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EAN : 9782846264099
322 pages
Au Diable Vauvert (12/01/2012)
3.21/5   66 notes
Résumé :
C'est le premier roman de littérature générale de Pierre Bordage, et il va fortement surprendre…



Nous sommes à la fin du siècle dernier, un chroniqueur distancié nous raconte la vie de Martial Bonneteau, un petit employé à la quarantaine aigrie, mal mariée à une femme épaisse et acariâtre qu’il n’a jamais pu satisfaire sexuellement, père de deux fils aussi tristes que lui et d’une fille qui se cherche ; Martial est un médiocre qui enf... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (40) Voir plus Ajouter une critique
3,21

sur 66 notes
Un livre de Bordage édité un peu par hasard. Un vieux manuscrit retrouvé et utilisé par des étudiants pour des TP... puis par une heureuse mesure de circonstance se retrouve dans les mains de la maison d'édition Au diable Vauvert et voilà mort d'un clone dans les mains des lecteurs.
Bordage sort ici de sa zone de confort puisque ce n'est pas du tout un roman de SFFF, quoiqu'il y en a un poil quand même un peu avant la fin.

Martial, un quadra bien sonné, se meurt a petit feu dans son travail, sa femme acariatre (et qui m'a fortement fait pensé a Raymonde dans les descriptions de Bordage) lui mène une vie infernale et sa progéniture qui ne vaut pas mieux.
Mais cet homme prend conscience de cela et décide de tout changer, de ne plus être dans le moule et de chercher l'épanouissement en laissant les choses se passer sans trop forcer..

La force très certaine de ce roman est l'écriture de Bordage qui est tout simplement très cynique (voir même a outrance) et qui prete a sourire tellement les constats de la société sont réalistes. Il ne mâche absolument pas ses mots et est (comme dans ses très nombreux romans) très critique d'une société qui élève des moutons passifs et obéissants aux normes du dictat social.

Si j'ai apprécié la forme, je suis moins enjouée sur le fond. l'histoire en elle même est intéressante puisque c'est la quête du bonheur par un homme, mais a trop grande vitesse et avec un côté irréaliste qui m'a un peu gené.




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Dans le cadre de l'opération Masse Critique...
Merci à Babelio et aux éditions du Diable Vauvert

Ce n'était pas ma première expédition dans l'univers de Pierre Bordage, et ce ne sera vraisemblablement pas la dernière. Quel régal cette écriture ! Cynisme poétique et humour féroce : un style savoureux. Pierre Bordage est passé maître dans l'art de conter des histoires.
Quoi qu'il en soit, "Mort d'un clone" ne sera pas mon livre de chevet, loin de là.
Tout d'abord parce que l'histoire ne m'a pas emballée plus que ça, (et les soixante dernières pages sont franchement fastidieuses). Ensuite, parce que les personnages m'ont écoeurée, tous sans exception : ils sont au-delà de la définition même du mot "minable". C'est sans doute l'effet recherché, mais je me suis parfois sentie mal à l'aise. du dégoût, du rejet et pas la moindre once de pitié pour eux, leur bêtise et leur insignifiance m'ont rendue méprisante et froide.

Ce roman a été écrit il y a plus de quinze ans ; Pierre Bordage l'a sorti de ses fonds de tiroirs pour permettre aux apprentis éditeurs de se faire la main sur un manuscrit inédit. C'est très gentil de sa part, certes, mais peut-être qu'un rafraîchissement n'aurait pas été superflu.

Pour conclure, je ne regrette pas d'avoir lu ce roman, il m'a permis de découvrir une autre facette de Pierre Bordage. Ce n'est pas son meilleur roman, alors ami lecteur, ne te détourne pas de lui !
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Reposant au fond d'un tiroir depuis quinze ans au bas mot, et peut-être enterré là un peu trop vite par son auteur un tantinet négligent, ce récit était à coup sûr voué à disparaître dans le néant intersidéral. Mais c'était sans compter sur l'acharnement thérapeutique d'une enseignante de la Roche-sur-Yon pratiquant le résurrectionnisme littéraire des manuscrits oubliés. Résurrectionnisme : activité coupable d'un petit groupe d'étudiants estimant qu'une oeuvre inédite mérite d'être exhumée et recousue-main telle la créature du Frankenstein moyen, pour pouvoir ainsi revenir à la vie.
Il serait facile de souligner les quelques petits défauts de ce récit accouché hors des sentiers intergalactiques battus par l'auteur, plus familiarisé avec la science fiction qu'avec la satire sociale : le changement de ton et de registre à mi-parcours (ha oui ! on avait dit qu'on ne ferait pas de la science-fiction cette fois-ci, hé bien c'est raté !), les épisodes sylvestres plutôt crus, les personnages secondaires (la famille, les voisins…) abandonnés en cours de route, l'épilogue azimuté tout droit sorti d'une fumerie de moquettes. Azimuté : qui a perdu le nord, voire qui se retrouve à l'Ouest (le roman finit en Bretagne).
Et pourtant, avouons-le tout de go, ce livre m'a beaucoup plu.
L'humour omniprésent, la peinture de la mesquinerie ordinaire, les fantasmes clairement assumés, les trouvailles sémantiques et les « définitions » servies en voix off, tout cela est jubilatoire et procure une lecture très plaisante. Jubilatoire : qui provoque une joie expansive, bien que contenue et in petto pour ma part, car je n'ai pas l'habitude de lire ou de chanter à voix haute, même sous la douche.
Il y a à la fois du Binet et du Houellebecq dans ce livre, car comment ne pas penser au glamour de Raymonde Bidochon quand on imagine Madame (ainsi est nommée dans le livre l'épouse acariâtre de Martial Bonneteau) et comment ne pas se souvenir du « Lieu du changement », le camping new-âge des Particules élémentaires, quand on se rend avec Martial et Johanna en stage de réflexion-recentrage à Auxerre. D'ailleurs, Les Particules élémentaires de Michel Houellebecq promettent également un avenir différent à l'Humanité, et les thématiques développées ne sont pas si éloignées.
En conclusion, je me contenterai de remercier simplement Babelio et les Editions Au diable vauvert pour cette étonnante découverte littéraire !
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Reçu dans le cadre de Masse critique, ce dont je remercie chaleureusement Babélio ainsi que les éditions du Diable Vauvert, ce roman m'a laissée perplexe.D'après ce que j'ai pu comprendre en recherchant des éléments sur l'oeuvre de cet auteur, je ne suis pas sûre que c'était le meilleur moyen de pénétrer dans son univers romanesque, puisqu'il semble que nous ayons affaire à un inédit atypique en regard des autres écrits publiés

Toujours est-il que le personnage principal, Martial, cinquantenaire désabusé, ayant la sensation d'être prisonnier d'une vie banale et morne tant sur le plan professionnel que familiale (emploi sans intérêt, épouse acariâtre, enfants rebelles constituent le cadre de son quotidien rythmé par les horaires de déplacements dans des transports en commun désespérants. Qu'est- ce qui déclenche la première ébauche de rébellion? la goutte d'eau de trop? C'est en tout cas dans la salle de bain familiale qu'elle se produit. Et comme le résultat le satisfait, la rébellion va s'étendre à l'ensemble des cadres qui constituent sa morne vie désespérante : famille, transports, travail. Bien entendu, ce «pétage de plomb» aura de lourdes conséquences et entre autre l'obligation d'assister à un stage de psychologie. A la clé : bouleversements garantis mais pas forcément ceux que l'on attendrait...

Le ton est féroce et désespéré : il vaut mieux être bien dans ses baskets pour aborder cette lecture qui, à travers une écriture plus ironique (avec un sens de la formule dignes de mots croisés force 5 pour redéfinir certains éléments) qu'humoristique, dresse un portrait accablant de nos pauvres vies urbaines tellement banales et reproductibles que le «clone» prend ici tout son sens. C'est un point de vue très pessimiste, qui voit les épines que porte la rose et non la rose que portent les épines.

J'ai donc plus apprécié les jeux avec le langage et la richesse de l'imaginaire que le fond de l'histoire, banale crise de la cinquantaine qui fait éclater les cadres normés d'une famille ordinaire.

Je reste néanmoins très tentée de découvrir les oeuvres de science fiction qui semble être le domaine de prédilection de l'auteur
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Tout d'abord deux faits :
- Fait n°1 : Bordage est un Grand Écrivain, capable de pondre, la plupart du temps, de la belle ouvrage et de mettre en mots de fabuleux univers.
- Fait n° 2 : lorsqu'un écrivain de talent sort, d'un tiroir poussiéreux, une oeuvre totalement inédite et datée de 15 ans, le risque est souvent de tomber sur un écrit à oublier.
Ce n'est heureusement pas tout à fait le cas ici.
Ce roman, même si on est loin de la SF, n'est pas si éloigné de ce que pouvait écrire Bordage en 2001, avec son extraordinaire "Évangile du serpent".
L'auteur a voulu décrire, dans un style au vitriol et avec un humour cassant, une époque déshumanisée.
C'est parfois brillant, c'est bourré de défauts, parfois fulgurant, à la fois profond et naïf.
L'auteur dégomme la société de l'époque (qui n'a pas beaucoup changé) dans un style, tantôt lyrique, tantôt cynique, tantôt graveleux voire vulgaire. Une oeuvre tellement imparfaite qu'elle semble jouer au yo-yo avec la qualité de ses différents passages.
Il me semble qu'il faut prendre ce bouquin tel qu'il est. C'est une grosse farce, une comédie noire et pourtant pleine d'espérance.
On y retrouve les qualités de cet auteur, son humanisme, sa quête du spirituel, hors des frontières tracées.
On y retrouve aussi ses excès, ses obsessions, sexe, drogue, cigarette (pourquoi ses personnages ne se passent-il jamais de la clope ?).
Au final, un roman qui, à mon sens, aurait mérité un ravalement, mais qui reste un agréable divertissement, couplé d'une réflexion intéressante, quoique inachevée.
Un Bordage mineur, qui vaut pour son écriture, drôle, violente et enlevée, mais pas pour son histoire un peu trop banale. Même en mode mineur, Bordage a un talent d'écriture peu commun.
Merci aux éditions du Diable Vauvert et de Babelio.
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Citations et extraits (68) Voir plus Ajouter une citation
[ Incipit ]

Depuis quelques siècles, ce n'était pas l'exécrable sonnerie du vieux réveil qui jetait le dénommé Martial Bonneteau hors du sommeil.
Le réveil : monstrueuse anomalie plastifiée vampirisant sans vergogne le faux stuc de la très navrante table de chevet.
Le réveil et la table de chevet : cadeaux de mariage.
Cadeaux de mariage : forme répandue de terrorisme familial.
Un tourbillon de pensées maintenait Martial Bonneteau dans l'éveil toute une partie de la nuit, invisibles, redoutables harpies qui, après avoir planté leurs griffes dans le lard du bonhomme, s'y entendaient à merveille pour l'empêcher de replonger dans l'état qu'il chérissait entre tous : le sommeil.
Le sommeil : bienheureux, sublime oubli de soi-même ou béatitude par contrainte physiologique.
Elles surgissaient de partout nulle part, émergeant, poissons morts, à la surface d'un cerveau pollué par cinq décennies de rouille et d'hémiplégie mentales.
Il pivotait alors sur la gauche, côté coeur, et son tam-tam cardiaque virait au tintamarre. Sur la droite, côté Madame, et la respiration sifflante d'icelle se changeait en ouragan tropical. Sur le dos, côté matelas, et les crampes cannibales lui mangeaient les doigts de pied.
Veillant à ne pas faire d'inextricables noeuds avec les draps.
Se lançant, à son corps défendant, dans d'épouvantables complications géométriques avec ses membres inférieurs et les rayures de son pyjama bagnard.
Pyjama bagnard : cadeau involontairement empoisonné des rejetons Bonneteau.
Évitant surtout, surtout, de réveiller Madame. Faux mouvements, fausses respirations, faux bruits interdits.
Madame son épouse dormait à ses côtés depuis maintenant vingt-quatre ans. Vingt-quatre longues années de trois cent soixante-cinq nuits, soit huit mille sept cent soixante nuits à supporter son ronflement d'autant plus agaçant que léger, susurré, ironique.
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D'ailleurs, toute association d'individus - entreprise, religion, parti politique, club, idée - n'aspire-t-elle pas de la même manière la vitalité de chacun de ses membres ? Le groupement constitue en lui-même un être à part entière ayant besoin d'énergie pour se développer, pour se renforcer. Ses structures grandissantes, dévorantes, lui tiennent lieu de mandibules, de sucs gastriques, de tube digestif et de colon. Insatiable, il broie les réfractaires, les indépendants, les velléitaires, les égoïstes, bref tous ceux qui refusent de se soumettre à sa boulimie de survie. Les individus pions du groupe finissent par se racornir, penser à travers lui, agir pour lui et par lui. Il ribote les différences, les angles, les nœuds, impose son modèle, fabrique des clones en série. Le plus étonnant de l'histoire, c'est qu'un être humain peut faire don de sa substance propre à plusieurs groupes, parfois antagonistes, qui l'utilisent froidement pour lutter l'un contre l'autre. Ainsi, le clone famille boulot se trouve souvent écartelé entre les intérêts majeurs de la famille, grande prédatrice de temps libre, et ceux de l'entreprise, grande râpe à employés. Si, en plus, le clone famille boulot appartient à un club de supporters, une association loi 1901 ayant pour but la conversation des gastéropodes, un groupe de copains foirineurs et au syndicat des parents d'élèves, il se métamorphose rapidement en clone gigogne, en clone puzzle, en clone de clone. Un beau jour, il se perd au milieu de tous ses costumes, prend l'un pour l'autre, se trompe de vie et s'arrange pour faire une belle dépression nerveuse, se suicider ou tuer quelqu'un d'autre, à tout hasard.
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Il n'avait rien compris à la règle du Je.
Il avait tout subi : son mariage au forceps, sa femme, ses gosses, sa libido, ses boulots, ses cravates, ses vacances, son patron, ses collègues, Germaine-la-comptable et les programmes télé. (...)

Martial Bonneteau avait poussé le raffinement jusqu'à subir les souvenirs et désirs d'autrui. Par commodité, par fainéantise, par mollesse, par peur, par modestie, par bonté ou par hasard, il avait fait siennes les règles communément admises, les opinions les plus répandues, les envies du plus grand-nombre. Siens également les événements imprévus, les coups du sort, le destin contraire. Siens le triste appartement de banlieue acheté à crédit, le vide sidéral de Cobal-on-emballe, les vacances obligatoires dans-la-belle-famille-à-la-campagne, les soirées bovines à regarder passer les pubs.
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Il avait pris soin de préparer une défense improvisée : un rempart d'indifférence, bâti de blocs de silence, consolidé par le repli sur soi-même, cimenté par l’impassibilité sur lequel viendraient s'écraser, comme des tomates trop mûres, les boulets verbaux expédiés par la catapulte buccale de son assaillante de femme.
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ASSEDIC : pompe d’État, chargé de redistribuer le sang des travailleurs sucé par leurs vampires familiers. Étant donné qu'il est plus facile d'aspirer que de recracher , les ASSEDIC s'ingénient à tendre de multiples pièges administratifs sous les pas de ces bons à rien de mendiants d'ayants droits.
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Nous accueillons aujourd'hui l'écrivain Pierre Bordage et l'éditrice Stéphanie Nicot, deux figures de la science-fiction contemporaine.
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