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EAN : 9782070364749
212 pages
Gallimard (26/10/1973)
3.3/5   76 notes
Résumé :

J'en voulus à ma femme de ce qu'elle accumulât tant d'innocence au moment où j'allais la tromper. Etait-ce même la tromper que de retrouver Albertina dans une autre dimension de l'existence ? Sophie demeurait liée à un système auquel je voulais échapper, mais je l'aimais. Je n'étais pas certain d'aimer Albertina, mais elle était l'ange du désordre.

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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Quel est votre principal intérêt dans vos lectures ?

Quand j'ouvre un livre, je n'aime pas connaître le sujet car j'ai envie de me laisser porter par le tourbillon des pages tournantes. C'est parfois une erreur et ce fut le cas pour Les enfants du bon Dieu.

Quand j'ouvre un livre, j'ai à coeur d'y trouver une histoire, du rythme et du style. Oui, tout ça.
Quelle est ma priorité ? Arff, je veux tout…
Comment ça tout !? ll faut choisir une préférence, me répond-on souvent ! … Rien à secouer les branches du prunier, réponds-je. Je veux tout. S'il manque une partie de mes attentes, je vais perdre l'appétit. J'ai soif et mon verre se vide à peine rempli. Ça s'appelle la frustration.

Avec Les enfants du bon Dieu, j'ai eu du style en veux-tu en voilà. Voilà.
End of the story.
Et puis ? Bah et puis, t'es marrant toi. L'auteur ne m'a pas embarquée. Il m'a laissée sur le bord de la route comme une de ses vieilles maîtresses bourgeoises. J'aurais aimé qu'il m'aime, qu'il m'emmène avec lui sur son nuage, qu'il me raconte son histoire avec passion et désinvolture, qu'il me fasse bondir d'un nuage à l'autre de surprises en surprises, qu'il me fasse rire, qu'il me désarme en douceur pour m'accompagner dans une chute vertigineuse les ailes déployées.

Au lieu de ça, il m'a catapultée sur une étoile, seule, avec ses belles phrases qui voltigeaient autour de moi. Sans filet, débrouille toi avec tout ça, rassemble le puzzle comme une grande. Antoine Blondin n'est pas écrivain à planter le décor facilement. Non, non, non, à toi de comprendre et de rentrer dans l'univers. Mon étoile ne m'a pas éclairée et j'ai perdu le fil, je me suis accrochée autant que possible et paf mon esprit s'évadait encore et encore. Parfois je me disais « ah ça y est il m'a vue, bringuebalante sur le croissant de lune, il va me faire redescendre ! » Oui, mais pour combien de temps avant que le décor ne s'effrite à nouveau sous mes yeux...

« Je ressuscitai des astres morts, en découvris d'autres qui n'existaient pas, encombrai le ciel par une nuit délirante.
D'où je les voyais, les étoiles ne paraissaient pas leur âge. Je leur donnais deux mille ans de moins ; ce qui flattait leur protecteur mais lui laissa estimer que je venais trop jeune dans ce monde si vieux. »

Mais qui sont tous ces gens ? Où sont-ils ? D'où viennent-ils ? Me suis-je demandé à maintes reprises ! Fichtre.
Je suis revenue plusieurs fois en arrière, en me répétant que je découvrais ce sentier pour la première fois. Mince alors, j'étais pourtant bien passée par là à l'aller ! Absente de ma lecture, je fus.

Pour les sensations et les coups de théâtre, je repasserais plutôt à l'occasion !
Oui c'est ça, m'a-t-il répondu ! Repassez plutôt à ce moment là !

Heureusement que c'est bigrement bien écrit. Ah oui, pour ça, l'auteur a du vocabulaire, des idées originales, des métaphores de haut niveau et il sait les mettre en musique, le gaillard. Y'a du level !
Voyez-vous donc !

« L'une était coiffée comme le bruit de la mer, l'autre comme le chant de l'alouette dans les blés. L'une portait un manteau généreux, un corsage téméraire, des souliers entreprenants ; l'autre un imperméable résigné, une jupe rêveuse, des chaussures pleines de bon sens. »

« Une tendresse rare flottait dans l'air. Les gens se dévisageaient avec l'émerveillement complice des enfants qui ont mis un doigt dans la crème. Ensemble, nous goûtions un peu de printemps en cachette, avant même qu'il fût servi. »*

Mais alors, pourquoi ne pas avoir arrêté la lecture ? Parce que j'ai pris plaisir à découvrir une écriture hors du commun, un brin vieille France. L'élégance des mots et l'habilité de la syntaxe m'ont donné envie de rester jusqu'à la fin, agrippée à mon guéridon.

L'histoire, je l'ai finalement comprise. Et comme d'histoire il est question, Antoine Blondin s'est payé le luxe de refaire une partie de notre histoire. J'imagine que pour les historiens ou amateurs du genre, l'expérience est attrayante et caustique à souhaits. Ma culture en histoire étant assez maigre, je n'ai pas été comblée par l'ironie, aussi risible soit-elle. Quelques critiques sur ce site argumentent fort bien cette partie intéressante du roman.

Je dirais de Blondin qu'il était homme à être entouré d'hommes, nuancé par une époque machiste en donnant la part belle au sexe masculin, dans une société d'hommes pour les hommes.
Dans son livre, deux femmes ont une certaine importance, et non une importance certaine. Sa douce femme Sophie et sa docile maîtresse Albertina. Cependant, ces dames sont dépeintes rapidement et lui servent de faire-valoir. Leurs dimensions se mesurent au regard de l'intérêt donné à monsieur.

Sébastien, le protagoniste, est quant à lui, un ennuyeux professeur qui s'ennuie. Il manque cruellement d'exotisme.
Ce passage très vieille école, où il s'adresse à son épouse, m'a piquée !

« Une lassitude touchante semblait s'être emparée d'elle avec le printemps. Elle s'était mise à faire le ménage sans plaisir, sans fantaisie. Je la sentais vulnérable. »

Est-ce des lardons ou de la cochonaille ? Certes, l'auteur est pince sans rire, un zeste goguenard. Cependant, il est possible que les corvées du quotidien soient pour lui une sorte d'épanouissement pour les femmes, car les hommes en sont dispensés de base (quel dommage ! C'est tellement fun). C'est quoi le truc fantasque avec le ménage ? Ça me dépasse. La phrase a su m'amuser !

Alors pourquoi quatre étoiles réunies ? Déjà parce qu'elles ont eu la gentillesse de m'accompagner pendant ce récital ! Mais surtout, la structure du livre, basée sur un arrangement d'une grande qualité linguistique mérite cinq étoiles à mes yeux. Si, si vraiment. Certes surannée, j'ai été conquise par la plume aérée, brillante, éloquente et intelligente. J'ai admiré pareillement les deux préfaces signées de Marcel Aymé et André Brissaud.
Cependant, la magie du roman n'ayant pas opéré pour moi, j'accorde seulement deux étoiles à l'intérêt global de l'histoire.

J'assaisonne également cinq étoiles lumineuses pour la splendeur des illustrations ornant l'ouvrage, entre les pages, un peu ici et beaucoup là. Les lithographies sont l'oeuvre de la dessinatrice Marcelle Crépy.
Je laisse le final à cette femme qui en 1962 a su imposer ses dessins dans un livre indubitablement masculin.


Lu en mars et avril 2021
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Antoine Blondin poursuit les aventures d'un jeune homme, après son premier roman « L'Europe buissonnière » où ce dernier partait travailler en Allemagne pendant la seconde guerre mondiale, pour le retrouver dans un cadre conjugal à Paris. Il est professeur d'histoire et partage un appartement avec Sophie. Il a tourné une page de son passé en signifiant sa mort à Albertina, une princesse allemande avec qui il avait eu une aventure. Mais voila qu'au milieu de la petite routine du couple, le passé se rappelle au bon souvenir de Sébastien…
« Les enfants du bon Dieu » est le deuxième roman de Blondin et une suite où il décrit l'ennui de la vie conjugale, l'adultère, les problèmes d'argent, la belle famille.
L'auteur accumule les personnages loufoques et les situations abracadabrantesques.
Même si c'est remarquablement bien écrit, on finit par se perdre dans les pensées tarabiscotées de l'auteur et ses élucubrations. On doit lui reconnaître l'immense talent de nous avoir fait vivre l'ennui de la vie d'un couple.
L'une des répliques du roman de Blondin : « Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages. » a donné le titre du film d'Audiard, mais les histoires n'ont rien de commun.
Editions de la Table Ronde, 257 pages.
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La Feuille Volante n° 1193
Les enfants du bon dieuAntoine Blondin – La table ronde.

Cela faisait longtemps que j'avais envie de lire un livre d'Antoine Blondin (1922-1991) que je ne connaissais qu'à travers de l'adaptation cinématographique d'Henri Verneuil de son roman « Un singe en hiver ». Il était connu pour son talent d'homme de Lettres, de journaliste engagé (mais il suivait aussi le Tour de France pour le journal L'Équipe), mais surtout pour son appétence à l'alcool, un bon vivant, quoi ! L'intrigue ici est assez simple : Nous sommes dans les années 50 à Paris et Sébastien Perrin, la trentaine, est professeur d'histoire, métier qui apparemment ne le passionne guère puisqu'il éprouve le besoin de la refaire à sa manière, ainsi refuse-t-il de signer le traité de Wesphalie et donc de mettre fin à la guerre de Trente ans, fait échapper Louis XVI à la guillotine et revenir sous le nom de Louis XVIII, livre une version très personnelle de la prise de la Bastille, rallonge la Guerre de Cent ans, refuse que la Corse soit rattachée à La France en 1768, ainsi Bonaparte est un général italien qui ne sera jamais Napoléon, ce qui ne manquera pas de changer la face du monde etc... Tout cela n'est pas très catholique et si l'on peut dire qu'il est possible de violer la langue française à la seule condition de lui faire de beaux enfants, dans le cas de M. Perrin et de sa notion de l'Histoire, on peut légitimement se poser des questions sur les connaissances de ses élèves, il est même permis d'émettre des doutes et des craintes aussi surtout quand l'inspecteur d'académie entreprend sa tournée tant redoutée ! Mais un miracle est toujours possible. Pourquoi cela, pourrait-on se demander ? Simplement parce qu'il a été réquisitionné au titre du STO pendant la guerre et que, puisque l'histoire l'a détraqué, il ne voit pas pourquoi il ne la détraquerait pas à son tour. Pourquoi pas, en effet ! Autrement, il vit dans un immeuble bourgeois des beaux quartiers, dont il nous raconte la vie avec force détails humoristiques et caricaturaux, est marié avec Sophie, sa gentille épouse dont les parents, anciens aristocrates, liquident consciencieusement leur patrimoine dans les voyages. Bref, il s'ennuie puisqu'il n'a même pas d'enfant.
Il en a après la guerre et le STO, pourtant il n'était pas si mal tombé, puisque, affecté comme garçon d'écurie dans le domaine d'un prince, il en a séduit la nièce, Albertina. Comme tout a une fin, rentré en France, il a annoncé à la jeune femme son propre décès, allez savoir pourquoi ! Mais quand, plus tard, il rencontre cette dernière à Paris, l'idylle reprend de plus belle, sans doute pour tromper son ennui. Il a cependant soin de sauver les apparences et la compagnie de ce prince qui fait irruption dans la vie du couple Perrin amènent les époux à faire semblant de tenir un rang qu'ils n'ont pas, ce qui n'est pas sans occasionner quelques situations surréalistes et surtout quelques dépenses somptuaires qui, bien entendu, grèvent leur petit budget pour longtemps. Quant à la liaison entre Sébastien et Albertina, son évocation est à la mesure de cette histoire torride, passionnée, délirante.
J'ai trouvé le style agréable à lire et je ne me suis pas ennuyé. J'aime la belle écriture qui honore notre belle langue française et, heureusement, elle ne manque pas de serviteurs dont Antoine Blondin fait partie. Il allie la verve à une imagination débordante et cela donne un phrasé truculent, un sens de la formule où l'humour le dispute à la dérision et a produit pour moi un effet enchanteur. Ce poids magique des mots a même fait florès au point de donner son titre à un film de Michel Audiard qui en est de Blondin le digne héritier (« Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages »-1968). Notre auteur appartenait au « Groupe des Hussards », un mouvements littéraire et politique crée dans les années 50 qui s'opposait notamment à l'existentialisme de Sartre. Il a fait des émules jusqu'au aujourd'hui et cet « amour du style, un style bref, cinglant et ductile », selon le mot de François Dufay, je l'ai retrouvé ici avec grand plaisir.
© Hervé GAUTIER – Décembre 2017. [http://hervegautier.e-monsite.com]
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"Il ne faudrait quand même pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages!" lance en douce l' élève Minier, après examen de son cahier d'histoire par l'inspecteur d'Académie.
Cette célèbre expression, signifiant: il ne faudrait pas nous prendre pour des imbéciles, utilisée par le général de Gaule et également par Michel Audiard (dont le scénario : Faudrait pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages a été adapté en film par Bernard Blier) se révèle appropriée dans Les enfants du bon Dieu d'Antoine Blondin.
Pourquoi?
Le héros du livre Sébastien Perrin, trentenaire, est un professeur d'histoire dont la "maison s'élève au carrefour de deux silences" dans les beaux quartiers de Paris, dont la gentille épouse Sophie (à la mère insignifiante et au père trop barbu) peint des chevaux de bois,dont les voisins: aveugle,général ou vicomte sont lourds et fantaisistes et dont la vie monotone va le pousser un jour à se jouer de l'histoire.
"Puisque l'Histoire m'avait détraqué, je détraquerais L Histoire".
Et le voilà, reprenant soudain vie entre un traité de Westphalie non signé,une guerre de cent ans rallongée,des Lulli,Mansard et La Fontaine promus ministres de Louis XIV,quelques rajouts,trucages et autres dérivations qui ne semblent pas inquiéter les élèves outre mesure. Et l'inspecteur?
Le hasard s'en mêlant,ne voilà-t-il pas que Sébastien Perrin retrouve une ancienne maîtresse (la grande brune princesse Albertina d'Arunsberg-Giessen) connue dans son passé de STO en Allemagne.
Et le voilà reparti sur les châpeaux de roues du mensonge et de l'hypocrisie.
A moins que la fin ne nous délivre son secret !!!!
A la fois léger, vu la verve drôle et l'humour décapant de l'auteur qui utilise souvent des expressions au pied de la lettre (ex:"je lui parlerai à visage découvert" et le beau-père se rase la barbe) et grave, vu les expressions touchantes (ex à propos de l'aveugle: "elle entend tout et soupèse le monde au creux de sa main") et la détresse de Perrin face à l'ordre immuable du monde et à L Histoire à laquelle il ne croit plus; Les enfants du bon Dieu parle d'imprévu et de hasard, de vie et de bonheur, de fiction et de réalité.
L'ange Blondin avec son élégance naturelle nous régale de ses canards.
A lire: Blondin 20 ans déjà ! (de Jean Cormier et Symbad de Lassus) paru dernièrement, pour les lecteurs qui comme moi ne connaissaient pas Antoine Blondin (prix Interallié 1959 pour Un singe en hiver et prix de littérature de l'Académie française 1979).

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Fils unique de parents bohèmes, Antoine Blondin (1922-1991) a connu la notoriété dès la publication de son premier livre, L'Europe buissonnière, qui capte l'attention d'auteurs comme Marcel Aymé et Roger Nimier qui lui accordent aussitôt leur amitié. Roman couronné en 1950 par le prix des Deux Magots. Se partageant entre le journalisme (il est l'auteur de nombreux articles parus notamment dans le journal L'Équipe pour lequel il suivra vingt-sept éditions du Tour de France et sept Jeux Olympiques, et obtient en 1972 le Prix Henri Desgrange de l'Académie des sports. Ses chroniques sur le Tour de France ont contribué à forger la légende de l'épreuve phare du sport cycliste) et la littérature, il laisse une grosse poignée de romans. Buvant souvent plus que de raison « ses amis en étaient venus, lorsqu'ils le croisaient dans la rue, à changer de trottoir de peur que Blondin ne les invite à boire un coup ». Les Enfants du bon Dieu, date de 1952.
Les bouquins de Blondin, c'est dans les brocantes et vides-greniers que j'en fais l'acquisition, ça leur va bien je trouve. Deux expériences passées – chroniquées ici, je vous laisse chercher – m'avaient réjoui aussi est-ce sans hésitation que je me suis plongé dans ce roman. Mais sachez-le tout de suite, je ne vais pas vous refaire le coup de l'écrivain oublié qu'il faut absolument lire, - du moins pas avec ce roman-là.
Dans le Paris des années 50. le narrateur, Sébastien Perrin, est professeur d''histoire aux écoles. Son métier ne le passionne pas vraiment et son mariage bourgeois avec Sophie aurait peut-être perduré sans anicroche si le destin ne l'avait pas remis face à la princesse Albertina d'Arunsberg-Giessen qui fût sa maîtresse quand il séjourna en Allemagne pour cause de S.T.O.
L'intrigue n'est pas bien folichonne et si l'on se cantonnait à ce seul critère, le bouquin serait mauvais. Point barre. N'y trouveront leur compte que ceux qui s'attendrissent à la lecture de textes datés, tant dans la forme que dans le fond, désuets en somme. Mais aussi ceux qui apprécient l'humour discret ou latent, les jeux avec les mots et les situations parfois saugrenues. En fait, le début est très bien, la description de l'immeuble où habite Sébastien et de ses locataires : bien vu, bien torché, poétique, touchant et souriant, le Blondin comme je l'aime. Bien aussi, en fil rouge pour ainsi dire, l'Histoire de France revisitée par l'écrivain. Mais ces bons points ne suffisent pas à sauver le roman, même s'il reste fréquentable pour les curieux et fouineurs des brocantes.
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Citations et extraits (48) Voir plus Ajouter une citation
Là, où nous habitons, les avenues sont profondes et calmes comme des allées de cimetière. les chemins qui conduisent de l'École militaire aux Invalides semblent s'ouvrir sur des funérailles nationales. Un trottoir à l'ombre, l'autre au soleil, ils s'en vont entre leurs platanes pétrifiés, devant deux rangées de façades contenues, sans une boutique, sans un cri. Mais une anxiété frémissante peuple l'air : c'est l'appréhension du son des cloches. Le ciel vole bas sur mon quartier prématurément vieilli. Et je n'ai que trente ans et le sang jeune.
Ma maison s'élève au carrefour de deux silences. L'absence de sergent de ville ajoute à la distinction du lieu. Donc, cette ancienne bâtisse neuve achève là de noircir avec élégance et modestie. Quelques moulures en forme de corne d'abondance et une manière de clocheton pointu sont les seuls ornements consentis à sa frivolité. Pour le reste, on dirait d'un thermomètre, elle est haute et étroite, tout en fenêtres pour prendre le jour. Elle ne le renvoie pas. Je me demande ce qu'elle en fait. C'est d'ailleurs l'un des principes qui gouvernent la vie de la maison -- ce peu de vie que nous avons en commun -- de ne jamais rien renvoyer : ni le jour, ni l'ascenseur, ni les bonnes.
(p 251 édition Bouquins "Oeuvres")
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L'une était coiffée comme le bruit de la mer, l'autre comme le chant de l'alouette dans les blés. L'une portait un manteau généreux, un corsage téméraire, des souliers entreprenants ; l'autre un imperméable résigné, une jupe rêveuse, des chaussures pleines de bon sens.
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Albertina et moi qui, dans les premiers temps, figurions assez bien des mariés de plein vent, sous la communauté de biens réduite aux nuages, en vînmes à lier notre aventure à tant de paysages et de visages nouveaux que nous ne sûmes bientôt plus de quel côté de la frontière était l'exil.

Les amants partent de rien, mais ils sont bons marcheurs.
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Le restaurant était un palais de glace. Je souriais aux femmes sans savoir pourquoi ; les femmes me souriaient par retour du courrier, des milliers de femmes, et puis celle-là, en face de moi, qui était la mienne. C'était singulièrement restrictif.
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Chaque rentrée des classes ressemble d'abord à un rendez-vous. On croit qu'on a des choses à se dire. On se voudrait des mots nouveaux pour ces visages neufs. C'est presque une ambition d'amour. Mais l'histoire substitue sa liturgie supérieure à l'ivresse de toute découverte.
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Vidéo de Antoine Blondin
#renaudleblond #lenageurdauschwitz #alfrednakache LE NAGEUR D'AUSCHWITZ (L'INCROYABLE HISTOIRE D'ALFRED NAKACHE) - PRIX ANTOINE BLONDIN 2023 par Renaud Leblond -
L'HISTOIRE VRAIE DE L'HOMME QUI NAGEA EN ENFER. Le Nageur d'Auschwitz est lauréat du Prix Antoine Blondin 2023 et du prix « Sport Scriptum » du meilleur ouvrage littéraire sportif. Il est également finaliste du grand prix littéraire de la société des membres de la Légion d'Honneur
« La nageur d'Auschwitz, un livre important ! » Michel Drucker, Vivement Dimanche « Un roman poignant » Télé 7 jours
"Renaud Leblond signe là un puissant ouvrage, sans jamais tomber dans la facilité ni dans le pathos. Un livre pudique et respectueux...comme Alfred Nakache" Sud-Ouest, Philippe Brégowy
Le livre : https://www.lisez.com/livre-grand-format/le-nageur-dauschwitz-lincroyable-histoire-dalfred-nakache-prix-antoine-blondin-2023/9782809844559
(c) France Info dans « Club Info », interview par Victor Matet et Laurie Delhostal, le 30/04/23
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