L'expulsion

Pour Mamadou, ces deux semaines vécues loin de sa famille furent finalement très agréables. Il eut la chance de vivre chaque soir chez un copain, une famille et un monde différents, dans un logement plus ou moins grand, allant du deux-pièces au vaste appartement bourgeois, ans un univers toujours à part et surprenant, parfumé d'odeurs de cuisines variées.
C'est à l'occasion de ces quinze jours de cohabitation qu'il réalisa combien l'équipe constituait une véritable mosaïque humaine, un assemblage de chrétiens, de laïques, de musulmans, de juifs, de blancs, de noirs...
Presque tout le monde entier était représenté dans le groupe, et quand j'en avais parlé avec lui, on s'était demandé pourquoi des gens se faisaient la guerre sur terre à cause de leurs différences. C'est justement parce qu'on était tous différents qu'on s'entendait super bien et qu'on pouvait former ensemble une équipe. Si on avait été tous pareils, conçus dans le même moule, on aurait tous voulu être gardien, arrière ou avant, et jamais on aurait pu joueur les uns avec les autres. Au sein de l'équipe, il y avait des grands, des petits, des massifs, des fluets, des rapides, des rugueux, des techniciens, et c'est la réunion de toutes ces caractéristiques qui créait notre force et notre richesse.

Dans le car, on était partagés entre l'envie de faire les pitres et notre peur prédominante d'être désignés comme remplaçants si l’entraîneur nous jugeait trop dissipés. Du coup, on se tenait plutôt sagement, à la grande surprise du chauffeur.