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EAN : 9781090175021
Serge Safran éditeur (12/01/2012)
3.33/5   9 notes
Résumé :
Alger, fin des années cinquante. Malek, jeune musulmane, n’a d’autre religion que celle des livres. David est un ébéniste juif de Batna. Ensemble ils vont vivre un amour fou alors que s’installe la guerre civile. Si Malek est décidée à vivre sa passion jusqu’au bout, David, lui, reste plus perméable au nouvel ordre du monde.

Loin des images sépia de l’Algérie de l’époque, Les Impurs lève le voile sur ce bastion de paix millénaire entre juifs et arabes... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Algérie, fin des années '50. David est juif et s'installe à Alger pour travailler en tant qu'ébéniste. Dès son arrivée, il tombe amoureux de Malek. Musulmane, elle a pourtant un mode de vie particulier. Alors que les femmes du pays sont soumissent à la loi du silence et confinées aux rôles de mères et d'épouses, Malek travaille et choisit de vivre sa vie en dehors de tout carcan imposé par la société.

Entre ces deux-là, c'est le coup de foudre immédiat. Leur amour et le désir qu'ils ont l'un pour l'autre ne fait que grandir au gré de leurs retrouvailles. Mais, si les juifs et les arabes d'Algérie se fréquentent sans problème, la relation qu'ils entretiennent est considérée comme illégitime et impure. Ils sont donc contraints à vivre leur amour clandestinement. Mais, très rapidement, la famille de David ainsi que les instances religieuses font pression sur le jeune homme pour qu'il cesse de voir Malek et qu'il officialise un mariage avec une juive. David, plus perméable que sa bienaimée à la pression extérieure, ne sait quelle décision prendre et souffre de cet écartèlement : il aime Malek et refuse de s'en séparer mais il est pratiquant et respecte les traditions juives. Jusqu'au jour où un malheur s'abat sur leur amour… David est anéanti et vivra désormais dans le souvenir de Malek, espérant son retour improbable.

J'ai adoré les deux premiers chapitres de ce roman ! Cette histoire d'amour est fabuleusement racontée par Caroline Boidé, qui trouve les mots justes pour nous émouvoir, avec un texte rempli de poésie.

Par contre, le troisième chapitre m'a beaucoup moins intéressé. Il aborde la vie de David après la disparition de Malek, son mariage arrangé avec Léa et la naissance de leur fille Esther. Et si David donne l'impression d'avoir repris sa vie en main, en son for intérieur, il ne fait que ressasser ses idées noires, inconsolable d'avoir perdu sa musulmane adorée. On se rend alors compte que c'était le caractère bien trempé de Malek et sa recherche d'absolu qui faisait tout le charme de ce roman. Ce personnage absent, c'est tout le récit qui perd de l'intérêt. Et David, sans véritable personnalité et amorphe, n'arrive pas à redresser la barre.

D'autant que le troisième chapitre fait la part belle à un autre protagoniste, à peine évoqué auparavant : la guerre d'Algérie. S'en suit un descriptif des tensions qui apparaissent entre les juifs et les arabes d'Algérie ainsi que l'influence de l'Etat français dans le conflit… Vraiment pas réjouissant et très loin de la folle histoire d'amour qui nous a fait ouvrir ce livre.

Curiosité de ce roman : au milieu du récit, des extraits du journal tenu par David sont publiés. On y découvre de petites anecdotes sur la vie en Algérie (les nouvelles du front, les progrès d'Esther en lecture ou le quotidien de la vie familiale), qui mettent la lecture en suspens.

En bref, si je devais relire ce roman, je me concentrerais sur les deux premiers chapitres qui décrivent une très belle histoire d'amour impossible et je zapperais la dernière partie.
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« Dans la loi de nos pères, Malek et moi étions des pestiférés, des impurs. Pour eux notre union était une malédiction. »
Ils étaient jeunes, beaux ; ils avaient l'avenir devant eux. Ils vivaient sur une terre, l'Algérie, où « les Juifs et les Arabes se côtoyaient depuis des siècles, bien avant le XIXe siècle et l'arrivée des Français. ».
Ils vivent leur amour comme ils l'entendent ; nous sommes au milieu des années 50, rien ne les arrêtent, ni les injonctions parentales, ni les conseils des religieux. L'auteur, jeune femme, se met dans la peau du jeune homme avec une rare sensibilité, et une bonne dose de sensualité, sans pour autant " dépasser la ligne jaune". Dans les propos de David, on devine déjà la culpabilité, et la crainte du regard de l'autre qui plus tard aura raison de lui.
Les temps se faisant plus troubles en Algérie, les Juifs étant soudains mis d'office du côté des Français, se voient obligés de choisir entre « la valise ou le cercueil », et David se voit tenu à rentrer dans le rang, lui que la vie n'a, entre temps pas épargné.
C'est la seconde partie, en totale rupture narrative avec la première et dernière, qui nous l'apprendra, sous forme de lettres écrites par Malek, son unique amour. Un amour dont il parle ainsi : « Notre amour devint une eau souterraine à protéger ; ses sillons pénétraient profondément en moi et ne laissaient rien qui fût sous son empire. »
L'auteur a su, habilement glisser, telles des dépêches de presse, de courtes phrases ou observations au fil des mois sur la quotidien en Algérie, rompant ainsi avec le lyrisme ambiant, et ancrant son roman avec l'Histoire.
L'ouvrage est particulièrement bien écrit, et bien équilibré. Il aborde un sujet douloureux, abordé sous un angle original. Ce fut pour moi une très heureuse découverte, que je dois aux éditions Serge Safran que je remercie tout particulièrement pour l'envoi de ce livre, et pour sa confiance.

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En 1955, alors que la guerre civile sévit sur l'Algérie, David quitte sa famille et la ville de Batna pour partir travailler à Alger, où il a trouvé un travail dans un atelier de menuiserie. Il est rapidement intrigué par Malek, une jeune femme voilée, avec laquelle il va faire connaissance puis entreprendre une relation amoureuse. Or, cette histoire d'amour est impossible puisque David est juif, alors que Malek est musulmane, ce qui constitue « une différence irrémissible entre [eux]« . Ils vont tout d'abord se cacher, puis être moins discret, au grand dam de leurs familles respectives. En effet, comme l'écrit David, « Dans la loi de nos pères, Malek et moi étions des pestiférés, des impurs. Pour eux, notre union était une malédiction »…

A travers ces pages, Caroline Boidé nous propose une description de l'Algérie des années 50. le lecteur se retrouve précipité dans cette époque, qu'il découvrira sous un angle qu'il ne connaissait peut-être pas. Mais outre cet aspect instructif, on découvre la douleur de ces deux amants, qui ne peuvent s'aimer à cause des conventions religieuses. Et puis, David va finir par se plier à la volonté paternelle… et c'est alors qu'il perd Malek. David va donc devoir survivre, malgré cette séparation effroyable et cet amour sur lequel il ne peut tirer un trait.

Malek, qui voue une vraie passion aux livres et travaille dans une bibliothèque, m'a beaucoup émue. Personnage travaillée, elle sait ce qu'elle veut. On découvre qu'elle voulait s'adonner à l'écriture, mais que ton père l'en a découragée, voulant faire d'elle une femme comme tout le monde, une bonne musulmane et une bonne épouse. Au fur et à mesure de la lecture de ce livre, on est révolté par la situation à laquelle ils doivent faire face. Pourquoi ne pourraient-ils pas vivre leur amour au grand jour, s'ils sont heureux ainsi ? Mais les conventions sont trop fortes, et il semble inutile de lutter contre.

Le narrateur nous relate aussi des moments de sa vie, mêlant les petites choses futiles aux grands évènements. On apprend par exemple que les actes terroristes contre les musulmans pro-européens se multiplient, et qu'en même temps, la fille Benaïd apporte de la confiture de nèfle à David. Cela inscrit l'histoire dans l'Histoire, et rend les personnages crédibles. Ils pourraient avoir réellement existé, cela serait tout à fait plausible. Cela confère une force au récit et le rend davantage poignant.

La détresse de David face à la mort de celle qu'il aime m'a vraiment bouleversée. On verra qu'il ne parviendra d'ailleurs jamais à panser cette plaie, même s'il semble reprendre sa vie en main. le tout étant porté par l'écriture de Caroline Boidé, une écrivaine qui publie ici son second roman qui est, à mon sens, une franche réussite. Elle manie les mots d'une main de maître. Je regrette seulement quelques scènes de sexe dans les premières pages qui ne m'ont pas semblées nécessaires au récit, d'autant plus, parfois, que le vocabulaire employé ôte une certaine pureté à l'amour qui unit ces deux personnages.

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Caroline Boidé est un jeune auteur née d'une mère juive d'Algérie et d'un père
Français.
Elle nous raconte une histoire d'amour impossible entre une femme musulmane
et un homme juif, sur fond de guerre civile ainsi que différentes visions de l'Algerie des années 50 .
On s'attache d'abord à Malek dont on admire la force de caractère et la détermination.

Elle se débarrasse des convenances et du carcan familial.Elle sait que le prix à payer sera d'être rejetée par sa famille.Elle devra affronter des regards ,d'incompréhension voire de Haine .Elle veut vivre son amour avec David sans en
avoir honte.
David,inversement ,est tiraillé entre ses sentiments pour Malek et le poids des
Traditions.........


Je ne peux pas en dire plus ,C'est un roman poignant,trés sensible ,facile â lire.
C'est un amour aussi intense que destructeur dans un climat politique et religieux
de plus en plus tendu.........
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Chez Serge Safran (dois-je redire l'admiration que j'ai pour son travail ?), la collection s'enrichit d'un troisième opus, que j'ai eu le bonheur de lire dans le cadre de l'opération Masse critique.

Les Impurs de Caroline Boidé est l'histoire d'une passion brûlante mais douloureusement impossible : A Alger, au milieu des années 1950, un jeune juif tiraillé entre l'amour et l'obéissance à sa famille ne peut pas aimer une musulmane fantasque et rêveuse, qui croit au pouvoir des livres.
Un magnifique regard plein de chaleur et de sensualité, d'espoir aussi malgré l'immense tristesse, dans l'atmosphère étouffante d'une guerre qui déchire deux peuples qui vivaient en osmose depuis la nuit des temps.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Les Juifs et les Arabes se fréquentaient beaucoup à cette époque. Ils partageaient leurs appartements, leurs fêtes, leurs tables, leurs vies en somme, au risque d’être intrusifs parfois, alors Malek ne se cachait pas pour venir me retrouver. Si elle avait voulu tenir nos rencontres absolument secrètes, elle ne l’aurait pas pu car la vie se déroulait dehors en Algérie, dans les rues, sur les perrons, devant les vitrines des magasins, où il y avait toujours des rassemblements de familles et de vieillards, à causer au creux des portes. C’était le cas devant les fenêtres de mon atelier comme partout ailleurs.
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Notre amour devint une eau souterraine à protéger ; ses sillons pénétraient profondément en moi et ne laissaient rien qui fût sous son empire.
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« Dans la loi de nos pères, Malek et moi étions des pestiférés, des impurs. Pour eux notre union était une malédiction. »
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les Juifs et les Arabes se côtoyaient depuis des siècles, bien avant le XIXe siècle et l’arrivée des Français.
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Videos de Caroline Boidé (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Caroline Boidé
Avec Katerina Apostolopoulou, Caroline Boidé, Bruno Doucey, Mohammed El Amraoui, Hubert Haddad, Marie Pavlenko & Murielle Szac Accompagnés par le musicien Issa Hassan
Prenez le mot Grâce. Soupesez-le pour en estimer la richesse de sens. Puis déployez-le, en éventail, de manière à faire apparaître ses innombrables significations. Qu'y a-t-il au-delà de ce don accordé, de cette faveur ou non divine ? Un état, un moment, l'extase. Une supplique, une embellie, d'autres extases encore. Sans oublier ces vies que l'on épargne, ce coup souvent fatal, ces inquiétudes et cet accueil, le consentement ou le refus. Les uns disent « Grâce à Dieu », tandis que d'autres ne croient qu'en la chaleur d'une main dans la leur. Mais de textes en textes, de mots d'amour en chants des morts, de cimes en abîmes, les 118 poètes de cette anthologie entonnent sans relâche la grande partition de la vie. Et s'ils viennent de tous les horizons – si elles viennent, car plus de la moitié sont des femmes –, c'est pour dire d'une voix multiple et une : Gracias a la vida !
À lire – Grâce… Livre des heures poétiques, Anthologie établie par Thierry Renard & Bruno Doucey, éd. Bruno Doucey, 2024.
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