Les civilisations à l'épreuve du climat

Tout d'abord, je voudrais remercier Babélio et Les Editions Dunod dans le cadre de ce masse critique de mai.

Ensuite, et autant le dire tout de suite, j'ai ramé comme jamais pour finir ce petit essai d'à peine deux cents pages.

Un titre alléchant, voire aguicheur, par les temps qui courent qui voient les « réchauffistes » du GIEC s'opposer à des scientifiques comme Allègre et Courtillot… D'autant que la présentation éditeur parle d'une nouvelle approche de l'éveil des civilisations basée sur trois paramètres d'ordre climatique.
Une première partie en forme de rappel de notions astronomiques (ellipse terrestre, inclinaison des pôles…) plutôt pertinente quand il s'agit d'expliquer certains changements climatiques « observés » depuis la nuit des temps.
Vient ensuite une interminable étude dans le détail, continent par continent, céréale par céréale, de « l'adéquation entre le développement des civilisations historiques et la proximité d'une zone à fort stress environnemental : précipitations abondantes, maladies peu présentes et forte variabilité climatique ».
Ajoutons à cela un dernier chapitre basé sur le PIB par habitant, voilà qui nous éloigne quelque peu de préoccupations climatiques…

Il n'est pas dans mes habitudes d'être à ce point négatif, mais tout au long de ma lecture, je me suis senti un peu floué par ce titre aguicheur « Les civilisations à l'épreuve du climat ».
Un essai, certes très documenté, mais me rappelant tellement les cours magistraux de géographie tels qu'on les pratiquait il y a bien longtemps, gris, ennuyeux que l'opus a failli me tomber des mains à plusieurs reprises…Dommage.

« Les civilisations à l'épreuve du climat » est un ouvrage plus qu'approximatif et dont la thèse sur nos civilisations actuelles est très subjective.
Lors des deux premiers chapitres, l'auteur nous décrit comment les populations se sont implantées, au cours de la Préhistoire et de l'Antiquité, dans des régions précises du monde, en fonction du climat. Etude certes détaillée, mais qui avance deux notions plus que discutables, à savoir le « déterminisme climatique » et « la culture d'innovation ».

Dans le troisième chapitre, l'auteur explique, grâce au climat, le développement économique des civilisations, de l'Antiquité à nos jours !

Entre hiérarchie des cultures, confusion du climat et de la météo, manque de rigueur dans les exemples et approximations, vous ne saurez plus où donner de la tête.
Grâce à des autoroutes de raccourcis, vous apprendrez notamment :
- comment le blé est à l'origine de la « culture d'innovation » occidentale et donc de son développement économique, au contraire du riz en Asie.
- comment cette « culture d'innovation » ne peut se diffuser à l'Afrique restée sous-développée, justifiant même au passage la traite des esclaves. Comment le climat explique-t-il, simplement toutes les difficultés de ce continent, et l'infériorité de la culture des peuples africains ?
- comment la Chine devrait « se réacheminer inéluctablement vers sa place naturelle ».
- et que pour être « vigoureuse », une civilisation se doit de dominer le monde par sa population !

Dont le passage le plus savoureux est celui sur l'Afrique :
« le continent semble connaître ces difficultés depuis l'aube de l'Histoire humaine, ce que le climat permet d'expliquer de façon assez simple. Il est utile de rappeler que cette cause climatique profonde écarte toute hypothèse mettant en jeu la notion de race : c'est la notion de culture qui est en jeu. »
Merveilleux combat contre le racisme ! Mais il ne fait que déplacer le problème : créer une hiérarchie des cultures, des civilisations et où l'Ethiopie est une anomalie de l'Histoire.

Qu'en est-il de la capacité d'adaptation des sociétés ? Qu'en est-il des richesses d'innovations non-occidentales ? Ces questions sont plus que superflues et même dangereuses : elles remettraient la supériorité inébranlable de la civilisation occidentale en cause !

Ouvrage à conseiller d'urgence aux nostalgiques du jeu des 7 erreurs !
Attention effets secondaires : ennui, démangeaisons et vertige.

J'ai feuillete en detail ce bouquin en librairie, aguiche par le titre (pas assez d'argent pour l'acheter). J'ai ete assez stupefait par cette publication chez Dunod, pretendument editeur scientifique. Comme si rien n'avait ete publie sur le sujet.

Visiblement l'auteur n'a lu ni Diamond, ni Mark Nathan Cohen qui a publie en 1979 une hypothese demographique tres argumentee et qui fait reference. Cette hypothese (the food crisis in prehistory), qui se trouve regulierement confirme par des decouvertes archeologique (l'annee derniere concernant la megafaune australienne par exemple), stipule que l'effondrement des ecosysteme suite a l'expansion demographique humaine a decenche une serie d'innovation technique permettant de maintenir un certain rendement ce qui a abouti dans certaines regions propices (a cause des especes vegetales et animales domesticables) a l'agriculture.

Nul besoin de climat pour expliquer le fond de l'affaire, meme si evidemment cette variabilite influe sur le moment exacte. Cela a l'avantage d'expliquer les differences entre les dates d'apparition de l'agriculture en differend point du globe (dont l'historique est parfaitement resume par Diamond):tout est affaire de densite a une date donnee.

C'est pour cela que l'agriculture est apparu plus tardivement en amerique du sud: elle etait inutile pour nourrir une population de plus faible densite, ajoute au nombre d'espece domesticable plus reduite et de l'absence d'animaux permettant le lanour et le transport (megafaune ayant evolue sans predation humaine immediatement exterminee).

Comment le climat a-t-il influencé le développement et l'expansion des civilisations sur notre planète ? C'est la question à laquelle tente de répondre ce livre.
A la manière d'une thèse universitaire, cet ouvrage se divise en trois parties, la première porte sur les facteurs physiques, la deuxième sur les différents foyers de civilisation et la troisième met en confrontation les deux premières parties.
Si j'ai aimé la première partie (qui explique bien pour la non-scientifique que je suis), j'ai rapidement abandonné ma lecture chapitre par chapitre pour ne lire que les passages qui m'intéressaient le plus (la présentation des différentes civilisations qui s'est avéré très intéressante notamment sur l'absence de civilisation majeurs en Afrique et en Océanie) . La dernière partie m'a un peu ennuyé et j'ai eu un peu de mal à faire le lien avec les autres. J'ai aussi trouvé que les cartes étaient un petit peu flou au niveau des légendes et auraient mérité d'être en couleur.
Au final, j'ai appris de nombreuses choses, ce n'est pas le premier ouvrage du genre que je lis, mais je reste un peu sur ma faim.

Je remercie les éditions Dunod et Babelio pour cette lecture scientifique lors du Masse Critique de mai 2012.