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EAN : 9782732472515
304 pages
Editions de la Martinière (05/01/2017)
4.13/5   218 notes
Résumé :
Anne a été envoyée à Paris pour travailler dans le centre psychiatrique que dirige son oncle. Au début des années soixante, les traitements en sont encore à leurs balbutiements. Anne observe le comportement étrange d’un jeune garçon de 11 ans, Gilles, que tout le monde surnomme "le débile". Elle envoie ses impressions à sa meilleure amie au travers de lettres clandestines. Pourquoi leur correspondance est-elle interdite ? Et pourquoi Anne a-t-elle été forcée de s'él... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (62) Voir plus Ajouter une critique
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C'est peu dire que je les ai aimés, ces personnages ! Comme ils m'ont manqué, une fois la dernière page tournée!


La première partie se déroule dans les années 50, et nous découvrons la correspondance d'Anne, une jeune fille que sa « mauvaise conduite », à l'aune des principes de sa famille de notables bordelais, a contrainte à un éloignement temporaire : elle se retrouve à Paris dans un centre qui héberge des malades mentaux. Les lettres qu'elle adresse à son amie Lizzie, rapportent, entre deux confidences plus intimes, les observations d'Anne, qui découvre cet univers si particulier de la pathologie psychiatrique. Ses lettres alternent avec les pages laissées par une des pensionnaires, atteinte d'une anorexie grave. On suit aussi l'évolution d'un jeune autiste, qu'une thérapie qui s'ignore fera peut-être sortir de la «forteresse vide» qu'il habite .

C'est déjà passionnant à ce stade, avec l'évocation des balbutiements de la psychiatrie de l'enfant, des théories psychanalytiques sur l'autisme, qui malgré tout le mal qu'elles ont pu faire, ont eu le mérite de modifier le regard lapidaire sur ces « débiles », avant de laisser la place pour des conceptions à la fois plus scientifiques et plus novatrices. Et ce n'est pas fini, la recherche ressemble encore à un immense chantier de fouilles.

Quel bonheur, lorsque l'on passe à la deuxième partie, de faire connaissance avec Sophie, une jeune chercheuse en psychologie, qui se penche sur l'histoire du centre Falret…avec la quasi-certitude d'avoir des nouvelles, bonnes ou mauvaises, des amis qu'Anne nous avait fait découvrir dans ses lettres. Et de rencontrer d'autres personnages tout aussi attachants!

J'ai adoré, tant pour l'état des lieux de la psychiatrie du milieu du 20è siècle que pour l'empathie ressentie pour les acteurs de cette histoire, qui n'a pas manqué de me faire verser quelques larmes.


Très belle découverte et Chambre 128 programmée pour les lectures des jours à venir.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Paris, août 1956. Pour s'être mal comportée, Anne, jeune fille de 18 ans, est envoyée chez son oncle et sa tante, laissant derrière elle sa famille, sa meilleure amie, Lizzie, avec qui elle correspond, la ville de Cesnas et le lycée catholique. Si elle est surveillée par sa tante et sa cousine les premières semaines, elle travaille, depuis la mi-septembre, dans l'hôpital psychiatrique, dont son oncle est le directeur, afin d'y « purger sa peine ». Cette petite structure accueille des enfants et des adolescents pour de longs séjours. Elle y fera la connaissance de Béatrice, une anorexique qui tient un journal, de Gilles, atteint d'autisme que beaucoup qualifient de fou, de Serge, le jardinier taiseux et un brin bourru…
Ce ne seront que des décennies plus tard, en compagnie de Sophie, jeune femme étudiante dont le sujet de sa thèse porte sur les hôpitaux psychiatriques du siècle dernier, que l'on découvrira ce que sont devenus Anne, Lizzie, Béatrice ou encore Gilles…

Ce roman, composé de deux parties bien distinctes, nous fait entrevoir ce que pouvaient être les hôpitaux psychiatriques dans les années 50, plus précisément ceux traitant des troubles mentaux tels que l'autisme ou l'anorexie. Grâce au journal de Béatrice et aux lettres d'Anne, l'on découvre, peu à peu, le quotidien de ces malades, les soins plus ou moins adaptés, les souffrances et l'incompréhension, les balbutiements de la prise en charge psychiatrique.. Dans la seconde partie, Sophie va, de fil en aiguille, affiner son sujet de thèse pour s'intéresser de plus près au centre psychiatrique Falret et à ses occupants, ayant, par un heureux hasard, accès à certains documents, aussi bien médicaux que certaines lettres d'Anne. Aux notes tendres, délicates, parfois surannées, suaves, ce parfum de l'hellébore envoûte tout autant qu'il émeut. Aussi bien de par son sujet, passionnant et original, sa forme, alternant missives, journal et récit, que ses personnages. Des personnages particulièrement touchants, d'une profonde humanité, que Cathy Bonidan dépeint avec affection et sensibilité. Que ce soit Gilles, Béatrice, Serge ou encore les deux frères que Sophie va rencontrer, tous avec leurs chagrins, leurs espoirs, leurs souffrances, leurs fêlures…
Un roman émouvant et lumineux...
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Coup de coeur pour ce livre. C'est dans le centre psychiatrique Falret dans les années 60 que l'on fait connaissance de Gilles petit garçon autiste, de Béatrice jeune fille de 13 ans atteinte d'anorexie, d'Anne, nièce du directeur de ce centre et envoyée dans ce centre pour aider son oncle et "réparé" ses écarts de conduite, et de Serge le jardinier. C'est à travers le regard d'Anne et de sa correspondance avec sa meilleure amie Lizzlie et du journal de Béatrice que nous suivons la vie de Gilles et ses rapports avec les autres. C'est bouleversant.
La deuxième partie du livre se déroule une cinquantaine d'années plus tard. Nous rencontrons Sophie, jeune universitaire, qui écrit sa thèse sur les troubles psychiques. Elle va avoir accès à des documents "anciens" ce qui va nous relier à nouveau à Anne, Béatrice, Gilles et Serge.
Cathy Bonidan décrit les émotions de façon remarquable. J'ai ressenti les craintes, les colères, les troubles d'Anne et je dois dire que je suis admirative devant son talent à nous plonger dans cet univers.
J'ai vraiment eu l'impression d'être auprès d'Anne.
C'est le deuxième livre que je lis de Cathy Bonidan et je ressens comme pour "Victor Kessler n'a pas tout dit" beaucoup d'émotions. Cathy Bonidan sait rendre ses personnages passionnants, attachants. C'est un vrai plaisir que de passer un moment avec elle. Merci beaucoup, je vais surveiller avec attention la sortie de votre prochain roman.
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J'ai lu le parfum de l'hellébore parce que la chronique de Yaena (qu'elle m'a signalée, et je l'en remercie encore) m'en a donné l'urgente envie sur Babelio... et j'ai été bouleversée. C'est un livre qui se passe à deux époques successives, fin des années 1950 puis époque actuelle. L'hellébore, c'est l'"herbe aux fous", et le point commun entre les différents personnages des deux époques est un centre psychiatrique pour adolescents : patients hospitalisés, jeune stagiaire, médecins, jardinier, chercheuse en sciences sociales, ouvrier, les personnages et leur entourage (dont je ne vous révèle pas la ou les époques respectives) ont tous un lien avec ce centre, lien qui s'organise autour du fil conducteur d'une jeune fille anorexique qui y a fait un séjour.

Au fur et à mesure de ce roman, on rit, on pleure, on tremble, on se désespère et on espère, en même temps que les personnages. Il est construit d'une manière qui fait résonner les histoires les unes avec les autres, notamment les histoires d'amour, en laissant des parallèles se faire à l'insu des personnages. Je sais bien ce qu'un psychanalyste en dirait : c'est le travail de l'inconscient. Mais je sais aussi ce qu'un lecteur en dit : c'est tout ce qui fait l'épaisseur d'un bon livre... car c'est un bon livre, bien écrit, qui nous fait passer par toutes les émotions.

Mais ce qui m'a frappée aussi, c'est le parallèle désolant entre le tournant qu'a pris la psychiatrie des années 1950 et celui d'aujourd'hui. A la fin des années 1950, les personnages découvrent, accablés, qu'il y a encore des hôpitaux qui laissent les patients à l'abandon, isolés, sans interlocuteurs capables d'écouter ce que dit leur folie, mais déjà assommés de psychotropes, que l'on venait de découvrir. Mais il y avait aussi des centres et des thérapeutes qui essayaient d'écouter, qui étaient attentifs à la relation humaine, qui cherchaient d'autres voies, ce qui était porteur d'espoir : c'est tout le sens du Parfum de l'hellébore. Aujourd'hui, par un bizarre retour de bâton, les patients qui étaient dans ces hôpitaux désastreux peuplent les prisons, les psychotropes ont pris la place que l'on sait dans les hôpitaux, et on ne parle plus de folie mais de troubles (comme si on voulait en évacuer la charge d'angoisse et d'individualité), de lien mais de protocole, d'écoute mais d'évaluation, on ne veut plus briser les chaînes mais enfermer au nom d'une illusion sécuritaire... "On juge du degré de civilisation d'une société à la façon dont elle traite ses fous", disaient les psychiatres de l'après-guerre. L'avons-nous déjà oublié ? le parfum de l'hellébore nous incite à y revenir et à ne surtout pas oublier.
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Il est étrange de commencer en 1956, cette fiction, « Le Parfum de l'Hellébore », qui se déroule en milieu hospitalier. L'auteur Cathy Bonidan est vannetaise. En janvier 1955 une épidémie de variole se déclare à Vannes faisant une vingtaine de morts, dont le Dr Grosse. Parmi les victimes plusieurs jeunes filles. L'épidémie sera éteinte grâce à une vaccination de masse sur toute la Bretagne.

Ces faits encore présents dans la mémoire collective soulignent que la médecine en 1956 est très éloignée de celle que nous connaissons.
En 1955 des femmes meurent encore en couche, des enfants meurent en bas âge.
Que dire de la médecine psychiatrique, on lui donnait encore le nom de la maison des Fous, nom que l'on entend parfois en 2017 pour St Avé (56).

les électrochocs sont encore pratiqués dans les années 1970.

Soigner l'autisme ou l'anorexie en 1956, et le guérir était alors aussi improbable que de gravir l'Anapurna sans oxygène. "Dans tout l'asile, on entendait des cris et des plaintes. le personnel semblait traverser les couloirs, sans but, le regard vide et sans plus d'expression que les pensionnaires. de nombreux malades se traînaient au sol et bavait sans que quiconque se soucie de les remettre debout ni de leur essuyer la bouche.p223"

Ainsi la construction du roman en deux époques, apparaît d'une grande finesse, et nous aide à bien comprendre que les premières observations empiriques, ont mis du temps à s'imposer, et que la connaissance de la maladie qui fait le cœur de l'ouvrage, n'était pas totalement explicitée en 1957.

Pour Gilles, autiste, cette lente conquête de l'autonomie a pu se faire grâce à Serge, le jardinier, qui lentement et en dehors de toute contrainte a patiemment réalisé son éducation. Une éducation assise sur les saisons, une éducation ancestrale, charnelle et terrienne. Rien ne presse, silence ça pousse lui dira Serge, ne fait aucun effort, ; dessines dans la terre, avec un râteau comme un pinceau.

Il se dégage du livre de Cathy Bonidan, une grâce, une minuscule légèreté de connivence, dans laquelle Gilles a trouvé une paix intérieure, une aisance, une gestuelle douce et simple qu'il a pu assimiler sans avoir à produire un labeur.

Pourtant comme en regard un autre drame se joue. Une enfant de treize ans, Béatrice, anorexique, était en train de sombrer, les traits se creusant, sa malice désertait son regard, pourquoi ? Son entourage ne comprend pas et aujourd'hui encore le malaise semble être prêt à frapper, ici ou là une jeune fille, face à la même stupeur des soignants.

Béatrice largement adaptée au milieu scolaire réussit ses études, lectrice elle découvre avec bonheur la littérature, mais devant son corps, devant la nourriture son esprit dévisse.

Comme gilles on retrouve Béatrice dans la deuxième partie, on apprendra son destin qui ne laissera qu'un immense point d'interrogation, pourquoi Béatrice s'est laissé glisser dans une détresse insondable.

L'itinéraire de Gilles, est essentiel, c'est l'espoir de vivre, la conquête de la liberté à travers la présence de Serge.


Dire le pourquoi de ce métier d'enseignante, c'est donner du sens à la présence, c'est effacer le trouble, ce sentiment toxique de solitude, cette gangrène inhérente à ceux qui sont tombés dans la spirale de l'anorexie.

Béatrice confrontée à son anorexie, est éprouvée par un manque de vie partagée, de reconnaissance paternelle, de capacité à s'abandonner à des gestes charnels, à son doudou. La priver de livres fut stupide l'encourager à lire dans les bras d'un autre ou d'une autre n'aurait pu que la rattacher à la vie.

« Je viens de fêter mes 14 ans. Quel bel âge, direz-vous ! Et que l'on est entouré d'une famille aimante et attentive.p101
Ce livre nous touche, la souffrance est là présente à fleur de mots.
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Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
Dans tout l'asile, on entendait des cris et des plaintes.
Le personnel semblait traverser les couloirs, sans but,
le regard vide et sans plus d'expression que les pensionnaires.
De nombreux malades se traînaient au sol et bavait sans que quiconque se soucie de les remettre debout ni de leur essuyer la bouche.
p 223
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J'ai décidé d'arreter le compte à rebours.
Je prends cette épée de Damoclès comme le handicap qui a fait de moi la personne que je suis auiourd' hui. Comme celui qui t'a cloué dans ce fauteuil et t'a transforme en l'homme merveilleux que tu es. Comme la stérilitë dAnne, comme la trop grande intelligence de Beatrice, comme l'autisme de Gilles et l'illettrisme de Serge, comme toutes ces tares que nous portons en nous, aussi lourdes que des croix, et qui tracent pourtant notre chemin.
Désormais, nous aurons tous en commun d'avoir un jour cessé d'élever notre ditférence en un rempart contre les autres et de nous être confrontes à notre destin.
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Le malade mental se comporte comme s'il se trouvait dans un trou noir et profond, sans issue, emprisonné là
à la fois à cause de ses angoisses
et à cause de l'indifférence des autres
qu'il ressent comme une hostilité délibérée à son égard.
p 209
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J'ai lu que Kanner affirmait que les autistes sont inaptes à développer des relations avec autrui et que Bleuter comparait cette maladie à "un repli sur soi permettant à celui qui en souffre de se détacher du monde réel pour se confiner dans un monde imaginaire..."
Cette théorie a beaucoup amusé Béatrice qui a affirmé que tous les lecteurs de romans, elle comprise, étaient sans aucun doute des autistes ! (p.80)
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Car le débile du centre doit bientôt partir pour l'asile.
Je ne sais pas vraiment ce que cache ce mot, mais je devine qu'il s'agit d'un lieu dont on ne sort jamais, un endroit qui nie toutes nos angoisses pour en grouper les signes sous une simple appellation : folie. (p.85)
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