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EAN : 9782226188489
384 pages
Albin Michel (28/08/2008)
3.93/5   21 notes
Résumé :
Plus fort que les Beatles, plus haut que les Stones. La décennie 70 est celle de Led Zep, dont le groupe anglais est l’exact marqueur : entre 1968 et 1980, deux musiciens de studio aguerris, deux amateurs d’à peine vingt ans et un producteur ancien catcheur dynamitent les canons de la pop music tout en brisant les derniers tabous d’une société déjà sens dessus dessous – sexe, drogue, alcool. Douze années, neuf albums, et le mystère à percer : que s’est-il joué alors... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Comme à l'accoutumée et avec grand renfort de documents voire d'expériences vécues, François dresse une fresque sur les groupes et chanteurs majeurs des années 60-70.
Tout part ici de ce fameux concert de mai 1975 à l'Earl Court de Londres auquel l'auteur se rendit avec des amis depuis son Anjou natal dans « une Opel Kadett brune ». Puis c'est la fascination immédiate pour cet ange blond, chemise ouverte sur torse velu (Robert Plant), ce guitariste empli des riffs les plus fabuleux (Jimmy Page), ce bassiste-organiste discret et efficace (John Paul Jones) qui colle si bien à la frappe de bûcheron de ce batteur monolithique (John Bonham).
Et c'est justement par ce batteur que l'on commence, John Bonham, des environs de Birmingham – qui, avec Robert Plant, représente l'envers « prolétaire » du groupe – mort le 25 septembre 1980 et qui mettra fin au groupe tant il en constituait l'alchimie. Pourtant, quand Jimmy Page le voit sur scène et veut absolument le recruter, John Bonham n'y croit pas trop : il veut bien « dépanner » sur une tournée mais pas plus. Car le groupe s'est formé sur les ruines des fameux Yardbirds dans lequel défilèrent quelques guitaristes qui s'y sont fait les riffs et ont depuis laissé quelques traces : Eric Clapton, Jeff Beck et Jimmy Page. Et puis il y a bien sûr quelques anecdotes : ainsi l'origine du nom du groupe « Lead Zeppelin » [de l'anglais « lead » (prononcé « lède »), le plomb] viendrait d'une plaisanterie de Keith Moon, batteur des Who, voit tomber le « a » de Lead sous l'influence de Peter Grant.
La lecture se fait donc au gré du temps et des albums (en tout huit), François Bon s'ingénie à brosser le portrait de chacun des membres du groupe. D'abord il y a John Bonham, celui qui apprend la batterie dans une caravane puis finit par demander des modifications techniques aux fabricants qui s'empressent de lui faire essayer gratuitement ; Jimmy Page qui apprit la guitare par hasard, parce qu'il s'ennuyait dans la maison de ses parents et qu'un visiteur l'a oubliée un jour et qu'à la radio passait un morceau d'Elvis que Jimmy se mit en devoir de vouloir reproduire. Ce qui le conduira à devenir un musicien professionnel dès 16 ans, un de ces fameux « requins de studio ». C'est aussi le cas de John Paul Jones, le bassiste-organiste, qui lui vient d'une famille de musiciens saltimbanques et qui n'est pas toujours pour rien dans la création zeppelinienne : arrangeur de cordes, pianiste et bassiste émérite, on lui doit le riff d'entrée du fameux Black Dog qui ouvre le Led Zeppelin IV.
A force, tout ce beau monde se croise dans les studios et finit par jouer ensemble. On notera que souvent des parties de guitares dans les albums des grands groupes comme les Rolling Stones sont de Jimmy Page. On sait aussi que John Paul est le pianiste qui officie sur leur fameux « She's Like a Rainbow .» Quant à Robert Plant, il est recruté un peu comme Bonham, parce que sa voix de bluesman a fait le tour de l'Angleterre et du monde du rock et que Jimmy Page le voit sur scène et repère son potentiel.
Ainsi va le livre, François Bon part dans le passé, revient à ce qu'il appelle les « horloges », temps forts de cette aventure du rock, où les dates sont marquées et marquantes, zoome avant et arrière, explique la composition de telle ou telle chanson, l'ambiance de tel ou tel album, de tel ou tel concert, toujours sous la houlette du massif Peter Grant, producteur et organisateur en chef secondé par le fameux Richard Cole qui entraîne souvent l'excessif Bonham dans des frasques sexuelles, alcoolisées et emplies de drogues diverses. On peut expliquer la prise de drogues par le nombre des tournées, la pression croissante et les marathons surhumains des concerts qui durent jusqu'à trois heures de temps. C'est aussi l'époque où l'on ruine les chambres d'hôtel, où l'on fait scandale, où l'on saccage et où l'on finit par être interdit ici et là. Mais tous les excès n'ont eu guère qu'une issue pour les deux batteurs les plus fous et géniaux de ce monde trépidant, Keith Moon et John Bonham, même destin à deux années d'intervalle. Dans la légende aussi, on apprend que Jimmy Page avait racheté la propriété d'Aleister Crowley, le sulfureux écrivain occulte du début du siècle dernier et qu'il reste fasciné par le personnage allant jusqu'à racheter à prix d'or les manuscrits le concernant. le rock et les déviances occultes et diaboliques ont toujours fait bon ménage. Encore est-ce un signe des temps ?
Mais ce qui est, à mon sens, fascinant c'est l'aspect technique de composition et d'enregistrement de cette époque. Par exemple, dans Headley Grange, vaste manoir anglais, on place la batterie au centre et on décale les micros ; Jimmy Page a besoin de faire fabriquer une double manche 12 cordes et 6 cordes pour interpréter Stairway to Heaven sur scène et pour la petite histoire se fait offrir une Fender Télécaster achetée en Californie par Jeff Beck et sur laquelle il joue le solo dudit Stairway .
En quelques albums et en 12 années de création intense, Led Zeppelin a rejoint le panthéon des grands groupes de rock. A cause des riffs acérés de guitare distordue, on les assimile au heavy métal, les considérant comme les inventeurs de ce courant. Mais à la lecture de cet ouvrage, on apprend mieux que les influences de Led Zeppelin sont diverses, copiant parfois les grands du blues (deux procès pour plagiat notamment de Willie Dixon pour Whole Lotta Love qui reprend ses paroles) mais aussi partant de cette alchimie qui fait un grand groupe et où chacun apporte : Jones, le classicisme, Page, le blues et le folk aux guitares accordées en DADGAD (Ré-la-ré-sol-la ré = accordage pour jouer Kashmir)), Plant les paroles issues de ses lectures de fantasy et Bonham le martèlement wothanien des vikings de ma chanson préférée : Immigrant Song dans l'album III.
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Une biographie de groupe géniale, passionnante. Au début, j'ai été un peu effrayée par le style particulier de l'auteur, mais qui a finalement une vraie plume élégante qui nous conquiert ; un vrai plus, selon moi, dans ce registre des biographies musicales où les auteurs sont bien souvent d'illisibles tâcherons maladroits.
C'est vraiment bien vu de ne pas procéder par ordre chronologique mais par interludes. le portrait est dressé petit à petit, par touches impressionnistes et impressionnantes. On sent l'amour sincère de l'auteur pour le groupe, son respect, ses partis pris aussi. Il les rend attachants, ne cherche pas forcément la vérité absolue mais pose sur eux un regard à la fois honnête et amoureux. C'est une biographie par un fan, avant tout.
Il faut dire que la matière est d'une richesse incroyable : c'est un groupe fascinant par sa façon de travailler, par ses influences et ses évolutions. Et François Bon les repose dans un contexte : celui de tous ces groupes des années 1960 à géométrie variable, tous profondément marqués par le blues, chose que j'ignorais et qui pourtant est une évidence absolue à l'écoute de n'importe lequel des quatre albums éponymes de Led Zep.
L'approche technique sur la musique, les instruments et le jeu est également passionnante, même pour une néophyte (un peu éclairée) comme moi.
C'est bien simple, ce livre donne envie de tout écouter et tout voir de Led Zep.
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Autant Elvis a inventé le rock, autant Led Zeppelin a inventé le style mouvementé de la vie en tournée. C'est sexe, drogue et rock'n'roll de manière exagéré. Et pourtant, ce groupe a su exploiter le son brute du blues et du rock, inventant du même coup le hard rock.
Les quatre musiciens de Led Zeppelin ont travaillés d'arrache-pied pour leurs albums qui furent publiés entre 1968 et 1979. Puis, survint la mort du batteur du groupe, John Bohnam en 1980, ce qui met un terme à douze ans de cette vie trépidante.
Cette biographie, j'ai mis une semaine à en venir à bout, mais je suis heureux de l'avoir terminé. Ce groupe, je vais plus que l'admirer.
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Le plus grand groupe de l'histoire du rock sous la plume d'une des plus grands critiques de rock.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
La maison de disque retarde, voudrait qu'on porte au moins, sur la pochette, la mention Led Zeppelin.
Page ne cède pas, et le disque paraît le 8 novembre 1971. En lieu et place des noms, une suite de quatre symboles ésotériques.
Est-ce qu'à force de lire et collectionner Aleister Crowley, de se vêtir de se ses robes cultuelles, d'habiter ses meubles et ses maisons, Page a imaginé que sa musique participait aussi de ces rites obscurs? C'est lui qui a demandé à chacun des musiciens de figurer sur le disque par ces signes ésotériques, ainsi les trois cercles maintenant dessinés sur la grosse caisse de Bohnam. Et pour lui ce mystérieux graphisme, que lui seul saurait expliquer, deux cercles juxtaposés reliés d'une barre fine, enserrés d'un éclair et séparés d'une sinuosité qui rappelle l'éclipse du violon: Page répond sérieusement ces mois-ci que, lorsqu'il ne joue pas de guitare, il étudie la magie (même si, apparemment, il s'en tient à celle du douteux Crowley): c'est la pleine époque de Carlos Castaneda, que Jimmy Page pourtant n'a pas rencontré (le Mexique ne sera jamais sur sa route).
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Sous l'enseigne Led Zeppelin, d'étranges et douteuses pratiques allant, se racontait-on, jusqu'à la magie noire: on ne joue pas si vite sans pacte avec l'enfer, est-ce que Robert Johnson n'avait pas le premier vendu son âme au diable? Est-ce qu'on n'entend pas vaguement Satan, Satan en passant lentement les paroles de Stairway To Heaven à l'envers? Et les petites feuilles spécialisées se recopiaient très sérieusement les unes les autres pour s'intéroger sur Jimmy Page mage par héritage, ressuscitant la figure d'Aleister Crowley, quand bien même nous n'aurions jamais entendu parler sinon d'Aleister Crowley.Mais ce n'était pas cela, drogue, diable et orgies, qui nous liait à leur musique: quadruple obsession jointe, sur fond de batterie et guitare comme jamais on n'avait entendu de batterie et guitare.
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On ne s'invente pas en Jimmy Page ou Eric Clapton d'un coup de baguette magique, on ne naît pas tout armé. Peut-être que, tout seuls, aucun des deux n'y serait arrivé. À deux, les énergies sont démultipliées. Et, au Marquee deuxième vague, ce sont ces deux-là maintenant qui se retrouvent au premier rang des guitaristes héritiers, ceux qui ont payé le seul prix d'entrée qui vaille: la rigueur du blues. Dans le salon-caverne de la maison d'Epsom, où Page et Clapton invitent leurs copains de Londres, on écoute ces disques d'import qu'on est les seuls à posséder, et par où ressuscitent les voix que l'Amérique a délaissées. C'est à qui exhumera le plus singulier. Clapton et Page partageant par exemple, et prétendant être les deux seuls à connaître, les difficiles solos de Matthew Murphy, le guitariste de Memphis Slim, comme ils sont les premiers à jouer au Marquee avec l'obscur Puppa Hop.
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Dans la version de Richard Cole, l'histoire du prostitué s'explique par l'euphorie de l'alcool ou de la cocaïne. Mais une cigarette mal éteinte a mis le feu au lit d'hôtel: évacuation, tout le monde sur le trottoir, journaliste de service, et voilà le gros poisson dans la nasse: un Led Zeppelin sous les flashs, le respectable père de famille préférera la rançon à l'ébruitement. Richard Cole croit arranger les choses en disant que John Paul Jones ne s'était pas aperçu qu'il avait affaire à un travesti, que le feu résultait de l'altercation entre le musicien et le prostitué, suite à la découverte que... John Paul Jones, lui, a tiré le mieux qu'il a pu le rideau sur sa vie en tournée, le plus discrètement possible, à l'écart de ses copains.
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Il y a aussi cette histoire du travesti surpris avec lui, à La Nouvelle-Orléans, même si, dans la légende, décidément bien approximative, c'est à Bonzo qu'on attribuera le scandale. Mais il est vrai qu'il traîne tant d'histoires sur eux, parfois jusqu'à l'invraisemblable. Page dira seulement, mais il a l'art d'enrober ce qui gêne, que, lors des tournées dans ces villes du Sud, le groupe préférait finir ses soirées danss des cabarets homosexuels parce que la musique y était meilleure, et que, surtout, personne ne les embêtait sur leurs cheveux longs ou leur façon de s'habiller.
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Videos de François Bon (31) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de François Bon
A l'occasion du salon "Rendez-vous de l'histoire" à Blois, rencontre avec François Bon autour de son ouvrage "Sapiens à l'oeil nu" aux éditions CNRS.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2323506/francois-bon-sapiens-a-l-oeil-nu
Note de musique : © Scott Holmes
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