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La trilogie des prophéties tome 2 sur 4
EAN : 9782253112860
477 pages
Le Livre de Poche (11/10/2006)
3.85/5   187 notes
Résumé :
Dans une Europe d'apocalypse ruinée par la faillite des OGM, enlisée dans la guerre contre le Moyen-Orient, en proie au fanatisme religieux et au racisme, le voyage initiatique de Stef et Pibe, deux adolescents à la recherche de l'archange Michel, le dictateur tout puissant qui gouverne le vieux continent depuis sa forteresse roumaine.
Dans une ambiance crépusculaire, fascinante car terriblement proche et crédible, un grand roman épique d'une actualité brûl... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
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L'ange de l'abime .....

Je souhaite avec cette présente bafouille , que je commet ce jour , attirer l'attention sur ce texte de science-fiction qui n'est pas parût dans une collection de SF mais dans une collection de littérature générale .

Pierre Bordage est officiellement le pape de la science-fiction Française . Il est aussi le grand maitre pourfendeur des travers notoires de la civilisation occidentale , l'antidote aux usa alors que son oeuvre est manifestement en filiation directe , de certains textes de la SF anglo-saxonne , qu'ils soient d'outre-manche ou encore d'outre atlantique d'ailleurs .

Il serait tout à fait dommage que les délires confiturèsques d'une critique idéologique , très marquée et au bord de l'ineptie asphyxiante , limite castratrice , vous éloigne de ce texte de Pierre Bordage , grand maitre de la science-fiction française , qui nous livre ici un quasi document qui ne ferait pas rougir Orwell et qui vaut beaucoup plus que deux Roubles .

Une dystopie assez fabuleuse dont Orwell aurait pu être l'auteur , je dirais ...

Dans ce monde le choc des civilisations est une réalité de chaque instant , et les civilisations en présence sont en guerre et l'Europe est un immense assemblage de bunkers , blocks d'habitations fortifiés et bombardés aléatoirement par l'ennemi .....

L'islam est en guerre contre le christianisme , à moins que ce ne soit le contraire , et pour en arriver là il faudra au préalable , gober je ne sais combien de fables géopolitiques aux pieds fourchues .
Comme extrapolation géopolitique cet univers peut incontestablement prétendre gagner l'EUROVISION , mais bon côté « géopopaulitique authentique « , il vaudra mieux se référer à quelques ouvrages dits de référence et aux sources plus « sourcées « que l'université met gracieusement à notre disposition en bibliothèque ....

J'insiste sur la faiblesse des bases de l'univers , qui est plus idéologique que documenté et que raisonnablement étayé , parce que c'est ce que fait l'auteur , qui pendant tout son ouvrage , s'efforce de nous assener des vérités géopolitiques que même le café du commerce n'oserait pas publier .

Le résultat c'est qu'il faudra prendre l'univers de ce roman conformément à ce credo , ou bien il faudra le laisser au bord de l'autoroute , en espérant qu'un autre maitre veuille bien le recueillir ...

Cependant cet univers dystopique bénéficie incontestablement des qualités superbes de la plume de Pierre Bordage , et l'auteur parvient à en faire sans l'ombre d'un doute la métaphore symbolique et ignoble , de l'énergie entêtée avec laquelle le genre humain s'acharne à se maltraiter violement et à se nuire avec entrain et bonne volonté au grés des générations qui passent .

Cette maltraitance est une constante historique , la dénoncer est un devoir quasi psychiatrique qui finira peut-être par améliorer notre conscience collective , notre perception d'autrui et peut être que la haine de soi même promut par certains discours politiques , permettra d'accomplir l'avancée finale du genre humain , là où « l'aime ton prochain comme toi-même « semble avoir échoué , alors que la lutte finale semble elle , continuer tout en piétinant et en passant noblement sur le Goulag et sur tous les autres charniers .

Voici donc un univers assez fabuleux pour ce qui est de sa mise en oeuvre et de sa présence aussi entêtante que entêtée , mais les plantages idéologiques « lourdsaques « , les divagations christiano endentées bon teint , sont tellement casse-noisettes que cela finit par faire un peu mal et que cela lasse , de guerre lasse .

Le seul progrès idéologique incontestable de l'oeuvre est que là , on a enfin oublié de penser et de parler des états unis ....

Cela dit que l'on ne s'y trompe pas , c'est un bon roman , tout le monde le dit de toutes les façons , alors ...... moi aussi en vérité , je vous le dit : « c'est un bon roman « .
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Les personnages:

C'était drôle de voir mon diminutif mis en scène: Stef ,en plus, est un personnage lumineux, et j'ai adoré voir la douceur de ce duo qu'elle forme avec Pibe.

« Merde, voilà qu'il pensait comme Stef. »

C'était réjouissant de voir une bande de gamins, tenir le rôle de mini-héros, combattre les injustices dans l'ombre.

Tous ses personnages qu'on rencontre au détour d'un nouveau chapitre nous offre une vision plus large, plus intense d'un conflit gigantesque qui nous plonge dans les plus profond des abîmes…Adultes, enfants jouent sur la grande scène de ce nouveau monde ravagé, et si dès fois, une lueur d'espoir est présente, elle apparaît quand même, très faiblement…

Ce que j'ai ressenti:

Voilà tout à fait le style de roman que je n'aime pas lire…Mais j'adore sortir de ma zone de confort, explorer d'autres sensations, voir d'autres univers, et surtout partager autour de la lecture. Donc, sans cette Lecture Commune, j'aurai sans doute laisser tomber cette lecture.

Les hommes croient que le monde se réduit à leurs petites affaires, à leurs petites pulsions, à leurs petites colères . Est-ce que le désespoir d'un homme à empêcher un jour le soleil de se lever?

Oui, ma sensibilité s'en est pris un bon coup! Alors, c'est pour cela que j'évite à tout prix des livres parlant de Guerre: la Méchante, la Dévastatrice, l'Effroyable…Je crains plus que tout, ses scènes qui raconte un enfer d'immondices, de violence et d'horreur de tous les instants. Je vomis toute cette cruauté humaine qui ressort dans ses tranchées, je meurs de voir les camps de concentration, je pleure de constater que, en l'Homme, il y est, tant de Mal.

« Foutons la paix à Dieu, il n'est en rien responsable de la connerie humaine. »

J'admire par contre, la vision presque prophétique, clairvoyante de cet auteur. Sa façon de dénoncer les pires actions du passé, de les remettre en scène pour prédire un avenir possible, palpable, monstrueusement réaliste. Mais forcement, avec un tel livre, mon moral est tombé dans mes chaussettes, ce fut une lecture éprouvante, plus que ce que j'aurai pensé. Je ne saurais dire si je l'ai aimé ou pas. Je suis au delà de cette appréciation subjective. J'ai été tourmentée, parce qu'elle me touche dans mon Intime et qu'elle est le trop fatal reflet de notre actualité. J'ai vraiment du mal à poser mes mots, mes ressentis, c'est beaucoup trop brûlant, trop intense, trop horrible, trop déstabilisant…

Quoi que tu fasses, tu émets une note dans le choeur de la Création. Une note unique reconnaissable entre toutes. Il me suffit de rester à son écoute pour remonter ta piste.

L'ange de l'abîme est une lecture effrayante aussi bien que palpitante, elle te ravage un peu plus dans tes croyances, te torture l'esprit autant que le coeur, il transpire de ses pages toute une horreur que tu préfères ne plus voir mais que l'auteur te fait revivre sous couvert de fiction, et là, quand tu reposes ce roman d'anticipation percutant , tu aimerais juste imaginer un avenir plus radieux avec des anges un peu moins noirs que ceux entrevus par Pierre Bordage.



Le vice, Monsieur l'auxiliaire de la légion , se tient toujours dans l'ombre de la vertu.

Lien : https://fairystelphique.word..
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Crébonsang de bois ! Voilà un bouquin qui ne laisse pas indemne...

Forcément, quand le personnage principal d'un livre, c'est la Guerre, il ne peut pas laisser indemne. Surtout quand cette guerre d'anticipation regroupe tout ce qu'on a eu d'horreurs dans les vraies, les deux dernières guerres mondiales, ainsi que les guerres de religion, un condensé de connerie humaine, et un réalisme hallucinant quant à ses raisons, jusqu'au bout du bout du bouquin, ceux qui l'ont lu me comprendront.

Et je peux vous dire qu'avant que mon fils aille livrer la moindre guerre pour des pourritures politocardes aux raisons débiles (Cf Guerre d'Irak, ou tout autre), il faudra m'avoir tuée avant. J'ai toujours défendu mes gosses bec et ongles, et c'est pas une quelconque raison d'état qui pourrait m'empêcher de continuer à le faire, non mais... (Ouai, depuis plusieurs années maintenant, pour moi, les politiques, ce sont tous des politocards.)

Je suis sortie de ce livre bouleversée et nauséeuse... Nauséeuse parce qu'il est très, trop, beaucoup trop réaliste, c'est une horreur. Une horreur réaliste. Une vérité que je me suis toujours efforcée de ne pas trop regarder de près, bah, voilà, ça y est, Bordage m'a mis le nez dedans. Impossible de lire ailleurs, une fois entrée dedans, en plus.
Bouleversée parce que tous ses personnages, étoiles filantes dans ce monde de fous, nous sont présentés, dans leur grandeur, leur compassion, leur humanité, ou au contraire, leur pourriture, leur perversité, leur sadisme, leur folie, et disparaissent. Pouf ! Un coup de revolver, une salve de mitraillette, une bombe, un coup de couteau, un voyage vers le front, et pouf, plus de personnage.

Evidemment, ceux qui m'ont le plus bouleversée, jusqu'à me tirer des larmes, ce sont les jeunes gens qu'on envoie à la boucherie, la "chair à canons", qui n'ont, pour la plupart, pas envie d'être là, ou bien qui en ont envie parce que conditionnés à mort. Max, en particulier, et son grand balèze d'ami, dont je ne crois pas qu'on sache le nom, liés malgré leur opposition en tout, alors eux ça a été le coup de grâce de mon petit coeur d'artichaud...

Quel talent, monsieur Bordage. Respect. Franchement, et d'une je n'aurais jamais cru être accrochée à un bouquin qui décrit dans ses aspects les plus crus et les plus pourris, la Guerre. Et de deux, pour la finesse des personnages, grands ou petit, bons ou mauvais (ou entre les deux, il y en a aussi, très réaliste, je vous dis), qu'ils restent ou qu'ils partent. Je viens de vivre un énorme grand moment de lecture. Merci pour ça.

Je ne pense pas sauter sur le tome 3 de suite, il me faut me remettre, là, je suis encore plus déboussolée qu'en sortant d'un "éclat de givre", qui m'avait pourtant déjà bien amochée. Je crois que je vais passer à du très léger, du très très léger...

Edit : ah oui, j'ai oublié : je cherche encore et toujours le rapport avec le tome 1 de la trilogie des prophéties...
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Le livre «l'ange de l'abîme» c'est le deuxième volet, de la trilogie des Prophéties. J'avoue que j'ai eu beaucoup de difficulté à rentrer dans le roman, car Pierre Bordage amène des sujets très difficiles, très tabous, et très révoltants. Grâce aux conseils de Relax, je reprends peu à peu ma lecture. Je dois aussi remercier Stelfique, qui grâce à ses critiques, me donne le goût de reprendre mon livre.



Déstabilisant, Poignant, Saisissant



J'avoue que je commence mon livre en lecture commune avec Srafina, pour ensuite, je le mets de côté. C'est une lecture très difficile, avec des thèmes qui viennent te toucher au coeur. Plus tard, vraiment plus tard, je reprends ma lecture mais seule cette fois-ci.

C'est vraiment un bon pavé, avec des chapitres qui sont écrits en longueurs, mais pas trop longs non plus. J'admets que le vocabulaire est également complexe quand il s'agit des thèmes comme la religion, la politique, la légion et la guerre dans son livre.
Je ne pense pas que ça enlève quelque chose à l'histoire, car on parvient très bien à suivre les événements qui se défilent sous nos yeux. On distingue une recherche à travers son récit car c'est bien expliqué et on peut retenir l'essentiel.





Je crois qu'il faut choisir le bon moment pour le lire et il faut se concentrer vraiment sur l'histoire pour ne pas s'éparpiller au fil des pages. Je trouve que c'est bien écrit, les descriptions sont très détaillés, on peut imaginer très bien les lieux et les décors, sans problème.
J'avoue que l'histoire se passe dans différents endroits, avec plusieurs personnages distincts également. Je ne retiens pas tous les noms, car ça fait beaucoup d'individus qui partagent leurs récits et également ils possèdent le même fil conducteur. (Voir l'explication de Relax sur le challenge.) Je pense que ça peut devenir un peu dépaysant, ce qui l'est pour moi, tout dépend du lecteur.

«L'un Michel – un prénom pas facile à porter par les temps qui courent.»

Je constate que ce qui m'incite à continuer ma lecture, il y a deux personnages qui ressortent vraiment du lot : c'est Pibe et Stef. C'est vraiment en poursuivant ma lecture, que je vois leur but se définir et c'est à la fin, qu'on comprend le fil conducteur. Je pense que c'est deux personnages qui me marquent et que je n'oublierai pas de sitôt. Ils se démarquent par leurs vécus, leurs personnalités, leurs forces et leurs combats à travers les difficultés qu'ils rencontrent. Ils me font passer par toutes sortes d'émotions, et ils viennent me toucher également.

J'affirme que même si la lecture possède beaucoup de longueurs, il ajoute des jolies phrases subtiles qui donnent un charme de plus, à son histoire. On ressent aussi une fraternité que des personnages vivent, selon le contexte. C'est une lecture qui est dure, et je ne pèse pas le mot car on retrouve des passages qui sont très violents, très dérangeants et très choquants.



Pour terminer, je ne regrette pas d'avoir poursuivi ma lecture. Et la fin, c'est fort, trop intense, je n'en ressors pas indemne, les larmes me montent aux yeux. Je confirme que c'est une finale juste, qui est concluante. Pierre Bordage m'impressionne par son écriture puissante, son côté visionnaire, et son talent de conteur.
Je ne veux pas trop en dire, c'est trop difficile à expliquer mais c'est aussi une lecture où que le lecteur peut faire sa propre prise de conscience. Tu ne peux pas rester indifférent, c'est une lecture qui te coupe le souffle, qui capte ton attention pour connaître la fin de l'histoire, une fois qu'on est dedans.

Il y a une phrase qui me marque et je termine ma critique en la nommant : «Vous serez peut-être mort avant moi, on doit toujours se méfier de ses amis.» Est-ce qu'il a du vrai dans cette déclaration ?

Siabelle


P.S Vous pouvez aller voir les critiques de Tatooa (merci pour nos échanges), Stelphique et de d''autres Babelios.
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Second volet de la trilogie des Prophéties ou la guerre des religions, revue et corrigée, "made in" XXI° siècle.
Précision utile : ce roman est présenté comme le deuxième tome d'une trilogie, après "l'évangile du serpent". En fait, ce n'est ni la suite directe de l'histoire, ni les mêmes personnages, ni le même style d'écriture, ni la même vision de l'auteur. Un lien existe, mais il est ténu et se prolongera dans le tome suivant,
Dans "l'évangile du serpent", le message, même brutal, était noyé dans un océan d'espoir. Dans "l'ange des abîmes", tout est noirceur et déshumanisation. 
Le roman est habilement construit, alternant les chapitres de deux héros adolescents (le relation est la lueur d'espoir du livre, engluée dans ce "road movie" crépusculaire) et les chapitres décrivant, à travers différents yeux, l'horreur d'un monde en pleine phase de destruction.
Cette vision d'apocalypse, post 11 septembre, est proprement glaçante parce que crédible dans son énormité.
Le message principal de l'auteur est que l'humanité n'apprend rien de ses leçons du passé et est capable de reproduire à l'infini les horreurs (comme le nazisme du XX° siècle) avec toujours + d'imagination dans la perversité...
Le rapprochement que l'on peut faire avec le premier tome (en dehors d'une simple phrase rappelant son histoire au détour d'un paragraphe) est ce désir de l'auteur de tirer à boulet rouge sur les abominations dont l'homme est capable, au nom de la foi et de la religion.
La lecture est parfois particulièrement éprouvante, le décor de la société décrite est ahurissante de réalisme. Comme souvent avec Bordage, le propos est dur et sexuellement cru.
Éprouvant, mais tellement prenant !
Cette rencontre de la petite histoire avec la Grande Histoire, si elle démarre assez lentement, prend progressivement aux tripes, pour ne plus vous lâcher la dernière page refermée.
Chaque lecteur a, dans son paysage intérieur, sa petite forêt emplie de ses chefs-d'oeuvre personnels. Ce roman en fait partie.
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Pibe regrettait amèrement la cave du pavillon familial, le tapage nocturne de ses parents, la respiration légère et sifflante de sa petite soeur. Ses paupilères tombaient régulièrement sur ses yeux comme des volets déglingués, mais un craquement, un frôlement le réveillaient en sursaut. Il lui fallait un petit moment pour reprendre pied dans la réalité, pour se rappeler qu'il gisait dans un ventre profond et hostile.
Les battements de son coeur lui ébranlaient tout le corps. Suffoqué par le sentiment de solitude, il flottait pendant quelques instants de frayeur et désespoir, puis ses pensées s'étiraient, se diluaient, se désagrégeaient, ses yeux se fermaient, sa tête dodelinait, retombait sur sa poitrine, un grondement, un hurlement enrayait sa plongée dans les fonds paisibles de l'inconscience.
Jamais nuit ne lui parut aussi longue. À plusieurs reprises un souffle brûlant lui lécha la face, des griffes se plantèrent dans sa poitrine, dans sa gorge, il émergea du cauchemar, couvert de sueur, haletant en quête d'air comme un plongeur crevant la surface de l'eau.
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- La peur nous fait faire de drôles de trucs, reprit Stef. On ne risque pas grand-chose pourtant.
- Ben là, tu disais que les zombies, ils nous torturaient avant de bouffer les organes. Y a de quoi avoir la trouille, non ? dit Pibe.
Stef se leva et se défit de sa veste, laissant le froid s'emparer à nouveau de Pibe. Des taches d'humidité plaquaient sa chemise à sa poitrine. Elle ne portait pas de soutien-gorge. Pibe fut secoué par une envie brutale de toucher ses seins, de vrais seins, ps comme les bourgeon durs de la fille qu'il avait réussi à peloter dans les chiottes de l'école. Elle tira son Colt 22 de la ceinture de son pantalon et avec des gestes méticuleux, elle remplaça son chargeur.
- Qu'est-ce qui peut bien nous arriver de pire, finalement ? demanda-t-elle.
- Bien, c'te question ! Mourir !
Les yeux d'eau de Stef se posèrent sur Pibe avec la légèreté d'un songe.
- Tu crois que la mort existe ?
Drôle de question. Tout le monde était terrorisé par la mort, mais tout le monde mourrait.
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- Qu'est-ce qu'on va faire maintenant ? murmure Pibe.
Sef et lui avaient passé les nuits précédents dans les sous-sols d'un immeuble infectés de rats. D'interminables heures d'insomnies pendant lesquelles Pibe, malgré la proximité et la chaleur de Stef, avait amèrement regretté la promiscuité de la cave familiale. Des heures suspendues aux grattements et aux couinements des rongeurs. À peine s'endormait-il qu'une sensation de frôlement le réveillait en sursaut, qu'il croyait voir des éclairs couinant disparaître entre les pierres disjointes des fondations. Coeur totalement déréglé, nerfs à fleur, peur cauchemardesques d'être submergé et dévoré par une horde de rats. Stef dormait à ses côtés, détendue, indifférente à ses tourments nocturnes. Elle ne prenait même pas la précaution pourtant élémentaire de dégager son flingue et de la poser à portée de main.
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Aux hommes qui leur demandèrent d'où elles tenaient ces couteaux, elles expliquèrent qu'une clandestine avait tout intérêt à se procurer ce genre d'objet avant d'entreprendre le long voyage vers les pays de la Grande Nation. Elles pouvaient ainsi se défendre contre leurs agresseurs, au besoin se planter la lame dans le coeur plutôt que de subir le déshonneur d'un viol. Elles craignaient les chrétiens, ces hypocrites que la confession absolvait de toutes leurs saloperies, mais aussi leur coreligionnaires masculins, ni meilleurs ni pires qu les autres.
Et d'ailleurs, si l'un des clandestins avait touché une seule d'entre elles, elles se seraient associées pour l'égorger, lui trancher ses précieux attributs virils, l'expédier dans l'autre monde dans un corps d'ennuque. Leur détermination, la précision et la férocité avec lesquelles elles avaient poignardé le capitaine leur valurent des regards étonnés et craintifs de la part des hommes. Ils avaient cru voyager en compagnie des brebis, ils se retrouvaient parmi des louves.
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Si l'écrivain croit s'adresser à l'intelligence ou à l'émotion du lecteur, ses personnages, eux, parlent à son âme.
Et les censeurs l'avaient bien compris, qui avaient interdit la publication de ces romans et condamné leurs auteurs à la misère, à l'emprisonnement, à l'oubli. Ils avaient également bâillonné les rares voix qui s'étaient élevées pour les défendre. On avait posé le même joug sur le cinéma, le théâtre, la chanson, la peinture. Quant aux arts dits mineurs comme la bande dessinée, on les avait réservés à un usage strictement religieux. Les légionnaires avaient démantelé le Net, saisi les ordinateurs, les livres, les cassettes, les CD, les DVD des temps d'avant, des temps de la perdition, puis ils avaient organisé, sur les places des villes et des villages, d'immenses autodafés que les larmes des esprits libres n'avais pas réussi à éteindre.
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