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EAN : 9782070456253
336 pages
Gallimard (27/02/2014)
4.25/5   8 notes
Résumé :


Ce nouveau livre d'Yves Bonnefoy en Poésie/Gallimard regroupe ses trois derniers écrits poétiques qui mêlent poèmes, proses et réflexions critiques, la poésie étant ainsi toujours escortée par la poétique qui l'explicite et la légitime.

Dans La longue chaîne de l'ancre, Yves Bonnefoy explore le rapport de l'écriture en vers et de l'écriture en prose, le passage entre l'une et l'autre se découvrant dans des régions subconscientes dont ... >Voir plus
Que lire après L'Heure présente/La Longue Chaîne de l'ancre/Le DigammaVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Le tâtonnement poétique d'Yves Bonnefoy s'est achevé. Qu'a-t-il cherché? Etreindre l'horizon, le questionner, saisir ici et maintenant le mystère d'être, marcher dans les pas des ombres qui s'étirent à l'infini, mettre en scène l'essentiel frisson des mots. Des images dont on ne sait jamais si elles sont des reflets de la réalité ou des délires de la rêverie frappent le lecteur, qui, avec le poète, reste sur le seuil du sens, perçoit ce que les détails ont de sacré et ridicule : des enfants qui portent des ballons sur une route américaine, Adam et Eve chassés du jardin se découvrant l'un l'autre et inventant les mots, des scènes d'Hamlet qui s'éparpillent et s'effondrent, tout un monde surgi de presque rien et bientôt de retour dans le vide mais qui seul donne du sens au passage incongru de l'homme sur la terre.
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Les mots sont denses, et le propos infini. Dégagé de tout horizon religieux, l'ensemble a quelque chose d'un livre de prières écrites en l'honneur de la vie. le ton est grave, mais léger, et d'une sérénité qui ne nie pas la nuit - une nuit que le verbe auréole.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
LE PEINTRE DONT LE NOM
EST LA NEIGE
I

Quelle pourpre là-bas, du côté effondré du ciel !

La neige est donc venue cette nuit avec dans ses mains la couleur.

Tout ce qu’elle répand se nomme silence.

Adam et Ève passent sur le chemin, chaudement vêtus. Leurs pas ne font aucun bruit dans la neige qui couvre l’herbe.

Et la brume écarte pour eux de légers rideaux, c’est une salle parmi les arbres, puis c’en est une autre et une autre encore.

Un écureuil s’ébroue, de trop de lumière.

Personne n’est jamais venu dans ces bois, pas même celui qui donne nom et s’angoisse d’avoir donné nom et en meurt,

Dieu qui n’est plus que la neige.

p.81
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JE TE DONNE CES VERS...

Je te donne ces vers, non parce que ton nom
Puisse jamais fleurir dans ce sol pauvre,
Mais parce que tenter de se souvenir,
Ce sont des fleurs coupées, ce qui a du sens.

D'aucuns disent, perdus dans leur rêve, « une fleur »,
Mais c'est ne pas savoir que les mots tranchent,
S'ils croient le désigner, dans ce qu'ils nomment,
Transmutant toute fleur en idée de fleur.

Cisaillée la vraie fleur se fait métaphore,
Cette sève qui coule, c'est le temps
Qui achève de se déprendre de son rêve.

Qui veut avoir, parfois, la visite se doit
D'aimer dans un bouquet qu'il n'ait qu'une heure,
La beauté n'est offrande qu'à ce prix.


(extrait de "Raturer outre") - p.160
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Être
Comme une voix s'immobilise au sommet du chant,
Où d'autres la rejoignent. Un livre
Dont toutes les pages sont blanches.
D'aucuns diraient : voici des mains qui tiennent un livre,
D'autres : toutes les pages sont blanches.
D'autres : la beauté aujourd'hui,
Rien que cette eau toujours à se briser sur la plage.
Rien que sa frange d'écume.

(extrait de "Le désordre") p.15
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LE PEINTRE DONT LE NOM
EST LA NEIGE
III


Et à des moments je ne vois plus rien que ma chaussure
qui troue la blancheur crissante. Le bleu vif des lacets,
l’ocre de la toile, d'un grain serré, les marques brunes
qu’y laisse la neige qui s’en détache dès que mon pas
s’en dégage pour me porter en avant, dans des remous
de lumière.

Le peintre qui se nomme la neige a bien travaillé, ce
matin encore. Il a rajeuni le dessin des branches, le ciel
est un enfant qui court en riant vers moi, je resserre
autour de son cou la grosse écharpe de laine.

p.83
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La Longue Chaîne de l'ancre /Presque dix-neuf sonnets

À L'AUTEUR DE « LA NUIT »


Il entra dans sa tombe avant sa mort.
C'était sa ville de chaque soir mais dépeuplée.
Noire la grande porte. Quelques passants
Au loin, encore. Puis personne, dans la nuit.

Il suivit une rue, puis d'autres, d'autres.
Une charrette, une fois. Mais sans yeux
Le cocher, ni visage. Et à nouveau
Ne retentit que l'écho de ses pas.

Grilles qu'il secoua à des cours fermées,
Sonnettes éperdument, dont la rumeur
Se perdait dans les escaliers de maisons vides.

Il descendit des marches, vers un quai
Où un reste du fleuve coulait encore.
Il écouta le bruit se défaire du temps.

p.118
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Videos de Yves Bonnefoy (31) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Yves Bonnefoy
Les derniers livres d'Yves Bonnefoy (1923-2016) expriment son désir de transmettre le legs de la poésie par-delà la mort. « Lègue-nous de ne pas mourir désespéré », lit-on dans L'heure présente (2011). Quant à L'Écharpe rouge (2016), c'est un « livre de famille » testamentaire en même temps que l'histoire d'une vocation : « Il se trouve que j'étais apte à me vouer à l'emploi disons poétique de la parole… » La Pléiade fut pour Bonnefoy l'occasion de porter sur son oeuvre un regard ordonnateur. Il choisit le titre du volume, Oeuvres poétiques, sans céder sur son désir de faire figurer au sommaire quelques textes brefs que l'on qualifierait spontanément d'essais. Tous les livres ou recueils poétiques, vers, prose, ou vers et prose, sont présents. Bonnefoy ne se reniait pas ; il a souhaité donner dans les appendices quelques textes rares. Il a voulu aussi que soit présente son oeuvre de traducteur, de Shakespeare à Yeats, de Pétrarque à Leopardi. Enfin il a ouvert à ses éditeurs les portes de son atelier.
« Le souvenir est une voix brisée, On l'entend mal, même si on se penche. Et pourtant on écoute, et si longtemps Que parfois la vie passe. Et que la mort Déjà dit non à toute métaphore. » L'heure présente, Yves Bonnefoy
À lire – Yves Bonnefoy, Oeuvres poétiques – Coll. La Pléiade, Gallimard 13 avril 2023.
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