu'il prenne fin, ou ne faudrait-il pas tout simplement qu'on s'y amuse? Chaque personne qui tombe ici devient la proie ou la source de satisfaction des instincts et énergies d'autres systèmes.....").
À mon avis, la version anglaise ici a plus de sens et est beaucoup plus littéraire que la version française qui simplifie et change légèrement le sens de ce lourd métaphore qui y perd de sa profondeur. Ce n'est bien sûr qu'un avis subjectif.
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Dès la première nouvelle, on peut s'apercevoir quel est le type d'histoires qui suivront. Chacune des nouvelles ont pour contexte la guerre en Irak. Alors forcément, on ne va pas trouver des nouvelles où tout se passe bien, où les gens vivent dans le confort que nous connaissons.
La première nouvelle nous parle dès le début de morts, de cadavres, de sang, ...Et celles qui vont suivre seront en partie dans le même genre.

Il faut avouer que ce n'est pas le genre de nouvelles que l'on connaît, pas ce que l'on peut trouver en France ou aux Etats-Unis. En effet, les nouvelles pourraient être qualifiées d'étranges. Comme le présente par exemple la couverture, on rencontrera un homme qui ne peut enlever son sourire du visage dans l'une des nouvelles, ou encore la nouvelle avec les soldats morts qui écrivent des romans.
Chaque nouvelle met en scène des personnages totalement différents : des personnages naïfs, certains cruels et sans pitié, ou encore d'autres un peu fous. On a une panoplie très diversifié dans les personnages malgré que la plupart des personnages au centre de chaque nouvelle sont des hommes.

Comme je le disais, les quinze nouvelles composant ce recueil ont un univers bien particulier où la terreur est quasi-omniprésente en temps de guerre, où c'est chacun pour soi, où vivre dans un taudis est le seul foyer qu'une famille ordinaire peut s'offrir. Un univers qui ne conviendra donc pas à tous le monde, par son étrangeté et par sa violence récurrente, même si cela a fonctionné pour moi.
Il faut aussi souligner que c'est un recueil intéressant à lire. En effet, puisque les personnages vivent dans l'Irak en plein conflit, on apprend plus sur la situation que vit la population au quotidien. On ouvre les yeux sur ces choses que l'on ne sait pas toujours, et qu'on ne pourra jamais vraiment connaître réellement. On en sait aussi légèrement plus sur l'immigration, car dans deux ou trois nouvelles, le personnage principal quitte l'horreur de son pays pour rejoindre la Finlande, pays où vit à présent l'auteur. Un recueil qui nous apporte donc de nouvelles connaissances qui mènent d'ailleurs parfois à la réflexion entre la situation en Irak par rapport à le nôtre, où la vie est précaire et peut s'éteindre par la violence encore plus rapidement que chez nous.

Pour les personnages, il est par contre difficile de s'attacher à eux, mais cela est lié au format du récit : les nouvelles n'excèdent rarement quinze ou vingt pages, ce qui ne laissent pas le temps de s'attacher aux différents personnages. Et de plus, l'étrangeté de certaines nouvelles ne nous permet pas de totalement comprendre ce qu'il arrive au personnage, donc de nous y attacher. En effet, lors de la dernière page tournée de quelques nouvelles du recueil, on s'arrête le temps de réfléchir à la chute et à ce qu'on a lu auparavant avant de commencer la suivante, ne sachant pas vraiment quoi en penser.

L'auteur semble avoir une écriture poétique dans certaines phrases, mais il sait aussi nous dépeindre les choses parfois de manière crue : lorsqu'il s'agit de parler de sang ou de ce qui se rapporte à la sexualité (il "semble" seulement parce que la version lue n'est pas la version originale arabe et est donc d'une certaine manière l'oeuvre de l'auteur mais aussi du traducteur).


Je dirais donc qu'en conclusion ce recueil sort des lectures habituelles, on ne sait pas trop quoi penser à la fin de notre lecture. Les nouvelles nous font parfois réfléchir à notre propre situation, face à la situation dépeinte de l'Irak par l'auteur. On suit différentes histoires avec différents personnages dans un pays en guerre où la violence est omniprésente, toutes plus étranges les unes que les autres, et ce par l'auteur qui a lui-même une écriture particulière. On peut passer d'une phrase philosophique ou poétique à une autre juste après bien plus violente ou crue. C'est un ensemble de nouvelles que j'ai apprécié découvrir grâce à la Masse Critique Babelio, mais il est vrai qu'il ne peut plaire à tout le monde. C'est une lecture particulière, et même si je recommande d'essayer, les personnages n'aimant pas la violence, ce qui relève de l'étrange ou du surnaturel par exemple, ne trouveront pas satisfaction dans ce livre.
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Cadavre expo est un recueil de quinze nouvelles autour de la guerre et de la misère, réussissant à traiter de manière différente ces thèmes à chaque histoire, avec un mélange de créativité et de réalisme particulièrement percutant.

Hassan Blasim est un conteur. Un très bon conteur. J'ai adoré l'écriture, fluide, très agréable à lire, mais aussi incisive et imagée. Je dois dire que même si la 4e de couverture m'avait convaincue de me lancer, j'avais tout de même une appréhension à la lecture de ce livre, surtout par rapport à son genre : j'ai du mal avec tout ce qui est littérature contemporaine, « blanche » comme on dit, sans fantastique ou policier. Or le style impeccable de l'auteur m'a tout de suite plongée dans ce recueil et j'ai lu les quinze nouvelles avec beaucoup de plaisir. Au moins celui de savourer cette belle écriture, implacable mais poétique.

Et pour les nouvelles en elles-mêmes, alors ? Elles sont souvent présentées comme si quelqu'un nous racontait une histoire : la sienne ou celle de quelqu'un d'autre. Cela donne une touche de réalisme supplémentaire et du rythme aux textes. le seul « reproche » que j'aurais à faire, c'est l'impression parfois de lire un chapitre d'un livre, sans avoir le début, ni la fin. Par là, je ne veux pas dire que l'histoire est incompréhensible, mais plutôt que j'aurais aimé en lire davantage. Pour certaines, il y a un vrai potentiel de développement et j'ai trouvé parfois la fin un peu brusque, frustrante. Notamment, j'ai ressenti cela pour « l'exposition des cadavres », qui reste une de mes préférées, tant elle suinte d'humour noir, de cynisme et de créativité. Il y a tout un monde qui se dessine derrière cette nouvelle que j'aurais beaucoup aimé explorer.
La seconde nouvelle, « la boussole et l'assassin », représente mieux mon propos : il s'agit d'une nouvelle qui raconte une histoire dans une histoire (ce qu'Hassan Blasim fait à plusieurs reprises dans son recueil). Il y a donc une des deux histoires qui est bien « bouclée », mais la seconde (ou plutôt la première, celle avec laquelle le texte commence et termine) semble s'arrêter un peu brutalement. J'imagine que c'est volontaire, puisque ce sont des tranches de vie qui nous sont présentées, d'où cet aspect de n'avoir qu'un bout, un morceau de l'histoire. C'est un peu la même chose avec « le compositeur » ou « le chant des boucs ».
Pour d'autres textes, j'ai été impressionnée par la capacité d'Hassan Blasim à terminer ses nouvelles par une fin choquante, brutale, mais dans un sens extrêmement positif cette fois, avec quelque chose de très noir, cynique même parfois. Ainsi, j'ai adoré la fin du « fou de la place de la liberté ».

Mes nouvelles préférées sont « l'exposition des cadavres », « mots croisés », que j'ai trouvée magnifique et qui m'a beaucoup touchée. Si on ne prend pas en compte l'aspect fantastique du texte, il y a un aspect très réaliste dans les personnages, leurs relations, leurs histoires, qui est purement effrayante au vu de l'horreur du récit. « Le messie irakien » également, avec un personnage touchant également et « le dossier et la réalité ».

Mais je peux dire que j'ai apprécié la lecture de toutes ces nouvelles. Elles sont toutes poignantes à leur manière, dans leur évocation, frontale ou plus surréaliste, de la violence.
Lien : http://amaranth-chroniques.b..
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J'ai mis énormément de temps à publier ma critique, tant je trouve cet ouvrage difficile à commenter.

Tout d'abord, il s'agit ici d'un ensemble de 15 nouvelles. Personnellement, j'ai trouvé que toute ne se valaient pas. le thème est globalement toujours le même, à savoir la retranscription d'un événement du quotidien d'individus tous très différents, mais réunis par l'univers violent et cru dans lequel ils évoluent. Mais le traitement peut radicalement changer d'une nouvelle à l'autre. Dans tous les cas, ne laissez pas le terme "quotidien" vous tromper, on est biiiien loin de l'ambiance des nouvelles contemporaines que l'on trouve par chez nous.

Ensuite, je trouve qu'il y a un gros manque de contextualisation dans ce recueil. Je ne pense pas que cela soit dû au format "nouvelle". J'ai l'habitude d'en lire, et toutes ne m'ont pas laissé cette impression là. Je suis consciente qu'il s'agissait sûrement d'un choix parfaitement conscient de l'auteur (j'ai failli écrire du conteur, car si il y a bien quelque chose qu'on ne peut pas reprocher à H. Blassim, c'est sa plume!), mais la majorité des nouvelles m'ont soit laissée sur ma faim, soit laissée sur un sentiment d'incompréhension bien frustrant. N'ayant pas cette culture et l'habitude de m'immerger dans ce type de récit, j'ai l'impression d'être parfois passée à côté de quelque chose, ou en tout cas de ne pas parfaitement cerner ma lecture. Encore une fois, très frustrant donc.

Je remercie cependant les éditions du Seuil et Babelio de m'avoir permis de me pencher sur cet ouvrage vers lequel je ne me serais jamais tournée de moi même. Même si la lecture a parfois été laborieuse, j'ai été ravie de sortir de ma zone de confort. Et certaines nouvelles restent de très sympas moment de lecture, à l'image de la première, "L'exposition de cadavre", qui bien que désagréablement brutale par sa forme, l'est délicieusement par son fond.

Si vous cherchez un recueil de nouvelles à la fois diversifié par leurs traitements mais cohérent par leurs contenus, à la fois très ancré dans le réel mais avec quelques touches d'imaginaire, que vous êtes prêts à sortir de vos habitudes de lectures et préparés à une violence plus ou moins directe... Lancez-vous!
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Les cinq critiques de Babelio étant riches et exhaustives, je ne m'étendrai pas sur Cadavre expo, un livre que j'ai beaucoup aimé dans lequel il est démontré que la dérision, le surnaturel ou la fantaisie peuvent parfois faire (un peu) oublier l'horreur du quotidien (surtout quand le quotidien est celui d'un pays en guerre) Sur fond de violence et d'horreurs diverses (attentats, règlements de comptes, mise à mort et j'en passe…) ces quinze nouvelles fortes d'un romantisme macabre d'Hassan Blasim font penser à Kafka ou à Dino Buzzati. Elles m'ont également rappelé Ambrose Bierce. Mais le ton est neuf et l'originalité grande. Nous sommes bien au 21ème siècle et, souvent, on se demande si l'on a envie d'y rester. A lire absolument.
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critiques presse (1)
LaLibreBelgique
28 mars 2018
L’écrivain irakien Hassan Blasim, auteur d’un recueil de nouvelles noires, glaçantes mais drôles, travaille à désacraliser l’arabe.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Lorsque nous étions enfants, Marwan avait toujours des idées épatantes. Une fois il m’a demandé de l’aider à « récolter le temps ». On est descendus dans la vallée, on s’est couchés sur le ventre et on a regardé une plante sauvage pendant plus d’une heure, sans bouger, sans rien dire, comme deux statues. Mon ami pensait qu’en scrutant n’importe quoi dans la nature pendant une heure, on pouvait garder cette heure en stock dans notre mémoire. Quand d’autres laissaient le temps leur filer entre les doigts, nous, nous le capturions !
(Mots croisés)
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Un jour, un jeune romancier finlandais a demandé à notre ami, tandis que se dessinaient sur le visage de son interlocuteur un grand point d’interrogation et deux d’exclamation : « Comment ça tu as lu Kafka ? Tu l’as lu en arabe ? Comment peut-on dire qu’on connaît Kafka de cette manière ? »
Notre ami s’est senti comme un suspect en plein interrogatoire, comme un Ali Baba d’Irak qui aurait volé l’un des trésors de l’Occident. Il aurait pu, cela étant, lui retourner sa question : avait-il lu Kafka en finnois ?
( Le Coprophage )
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C'est dans l'exhibition publique du corps que notre créativité doit atteindre des sommets, voilà la raison d'être de nos recherches et de notre travail. Il y a une chose que personnellement je ne tolère pas chez un agent : le manque d'imagination. Tiens, nous avons par exemple ce collaborateur qui a pris le pseudonyme de Couteau de Satan. J'espère que les responsables vont se débarrasser de lui au plus vite. Le type croit qu'éviscérer ses clients et suspendre leurs organes aux lignes électriques des quartiers populaires est le summum de la création artistique. Quel prétentieux ! Je déteste le classicisme de sa manière - lui-même parle de "néo-classicisme", mais quelle différence ? Cet abruti ne sait rien faire d'autre que barbouiller à la peinture les entrailles de ses macchabées et les mettre à pendouiller au bout de fils transparents, le cœur en bleu foncé, les intestins en vert, le foie et les testicules en jaune... La force poétique de la simplicité, ça lui passe complètement au-dessus de la tête...

"L'exposition des cadavres"
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Contrairement à ce que vous pensez, je ne censurais pas les textes. Les soldats étaient des écrivains beaucoup plus disciplinés que tous les censeurs que j'avais connus. [...]
J'avouerai toutefois que j'intervenais souvent sur la construction des récits et sur la cohérence du style, qu'il s'agisse de nouvelles ou de poèmes. Dans la mesure du possible, j'essayais de donner plus de saveur à toutes ces images qui venaient du front, d'en extraire le minerai poétique. Entre nous, peut-on se contenter d'écrire : "Le pilonnage était comme un puissant déluge, mais nous n'avions pas peur" ? Vous ne trouvez pas qu'une telle description du champ de bataille est insipide ? Une phrase comme celle-ci, je la barrais et la remplaçais par : "Les feux de l'artillerie étaient comme un carnaval d'étoiles. Tels des danseurs amoureux, nous ondulions sur la terre de la Patrie"... Mais ce n'est qu'un exemple, je voulais seulement vous montrer la nature de mes modestes interventions.

"Le journal des armées"
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"Tu crois que les poissons sont heureux là-dedans ?" demande-t-il d'une voix calme, on ne peut plus sérieusement.
Notre hôte lui répond sans quitter l'écran des yeux :
"Tant qu'ils peuvent manger, boire et nager... Ils sont contents...
- Parce que ça boit, un poisson ?
- Oui... Ça boit... Bien sûr...
- Comment il fait pour boire l'eau salée de la mer ?
- Sûrement qu'il a trouvé un moyen... Il serait dans l'eau et il boirait pas ?
- Ou alors comme il est dans l'eau il a peut-être pas besoin...
- Pourquoi tu poserais pas directement la question à ceux de l'aquarium ?"
Cette tête d’œuf n'a même pas le temps de comprendre ce qui lui arrive. Abou Hadid bondit sur lui tel un tigre affamé et le plaque au sol en lui bloquant les bras. En une fraction de seconde, il sort une lame de sa poche, la pointe sur l’œil du type et se met à hurler comme un possédé : "Réponds, suceur de queues ! Comment ils font les poissons pour boire l'eau salée... Allez, fils de pute ! Réponds... Ils la boivent, l'eau salée, oui ou merde ? Réponds, face de pet !" Avant de partir, Abou Hadid lui enfonce un concombre dans le derrière. Je dois dire que je n'ai pas bien compris la nature de leur relation, à tous les deux.

"La boussole des assassins"
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