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Critique de K_Sandra


Le Mercredi 3 février 1993, à Orléans, la vie de Paul des Tures cinquante et uns s'achève prématurément. Une sibylline énigme. L'incipit scelle avec la dernière page cette image « d'entre deux » qui le caractérise, mais c'est également une allégorie des adieux sur le quai de gare. Les «au-revoir» qu'il détestait, qu'il esquivait. Ce regard complice qu'il échangeait avec Louise sa fille ainée, alors que le train roule. «Avec mon père on jouait à ça, à goûter ce sentiment de dernière fois » Complices. Et puis, les mots arrivaient trop tard, comme souvent. Ce livre est née d'une question, pour répondre à Louis comme une lettre ouverte au message troublant reçu un jour. Louise la narratrice a presque l'âge de son père, exhume les archives de la police et cherche à comprendre cette fêlure. le titre « Dernière cartouche » laisse présager ce quotidien si lourd à porter pour un seul homme. Lorsque j'en ai compris le sens, j'ai refermé le livre et j'ai réfléchi à cette vie désarmante. Tout commence toujours bien, mais se finit toujours mal. Caroline de Bodinat brosse un portait intime et personnel, en le rendant vivant et sûrement métamorphosé entre les pages du livre qui oscillent entre le passé qui resurgit et le présent. On sait dès les premières phrases qu'un drame est survenu. Aucun pathos, aucune victimisation mais un style raide rêche, âpre qui accroche. L'émotion mise à distance entre les non dits, les maux, les réminiscences, finit par rattraper et bouleverser le lecteur. Paul évolue dans un milieu normé de l'aristocratie de province, où il n'est pas à l'aise. Il épouse Suzanne de Mauperthuis, leurs trois enfants sont témoins de son inconscience où tout l'accable alors qu'elle rêve d'une famille parfaite. Cet éternel adolescent, doit répondre à des injonctions de réussite, alors qu'il est constamment à court d'argent, brimé par le regard des autres où il rêve de briller. Imprévisible, avec cet éclat fantasque. Les réminiscences sont souvent drôles, on l'imagine en peignoir slip mocassins avec son chien au milieu de la nuit dans son jardin.
Paul des Tures a le physique de « Alain Delon dans le Guépard », mais il fait illusion, comme s'il jouait un rôle d'un scénario de Chabrol. Eternel optimiste, effervescent de projets chimériques mais fidèlement enlisé dans un chapelet de déveine. Il mène sa vie comme il l'entend au détriment des siens. Mais il essaie de s'en sortir, on a envie de l'excuser. Il roule en bx mais refuse de regarder la réalité en face même s'il fonce droit dans le mur. Cette même réalité qu'il vous fait regarder. Paul des Tures est un vrai personnage romanesque, un héros de papier attachant qui m'a terriblement touchée.
Il laisse une femme, trois enfants, un labrador qu'il appelle « chien de con », et une jeune maîtresse… A lire!!!! #TOUCHANT #ATTACHANT #COUPDECOEUR

 
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