Camping sauvage

La photo de couverture a aiguisé ma curiosité. La lecture du résumé m'a aussitôt transporté vers un monde très rarement exploré par le polar. Une rencontre avec l'auteur a fini de me convaincre, qui mieux que lui pouvait me faire côtoyer des SDF ?

Antoine Blocier dans "Camping sauvage" réussit habilement une alchimie parfaite entre une enquête sur des meurtres très violents menée par un privé et une réalité sociale qui au lieu d'être révolte est devenue banalité. Cette banalité est partout, au mieux elle fait inesthétique, au pire elle effraie car on la pense source d'insécurité pour notre tranquillité.
Paris, 10ème arrondissement. Quai de Valmy. Un alignement de tentes igloo. C'est l'univers de Sans Domicile Fixe, un résumé de toute la misère du monde mais pas que, il y a aussi des français pour qui les minima sociaux où même un emploi ne permettent pas de s'acheter une vie décente. La jeune Talula fait partie des sans rien.

Le roman noir et le polar permettent de rendre compte d'une réalité sociale. le roman noir du quotidien de Talula est tour-à-tour tragique et émouvant. Il est étonnant quand elle nous présente ses voisins du Quai de Valmy et bien sûr il est surprenant lorsqu'elle révèle ses combines pour survivre. Talula vit des instants de détresse et de bonheur. Et puis Antoine Blocier, privilège de l'écrivain, la fait basculer dans un polar violent.

Un tueur s'en prend aux SDF qui campent sur les quais du canal Saint-Martin. Bientôt toutes les communautés de réfugiés sont prises pour cible. Un vieux magyar, un jeune turc, des kabyles, des africains, un pakistanais, les asiatiques. Personne n'est épargné, la première victime était française, Samuel Goldberg, un anthropologue qui avait connu une renommée mondiale avant une descente aux enfers, dix ans prison puis une tente distribuée par Médecins du monde comme domicile quai de Valmy. C'était le voisin de Talula, il a été copieusement tabassé. Il est dans le comas.

Ces crimes atroces sont jalonnés de messages énigmatiques laissés à l'attention de Talula. Un crime annonce le suivant. Une course poursuite pleine de suspense et de rebondissements commence. Les messages font référence aux rites et coutumes dits barbares dans les peuplades primitives. Samuel Goldberg les avait étudiés. Antoine Blocier est un remarquable conteur qui sait mêler une enquête menée tambour battant avec la découverte surprenante et instructive des communautés de SDF et autres réfugiés. Tony Berling mène l'enquête; surnommé le Minotaure, c'est un détective privé perspicace et efficace dans l'action. C'est un ancien flic qui a gardé des entrées auprès de ses anciens collègues, notamment le légiste Maxime Saurel. le Minotaure et Talula se retrouvent à la tête d'une équipe improbable constitué de Nazim un jeune turc débrouillard, d'Aaron le fils perdu de vue de Samuel qui a rejoint le groupe aussitôt rétabli. Samuel y fait la connaissance de Gwenaël qui a élevé Aaron et a entamé une procédure d'adoption.

Ce roman, par instant violent et sans concession comme la société à laquelle nous appartenons, laisse une large place à l'émotion et à l'empathie vis-à-vis des "sans rien". Rien n'est occulté, la détresse familiale, l'aide active mais dérisoire des structures sociales, la misère que certains tentent d'oublier dans l'alcool. Les SDF ne vivent pas, ils survivent seulement rattachés à la vie décente par des formalités administratives continuelles mais vaines. Ils leur faut même un livret de circulation à jour, j'ai été effaré.

Ces situations humaines tragiques n'occultent pas la partie polar que l'auteur a soigné pour le plus grand plaisir du lecteur qui n'est pas déçu par le suspense et les rebondissements, un détective privé efficace, une héroïne attachante et un final où tout s'accélère jusqu'à un épilogue plein de surprises.

Antoine Blocier : Camping sauvage. Parution en 2010, Éditions Krakoen, collection Forcément noir. Rééditions Édition du Horsain en août 2015, ISBN 978-2-36907-033-7.


Lien : http://romans-policiers-des-..

L'histoire débute par un fait qui s'est déroulé dans la jungle amazonienne 10 ans auparavant et continue avec l'épopée d'une jeune SDF Talula et son chien. On est de suite plongé dans son quotidien et l'on sait pourquoi elle est devenue une habitante des tentes cosmopolites du Canal Saint Martin. Elle a pour voisin Samuel qui distribue des prospectus pour garder un pied dans le monde du travail et se procurer quelques euros.
Elle retrouve son chien éviscéré et presque en même temps elle et Samuel sont violemment agressés par cinq individus dont un au regard mauvais que Talula a croisé. Samuel son ami juif tombe dans le coma mais a pu lui remettre une enveloppe avec une clé. Dans l'enveloppe, la photo d'un jeune homme Aaron. Alors elle découvre qui est Samuel ; un professeur mais pas n'importe lequel un anthropologue de renom. Elle rencontre un ancien flic Berling peut être l'aidera t-il à retrouver ce jeune homme. Dans le même temps les violences continuent le voisin de Talula est retrouvé à moitié mort, scalpé torturé et avec autour du cou un message pour Talula. Commence alors pour Talula une partie de cache-cache pour comprendre et sortir de ce chaos.

L'auteur nous propose une incursion dans le monde des sdf, exclus qui sont des proies faciles dont personne n'est censé se soucier.
Des paragraphes courts avec des mots et textes percutants, de la violence qui s'intensifie au fil des pages rythment ce polar.
L'auteur a pris le risque de ne pas ménager son lecteur (même son jeune héros y est malmené) c'est un polar qui nous fait ressentir la cruauté du monde à l'égard des oubliés et laissés pour compte mais l'écriture, les mots choisis et l'intrigue font de ce roman une histoire qu'on ne lâche pas. Une bien belle découverte et un auteur à suivre.

Qui veut la peau des sans rien ?

Ils sont des milliers, sans défense avec si peu d'attache pour ne pas dire aucune à essayer de survivre dans un Paris indifférent, un peu solidaire, du moins inquiet en hiver et pas du tout en été quand ces sans rien font tache (!?)au moment de l'arrivée des touristes étrangers.
Cette fiction conçue et rédigée par Antoine Blocier est noire, comme est noire la vie des exclus, ces naufragés de la vie, victimes d'une société où la grande pauvreté a une fonction sociale!
« accompagnée du manque de logements, d'emplois, de salaires décents, elle vise à calmer l'ardeur de ceux qui seront toujours aux limites de la rupture. Oseront-ils revendiquer, manifester, exiger... au risque de perdre le peu qu'ils ont ? Au risque de se retrouver exclus à leur tour, entraînés dans la spirale sans fin de la déchéance ».

L'analyse est implacable et juste à la fois.

La mort ne fait pas que rôder, elle frappe les SDF et notamment les « étrangers », ceux qui n'ont plus de familles ou qui sont séparés de leurs proches.
Qui viendra réclamer les corps ? Qui décidera de mener une véritable enquête?
Les lâches s'attaquent aux vulnérables, comme le font ces autres « tordus » qui instaurent des distributions de soupe à base de porc réservées à ceux qui ne sont ni juifs, ni musulmans. « Agiter la soupe sous le nez de ceux qui ont faim mais ne peuvent en manger est d'une rare cruauté. La haine est parfois facétieuse. »

Les phrases défilent et s'enchaînent à un rythme parfois endiablé, le suspens est présent en permanence et l'auteur réussit à écrire un vrai « polar ».
Pour réussir son oeuvre, l'auteur rajoute et mélange avec réussite deux ingrédients : une écriture soignée et une description du quotidien des SDF qui campent sur le quai du canal Saint-Martin.... énigme et sociologie constituent ici un mélange explosif de qualité.
Antoine Blocier nous montre la réalité de la société des SDF, les rivalités existantes mais surtout, malgré la misère subie, leurs solidarités réelles.

Attachez vous bien au siège, l'auteur ne vous ménage pas...Au moment de l'accalmie un nouveau drame surgit avec des SDF victimes de rites barbares. On se croirait dans le livre d'anthropologie du professeur Samuel Goldberg, l'un des personnages de ce roman....Mais nous sommes pourtant au début de ce troisième millénaire dans cette capitale si surveillée et si moderne!
Serait-il encore minuit dans le siècle pour tous ceux qui sont sacrifiés sur l'autel de l'indifférence ?
Captivé par l'histoire, j'ai essayé plusieurs fois de lâcher mon livre pour souffler...Je n'ai pas pu, il m'a fallu aller jusqu'au bout de l'enfer.
Mais, bien évidemment je ne dévoilerai pas la fin de l'histoire ni la solution de « l'énigme »...Allez
découvrir ce livre, vous l'aimerez, j'en suis sûr.


Jean-François Chalot
Lien : http://www.familles-laiques-..

Les phrases défilent et s'enchaînent à un rythme parfois endiablé, le suspens est présent en permanence et l'auteur réussit à écrire un vrai « polar ».
Pour réussir son oeuvre, l'auteur rajoute et mélange avec réussite deux ingrédients : une écriture soignée et une description du quotidien des SDF qui campent sur le quai du canal Saint-Martin.... énigme et sociologie constituent ici un mélange explosif de qualité.
Antoine Blocier nous montre la réalité de la société des SDF, les rivalités existantes mais surtout, malgré la misère subie, leurs solidarités réelles.

Attachez vous bien au siège, l'auteur ne vous ménage pas...Au moment de l'accalmie un nouveau drame surgit avec des SDF victimes de rites barbares. On se croirait dans le livre d'anthropologie du professeur Samuel Goldberg, l'un des personnages de ce roman....Mais nous sommes pourtant au début de ce troisième millénaire dans cette capitale si surveillée et si moderne!
Serait-il encore minuit dans le siècle pour tous ceux qui sont sacrifiés sur l'autel de l'indifférence ?
Captivé par l'histoire, j'ai essayé plusieurs fois de lâcher mon livre pour souffler...Je n'ai pas pu, il m'a fallu aller jusqu'au bout de l'enfer.
Mais, bien évidemment je ne dévoilerai pas la fin de l'histoire ni la solution de « l'énigme »...Allez
découvrir ce livre, vous l'aimerez, j'en suis sûr.

J'ai eu le plaisir de rencontrer cet auteur au salon "Sang d'encre" et j'ai pu ainsi le découvrir !
Antoine Blocier rentre dans l'univers violent et méconnu de l'exclusion. Il nous relate la misère des sdf au plus profond de leurs entrailles, avec des mots durs mais authentiques.
Camping sauvage ou meurtrier ?
L'histoire débute dans la jungle amazonienne 10 ans auparavant et continue avec l'épopée d'une jeune sdf Talula et son chien. On est ensuite plongé dans son quotidien au bord du Canal Saint-Martin. Elle a pour voisin et seul ami le professeur Samuel.
Tout d'un coup, commence leur descente aux enfers, un serial Killer sévit. Une incursion dans le monde exclus des sdf, des proies faciles dont personne ne se soucient.
Des paragraphes courts et violents, des textes percutants qui nous tiennent en haleine au fil des pages.
Un roman ancré dans le tourbillon du quotidien des déchets de la société, un récit glacial, effarant et surprenant.
On se plonge dans cet univers hors du temps et on ne quitte ce livre que par obligation.
Mais quelle écriture !!!