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EAN : 9782070387243
90 pages
Gallimard (14/04/1993)
3.87/5   576 notes
Résumé :
"Celle qu'on aime, on la voit s'avancer toute nue. Elle est dans une robe claire, semblable à celles qui fleurissaient autrefois le dimanche sous le porche des églises, sur le parquet des bals. Et pourtant elle est nue - comme une étoile au point du jour. À vous voir, une clairière s'ouvrait dans mes yeux. À voir cette robe blanche, toute blanche comme du ciel bleu. Avec le regard simple, revient la force pure."

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Critiques, Analyses et Avis (59) Voir plus Ajouter une critique
3,87

sur 576 notes
Bobin n'est pas le genre d'auteur dont on parle de façon anodine, genre « T'as lu son recueil de textes ‘Une petite robe de fête' ? C'est bien, hein ? »
NON !
Car rédiger une critique sur ce livre, comme tous ceux de cet auteur, est une tâche difficile, voire insurmontable.
Comment décrire la profondeur de sa pensée ? Comment arriver à atteindre le silence qui est au coeur de l'être, de l'auteur comme du lecteur ? Comment cerner sa propre solitude et son désir d'amour ? En cela, Bobin parle de lui, de moi, de nous...Il dit l'inexprimable.
Il parle de la lecture aussi, et je m'y retrouve. Il parle de la fatigue, du travail, de l'enfance, et je m'y retrouve. Et nous nous y retrouvons, c'est incontestable.

Loin de moi l'idée de raconter chaque petit texte en détail ; car mon propre ressenti sera différent de celui de chacun.
Je peux juste affirmer que ses mots se savourent et qu'ils atteignent le coeur si celui-ci est prêt à les accueillir. Et ses phrases se déroulent en empruntant à la poésie, elles s'enveloppent les unes sur les autres, emmenant au passage le lecteur dans leur cheminement. Une fois entré dans cette spirale de mots magiques, d'images lumineuses, on ne veut plus en sortir, car ces mots, ces images nous ont fait toucher l'essentiel.

Une dernière phrase, celle de Bobin, qui à elle seule résume tout ce que j'aurais voulu dire :
« Les livres aimés se mêlent au pain que vous mangez. Ils connaissent le même sort que les visages entrevus, que les journées limpides d'automne et que toute beauté dans la vie : ils ignorent la porte de la conscience, se glissent en vous par la fenêtre du songe et se faufilent jusqu'à une pièce où vous n'allez jamais, la plus profonde, la plus retirée. Des heures et des heures de lecture pour cette légère teinture de l'âme, pour cette infime variation de l'invisible en vous. »

Silence et respect.
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Christian Bobin
Ca fait longtemps que cet homme sait me toucher là où ça émeut, émerveille, rend joyeux ou mélancolique. Les voyages à ses côtés sont toujours passionnants, riches en paysages colorés, en rencontres marquantes, en émotions vibrantes.
Une petite robe de fête est un livre qui se lit lentement.
Il se déguste, délivrant des saveurs orientales, sucrées-salées, du terroir ou exotiques.
Il se dévore des yeux, les mots se répondant, les phrases se bousculant, les retours à la ligne nous apaisant.
Il se touche, laissant mes mains parcourir les lignes, les visages, les feuilles des arbres ou les nuages.
Il s'écoute, m'invitant à la fête ou au silence, à l'introspection ou aux mélodies joyeuses de la Vie qui s'épanche et déborde.
Il se sent, délivrant les parfums d'automne, de champignon, d'océan, de chagrin, de rose ou de désir.
Il se ressent, provoquant en moi larmes, frissons, douceur et papillons, envie et passion.

J'ai eu un immense coup de coeur pour « Terre promise », un texte sur l'écriture, sur la lecture, sur ce qui fait l'essence d'une vie.
Une vocation.
Un appel à rejoindre ce qui me met en marche.
Un appel à oser !

Christian Bobin… Un homme à l'écriture poétique d'une simplicité désarmante qui ne cesse de me rejoindre là où je souhaite la compagnie des mots.
Une merveille !
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Ma piqûre de rappel à moi c'est Bobin. Parce que de le lire me touche, me fait du bien, me parle, m'interroge, me requinque.
Un seul bémol : comment faire une critique de ces ouvrages ? Il faudrait tout dire ou rien. Je préfère ce dernier point plus facile. Bobin se lit et se savoure, tout simplement.
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Recueil de nouvelles formant une excellente et brève initiation au monde de Christian Bobin, à sa poésie pénétrante.

Introduction, première page, première émotion : comment cet homme peut-il autant pénétrer mon âme ?
C'est fou, j'ai ce sentiment troublant qu'une fée m'aurait touché de sa baguette, me donnant le talent d'écrire, car les mots que je lis sont le reflet de ce que je pense intimement et profondément.
C'est même très troublant de voir ses idées, que l'on croit un peu étranges ou même marginales, avancées si naturellement, si profondément.

Je vais vous confier un secret : Christian Bobin est mon nègre, mais il signe de son nom.
C'est normal, c'est lui qui a le talent…
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Comme étiquette du livre, j'ai choisi "recueil de nouvelles", j'aurais dû écrire "recueil de réflexions".
Ces réflexions que Christian Bobin tourne si bien autour d'un thème à chaque fois différent.
"Vie souterraine" est ma nouvelle préférée. On y rencontre une femme qui se voue à l'écriture lorsqu'elle a fini toutes ses tâches.
La préface décrit la petite enfance comme un continent qui s'arrête au corps de l'enfant, il y définit le lecteur comme un être qui s'échappe de la vraie vie et marque une nette différence entre le lecteur et le non-lecteur.
Ses phrases amènent sans cesse à la réflexion.
Parfois, j'approuvais ses mots mais à certains moments, je les désapprouvais totalement.
Ainsi, dans "La petite robe de fête", il déclare qu'on n' attend rien dans l'enfance et qu'on commence à attendre quelque chose de sa vie à l'âge adulte. Pour moi, l'enfance est la période où j'ai attendu le plus et l'âge adulte, l'âge où j'ai avancé et décidé le plus.
Bref, belle lecture avec des passages que j'approuvais et d'autres que j'avais envie de contredire.
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Citations et extraits (288) Voir plus Ajouter une citation
Du temps a passé. Des jours ont brûlé : aucune cendre sur le seuil. Nous ne nous éloignions pas du clair feuillage des origines. Comme si je n'avais cessé d'y deviner l'innocence de toutes choses, la merveille d'un Noël sur la terre. L'amour nous redonnait toujours un pur visage d'enfance, soufflant l'ombre sur nos traits. Comme si le temps n'était rien. Comme si l'amour était tout.

Vous étiez comme un moineau sautillant dans mon coeur. J'apprenais les manières des grands arbres. Le moindre écart et vous vous envoliez jusqu'à ce ciel en vous, inaccessible.

p88 (Folio Edition)
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On fait quelques pas hors de l'enfance, puis très vite on s'arrête. On est comme un poisson sur le sable. On est comme celui qui piétine dans sa mort, un adulte. On attend. On attend jusqu'à ce que l'attente se délivre d'elle même, jusqu'à l'équivalence d'attendre, de dormir ou mourir. L'amour commence là - dans les fonds du désert. Il est invisible dans ses débuts, indiscernable dans son visage. D'abord on ne voit rien. On voit qu'il avance, c'est tout. Il avance vers lui-même, vers son propre couronnement.

Ainsi vous ai-je vue avancer dans la poussière d'été, toute légère dans votre robe toute blanche

P84 (Folio Edition)
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On lit comme on aime, on entre en lecture comme on tombe amoureux : par espérance, par impatience.
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....
Il y a bien des frontières entre les gens. L'argent, par exemple. Cette frontière-là, entre les lecteurs et les autres, est encore plus fermée que celle de l'argent. Celui qui est sans lecture manque du manque. La muraille entre les riches et les pauvres est visible. Elle peut se déplacer ou s'effondrer par endroits. La muraille entre les lecteurs et les autres est bien plus enfoncée dans la terre, sous les visages. Il y a des riches qui ne touchent aucun livre. Il y a des pauvres qui sont mangés par la passion du livre. Où sont les pauvres, où sont les riches. Où sont les morts où sont les vivants. C'est impossible à dire. Ceux qui ne lisent jamais forment un peuple taciturne. Les objets leur tiennent lieu de mots : les voitures avec sièges en cuir quand il y a de l'argent, les bibelots sur les napperons quand il n'y en a pas. Dans la lecture on quitte sa vie, on l'échange contre l'esprit du songe, la flamme du vent. Une vie sans lecture est une vie que l'on ne quitte jamais, une vie entassée, étouffée de tout ce qu'elle retient comme dans ces histoires du journal, quand on force les portes d'une maison envahie jusqu'aux plafonds par les ordures. Il y a la main blanche de ceux qui ont pour eux l'argent. Il y a la main fine de ceux qui ont pour eux le songe. Et il y a tous ceux qui n'ont pas de mains - privés d'or, privés d'encre. C'est pour ça qu'on écrit. Ce ne peut être que pour ça, et quand c'est pour autre chose c'est sans intérêt : pour aller les uns vers les autres. Pour en finir avec le morcellement du monde, pour en finir avec le système des castes et enfin toucher aux intouchables.
(Préface)
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Dans le moulin de ma solitude, vous entriez comme l'aurore,
vous avanciez comme le feu.
Vous alliez dans mon âme comme un fleuve en crue.
Et vos rives inondaient toutes mes terres.
Quand je rentrais en moi, je n'y retrouverais rien :
là où tout était sombre, un grand soleil tournait.
Là où tout était mort, une petite source dansait.
Une femme si menue qui prenait tant de place
: je n'en revenais pas.
Il n'y a pas de connaissance en-dehors de l'Amour.
Il n'y a dans l'amour que de l'inconnaissable.
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Avec Catherine Cusset, Lydie Salvayre, Grégory le Floch & Jakuta Alikavazovic Animé par Olivia Gesbert, rédactrice en chef de la NRF
Quatre critiques de la Nouvelle Revue Française, la prestigieuse revue littéraire de Gallimard, discutent ensemble de livres récemment parus. Libres de les avoir aimés ou pas aimés, ces écrivains, que vous connaissez à travers leurs livres, se retrouvent sur la scène de la Maison de la Poésie pour partager avec vous une expérience de lecteurs, leurs enthousiasmes ou leurs réserves, mais aussi un point de vue sur la littérature d'aujourd'hui. Comment un livre rencontre-t-il son époque ? Dans quelle histoire littéraire s'inscrit-il ? Cette lecture les a-t-elle transformés ? Ont-ils été touchés, convaincus par le style et les partis pris esthétiques de l'auteur ? Et vous ?
Au cours de cette soirée il devrait être question de Triste tigre de Neige Sinno (P.O.L.) ; American Mother de Colum McCann (Belfond), le murmure de Christian Bobin (Gallimard) ; le banquet des Empouses de Olga Tokarczuk (Noir sur Blanc).
À lire – Catherine Cusset, La définition du bonheur, Gallimard, 2021. Lydie Salvayre, Depuis toujours nous aimons les dimanches, le Seuil, 2024. Grégory le Floch, Éloge de la plage, Payot et Rivages, 2023. Jakuta Alikavazovic, Comme un ciel en nous, Coll. « Ma nuit au musée », Stock 2021.
Lumière par Valérie Allouche Son par Adrien Vicherat Direction technique par Guillaume Parra Captation par Claire Jarlan
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