AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782864322825
120 pages
Verdier (31/12/1997)
3.7/5   10 notes
Résumé :
Si Brulin – à peine croisé avant d’être assassiné dans un squat – est la figure en creux qui soutient le récit, elle laisse à d’autres la charge de dire le désarroi et la rage de ceux que notre monde rejette dès l’enfance aux bords des villes, et dont l’une des premières expériences de jeunesse est la prison.
Au regard de ces situations extrêmes, les mots ont-ils pouvoir de forcer un destin trop souvent fixé d’avance ?
Réponses extrêmes elles aussi : «... >Voir plus
Que lire après PrisonVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Pour ceux qui ont aimé « Prison » la force de ce qui était dit par les mots des jeunes détenus, et surtout par la façon dont en parlait celui qui les avait rencontré, qui avait essayé de les deviner, qui avait provoqué leurs mots, ce qui était dit aussi de notre société et de ses marges et de la façon dont elles étaient produites, contenues, réprimées, qui avaient découvert ce que l'on peut saisir de la vie des prisons en venant de l'extérieur, il vaut la peine de se procurer cette nouvelle édition révisée, à cause de ce qui y a été ajouté, qui fait environ 70 pages : le rapport intermédiaire, réflexion sur cette expérience, la difficulté qu'entraîne le turn-over extrême – article – textes écrits par participants – courrier (fax) au responsable culturel de la prison – réflexion sur ce qui en reste plusieurs années après, humainement, pour l'intervenant, qui n'est pas le moins important et raison et justification du livre - et l'on peut ensuite reprendre la lecture depuis le début.
Pour ceux qui ne l'avaient pas lu, je conseille fortement de le faire (à tout ce que j'évoque ci-dessus s'ajoute, discrètement, souplement, sans s'imposer ni prendre le dessus, la beauté de la construction et l'écriture)
Commenter  J’apprécie          21
Il y a un intérêt certain à lire les mots des détenus, de deviner les non-dits, les pudeurs, les violences. Tout cela passé par les choix de l'auteur-animateur d'atelier d'écriture en milieu carcéral. de l'intérêt donc mais aussi un malaise face au flou des personnages, au parcellaire des informations : on ne sait pas vraiment qui parle, les chronologies sont éclatées et cela ne me convient pas. J'ai trouvé des passages émouvants mais l'ensemble laisse une impression très pessimiste.
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Par la fenêtre, puisqu’on est à l’angle rentrant de deux blocs, les alignements vis-à-vis de cellules en premier étage et rez-de-chaussée s’élargissant jusqu’au grand grillage de la cour de promenade où ils jouent au foot, les gars collés aux barreaux noirs, accroupis par terre devant leur chiotte pour se crier d’un mur à l’autre ou d’un étage à celui du dessous, parmi les serviettes à pendre et les chaussettes qui sèchent, les fenêtres ouvertes donc et des mains et des jambes qui dépassent des barreaux noirs, se retournant Hurlin entré avec son pull de laine informe et ses cheveux trop longs sur son visage tout en os et surtout ses lunettes : la monture cassée d’un côté depuis ma garde-à-vue il avait dit et donc tout ça en équilibre précaire, lui une main aux lunettes pour vous parler, myope et parlant de trop près, puis bougeant, reparti vers la fenêtre, sa haute silhouette le dos un peu cassé et revenant, il s’agissait que je veuille bien lui ramener un paquet de tabac à rouler, moi non, pas le droit, et l’instituteur avec son accent des montagnes grognant gentiment que la veille il lui en avait déjà donné au moins pour quatre fois, lui offrant pourtant une nouvelle fois de sa blague, Hurlin racontant un bobard pour en ramasser dans ses doigts un peu plus que demandé, rituel ordinaire de nos séances avant de s’asseoir pour de vrai et qu’on commence.
Commenter  J’apprécie          40
Ce texte-ci lui l’avait dicté puisqu’à ce que je demandais il restait sur sa feuille blanche, on se voyait pour la première fois et ce qu’il avait dicté c’était encore non pas des mots qui s’accumuleraient pour un texte mais ceux qui auraient dû rester en amont, dire l’obstacle, prétendaient seulement que ça ne valait pas d’être dit et c’est cela pourtant que je notais, disant même qu’un livre aussi peut s’écrire comme ça, sur ce qu’on n’arrive pas à dire ou qu’on ne veut pas dire, accumuler en amont, retenir parce qu’il n’y a pas droit à plus comme je ne prétendrai pas à autre droit que reprendre ici ces seuls mots parce qu’ils restent sans doute le partage possible et que si je viole pas ici ce droit (ces mots sont à lui, que je ne nomme pas, parce qu’aucun nom ne colle sauf celui qu’on porte et qui nous fait) rien ne se fera de ce partage possible et non pas pour un besoin affectif de ce partage mais pour le malaise où il nous met
Commenter  J’apprécie          50
Nous sommes dans le paradoxe d’avoir à donner une finalité à l’atelier pour notre propre exigence : renvoyer à notre propre société le questionnement à elle relancé par ceux qu’elle a séparés d’elle, parce que ce questionnement nous affecte, nous, en profondeur. Mais une finalité qui restera en dehors de ceux-mêmes qui auront donné au questionnement sa teneur et sa chair. Celui qui est terrorisé par son propre coup de couteau nous terrorise : le travail que nous faisons sur nous-mêmes pour entrer dans ces zones non jugeantes, notre travail est de l’exprimer en retour au niveau même de la société.
Commenter  J’apprécie          10
J'avais proposé ce jour-là qu'on parle des moments où dans sa vie à soi les chemins bifurquent, j'avais amené ce livre qui s'appelle La Cave, et commenté sa première phrase : "Le jour où j'ai pris le chemin opposé..." Savoir quel jour, eux, ils avaient eu le sentiment de prendre l'autre chemin. Et comme l'un d'eux ici avait écrit ça dans son texte, le rejet est venu très tôt pour moi, la semaine suivante je leur avais demandé à tous de s'expliquer sur ce mot, rejet, disant qu'il y avait là une responsabilité du monde dans les destins individuels, et qu'on pouvait témoigner de ce qui, sans nous, n'aurait pas mémoire : non pas donc une histoire personnelle, mais ce à quoi il nous a été donné d'assister qu'on n'approuvait pas, et ce langage-là ils savaient le comprendre. S'en aller droit debout dans la parole et rien d'autre, les mots les faire sonner comme sur un bouclier de métal poli contre le corps tenu (...), des histoires dont il n'y avait pas à se faire complice, rien, pas d'admiration, se faire non jugeant, mais retourner cette parole objective vers le monde au dehors, qui d'ordinaire se refuse à l'entendre : parler pour ceux qui ne veulent pas entendre.
Commenter  J’apprécie          00
Ce texte-ci lui l’avait dicté puisqu’à ce que je demandais il restait sur sa feuille blanche, on se voyait pour la première fois et ce qu’il avait dicté c’était encore non pas des mots qui s’accumuleraient pour un texte mais ceux qui auraient dû rester en amont, dire l’obstacle, prétendaient seulement que ça ne valait pas d’être dit et c’est cela pourtant que je notais, disant même qu’un livre aussi peut s’écrire comme ça, sur ce qu’on n’arrive pas à dire ou qu’on ne veut pas dire, accumuler en amont, retenir parce qu’il n’y a pas droit à plus.
Commenter  J’apprécie          10

Videos de François Bon (31) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de François Bon
A l'occasion du salon "Rendez-vous de l'histoire" à Blois, rencontre avec François Bon autour de son ouvrage "Sapiens à l'oeil nu" aux éditions CNRS.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2323506/francois-bon-sapiens-a-l-oeil-nu
Note de musique : © Scott Holmes
Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/1 Vimeo : https://vimeo.com/mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/
+ Lire la suite
autres livres classés : prisonsVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (28) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

amoureux
positiviste
philosophique

20 questions
846 lecteurs ont répondu
Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

{* *}