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C'est peu dire que je les ai aimés, ces personnages ! Comme ils m'ont manqué, une fois la dernière page tournée!


La première partie se déroule dans les années 50, et nous découvrons la correspondance d'Anne, une jeune fille que sa « mauvaise conduite », à l'aune des principes de sa famille de notables bordelais, a contrainte à un éloignement temporaire : elle se retrouve à Paris dans un centre qui héberge des malades mentaux. Les lettres qu'elle adresse à son amie Lizzie, rapportent, entre deux confidences plus intimes, les observations d'Anne, qui découvre cet univers si particulier de la pathologie psychiatrique. Ses lettres alternent avec les pages laissées par une des pensionnaires, atteinte d'une anorexie grave. On suit aussi l'évolution d'un jeune autiste, qu'une thérapie qui s'ignore fera peut-être sortir de la «forteresse vide» qu'il habite .

C'est déjà passionnant à ce stade, avec l'évocation des balbutiements de la psychiatrie de l'enfant, des théories psychanalytiques sur l'autisme, qui malgré tout le mal qu'elles ont pu faire, ont eu le mérite de modifier le regard lapidaire sur ces « débiles », avant de laisser la place pour des conceptions à la fois plus scientifiques et plus novatrices. Et ce n'est pas fini, la recherche ressemble encore à un immense chantier de fouilles.

Quel bonheur, lorsque l'on passe à la deuxième partie, de faire connaissance avec Sophie, une jeune chercheuse en psychologie, qui se penche sur l'histoire du centre Falret…avec la quasi-certitude d'avoir des nouvelles, bonnes ou mauvaises, des amis qu'Anne nous avait fait découvrir dans ses lettres. Et de rencontrer d'autres personnages tout aussi attachants!

J'ai adoré, tant pour l'état des lieux de la psychiatrie du milieu du 20è siècle que pour l'empathie ressentie pour les acteurs de cette histoire, qui n'a pas manqué de me faire verser quelques larmes.


Très belle découverte et Chambre 128 programmée pour les lectures des jours à venir.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Paris, août 1956. Pour s'être mal comportée, Anne, jeune fille de 18 ans, est envoyée chez son oncle et sa tante, laissant derrière elle sa famille, sa meilleure amie, Lizzie, avec qui elle correspond, la ville de Cesnas et le lycée catholique. Si elle est surveillée par sa tante et sa cousine les premières semaines, elle travaille, depuis la mi-septembre, dans l'hôpital psychiatrique, dont son oncle est le directeur, afin d'y « purger sa peine ». Cette petite structure accueille des enfants et des adolescents pour de longs séjours. Elle y fera la connaissance de Béatrice, une anorexique qui tient un journal, de Gilles, atteint d'autisme que beaucoup qualifient de fou, de Serge, le jardinier taiseux et un brin bourru…
Ce ne seront que des décennies plus tard, en compagnie de Sophie, jeune femme étudiante dont le sujet de sa thèse porte sur les hôpitaux psychiatriques du siècle dernier, que l'on découvrira ce que sont devenus Anne, Lizzie, Béatrice ou encore Gilles…

Ce roman, composé de deux parties bien distinctes, nous fait entrevoir ce que pouvaient être les hôpitaux psychiatriques dans les années 50, plus précisément ceux traitant des troubles mentaux tels que l'autisme ou l'anorexie. Grâce au journal de Béatrice et aux lettres d'Anne, l'on découvre, peu à peu, le quotidien de ces malades, les soins plus ou moins adaptés, les souffrances et l'incompréhension, les balbutiements de la prise en charge psychiatrique.. Dans la seconde partie, Sophie va, de fil en aiguille, affiner son sujet de thèse pour s'intéresser de plus près au centre psychiatrique Falret et à ses occupants, ayant, par un heureux hasard, accès à certains documents, aussi bien médicaux que certaines lettres d'Anne. Aux notes tendres, délicates, parfois surannées, suaves, ce parfum de l'hellébore envoûte tout autant qu'il émeut. Aussi bien de par son sujet, passionnant et original, sa forme, alternant missives, journal et récit, que ses personnages. Des personnages particulièrement touchants, d'une profonde humanité, que Cathy Bonidan dépeint avec affection et sensibilité. Que ce soit Gilles, Béatrice, Serge ou encore les deux frères que Sophie va rencontrer, tous avec leurs chagrins, leurs espoirs, leurs souffrances, leurs fêlures…
Un roman émouvant et lumineux...
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Coup de coeur pour ce livre. C'est dans le centre psychiatrique Falret dans les années 60 que l'on fait connaissance de Gilles petit garçon autiste, de Béatrice jeune fille de 13 ans atteinte d'anorexie, d'Anne, nièce du directeur de ce centre et envoyée dans ce centre pour aider son oncle et "réparé" ses écarts de conduite, et de Serge le jardinier. C'est à travers le regard d'Anne et de sa correspondance avec sa meilleure amie Lizzlie et du journal de Béatrice que nous suivons la vie de Gilles et ses rapports avec les autres. C'est bouleversant.
La deuxième partie du livre se déroule une cinquantaine d'années plus tard. Nous rencontrons Sophie, jeune universitaire, qui écrit sa thèse sur les troubles psychiques. Elle va avoir accès à des documents "anciens" ce qui va nous relier à nouveau à Anne, Béatrice, Gilles et Serge.
Cathy Bonidan décrit les émotions de façon remarquable. J'ai ressenti les craintes, les colères, les troubles d'Anne et je dois dire que je suis admirative devant son talent à nous plonger dans cet univers.
J'ai vraiment eu l'impression d'être auprès d'Anne.
C'est le deuxième livre que je lis de Cathy Bonidan et je ressens comme pour "Victor Kessler n'a pas tout dit" beaucoup d'émotions. Cathy Bonidan sait rendre ses personnages passionnants, attachants. C'est un vrai plaisir que de passer un moment avec elle. Merci beaucoup, je vais surveiller avec attention la sortie de votre prochain roman.
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J'ai lu le parfum de l'hellébore parce que la chronique de Yaena (qu'elle m'a signalée, et je l'en remercie encore) m'en a donné l'urgente envie sur Babelio... et j'ai été bouleversée. C'est un livre qui se passe à deux époques successives, fin des années 1950 puis époque actuelle. L'hellébore, c'est l'"herbe aux fous", et le point commun entre les différents personnages des deux époques est un centre psychiatrique pour adolescents : patients hospitalisés, jeune stagiaire, médecins, jardinier, chercheuse en sciences sociales, ouvrier, les personnages et leur entourage (dont je ne vous révèle pas la ou les époques respectives) ont tous un lien avec ce centre, lien qui s'organise autour du fil conducteur d'une jeune fille anorexique qui y a fait un séjour.

Au fur et à mesure de ce roman, on rit, on pleure, on tremble, on se désespère et on espère, en même temps que les personnages. Il est construit d'une manière qui fait résonner les histoires les unes avec les autres, notamment les histoires d'amour, en laissant des parallèles se faire à l'insu des personnages. Je sais bien ce qu'un psychanalyste en dirait : c'est le travail de l'inconscient. Mais je sais aussi ce qu'un lecteur en dit : c'est tout ce qui fait l'épaisseur d'un bon livre... car c'est un bon livre, bien écrit, qui nous fait passer par toutes les émotions.

Mais ce qui m'a frappée aussi, c'est le parallèle désolant entre le tournant qu'a pris la psychiatrie des années 1950 et celui d'aujourd'hui. A la fin des années 1950, les personnages découvrent, accablés, qu'il y a encore des hôpitaux qui laissent les patients à l'abandon, isolés, sans interlocuteurs capables d'écouter ce que dit leur folie, mais déjà assommés de psychotropes, que l'on venait de découvrir. Mais il y avait aussi des centres et des thérapeutes qui essayaient d'écouter, qui étaient attentifs à la relation humaine, qui cherchaient d'autres voies, ce qui était porteur d'espoir : c'est tout le sens du Parfum de l'hellébore. Aujourd'hui, par un bizarre retour de bâton, les patients qui étaient dans ces hôpitaux désastreux peuplent les prisons, les psychotropes ont pris la place que l'on sait dans les hôpitaux, et on ne parle plus de folie mais de troubles (comme si on voulait en évacuer la charge d'angoisse et d'individualité), de lien mais de protocole, d'écoute mais d'évaluation, on ne veut plus briser les chaînes mais enfermer au nom d'une illusion sécuritaire... "On juge du degré de civilisation d'une société à la façon dont elle traite ses fous", disaient les psychiatres de l'après-guerre. L'avons-nous déjà oublié ? le parfum de l'hellébore nous incite à y revenir et à ne surtout pas oublier.
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Voici un premier roman bâti en deux parties.
Dans la première, l'action se situe à la fin des années cinquante et dans la seconde c'est notre époque qui y sert de décor.

J'y ai donc trouvé deux ambiances différentes dues bien sûr au contexte historique, mais j'y ai également trouvé deux traitements romanesques différents. Autant le premier a emporté ma totale adhésion (construction basée sur un journal intime et sur des échanges épistolaires) et la lecture en fut rapide et addictive, autant le second m'a passablement ennuyée avec sa construction lente, ses retenues d'informations distillées au compte-gouttes (procédé ronronnant)et son histoire d'amour prévisible et sans intérêt.

Malgré ce bémol, cette lecture fut pour moi intéressante grâce au thème développé ici, la « folie » et le fonctionnement des asiles psychiatriques de l'époque. Un bilan mitigé donc mais pas négatif.

Anne, jeune fille de dix-huit ans, se voit contrainte par sa famille d'aller vivre chez son oncle à Paris. Là, elle aidera à l'administration de l'asile psychiatrique dont son oncle est le directeur. Peu à peu, elle s'intéressera aux patients et à leur pathologie, et en particulier à deux d'entre-eux : Gilles un jeune autiste et Béatrice jeune fille anorexique...
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Ecriture délicate pour un sujet délicat : l'internement en centre psychiatrique dans les années 1950.

La première partie est constituée du journal intime d'une adolescente anorexique hospitalisée dans le centre psychiatrique Falret par sa famille et de lettres de la nièce du directeur, employée au centre, à sa meilleure amie restée au pays !

Deux visions des mêmes choses et deux âmes perdues, esseulées qui vont se rencontrer et venir en aide à un jeune autiste.

La seconde partie se déroule de nos jours. Sophie est étudiante en psychologie et prépare une thèse sur les conditions d'internement des adolescents et jeunes adultes dans les centres psychiatriques et plus particulièrement au centre Falret, fermé depuis, et auquel elle a eu accès. Elle retrouve une partie du journal de Béatrice et avec l'aide de deux frères rencontrés à cette occasion, elle va partir en quête du destin des deux jeunes filles !

Une plume simple et sobre qui traite avec délicatesse des personnalités torturées d'adolescentes en conflit avec leurs familles ! Roman très poignant par moment, très humain et réaliste, aussi est-il difficile de ne pas s'attacher à tous les personnages quelle que soit l'époque !

Seconde lecture de Cathy Bonidan qui confirme ce que j'avais ressenti avec Chambre 128.

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Il est étrange de commencer en 1956, cette fiction, « Le Parfum de l'Hellébore », qui se déroule en milieu hospitalier. L'auteur Cathy Bonidan est vannetaise. En janvier 1955 une épidémie de variole se déclare à Vannes faisant une vingtaine de morts, dont le Dr Grosse. Parmi les victimes plusieurs jeunes filles. L'épidémie sera éteinte grâce à une vaccination de masse sur toute la Bretagne.

Ces faits encore présents dans la mémoire collective soulignent que la médecine en 1956 est très éloignée de celle que nous connaissons.
En 1955 des femmes meurent encore en couche, des enfants meurent en bas âge.
Que dire de la médecine psychiatrique, on lui donnait encore le nom de la maison des Fous, nom que l'on entend parfois en 2017 pour St Avé (56).

les électrochocs sont encore pratiqués dans les années 1970.

Soigner l'autisme ou l'anorexie en 1956, et le guérir était alors aussi improbable que de gravir l'Anapurna sans oxygène. "Dans tout l'asile, on entendait des cris et des plaintes. le personnel semblait traverser les couloirs, sans but, le regard vide et sans plus d'expression que les pensionnaires. de nombreux malades se traînaient au sol et bavait sans que quiconque se soucie de les remettre debout ni de leur essuyer la bouche.p223"

Ainsi la construction du roman en deux époques, apparaît d'une grande finesse, et nous aide à bien comprendre que les premières observations empiriques, ont mis du temps à s'imposer, et que la connaissance de la maladie qui fait le cœur de l'ouvrage, n'était pas totalement explicitée en 1957.

Pour Gilles, autiste, cette lente conquête de l'autonomie a pu se faire grâce à Serge, le jardinier, qui lentement et en dehors de toute contrainte a patiemment réalisé son éducation. Une éducation assise sur les saisons, une éducation ancestrale, charnelle et terrienne. Rien ne presse, silence ça pousse lui dira Serge, ne fait aucun effort, ; dessines dans la terre, avec un râteau comme un pinceau.

Il se dégage du livre de Cathy Bonidan, une grâce, une minuscule légèreté de connivence, dans laquelle Gilles a trouvé une paix intérieure, une aisance, une gestuelle douce et simple qu'il a pu assimiler sans avoir à produire un labeur.

Pourtant comme en regard un autre drame se joue. Une enfant de treize ans, Béatrice, anorexique, était en train de sombrer, les traits se creusant, sa malice désertait son regard, pourquoi ? Son entourage ne comprend pas et aujourd'hui encore le malaise semble être prêt à frapper, ici ou là une jeune fille, face à la même stupeur des soignants.

Béatrice largement adaptée au milieu scolaire réussit ses études, lectrice elle découvre avec bonheur la littérature, mais devant son corps, devant la nourriture son esprit dévisse.

Comme gilles on retrouve Béatrice dans la deuxième partie, on apprendra son destin qui ne laissera qu'un immense point d'interrogation, pourquoi Béatrice s'est laissé glisser dans une détresse insondable.

L'itinéraire de Gilles, est essentiel, c'est l'espoir de vivre, la conquête de la liberté à travers la présence de Serge.


Dire le pourquoi de ce métier d'enseignante, c'est donner du sens à la présence, c'est effacer le trouble, ce sentiment toxique de solitude, cette gangrène inhérente à ceux qui sont tombés dans la spirale de l'anorexie.

Béatrice confrontée à son anorexie, est éprouvée par un manque de vie partagée, de reconnaissance paternelle, de capacité à s'abandonner à des gestes charnels, à son doudou. La priver de livres fut stupide l'encourager à lire dans les bras d'un autre ou d'une autre n'aurait pu que la rattacher à la vie.

« Je viens de fêter mes 14 ans. Quel bel âge, direz-vous ! Et que l'on est entouré d'une famille aimante et attentive.p101
Ce livre nous touche, la souffrance est là présente à fleur de mots.
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Le parfum de l'Hellébore est un roman que l'on peut qualifier de confidentiel. On a l'impression au fil de la lecture de partager des moments d'intimité avec les personnages. Cela tient, entre autre, au choix de l'auteur de raconter cette histoire en utilisant une correspondance et un journal intime, deux formes très personnelles d'écriture. Ces échanges épistolaires nous donnent une place de confident.

Dans la première partie du roman nous découvrons Anne, une jeune fille de bonne famille, qui suite à son comportement, est envoyée en punition chez son oncle à Paris. Ce dernier dirige un hôpital psychiatrique : le centre Falret où Anne va travailler en plus de ses études. Dans les lettres qu'elle rédige à l'attention de sa meilleure amie elle décrit le centre, ses résidents et leurs pathologies. S'ajoutent aux lettres d'Anne, le journal intime de Béatrice, une jeune résidente anorexique à l'intelligence vive. Les deux jeunes filles vont vite se trouver un centre d'intérêt commun : Gilles un jeune patient autiste que personne ne semble pouvoir aider et un jardinier taiseux, véritable homme des bois qui semble pourtant avoir réussi à établir un contact avec le jeune garçon.
Pas de vision globale de cette histoire donc, ni de personnage omniscient mais une même histoire vue à travers les yeux de plusieurs personnages aux personnalités particulièrement réalistes.

Puis l'auteur nous impose une coupure brutale : changement d'époque, de lieu, de décor, de personnages. On revient alors à une construction plus classique : on suit Sophie, le personnage principal de cette deuxième partie. Malgré ce brusque changement de rythme la jonction entre les 2 parties est réussie et la frustration de quitter nos personnages, maintenant familiers, pour une inconnue ne dure pas. Les histoires se croisent et se rejoignent. Notre curiosité est piquée au vif, qu'adviendra-t-il des résidents du centre ? Quelles sont les causes de l'exil de notre héroïne Anne ? Et concernant Sophie quel est ce non-dit dont on devine l'existence ?

Malgré la gravité du sujet abordé ce premier roman de Cathy BONIDAN est une belle réussite. Elle a su traiter le sujet de la maladie mentale avec pudeur et délicatesse. Ce roman nous rappelle que faire preuve d'humanité peut se révéler bien plus efficace que toutes les connaissances scientifiques que l'Homme possède. Et puis en pointillé, distillés subtilement tout au long du roman par petites touches, il y a ces rappels sur la place de la femme dans notre société d'hier et d'aujourd'hui et sur les combats menés.

En résumé un roman construit de manière étonnante mais très habile et un sujet traité avec beaucoup de justesse dans les sentiments, sans voyeurisme ni mièvrerie.
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Le parfum de l'Hellébore est comme une boite de chocolats à déguster.

Je découvre le synopsis et sais d'avance que je vais passer un merveilleux moment avec tous les personnages qui attendent à l'intérieur. Une plume magnifique, tellement sincère, profonde et émouvante, qu'il m'était presque impossible de m'arrêter, ne serait-ce que pour me prendre un petit en-cas. Tout au long de ma lecture, j'ai ressenti énormément d'émotions. Je me suis sentie si petite, si timide et proche en même temps de tous ces pensionnaires, avec cette sensation d'entrer, malgré moi, dans leur intimité ; mais, ce besoin d'en découvrir plus était là. Faut dire que le sujet principal qui n'est pas anodin du tout était traité et vu différemment dans une époque, les années 60, où les méthodes et pratiques étaient quelques peu différentes d'aujourd'hui. Et c'est donc avec un regard extérieur que je découvre la psychiatrie infantile ; sous l'oeil avisé et d'une volonté exceptionnelle de nos deux héroïnes du roman, Anna et Béatrice, que nous allons suivre à travers un journal intime et sous forme d'échange épistolaire, Gilles, un jeune garçon, autiste, âgé de onze ans, impossible à gérer et Serge, un taciturne jardinier qui préfère rester dans son coin à prendre soin de ses plantes.

Cathy Bonidan a divisé le roman en deux parties. Dans la première partie, nous sommes dans les années 60. On fait la connaissance d'Anne, 18 ans, fille de bonne famille, qui vient de se faire hospitaliser dans le centre psychiatrique où travaille son oncle, directeur. Grosso modo, elle n'est pas malade mais la relation avec ses parents devenait trop conflictuelle, il était donc nécessaire, pour elle, de s'éloigner d'eux. C'est ainsi que la jeune femme, décide de perdre du poids, faisant croire par là, que son problème était anorexique. le subterfuge fonctionne puisqu'elle se fait interner. Sur place, elle fait la connaissance de Béatrice,13 ans, réellement anorexique mais qui n'a pas trop l'air de s'en soucier plus que ça. Toutes les deux vont se lier d'amitié et chacune dans son côté sera dans la phase observation et écriture.
Pis dans l'autre moitié du livre, nous nous retrouvons 60 ans après où nous faisons connaissance de Sophie, une étudiante qui doit terminer sa thèse sur ce centre psychiatrique, avec l'espoir de retrouver des archives, ou peut-être mieux encore.

Pour ma part, je suis réellement admirative de la manière dont l'auteure apporte tout cela : finesse et intelligence. Sophie fera connaissance d'un passé où les destins vont se croiser et faire impact sur sa vie actuelle avec une pointe d'espoir qui viendra, peut-être, sublimer son présent. Pour moi, en tant que lectrice, c'est une véritable claque que je vous recommande !
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Premier roman de Cathy Bonidan, institutrice de Vannes et déjà quel talent! Un sujet difficile pourtant, celui de l'internement en centre psychiatrique des jeunes "difficiles" dans les années cinquante. Un sujet que l'auteure maîtrise parfaitement, après un long travail de documentation.

Le titre vient de la fleur de l'hellébore, qu'on appelait "herbe aux fous" et censée soigner la folie dans l'Antiquité.

En effet le livre va nous entraîner dans les milieux psychiatriques et dans le vécu de plusieurs personnes qui seront soignants ou internés dans le centre psychiatrique Falret, centre avant-gardiste à l'époque. Un établissement qui sort de l'imagination de l'auteure mais qui reste réaliste compte tenu de la médecine de l'époque.

Dans ce centre, deux jeunes femmes au parcours différent a priori: Anne, qui vient de louper son bac, envoyée pour "aider" son oncle directeur du Centre, on comprend par la suite qu'elle a été envoyée là pour l'éloigner de certaines fréquentations, et Béatrice, jeune fille de quatorze ans, qui souffre d'anorexie.
Les deux jeunes filles vont sympathiser rapidement et observer le jeune Gilles, onze ans, au comportement étrange qui lui vaut le qualificatif de "débile" nom donné par les autres patients. Gilles souffre d'autisme et ne peut bénéficier de soins appropriés compte tenu des connaissances de l'époque.

Toutefois c'est seulement en présence du jardinier, Serge, que Gilles parvient à s'exprimer. Gilles est fasciné par les activités du jardinage. C'est le seul moment où Gilles arrive à communiquer avec le monde extérieur et cesse ses crises.


Nous découvrons le comportement de Gilles au travers des lettres que Anne envoie à son amie Lizzie, restée à Bordeaux. Béatrice, quant à elle, tient un journal et ce journal nous permet de comprendre comment elle vit sa maladie d'anorexie, on voit sa vision du monde. Elle ne se rend pas compte de ce qui lui arrive. Son besoin de contrôle est si grand qu'il la conduit à nier sa maladie et à la présenter comme un choix.

Soixante ans plus tard, Sophie, jeune étudiante en psychologie, tombe sur le journal de Béatrice et va mener une enquête pour découvrir ce que chacun de ces personnages est devenu.
Qu'est devenu Gilles? Est-il resté longtemps dans le Centre Falret? Pourquoi le journal de Béatrice s'arrête-t-il l'été de ses quatorze ans? Anne et le jardinier Serge réussiront-ils à sauver les deux jeunes?
Pour trouver la réponse à ces questions, Sophie va retrouver la trace de Lizzie qui était à l'époque l'amie et correspondante de Anne.
Sophie a du mal par ailleurs à mener sa vie de femme et son entrée dans la vie professionnelle.

Tous ces personnages sont des êtres en construction et nous entrainent au coeur de leurs doutes et de leurs aspirations parfois contradictoires...

Les destins de ces personnages vont se croiser et le dénouement, magnifique, va nous donner une lueur d'espoir.
J'ai été particulièrement sensible à la manière dont l'auteure parvient à réunir des êtres décalés qui tentent d'avancer malgré leur héritage génétique, leur passé familial, leur éducation et la manière dont ils arrivent à se créer leur parcours. Tout cela avec toujours de la justesse dans les émotions et les sentiments.
Sans doute mon roman préféré pour cette année...


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