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Ouvrage érudit, disert, calculé : les qualificatifs ne manquent par pour cet ovni littéraire produit par le défenseur du vrai droit d'auteur. Jurant comme un charretier numérique, piquant sans relâche ses adversaires de sa vacharde mémoire, on est d'autant plus surpris de lire une écriture somme toute apaisée, agréable et convaincante. Erudit, a-ton noté, parce que la visite de l'Histoire à la fois relativise et donne toute sa dimension à la révolution actuelle. Mais pas sans repères. Convoquez là-dessus les Mânes de Robert Darnton et de Roger Chartier et quelque chose de la création littéraire va se laisser s'entr'apercevoir.
La lecture numérique renforce le caractère urgent du propos. Vite, vite, à l'essentiel ! Réglons le cas des homothétiques, orphelins et épuisés pour enfin consacrer tous les efforts aux textes à leurs lectures et à leurs lecteurs.
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François Bon vit une époque formidable : depuis son premier Atari 1040 acheté en 1988, il n'a de cesse de cumuler les "expériences utilisateurs" : imprimante à aiguilles autoalimentée, Sony PRS-600, Système 9 d'Apple, puis Mac Os, iPhone, iPad, voilà un homme de son temps. Il se souvient de la date de création de sa "bibliothèque numérique" (en 1996) et de celle de la réception de son Windows commandé "par correspondance", ou de l'achat de son PowerBook 45 à la FNAC. Un vrai geek. Il ne nous passe aucun détail de ses petites manies, des appareils qui trônent sur son bureau à l'émerveillement des multliples fonctions de son smartphone, et nous apprend au passage que "cela fait bien longtemps que je n'emporte plus de réveille-matin en voyage". Quelle modernité ! Quelle joie !

Les pensionnaires des maisons de retraite et des prisonniers enfermés avant 1980 (s'il y en a encore) seraient enchantés d'en apprendre autant sur le monde extérieur, mais pour les autres, on s'ennuie ferme.
Nous avons tous eu un éclair d'émerveillement le jour où nous nous sommes rappelés notre premier modem 14,4k ou l'utilisation de Windows 3.1. Mais passé les trois minutes de "séquence souvenir" avec un ami ou un membre de la famille, on ne savait plus quoi dire. François Bon, lui, fait durer le plaisir sur des dizaines de pages et ne se lasse pas de tous ces fantastiques souvenirs. En complément de revenus, il serait avisé de proposer ses services à Amazon en tant qu'"utilisateur final" pour tester son nouveau "Kindle", à moins qu'il ne préfère engranger des "vues" sur YouTube avec une petite vidéo ( façon j'ai testé pour vous le nouveau Windows 10, franchement, il est top...) ?

Tout cela est bien naïf, narcissique et risible... à moins qu'il ne s'agisse d'un roman, et, dans ce cas, c'est admirable. L'écriture file à une vitesse ahurissante qui dépasse toute capacité humaine de "scrolling", d'innombrables parenthèses s'insinuent dans le texte et, comme des pop-up et des publicités intempestives, dérangent la lecture, les noms de marques sont innombrables, comme dans les romans et "produits culturels" de masse contemporains, l'enthousiasme est enfantin, le langage oral, les phrases sont lacunaires, la ponctuation en surnombre, les phrases hachées et averbales ou composées de propositions infinitives seulement, les sujets manquent, les citations sont hétéroclites (de César à Quinard, de Saint Augustin à Rabelais, de Nietzsche à Balzac) et s'amoncèlent sans ordre comme une suite de clics sur Wikipédia, on fait le tour du monde en quelques pages (Londres, New-York, la Provence, Lyon, Berlin..) : c'est simple, on dirait un langage de blog...

Le tour de force de notre Otaku est ni plus ni moins d'avoir su démontrer que l'on peut faire du web sur du papier. Mais on se demande toujours à la fin du livre comment on fait du papier sur écran... L'informatique a sans doute parmi les fonctionnalités supérieures au papier la recherche automatique et l'ajustement du texte à la page, mais le papier semble en avoir une autre : la capacité à raconter une histoire...

En conclusion, "Les livres numériques que je lis plutôt sur tablette ou liseuse s'y synchronisent automatiquement à la dernière page lue" s'émerveille notre touche-à-tout... s'il savait que les grandes compagnies qui fournissent le "contenu" remontent, par cette fonctionnalité, les informations sur le temps de lecture par page, les passages qui bloquent, les heures et les durées de lecture, tout cela pour qu'un "écrivain" puisse pondre demain une "oeuvre" calibrée pour les futurs "lecteurs-consommateurs"... (cf les Echos du 8-9 juillet 2016 qui, pour des raisons économiques, s'en émerveillent...).
Ah la réalité est parfois cruelle... de mon côté, je vais aller emprunter quelques bouquins dans ma bibliothèque de quartier, pour 10 euros par an, ou moins de dix centimes le livre, qui seront aussi bien là où je les donne que dans la poche de Google...
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Un livre qui se lit facilement, car on suit la pensée de François Bon qui court, qui cavalcade en courts chapitres. Mais je ne sais pas quelles conclusions tirer de ce livre.
L'auteur est un pionnier dans l'édition numérique. Il est convaincu que le laboratoire de la littérature d'aujourd'hui se fait sur le web. Et que l'acte de lire se fait aussi bien sur une liseuse que sur une tablette. Quand on suit son blog au quotidien, on n'est pas dépaysé.
En lisant ce livre, j'ai traversé les siècles, j'ai rencontré Balzac dans une diligence, Dürer et l'image du rhinocéros, Mallarmé qui mettait des bouts de notes dans une boîte à biscuits, sans compter sur la place indispensable que François Bon donne à Kafka et à Walter Benjamin. Ces chapitres instructifs sur ces auteurs d'hier alternent avec ceux sur les obsessions actuelles de François Bon pour le web et l'édition numérique, notamment les flux RSS dont on a beaucoup parlé ces derniers temps avec la disparition programmée de Google Reader.

C'est le livre d'un intuitif passionné qui passe en revue les mutations de la chose écrite, le rouleau, l'argile sur les tablettes, puis l'imprimerie. J'en ai retiré une impression un peu décousue, en ayant l'impression de lire une mise au propre d'articles de blog plus qu'un livre pensé comme structure. Quand on est familier du blog de l'auteur, cela ne pose pas de problème, il prêche un convaincu mais je me demande ce que peut penser de ce livre quelqu'un qui partirait de zéro sur le sujet.

Au fond, le problème, c'est peut-être le titre: Après le livre. On a davantage affaire à un état des lieux du livre à un moment donné, en 2013, de la façon dont on lit (sur papier, livre de poche, livre broché, livre acheté, livre emprunté, livre numérique, sur liseuse à encre électronique ou sur tablette...) qu'un vaste aperçu historique. Pour cela, il y sans doute d'autres auteurs, des historiens que cite d'ailleurs Bon, comme Robert Darnton, Roger Chartier.

Bref, paradoxe de ce livre: c'est un bon complément du blog le Tiers Livre, de François Bon. C'est peut-être cela, la mutation numérique: certains livres ne peuvent plus se lire "seuls".
Lien : http://killing-ego.blogspot...
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La mort du livre physique est quasi inéluctable mais si cela angoisse, cela tient à l'aspect non prédictible de cette évolution. Mais cela ne signifie ni la mort de l'écrit, ni de la lecture. Cela ne constitue qu'une évolution de support même si nous sommes aujourd'hui dans l'ère de l'instable. J'aimerais être aussi optimiste que F. Bon mais...Un aspect peu évoqué et important est le problème de la mémoire de l'écrit que poseront ces supports en perpétuelle évolution. Qui pourra les lire dans quelques décennies ou plus ?
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Un propos captivant et un style abscons. Autour de la question de l'avenir de l'écriture et de la lecture et de leurs supports - François Bon pose d'excellente question et ses notations sont toujours passionnantes: la déconstruction du récit, la fragmentation de la notion d'auteur, le rapport très intéressant à l'histoire des supports d'écriture (en commençant par des tablettes...d'argile :-)). Au moment où le livre électronique, les tablettes ou les téléphones changent le rapport physique à "l'objet livre", une telle réflexion est bienvenue.
Malheureusement le style de l'auteur, touffus, elliptique, et souvent volontairement "haché", rend la lecture du livre compliquée et parfaitement indigeste. N'est pas Barthes qui veut. A lire, donc, avec effort.
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C'est le premier livre que je lis au format numérique sur le Kindle d'Amazon installé sur mon PC. Il est vendu 2,99 € au format Kindle au lieu de 17, 10 € au format papier.
C'est un essai assez dense et touffu sur la lecture et le livre comme technologie intellectuelle et matérielle. Il montre combien la lecture est tributaire des technologies du livre, ou plutot des supports de l'écrit, et combien elle a évolué au cours du temps.

Pour l'auteur, nous sommes déjà dans l'ère post-livre. Stimulant !
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Plutôt fasciné par la place qu'occupe le corps, le physique, les sens dans cet ouvrage qui tente de saisir les mutations induites par les bouleversements techno-numériques qui ont cours depuis une vingtaine d'année. Voir passages sur l'odeur, le toucher, la dimension scopique, la position du lecteur-écrivain, l'organisation de l'espace, le rapport au temps
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regroupement de billets écrits au fil d'une réflexion.
Des éclairages, un cheminement émaillé d'exemples et d'images. Un point de vue qui s'élabore à travers les expériences et leur formulation. Une aide à la pensée. Une pédagogie par le plaisir.
Et une richesse assez extraordinaire, un tour d'horizon de l'histoire du livre, de ce que les différentes machines et leur usage induisent comme modifications et permanence dans l'écriture, la lecture, le partage des idées
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