Un OVNI, voilà de quoi se rapproche le plus cet ouvrage.
Le héros ? Un détestable dandy que l'on finit par plaindre.
L'univers ? Un monde complètement farfelu et des aventures hautes en couleurs.
Le message ? Une critique de la culture contemporaine que j'ai bien appréciée, mais un délire un peu trop violent à mon goût.
Le problème avec ce genre d'ouvrage, que si l'on ne rentre pas à fond dans le délire de l'auteur, la lecture devient vite compliquée. Je n'ai malheureusement pas réussi à y rentrer complètement...
Il n'empêche que le roman est très bien écrit et plaira aux amateurs d'acidité et de rires jaunes.
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Bien-né, on devait agir en galérien. Je parie que ça les faisait bander, la misère. C'est exotique. C'est sulfureux. C'est sale. Comme ces femmes à la peau brune sur les tableaux des orientalistes. Oui, c'est sublime la misère. Ceux qui n'y ont pas droit la scrutent, avec délectation, comme un nu scandaleux, sauvage et magnifique. De l'esthétique de la misère. De l'éloge de la raison impure.
Dans les salons où même la pisse sent le champagne, on se disputait sans relâche le titre du plus nécessiteux. On s'enorgueillissait d'une modestie d'apparat - Et vous, vous venez d'où ? Je me suis fait tout seul... Ça n'a pas toujours été facile...-
Zakar la trouvait drôle, cette obsession des bien nés pour l'indigence. La chute, c'est ça qui les tuerait.
La farine qu'elle étalait sur une planche de bois. Les mains qui s'en emparèrent. Je les sentis s'enrouler pour engourdir la pâte. Elles s'alourdissaient, rompant les impacts de lumière sur le sol. Nejma, loin. Je ne pouvais la voir mais je l'entendais. Son rythme suffisait à notre souffle. Le temps cessa.
Le malheur est une bénédiction, écrivait-il en maxime finale ; lorsqu'il frappe un artiste, c'est l'univers qu'il pare de sa grandeur.
...un malaise social : celui d'une France qui pousse ses intouchables à se haïr.
« Et la voici, Eve Melville, sculptée d'un seul pan de glaise, pas un pli, pas une ride, pas un mot plus haut que l'autre, qui se redresse au milieu de Halsey Street, au milieu des voisins à leurs fenêtres et des enfants réunis sur la route vide, qui nous regarde un à un et qui murmure
ma maison est noire »
Un matin d'août 2016, un cri déchire le coeur de Brooklyn : la maison d'Eve Melville a été peinte en noir pendant la nuit. Eve la tient de son arrière-grand-père, Solomon Melville, né esclave en Géorgie. Ce stigmate sur sa façade avive le souvenir. L'héroïne tranquille devient inquiétante, s'accroche à sa propriété comme à sa mémoire et se révolte contre les promoteurs qui défigurent le paysage de son enfance.
Entre l'affranchissement de Solomon et la furie d'Eve, ce roman entrechoque les mythologies américaines : la torture dans les plantations d'indigo, les spectres du Vietnam, l'apparition du sida et les émeutes qui secouèrent Brooklyn à l'aube des années 1990.
Dans une langue incantatoire, magnifique, puissante, ce cantique pour Eve Melville remonte aux racines d'un pays qui rejoue sans cesse ses batailles.
Née en 1989, Justine Bo est écrivain. "Eve Melville, Cantique" est son septième roman.
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