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Citations sur Atopia, petit observatoire de littérature décalée (8)

Préface de Antoni Casas Ros
La chair sous les masques. Ces écrivains travaillent en-deçà de la peau du monde et des êtres. Ils incisent les surfaces lisses de la réalité objective, de l'ordre, de ce que nous osons appeler "démocratie" qui n'est qu'un vaste mensonge partagé par les masques sans regard.
(...) la littérature la plus profonde détruit toute illusion pour nous faire toucher les nerfs, le sang et l'os de la beauté et de sa soeur siamoise, l'horreur.
(...) L'écrivain est celui qui résiste jusqu'au bout, par le mot, le silence, la virgule ou le point final.
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Mario Vargas Llosa : L’individu face à lui-même extrait du livre : La vérité par le mensonge.

Les hommes ne sont pas contents de leur sort et presque tous, riches ou pauvres, géniaux ou médiocres, célèbres ou obscurs, voudraient avoir une vie différente de celles qu’ils mènent. C’est pour satisfaire – frauduleusement – cet appétit que sont nées les fictions. Elles s’écrivent et se lisent pour que des êtres humains aient les existences qu’ils ne se résignent pas à ne pas avoir. Dans l’embryon de tout roman frémit une insatisfaction, palpite un désir inassouvi.
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La lecture constitue un refuge, un moyen d’échapper au réel et de le nier. On vit ou on lit. Le temps de la lecture est parallèle à celui de la marche de la société : quand on lit, on ne travaille pas, on n’agit pas ; lire installe le lecteur en état de suspension, en décalage par rapport au monde et constitue une activité la plupart du temps solitaire, asociale. Elle exige en outre une telle concentration qu’il est impossible au lecteur de s’intéresser à ce qui l’entoure. S’il a bien besoin de ses yeux pour parcourir les lignes, il doit faire abstraction des ses autres sens et, selon les mots de Gabriel Josipovic, « permettre au silence d’entourer [sa] lecture ».
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En France, il est toujours difficile d’établir une distinction entre cette littérature ambitieuse et la littérature de masse. Dans tous les arts, les hiérarchies sont admises, sauf en littérature. Un livre est un livre. La tautologie est implacable. Les bonnes âmes s’offusquent lorsque le malencontreux critique – un élitiste à coup sûr ! – ose affirmer qu’il n’y a rien de semblable entre un roman de Douglas Kennedy et un roman de William T. Vollmann. Comme le faisait pourtant remarquer Pierre Jourde dans La Littérature sans estomac, il ne s’agit pas d’établir un jugement de valeur, mais de « définir un horizon d’attente. » Établir des distinctions, ce n’est pas forcément hiérarchiser et mépriser : c’est seulement différencier. C’est sans doute parce que toute pensée fascisante se construit sur des distinctions hiérarchiques (le chef et le peuple, l’Aryen et le Juif, le maître et l’esclave…) que l’on craint tant aujourd’hui de différencier. Le verbe « discriminer » qui, à l’origine, signifie simplement « différencier » s’est ainsi chargé d’une valeur négative. La volonté d’égaliser est pourtant dangereuse, d’une part parce qu’elle nivelle dans la médiocrité et d’autre part, parce qu’à force de nier d’évidentes différences, elle finit par donner raison à ceux qui veulent hiérarchiser celles-ci. Il me semble ainsi salutaire de distinguer la littérature ambitieuse de la littérature de masse.
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À propos du livre Le partage des eaux d'Alejo Carpentier :

Même la sexualité de Rosario est pure de toute contamination culturelle. Ses étreintes sont rapides et brutales ; Rosario baise, elle ne fait pas l’amour. Faire l’amour, c’est rester extérieur à la sexualité, c’est être appliqué et obéir à quelques principes moraux. Lorsque deux personnes font l’amour, elles conservent leur ipséité. Or, la sexualité ne s’épanouit que dans l’oubli de soi, de sa dignité : sexualité et dignité sont incompatibles. Georges Bataille écrivait dans L’Érotisme que celui qui ne saurait pas du tout en quoi consiste la jouissance sexuelle verrait dans celle d’une femme « l’analogue de la rage des chiens. » La sexualité implique l’exacerbation de tous les sens, elle est l’acte physique complet que les valeurs sociales ou morales ne peuvent qu’altérer. Le paradoxe de la sexualité, c’est qu’elle est à la fois bestiale et humaine. Elle est bestiale parce qu’elle est l’expression du corps, le déchaînement de ses parties animales ; elle est humaine parce qu’elle n’est pas la satisfaction d’un besoin, mais quête du plaisir et que cela exige la mise en branle de l’intelligence au service du corps. En ce sens, l’homme est le seul animal érotique. Avec Rosario, le narrateur découvre la signification du verbe « baiser » et connaît pour la première fois l’exaltation de la chair.
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Seule la poésie offre une voie d’accès à l’être. Le langage quotidien nous ferme cet accès.
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Le bonheur réside dans l’inconscience et ce qui importe est de ne jamais penser, de vivre dans l’oubli de soi. La pensée est inconfortable, elle condamne à l’atopia, à ce sentiment d’inquiétante étrangeté ressenti face au quotidien.
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Toute littérature ambitieuse est décalée parce qu’elle cherche à aller au-delà des apparences et à dévoiler un mal-être qu’on ne perçoit pas ou qu’on ne veut pas voir (…) Elle a pour but de dé-ranger et de renvoyer le lecteur à sa propre singularité, le forçant ainsi à s’interroger sur le monde et sur lui-même.
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