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EAN : 9781091887992
Inculte éditions (27/08/2014)
4/5   7 notes
Résumé :
Une fondation a construit au Pôle Nord, une chambre cryogénique censée préserver la biodiversité en cas de cataclysme planétaire. Elja Osberg en est le gardien, mais très vite il comprend qu'il est le dernier homme.
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Tandis que l'état de la planète s'aggravait de façon alarmante, multiplication des pics de pollution, des attaques terroristes, des conflits armés et des pandémies, menace nucléaire omniprésente, réchauffement incontrôlable du climat causant des migrations massives, le désastre annoncé n'avait en rien freiné l'appétit insatiable du capitalisme continuant inlassablement, et de manière exponentielle, à chercher comment exploiter les nouvelles "opportunités" nées de la catastrophe : extraction des sources ultimes d'énergie fossile et des matières premières devenues accessibles grâce à la fonte de la banquise, création d'un tourisme de masse dans les zones polaires, commercialisation de produits financiers spéculant sur les désastres à venir.

Une Fondation, créée pour «améliorer» génétiquement les semences, avait alors entrepris la construction d'un abri pour sauvegarder les semences des cultures vivrières formant l'essentiel de l'agriculture mondiale des conséquences des désastres possibles sur terre, projet présenté comme humanitaire mais dont les visées économiques allaient apparaître clairement : breveter les végétaux pour en prendre le contrôle et les exploiter économiquement.

Bien des années plus tard, Elja Osberg est envoyé en mission dans ce bunker, gardien solitaire de cet abri censé protéger la diversité végétale, tandis que la planète et l'humanité sombrent, dévorées par les nuisances créées par les hommes.

«L'arche se dressait devant nous, compacte, massive, gigantesque bunker de béton et de tôles, surmonté d'une grande verrière en plexiglas. de loin, sur le bateau, elle m'avait fait la sensation d'un mastaba émergeant des neiges, mis au jour par une équipe d'archéologues ; maintenant que j'étais à quelques mètres d'elle, j'avais plutôt la sensation d'un objet totalement incongru, une anomalie du paysage, comme un kyste malin implanté dans la montagne.»

Faut-il décrire une catastrophe devenue inévitable ? Ou bien évoquer la dissolution de l'homme, dans la solitude, la folie et la catastrophe, et la possibilité de sauvegarder un fragment d'humanité après l'apocalypse ?

«Fossoyeur de ma propre conscience, je suis un puits, un puits contemplant le ciel – abîme contre abîme. Dans la paume de mes mains, je contemple la rature des astres. Je ne suis plus que le reflet d'un reflet.»

Pour écrire ce récit au-delà d'une apocalypse à laquelle nous faisons face, conséquence ultime de l'avidité marchande, Xavier Boissel s'est inspiré de l'édification, bien réelle, de la Réserve mondiale de semences du Svalbard. Ce deuxième roman, à paraître fin août 2014 aux éditions Inculte, (et dont la publication sera accompagnée de l'édition d'un 33 tours du compositeur Denis Frajerman) fait écho à «La minute prescrite pour l'assaut» de Jérôme Leroy ou au «Journal intime d'une prédatrice» de Philippe Vasset, et confirme, après "Autopsie des ombres", le talent impressionnant de l'auteur pour nous faire ressentir, dans une langue étonnamment poétique et visionnaire, la dissolution de l'homme dans l'horreur du monde moderne.
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Roman apocalyptique et post apocalyptique, de l'anticipation mais dont notre actualité (guerres, famines, catastrophes naturelles à répétition, épidémies) ne peut pas manquer de qualifier ce livre de prophétique.

• Trames et personnages :
En vérité sur un peu plus d'une centaine de pages, c'est une véritable course à la catastrophe définitive à laquelle nous assistons. Pour Elja Osberg, seul gardien d'une Arche destinées à conserver tel un coffre fort l'ensemble des semences répertoriées sur le globe, c'est une mission qui ne lui permet plus d'exister en tant que tel. Dédié corps et âmes à la garde de son Arche tel Noé, il s'est effacé de ses semblables et a perdu en quelque sorte son identité. Si sa mission est d'abord constituée de routines quotidiennes avec des rapports à sa hiérarchie, elle va vite se transformer en cauchemar d'abord pas sa solitude volontaire puis par le fait qu'il reste le dernier être humain de la planète. On ne peut que tirer son chapeau devant la connaissance et l'imagination que l'auteur va déployer pour nous faire vivre ses pensées, ses cauchemars et sa façon de décrire l'univers restreint dans lequel il est plongé puis le spectacle d'une planète dévastée où la nature reprend ses droits.
En ce qui concerne la Fondation et les notes techniques de William Stanley F, un des instigateurs du projet de l'Arche, on ne peut que s'effrayer d'un tel personnage dont les motivations ne reposent que sur la volonté de spéculer sur les catastrophes naturelles, de jouer de sa propriété de l'Arche pour imaginer que la Fondation pourrait recréer ensuite une nouvelle civilisation après l'ultime cataclysme.
• Contexte et véracité contemporaine :
Ce projet de coffre- fort végétal existe bien et Xavier Boissel ne fait que développer et présenter le cadre et les motivations qui ont poussé à cette création. C'est ensuite son talent d'écrivain qui en fait un projet aux motivations bien plus troubles où une assemblée générale d'une organisation supra internationale ne vise qu'à la spéculation et ne peut concevoir que la planète connaisse bien un ultime cataclysme dont un seul homme pourrait être le dernier de l'humanité. Véritable aussi la succession de guerres, d'épidémies, de catastrophes naturelles que nous ne cessons de connaître depuis le milieu du siècle dernier.
• Sentiment global au terme de la lecture :
A la fois concis, intriguant et non dénué de poésie, ce court roman ne peut pas manquer de vous filer des frissons dans le dos, tant il est actuel et s'appuie sur un constat que nos climatologues, scientifiques, écologistes (non fantaisistes), politiques ne cessent de nous alerter, même sans hélas beaucoup agir, sur l'obligation de prémunir l'humanité et notre planète de cataclysme futur.
Plaidoirie implacable de la cupidité et du sens de la spéculation sur les catastrophes naturelles et les fléaux déclenchés par l'être humain. Nous ne pouvons que nous sentir concerné.



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Le décor est planté dans les trois premières pages :
« Sur le dos énorme de la vie matérielle, ils avaient greffé leur rêve d'infini […] Plus la situation empirait, plus ils cherchaient à la rendre pérenne […] Toujours le calcul s'alignait sur le confort, tandis que la grosse panse de l'humanisme ne cessait de gonfler […] au fond des gouffres, ils continuaient à se divertir […] le climat devenait toujours plus incertain, les cataclysmes se multipliaient ; la fonte spectaculaire des glaces annonça la débâcle […] On fit très vite commerce de ce nouveau péril […] »
Dans un avenir proche, après la prise de conscience mondiale des problèmes liés à la pollution, une Fondation s'occupe de mettre en place une politique de développement durable, une croissance verte. Ou pour le dire plus franchement, il s'agit pour les dirigeants de la Fondation d'exploiter les problèmes écologiques dans le but de perpétuer les conditions de notre mode de vie. Parmi leurs nombreux projets, ils construisent, sur une île du pôle Nord, un bunker aseptisé destiné à conserver la diversité des espèces végétales en cas de cataclysme, une sorte de bibliothèque de toutes les graines du monde : l'arche. Mais, au fond, elle aurait aussi bien pu porter le nom de sarcophage. La catastrophe se produit et le bunker est brusquement submergé avec son seul et unique gardien, Elja Osberg.
Un livre intéressant avec de belles qualités littéraires, une analyse de la situation écologique actuelle aux traits forcément appuyés mais à laquelle je souscris complètement. Cependant, il m'a manqué quelque chose… une plus grande exploitation du thème de la solitude, par exemple, ou un développement à partir du sujet écologique qui ne se borne pas à une simple dénonciation ; quelque chose d'un peu plus risqué dans les conséquences, dans le domaine de l'éthique, ou même de la métaphysique. « Rivières de la nuit » ressemble à l'introduction d'une dystopie post-apocalyptique prometteuse plutôt qu'à un roman achevé.
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Petit livre de science fiction très original, basé sur les problèmes très actuels des dérangements climatiques et des réponses économiques et financières que les dirigeants de la société y apportent : banque de semences pour préserver la biodiversité mais aussi pour breveter le vivant et faire plus tard de l'argent dessus ; produits dérivés sur les catastrophes climatiques, des sortes d'assurances destinées à la spéculation, qui permettent aussi à certains de faire de l'argent sur ces catastrophes. Les chapitres alternent : explications sèches de tous ces objectifs économiques et financiers alors que le monde est en train de s'écrouler… (Mais, selon l'expression bien connue, « un capitaliste vendrait la corde pour se faire pendre » !) ; descriptions poétiques des états d'âme du dernier gardien de la banque de semence quand il réalise que son monde a disparu et qu'il est peut-être le dernier homme sur Terre… Court et vite lu, les descriptions des phénomènes économiques sont parfois ardues car très ramassées, le côté poétique peut dérouter les amateurs de SF traditionnels, mais au bout du compte, ce livre m'a fait une bonne impression. Une découverte intéressante.
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Dans un futur proche, une fondation a décidé de construire un énorme bâtiment surprotégé pour pouvoir conserver la diversité végétale de la Terre. Située au Pôle Nord, cette arche est un moyen de prévenir les dégâts d'une prochaine grosse catastrophe planétaire et ainsi de faciliter la reconstruction de la vie.
L'aventure est contée par deux narrateurs. le premier narrateur est un membre de la fondation qui explique à travers ses notes professionnelles, les origines, les objectifs et le devenir de la structure. le second s'appelle Elja Osberg et il a été choisi quelques années plus tard pour intégrer l'arche et en être le gardien.
J'ai trouvé l'écriture de Xavier Boissel exigeante mais accessible. Elle m'a transporté dans cette courte expérience d'anticipation. Les événements relatés dans cette science-fiction sont tellement proches de notre réalité que la solution imaginée m'est apparu comme une échappatoire envisageable. L'histoire est vraisemblable et c'est en cela que réside toute sa force. Xavier Boissel nous propose un trop court roman (ou plutôt une nouvelle) sur le désastre annoncé et sur la dissolution mentale de l'homme face à la solitude.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Longtemps ils avaient cherché le confort – modèle indépassable adopté par tous et que tous s’évertuaient à perpétuer –, et longtemps le confort fut leur but ; plus ils tendaient vers ce but, plus les échanges s’intensifiaient – ils marchaient sur la même ligne, frontières et latitudes abolies. Sur le dos énorme de la vie matérielle, ils avaient greffé leur rêve d’infini ; ils avaient réduit les espaces pour nourrir ce rêve – un sommeil de cendres. Entre-temps, le spectacle du monde s’était incorporé à toutes leurs qualités, renvoyant chacun à sa redondance mutilée.
Certains avaient depuis longtemps pressenti le déluge ; ils avaient attentivement écouté les élucubrations des prophètes et discerné subtilement tout le bénéfice qu’il y avait à en tirer – car le désastre est l’issue du désastre. Plus la situation empirait, plus ils cherchaient à la rendre pérenne ; ils dansaient sur les ruines de leur économie circulaire, ils prenaient le poison pour le remède – dans le pire, il n’y a pas de fin. Toujours le calcul s’alignait sur le confort, tandis que la grosse panse de l’humanisme ne cessait de se gonfler.
Au quotidien, c’était le fait que les choses suivent leur cours qui faisait la substance de la catastrophe. Non l’imminence de sa menace, mais ce qui leur était donné, dans l’instant. Ils avaient domestiqué tous leurs désirs ; au fond des gouffres, ils continuaient à se divertir.
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Et puis il arriva ceci : un matin, les eaux s’étaient fendues et retirées, mettant à sec le dôme de la verrière. Des vaguelettes venaient ricocher sur les plaques de plexiglas, accrochaient quelque étendue sablonneuse, mais refluaient aussi vite qu’elles étaient venues. Comme l’estran après le retrait de la marée, une multitude d’anémones de mer, de moules, de berniques, de crabes, étoilait la verrière et, au milieu de cette constellation qui brillait dans l’aube naissante – rose poussière, mémoire des écumes -, trônait, terrible, lugubre, prisonnier de la vase, comme un fantôme, un chariot métallique de supermarché. Les longs tentacules verdâtres des algues enserraient ses tiges de fer rouillées, moussues, sur lesquelles s’était fixé un essaim de coquillages. L’ombre portée par une des roues tordues faisait comme une tête humaine réduite, objet rituel, trophée dressé vers le ciel.
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Les guerres nucléaires, les désastres naturels et les réductions budgétaires figurent notamment sur notre liste des cataclysmes à même de menacer les ressources génétiques végétales.
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L’écologie industrielle est l’horizon indépassable de notre temps.
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