AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782021081947
332 pages
Seuil (21/02/2013)
4/5   2 notes
Résumé :
Les problèmes de la traduction de la poésie ne sont pas les mêmes que ceux des diverses formes de discours. Or, c’est remarquable, aucun des théoriciens de la traduction ne semble se poser cette question, ni Steiner, ni Ricœur, qui ne pensent qu’en termes de significations, ni même Antoine Berman. Seul Walter Benjamin a cherché à le faire, dans son essai fameux La Tâche du traducteur, mais ces pages obscures relèvent d’une métaphysique de la parole, non d’une analys... >Voir plus
Que lire après L'autre langue à portée de voixVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Yves Bonnefoy n'était pas seulement l'immense poète que l'on sait, ou encore l'éditorialiste et critique d'art engagé dans le dialogue des savoirs, il fut aussi un grand traducteur et auteur de nombreux essais sur la littérature. C'est ce que nous confirme l'ouvrage « L'autre langue à portée de voix » paru en 2013 aux éditions du Seuil. Ce livre est un recueil de préfaces, d'actes de colloques, de conférences, de publications extraites de diverses revues qui ont tous pour thème la traduction en poésie.

J'ai trouvé ce livre vraiment passionnant. On y retrouve la réflexion d'Yves Bonnefoy toujours aussi édifiante et lumineuse.
Parler de poésie suppose au préalable, celui de trouver une définition qui soit commune à chacun, de fixer comme un point de rencontre entre l'auteur et le lecteur (entre les lecteurs également). Pourtant, rien ne paraît aussi difficile… C'est par cette tentative qu'Yves Bonnefoy introduit son propos.

Que fait naître en nous la lecture d'un poème ? Qu'est-ce qui secrètement nous en rapproche ou nous en éloigne ? Pour Yves Bonnefoy, l'amour de la poésie ne saurait être qu'affaire d'émotion ou de sensibilité. L'intérêt pour la poésie nous parle plus profondément de notre rapport à nous-mêmes, au monde, mais aussi au langage, aux mots, à leur rythme, à leur familiarité mais aussi à leur étrangeté, de notre capacité à nous laisser emporter, surprendre.

Cette réflexion posée, Yves Bonnefoy aborde le sujet du livre : la traduction en poésie. Pour cela, il s'appuie sur son expérience personnelle (il a entre autres traduit Pétrarque, Leopardi et Yeats) mais évoque aussi celles de Baudelaire et de Mallarmé qui ont les premiers traduit la poésie d'Edgar Allan Poe. Autre exemple choisi, celui de la remarquable traduction de la Divine comédie par Jacqueline Risset.

Quels sont les ressorts mis en oeuvre dans le travail de traduction ? Quels sont les choix, les impératifs auxquels doit s'astreindre le traducteur ? Quelles sont aussi les limites du travail de traduction ? Quel rapport entretenir avec la spécificité d'une langue, avec ses concepts, son histoire, etc. ?

Mille questions qu'Yves Bonnefoy explore avec envie, avec passion. Sous tous les aspects du travail de la traduction, c'est le portrait saisissant de ces femmes et de ces hommes passionnés par la transmission du texte, de la poésie, qu'il nous offre.

« le traducteur se doit d'être un esprit libre, disais-je : mais la traduction, c'est une école de liberté. Et ne serait-il pas déjà ce que l'on appelle un poète, préoccupé de l'indéfait dans la chose, de l'immédiateté dans le rapport aux autres personnes, ce témoin d'un autre poète serait incité à en devenir un et puissamment aidé à y parvenir, les difficultés de sa tâche ne pouvant que l'ancrer toujours plus dans ce grand projet. Un paradoxe ? le paradoxe du traducteur ? Ce qui rend impossible la traduction de la poésie, c'est cela même qui suscite ou renforce en son traducteur qui en souffre une vocation de poète.

Et la compensation, la voici. le traducteur apprend à s'aventurer au profond de soi ; ou, s'il le fait déjà, comprend qu'il a pouvoir de le faire encore plus. La poésie s'est-elle perdue, dans les apories du traduire, non, elle n'a fait que se déplacer, au sein d'une oeuvre où on l'avait constatée vers un travail mené dans une autre vie, à tous ses moments, un travail qui, remarquons-le, approfondira en retour la traduction commencée, puisque la vocation à être poète est vite la liberté de regard qui porte au niveau des grands créateurs et alors les comprend à demi-mot : comme on dit quand on parle à d'autres avec le coeur plus que l'intellect. »

L'autre langue à portée de voix refermé, j'ai une pensée particulière pour tous les traducteurs, pour tous ces passeurs de mots, ces travailleurs de l'ombre connus et moins connus qui nous permettent de découvrir, d'apprécier la poésie d'hier et d'ailleurs.

.
Commenter  J’apprécie          264


Videos de Yves Bonnefoy (31) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Yves Bonnefoy
Les derniers livres d'Yves Bonnefoy (1923-2016) expriment son désir de transmettre le legs de la poésie par-delà la mort. « Lègue-nous de ne pas mourir désespéré », lit-on dans L'heure présente (2011). Quant à L'Écharpe rouge (2016), c'est un « livre de famille » testamentaire en même temps que l'histoire d'une vocation : « Il se trouve que j'étais apte à me vouer à l'emploi disons poétique de la parole… » La Pléiade fut pour Bonnefoy l'occasion de porter sur son oeuvre un regard ordonnateur. Il choisit le titre du volume, Oeuvres poétiques, sans céder sur son désir de faire figurer au sommaire quelques textes brefs que l'on qualifierait spontanément d'essais. Tous les livres ou recueils poétiques, vers, prose, ou vers et prose, sont présents. Bonnefoy ne se reniait pas ; il a souhaité donner dans les appendices quelques textes rares. Il a voulu aussi que soit présente son oeuvre de traducteur, de Shakespeare à Yeats, de Pétrarque à Leopardi. Enfin il a ouvert à ses éditeurs les portes de son atelier.
« Le souvenir est une voix brisée, On l'entend mal, même si on se penche. Et pourtant on écoute, et si longtemps Que parfois la vie passe. Et que la mort Déjà dit non à toute métaphore. » L'heure présente, Yves Bonnefoy
À lire – Yves Bonnefoy, Oeuvres poétiques – Coll. La Pléiade, Gallimard 13 avril 2023.
+ Lire la suite
autres livres classés : traductionVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (9) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1217 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}