Les Pompiers Pyromanes/
Pascal Boniface
Je m'attendais à un tout autre contenu en lisant ce livre : le titre me semblait attractif et me laissait entrevoir un débat de fond sur le rôle hasardeux et préjudiciable de certains médias. Au lieu de quoi je suis astreint à lire la philippique enflammée d'un contempteur tout azimut.
Beaucoup de mots pour une battologie oiseuse traduisant une certaine forme de paranoïa. Oui, l'auteur semble sentir peser sur lui comme un complot qui se traduit dans son livre par un délire de persécution aboutissant à une violente diatribe de tous les instants à l'encontre nommément de tel ou tel journaliste ou intellectuel qui ne pense pas comme lui.
Il règle ses comptes avec tout un chacun et les attaques n'étant que faiblement argumentées, le débat qui devait s'ouvrir reste au ras des pâquerettes. Je dirai que le titre de l'ouvrage est racoleur pour des vaticinations à longueur de page.
Quand on veut défendre une thèse soutenant que l'Islam n'est pas l'ennemi de la laïcité, il faut quand même être plus persuasif que ne l'est l'auteur. Et ce n'est qu'un exemple.
Quant aux outrances, elles fourmillent : évoquant l'un de ses adversaires journalistes qui refuserait le débat public, M. Boniface écrit : « Il aboie, il jappe, mais ne vient pas combattre. Il montre les dents, mais il s'enfuit en courant dès qu'il s'approche. Il veut jouer les molosses. Ce n'est qu'un roquet castré. »
Invectives, insultes, le niveau reste bas pour un sujet aussi grave que l'intolérance qui est traduite dans l'antisémitisme et l'islamophobie.
Et que vient faire ici une ex –vedette du show bizz qui s'est vu interdire de spectacle en raison de son antisémitisme avéré ? Réellement déplacé.
Et au fil des pages c'est la même vindicte qui s'exprime, à croire que M. Boniface n'a que des ennemis. Et si c'était vrai ? Bizarre non ?
À aucun moment, l'auteur ne laisse place dans son propos à une perspective de conciliation avec ses opposants. Non, il faut les détruire au moyen de phrases assassines et haineuses, jalouses parfois, sectaires et tortueuses.
C'est un livre qui évoque sans recherche aucune l'antisémitisme et l'islamophobie et qui irrite, qui agace, et qui in fine lasse à force de règlements de compte.
Parlant d'une journaliste qu'il ne porte pas dans son coeur : « Il ne faudrait pas qu'elle se morde la langue. Elle risquerait la mort subite par absorption d'un venin mortel. »
Il n'est pas douteux que M. Boniface éprouve quelque sympathie pour Dieudonné (voir page 126) et pour le Qatar qui pour lui fait figure de bienfaiteur. Il n'est pas contre le port du voile en France. Ces assertions ont au moins l'avantage de situer l'auteur.
Pendant les 250 pages dont je suis allé jusqu'au bout sans sourciller mais avec peine, M.Boniface accuse les médias de tous les maux sans jamais apporter un remède, une esquisse de solution. Aucune analyse sérieuse, même si dans de rares éclaircies une vérité passe subrepticement, mais pour vite être noyée dans le vitriol à flux tendu de ses vindictes à tout vent. Querelles de bas étages et mesquineries en tout genre se succèdent et Monsieur Boniface s'enferme dans une dialectique qui tourne à la névrose obsessionnelle de critiques en tout genre.
En vérité, que l'on aime ou pas Bernard-Henry Lévy, que cela apporte-t-il au moulin de la vérité de s'acharner avec une vigueur peu commune conte ce philosophe dilettante ? Chacun pense ce qu'il veut de BHL, nous n'avons pas besoin d'un guide spirituel pour nous indiquer la voie à suivre.
Oui, décidément, tout cela vole bien bas et j'ai vu arriver la fin du livre avec soulagement.
Monsieur Boniface nous a parlé de tout : la théorie du complot, des lobbies pro-israéliens, des bienfaits du Qatar, des faussaires sans scrupules des médias, la place des musulmans en France, du conflit israélo-palestinien,…et finalement de rien.
En définitive, je pense sincèrement que le plus grand pyromane, c'est
Pascal Boniface lui-même qui a ravivé un incendie qui couvait sous la braise. Il apparaît que M.Boniface est le seul à détenir la vérité et cela lui permet même de penser pour les autres.
« Heureusement d'ailleurs que je ne parle pas de BHL à chaque fois qu'il dit ou fait une connerie, ça serait un boulot à temps plein. » Chacun jugera de la portée.