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Est-il rédhibitoire de ne pas faire partie de ceux que l'on nomme les seniors et que François Bon aurait sans doute qualifiés d'anciens, pour pouvoir apprécier ce qui fait la.moelle de ce récit? Certes la fréquentation des brocantes permet de rencontrer ces objets (sauf pour ceux qui sont de l'ordre du virtuel, et pourtant font partie de ce patrimoine des souvenirs personnels et générationnel) mais qui n'a pas eu l'occasion de les manipuler, de les démonter jusqu'à percer le secret de leur fonctionnement ou tout simplement parce qu'ils avaient cessé de plaire, aura plus de difficulté à créer la connivence avec l'auteur, que ne peut manquer de susciter cette plongée dans les abîmes du temps.
Surgis de la mémoire de l'écrivain, ils retrouvent le chemin de la nôtre, ces objets anecdotiques : la carte de France en plastique (n'y avait -il pas des trous pour pouvoir marquer l'emplacement des principales villes, une fois tracé le contour grossier des frontières?), le taille-crayon "animé" en forme de télévision, les planches de lettres à décalquer....
Ces objets constituent à n'en pas douter, un témoignage du fonctionnement social d'une époque, et il suffit d'infimes infléchissements d'un mode de fonctionnement pour que l'on bascule dans une autre histoire :

" J'avais acheté à Poitiers mon premier pantalon à pattes d'eph. Tous les copains avaient déjà le même. Je ne crois pas que le scandale, vis-à-vis de ma mère, ait concerné les pattes d'eph elles-mêmes : plutôt l'intuition qu'en trahissant la couturière du village, puis dans la ville le magasin qui avait l'exclusivité du magasin du tissu en commerce, une rupture bien plus violente et essentielle du monde s'amorcait, qui tuerait la petite ville, ferait des centre-villes (les plus grosses) une infinie boutique à fringues jetables, et des périphéries un entassement de sous-langues (Kiabi et les autres)"

L'écriture est surprenante, quelquefois à la limite du compréhensible :

"La relation aux fournisseurs et commerçants donc non pas soluble en passant du village à la ville."

Pas dramatique : on n'a pas d'intrigue à rebondissement, et le seul fil à suivre est celui des réminiscences de l'auteur.

Tout nostalgique des deudeuches, des machines à écrire à rubans, de Thierry la fronde ou des Teppaz, fera un plaisant voyage au pays des souvenirs enfouis et qui ne demandent qu'à ressurgir
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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dans cette Autobiographie des objets, François Bon, romancier journaliste essayiste dont j'avais lu la passionnante biographie des Rolling Stones s' attache à définir à travers différents objets de sa jeunesse, dans les années 50 aux années 80, bref tous les objets de sa période avant qu'il ne vive de sa plume. Soit trente ans, durant lesquels le gros des Trente Glorieuses déferle sur la France : autoroutes, machines à laver, machines à écrire , téléviseurs, transistors, disques vinyles de rock'n'roll, livres de Joseph Kessel, cafetière…

A l'heure où la dématérialisation se fait de plus en plus présente, où les livres sont remplacés par les liseuses, les disques par des téléchargements, ect, François Bon interroge le rapport de l'homme aux objets qui l'accompagnaient dans sa vie d'avant, même si en même temps, c'est sa propre biographie à laquelle l'auteur se livre nà travers l'évocation de divers et hétéroclites objets qui ont peuplé sa vie “avant l'écrit”,

L'écriture de Bon est très belle, et tous ces objets, dont certains sont a priori anodins, prennent avec lui une force et une présence manifeste. le début est très joli, et force indibutablement le lecteur à s'interroger aussi sur les objets qui restent associés à sa jeunesse et à les voir défiler devant ses yeux pendant la lecture du livre. Ainsi, pour moi dans le désordre, un arbre magique, une boite de PEZ, le minitel, une citroen, un prisunic, un photomaton, un projecteur de diapo....)
bon

Malheureusement, assez vite, malgré la fluidité du récit, on commence à se lasser de ce catalogue d'objets qui se succède les uns aux autres, et surtout on y voit une critique un peu éculée de notre société de consommation .

Les objets dont parle Bon avec tant d'amour dans la plume sont forcément vieux, rouillés, sans grande utilité fonctionnelle,et en parrallèle on ne peut que penser à nos objets technologiques si utiles et si design, mais en même temps dépourvu de la moindre âme. Peut-être ne suis je pas forcément de la bonne génération, et que les lecteurs de celle de l'auteur seront plus touchés que je nel'ai pu l'être, étant même un peu agacé par des relents un peu réactionnaires que j'ai pu déceler ici et là...

Par exemple, pour l'auteur, les biens de consommation actuels remplacent peu favorablement les objets recyclables à l'échelle de générations, comme il le dit lui même dans un de ces chapitres : de deux ans en deux ans, il faut se débarrasser de l'ancien et remplacer par ce qui est tellement mieux.»

Bref, un livre nostalgique, ce qui est bien, mais aussi un peu moralisateur, ce qui est plus facheux.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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De quelle acuité du souvenir dispose François Bon pour se remémorer le temps de l'ID 19, de la deux-chevaux, lorsqu'on jouait à trouver les départements des plaques d'immatriculation.
J'ai les mêmes souvenirs, mais ils sont un peu plus nébuleux.
Je devais avoir le même âge que l'auteur, celui de l'époque télévisuelle de Thierry la Fronde, de Cinq colonnes à la une, d'Intervilles.
Nous ne partageons pourtant pas les mêmes objets. Différence de milieu social peut-être ? Rien ne me rappelle le mellotron (instrument de musique équivalent à un orchestre symphonique).

Il faut être un farfouilleur de vide-greniers invétéré pour retrouver, à défaut de mémoire, les objets dont l'auteur nous parle.

L'écriture ne facilite pas la lecture car nous sommes plus près d'une analyse sociologique que d'une approche poétique à la Christian Signol dans “Les vrais bonheurs”, que j'ai lu en parallèle.
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Une fois n'est pas coutume, commençons par dévoiler les toutes dernières phrases: "Le monde des objets s'est clos. le livre qui va vers eux ne cherche pas à les faire revivre. Il est la marche vers ce qui, en leur temps, permettait de les traverser. C'est la question de cette traversée qui est à nous aujourd'hui posée."

La traversée des objets: ils conduisent en effet vers la vie de celui qui les énumère et les décrit avec minutie et fraternité. Que disent-ils de lui, pourquoi ceux-ci n'ont-ils rien à dire alors que ceux-là peuvent tant signifier ? Beaucoup de proches, disparus pour la plupart, réapparaissent avec le sens des choses inanimées: "Les morts sont auprès: mains et voix. On entre dans les maisons, on les revoit tout au bout."

L'époque de François Bon, né en 1953, était encore celle de l'accumulation, on jetait peu par rapport à aujourd'hui, qui est l'ère de l'obsolescence programmée et du déchet. Tout se conservait, dans la boîte à jouets, mine d'or, les vieux roulements à bille, les toupies ou les photos de classe. Et surtout les livres, si importants pour cet homme qui préfère les mots aux images, qui choisit de voir un film de cinéma les yeux fermés: "Dans les vieux livres, on cherche notre aventure." On s'aperçoit que tout le récit — si on peut employer ce terme pour ce qui ressemble à une énumération pas chronologique — converge vers l'armoire à livres du grand-père aveugle, celui qui tenait un carnet de poésie dans les tranchées de 14-18, vaguemestre avec un âne.

Ceux qui ont vécu la même époque, les garçons d'abord peut-être, vibreront avec les souvenances de l'auteur: les mêmes passions d'adolescent, les mêmes premières lectures de la collection Rouge et Or, les voitures de ce temps, ces choses complètement oubliées, si significatives alors: première calculette HP, almanach et cartes Michelin, vinyles 45 tours, lettreuse Dymo,... "Est-ce que nous avons été la première génération pour laquelle l'accès à la voiture n'était plus un seuil ?" Et la traversée des objets de François Bon devient la nôtre, enfants qui avons vécu le même temps et pas loin de France. À la différence que nous n'avons pas connu les outils et ustensiles de la mer, les litrons pour les moules par exemple, dont nous découvrons le suranné rassurant des vieux usages: n'était-ce pas bon enfant de mesurer la marchandise au volume ?

Dans ce genre de livre, il n'y a pas un moteur d'intrigue qui pousse à découvrir la suite, si bien que composé d'une soixantaine de sections, il ne se lira pas d'une traite. Et il peut tout aussi bien se parcourir aléatoirement sans qu'on y perde rien, l'ordre séquentiel assurant toutefois une lecture complète. Chaque passage évoque un objet ou une série de même nature, et parfois bien plus, car l'auteur donne libre cours à ses souvenirs, l'un entraînant l'autre. Il tire parfois des conclusions ou prend position: "J'étais contre la photo, par principe. Qui s'occupe du langage doit voir avec les mots, et se contenter de son carnet de notes." le ton est sobre, très méticuleux pour les descriptions techniques et si le nom de l'objet n'évoque d'abord aucune image, il s'assemble par magie devant vous. Sobre et sans lyrisme, sans ces emportements qui donnent des variations de rythme auxquels l'oeuvre ne gagnerait pas vraiment: le livre terminé, je garde une impression esthétique de plénitude.

Je voue une passion aux vieux objets(1), aux vieilles images de ma ville(2), toutes choses qui font revenir le passé lointain à la surface. Quand cela se produit, même s'il s'agit de l'émergence de moments heureux, il y a toujours des regrets, car derrière chaque objet se dresse une ou plusieurs personnes qu'on a connues, ou soi-même — On ne peut pas plus s'aimer à distance qu'on ne s'aime au présent —, dont on sait le destin qui n'a pas été conforme aux espérances de ces heures-là, voire qui ont tout simplement accompli leur ultime destin. Voilà sans doute pourquoi, autour du plaisir troublant de revoir les images du passé, un nimbe de mélancolie flotte inexorablement, comme il imprègne subtilement les pages de ce livre attachant.

Une autre manière pertinente de présenter ce livre est certainement de la confier à l'auteur en personne dans la video du Seuil.

Sur le thème des objets du souvenir, voir deux billets Un roman musée et Moment en or de Textes & Prétextes à propos du Musée de l'innocence de Orhan Pamuk.

(1) Moins pour leur possession que pour le potentiel de leur simple évocation. Ils justifient parfois à mes yeux, à eux seuls, la lecture d'un vieux Maigret.
(2) Voir mon billet sur "Le pendu de Saint-Pholien."

Lien : http://www.christianwery.be/..
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À sa sortie, j'avais noté ce titre de François Bon, qui attendait depuis dans ma PAL. J'hésitais à en commencer la lecture, craignant l'ennui (titre hermétique, contexte trop relié à la France et peut-être un petit côté passéiste agaçant). J'avais tort car très vite, je suis entrée avec plaisir dans ces chroniques intitulées d'un objet ou d'un souvenir. Je me suis sentie interpellée par les propos de l'auteur, même si époque et pays diffèrent, et ses réflexions sur les objets qui nous entourent dans notre vie quotidienne touchent au plus près de tout lecteur qui veut bien se laisser prendre dans les filets de la réminiscence. Un bel exercice de mémoire et du souvenir, dont le mot-clé est celui de rémanence.
Je crois maintenant être prête à plonger dans le roman de Georges Pérec, La vie mode d'emploi.
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Quel auteur français jouissant de la plus maigre notoriété peut, en toute honnêteté, se vanter d'écrire aussi mal que François Bon ?
Notre pays s'honore pourtant d'une mine inépuisable de cacographes, de laquelle j'ai extrait, modestement, un magnifique filon aurifère et c'est miracle si nous parvenons en lisant leurs torchons à distinguer, pour certains d'entre eux, les mains des pieds, et les pieds d'organes moins nobles.
Et pourtant, tel un aigle royal, François Bon plane au-dessus des poules, des coqs et des bécasses germanopratins, à quelques hauteurs stratosphériques de cette volaillerie intarissable et qui semble inlassablement se reproduire à mesure, nous assure-t-on, que le monde de l'édition et celui de la presse écrite sont en crise, une crise qui, paraît-il, s'accroît un peu plus chaque jour, peut-être, justement, parce que lesdits torcheculatifs échotiers sont publiés et relayés par lesdits bons petits soldats de la réclame, la réclame se nourrissant de la réclame, la médiocrité de médiocrité, la cacographie de cacographie, tous ces nains bavards y trouvant finalement un tronc en décomposition où étendre leurs rhizomes.
Lien : http://www.juanasensio.com/a..
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Autobiographie des objets, titre qu'il est tentant de lire : autobiographie par les objets, mais non, c'est bien de parler des objets qu'il s'agit, mais oui, l'«auto» ne s'applique pas vraiment à eux, et c'est faire son, notre histoire à travers ces objets que l'on ne remarque plus, qui sont apparus un jour, qui ont fait en sourdine l'histoire de notre société.
Beaucoup entendu ou lu, dans des articles parcourus en diagonale, dans des émissions écoutées pendant que mes mains agissaient et prenaient un peu de mon attention, qu'il s'agissait de nostalgie. Un peu, bien sûr, mais davantage de mémoire, et de recherche pour comprendre comment nous avons grandi.
Et se servir de tout pour retrouver cette mémoire, des sons, des odeurs, du toucher, rendre présence à l'objet et dévider ce qu'il entraîne avec lui de son histoire et de celle de la famille, des amis, des plaisanteries, des surnoms, d'annonce de ce que nous vivons, d'entrée dans notre monde contemporain.
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"Madeleine"
A dire vrai, la lecture d'"Autobiographie...." suscite chez moi un commentaire très subjectif. La raison ? Je retrouve à chaque chapitre les "choses" qui ont empli mon enfance et leur description s'approche (dangereusement) de ma propre perception.
Même génération, même contexte : les ressemblances évidemment font sens.
Ce qui me ferait dire qu'en fait François Bon a écrit ce livre ( en tout cas l'exemplaire que j'ai entre les mains) sous ma dictée hypnotique (ou l'inverse).
J'aurai découvert cette capacité à coller au plus près des intimités : une qualité que j'apprécie par dessus tout d'un auteur contemporain.
Contemporain, voilà le mot que je cherchais. A l'opposé de cette quête, je me retrouve aussi bien dans son engagement numérique.
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Voilà un objet bien intéressant et intrigant. Il est rare d'entendre parler d'autobiographie des objets. Pourtant, c'est bien d'eux que parle François Bon, à travers 64 petits articles. du nylon à l'armoire aux livres, en passant par les jouets, la poule mécanique ou les sandales indiennes. Mais, l'auteur ne peut parler uniquement de ces objets de façon détachée. Au détour d'une description, sa vie entre en scène, sa relation avec sa famille, ses amis, les objets du quotidien. L'écrivain en action évoque ses souvenirs, fait des allers-retours entre les décennies. Il utilise les objets pour faire jaillir des sentiments, des regrets, du plaisir, et il invite le lecteur à pénétrer dans ce grenier empli d'objets.
Au début, on ne sait pas trop où regarder, on farfouille un peu, on hésite. Puis l'auteur nous prend par la main et nous montre ce qui lui semble important aujourd'hui ou ce qui l'a été dans son enfance. Jeunes lecteurs, il y a beaucoup de choses dont vous n'avez jamais entendu parler, mais rassurez-vous, certains passages vous sont plus familiers. Et puis, c'est l'occasion de comprendre un peu mieux les habitudes des parents et grands-parents. D'ailleurs, vous rirez sûrement de certaines coutumes qui peuvent sembler bien inutiles aujourd'hui. Pour les moins jeunes, vous trouverez certainement votre bonheur et de quoi vous souvenir des belles années vécues. C'est drôle de voir l'évolution des technologies, des façons de s'occuper et de vivre finalement. Tout ce dont parle François Bon ne remonte pas à tant d'années que ça, et pourtant on sent une réelle fracture entre certaines choses. L'auteur lui-même affirme que de nouveaux objets, comme l'ordinateur, ont remplacé les anciens de façon quasi définitive, et c'est assez triste de voir à quel point on s'est détourné de certaines pratiques.
Dans ces deux mondes présentés, tout semble très doux, feutré, comme si le voile du temps avait déposé de la poussière et que vous deviez ne pas marcher trop vite pour éviter d'en mettre partout. Vous êtes invité à lire et découvrir dans la sérénité, confortablement installé dans un espace vraiment charmant. En somme, vous entrez dans une sorte de musée dont vous savez que vous faites un peu partie, car vous accordez, vous aussi, une valeur à certains objets décrits ici. À travers son enfance, François Bon raconte celle de beaucoup de personnes qui ont vécu à son époque et permet aux nouvelles générations de comprendre les évolutions de certaines coutumes et de faire des parallèles intéressants, voire surprenants.
Lien : http://voulezvoustourner.blo..
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Première fois dans l'univers de François Bon, et stupéfaction après quelques pages de ne pas le trouver là où je l'aurais imaginé. On est toujours trop prompt à enfermer dans des cases les auteurs qu'on n'a pas lus.

Lire la suite sur mon site : http://chroniques.annev-blog.fr/2012/09/chronique-livre-autobiographie-des-objets/
Lien : http://chroniques.annev-blog..
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