AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,13

sur 603 notes
"Il existe un fleuve dont les eaux donnent l'immortalité; il doit donc y avoir quelque part un autre fleuve dont les eaux l'effacent."
Ou encore, comme nous le rappelle Borges, en citant les livres hermétiques - "ce qu'il y a en bas est identique à ce qu'il y a en haut" - et vice versa.

Dans le musée d'art moderne au Centre Pompidou il y a un bien étrange objet. C'est une caisse métallique remplie de miroirs triangulaires, qui se renvoient votre reflet entre eux - c'est donc une image dans un miroir reflétée par la multitude d'autres miroirs; un labyrinthe fait des mêmes images, reflétées et entremêlées à l'infini...
Cela s'appelle "Mirror Vortex" - et c'est encore le meilleur exemple que j'ai trouvé pour vous décrire l'univers de "L'aleph".

Fidèle à ses thèmes de prédilection, Borges les aborde à nouveau dans ce recueil de contes philo-métaphysiques. La quête éternelle de l'immortalité, le multiple et l'unique, la recherche de l'absolu... le thème de "double", si présent dans son "Livre de sable", glisse ici vers "l'éternel" et "l'universel"; nous nous promenons dans les labyrinthes réels et psychiques à la fois.

Malheureusement (ou heureusement ?), l'homme se situe entre les deux "fleuves" mentionnés plus haut - d'où sa recherche perpétuelle de quelque chose d'impossible à atteindre...
Comme dans l'histoire de ce noble aventurier de "L'immortel", qui part à la recherche de la cité perdue - pour, finalement, apercevoir une infime partie de la vérité... l'immortalité est un fardeau; il ne sert à rien de construire des cités qu'on abandonne par lassitude. La perspective fatigante de l'éternité devant, on abandonne toute action, on s'endort...
Etrange hasard - je lisais Lovecraft en même temps, et j'ai trouvé frappante la similitude entre son histoire "La cité sans nom" et "L'immortel". La "cité" est toujours là, abandonnée depuis... le temps est tellement relatif ! - ainsi que ses créateurs qui peuvent resurgir dans une heure... dans dix mille ans ? - pour eux, ça n'a aucune importance ! Même le mot "jamais" n'a peut-être plus le même sens...

Les notes en marge des histoires de Borges sont, comme toujours, un joyeux mélange de vrai et de faux, et en font une partie intégrante. (Encore une chose en commun avec Lovecraft, mais il suffit !)
On passe un moment avec le savant Averroës, qui peine avec la traduction d'Aristote et les mots "tragoedia" et "comoedia" - car le concept même de théâtre lui est inconnu. Il discute, à son insu, le théâtre avec ses amis - mais la réponse lui vient d'ailleurs - car le "theatrum mundi", même sans connaître l'expression, est un concept universel.
On suit une dispute érudite pour condamner au bûcher un homme qui est une "idée", une "somme", ou le "reflet" des autres hérétiques - " Si l'on réunissait ici tous les bûchers que j'ai été, ils ne tiendraient pas sur terre et les anges en seraient aveuglés." - une dispute dont le gagnant se rend compte qu'il utilise les phrases de son adversaire pour le contredire !
On trouve un "Zahir" - mais attention, c'est dangereux ! Ca vous fait réfléchir sur l'argent d'une façon dont vous ne le faites pas habituellement.

Et peut-être que sur la dix-neuvième marche de l'escalier qui mène dans votre cave, sous un angle bien précis, vous verrez "l'Aleph" - "le lieu où se trouvent, sans se confondre, tous les lieux de l'univers, vus de tous les angles".
Alors, vous comprendrez TOUT - mais je ne sais pas si je vous le souhaite !


Commenter  J’apprécie          9011
Ce billet concerne uniquement la nouvelle « La quête d'Averroés », de l'Aleph de Borges, nouvelles lues il y a trés longtemps. Suite au billet de Pecosa sur « Averroés ou le secrétaire du diable » et son commentaire sur cette nouvelle, j'ai repêché le livre du tréfonds de ma bibliothèque, n'en ayant plus aucun souvenir et son billet m'étant trop intrigant.
Averroés , médecin arabe, philosophe, vivant à Cordoue a l'époque de l'Andalousie musulmane ( XIIe siècle), se consacre dans son oeuvre Tahafut-ul-Tahafut ( Destruction de la Destruction) à la pensée d'un homme dont quatorze siècles le sépare, Aristote. Il est à la recherche du sens de deux mots tragoedia et comoedia de l'oeuvre du philosophe grec..... en faites il est en quête de l'évident, mais....
Borges prenant la parole à la fin de la nouvelle que je vous laisse découvrir, s'identifie à Averroés, « Je compris qu'Avarroés s'efforçant d'imaginer ce qu'est un drame, sans soupçonner ce qu'est un théâtre, n'était pas plus absurde que moi, m'efforçant d'imaginer Averroés sans autre document que quelques miettes de Renan, de Lane et d'Asin Palacios..... ».
Brillant !
Commenter  J’apprécie          760
Il est toujours un plaisir pour moi de lire Borges. J'ai lu avec délectation chacune des nouvelles composant ce recueil.
Borges, toujours fidèle à son style et à sa magie, transporte son lecteur dans des lieux extraordinaires à la découverte de choses et d'histoires fabuleuses. Il le mène avec sa ruse borgésienne multipliant les références et les noms. Il ne raconte pas, Borges construit des labyrinthes.

De la nouvelle métaphysique (si l'on veut) à la nouvelle policière, au conte philosophique mais aussi mythologique, on se perd pour se retrouver, comme disait Claude Mauriac, plus intelligent.

Pour Borges, qui a toujours beaucoup lu, tout est imprégné de littérature universelle. Chaque acte s'explique par la littérature et trouve un écho en elle, chaque être a un double littéraire ou mythologique. Dans les nouvelles de Borges rien n'est écrit au hasard, chaque phrase a son importance dans la construction. Assoiffé de savoir et de découverte, Borges poursuit sa recherche de l'absolu, de l'ultime, du tout qui réunit toutes les connaissances de l'univers, tous les lieux, tous les objets, de la phrase qui résume tout le mystère de l'existence. Pour lui ; le monde est un vrai labyrinthe insondable, qui garde ses secrets, et tout homme représente tous les hommes dans un jeu de symétries.

L'une des nouvelles, "La Demeure d'Astérion" m'a rappelé curieusement un chapitre d'"Eloge de la marâtre" de Vargas Llosa où le narrateur est un monstre qui est la "Tête I" peinte par Francis Bacon. Les deux personnages sont des monstres inspirés de tableaux et de la mythologie, sont naïfs, sympathiques et pathétiques.
Commenter  J’apprécie          753
« L'Aleph », qui désigne la première lettre de l'alphabet hébreu, est un recueil de nouvelles publié en 1949 par Jorge Luis Borges et traduit par Roger Caillois. Si ce recueil est moins connu que le célèbre « Fictions » qui parut en 1944, il restera selon son traducteur émérite, « comme le recueil de la maturité de Borges conteur ».

Pour appréhender cet ouvrage, il faut tout d'abord établir que Borges n'écrit pas des nouvelles au sens où on l'entend habituellement, au sens où Raymond Carver, John Cheever, Stefan Zweig et tant d'autres écrivent de courts récits dans un format condensé qui leur confère une force de percussion que ne permet pas le roman.

Les textes de Borges, témoignent d'une érudition étonnante, et abordent des thèmes souvent vertigineux tels que l'ubiquité, la réalité, l'identité, la nature de l'infini, ou encore l'éternité. On y retrouve une forme d'obsession pour les labyrinthes aux méandres inextricables (« Le jardin aux sentiers qui bifurquent »), la circularité au sens quasi-métaphysique du terme (« Les ruines circulaires ») ainsi que la dualité qui traverse tant de personnages borgésiens (« Le guerrier et la captive »).

Pour caractériser les textes recueillis dans « Fictions » ou dans « L'Aleph », il faudrait reprendre la formule de Roger Caillois qui désigne l'auteur argentin comme l'inventeur du « conte métaphysique ». Borges se soucie en effet assez peu du réalisme de l'intrigue souvent minimaliste de ses textes, qui ont essentiellement pour objet d'explorer l'un des thèmes exposés plus haut et de plonger son lecteur dans une sorte de vertige métaphysique.

Ainsi que l'explique Caillois dans le quatrième de couverture, « L'Aleph » est un recueil de « nouvelles » qui sont plus incarnées, « moins roides, plus concrètes » que ses récits précédents qui évoquent davantage « des exposés quasi-axiomatiques d'une situation abstraite ». S'il ne renie pas son goût pour une exploration vertigineuse de ses thèmes de prédilection, l'auteur de « L'Aleph » se fait davantage conteur, et donne une touche plus humaine à ses récits, notamment lorsqu'il aborde la question de la vengeance dans le très beau « Emma Zunz ». C'est sans doute la grande réussite de ce superbe recueil, réussir à incarner ses personnages, à dérouler de véritables intrigues, sans jamais renier une forme d'ambition métaphysique qui se traduit à travers l'obsession de l'auteur pour les jeux de miroirs, les labyrinthes, la dualité, ou l'éternité.

----

Le texte qui suit propose une analyse plus détaillée du premier texte du recueil, « L'Immortel », qui est également l'un des écrits les plus célèbres de Jorge Luis Borges.

Le narrateur, un soldat romain nommé Flaminius Rufus, y rencontre un cavalier mourant, à la recherche du fleuve « qui purifie les hommes de la mort », situé selon lui en « Extrême Occident, où se termine le monde » et au côté duquel s'élève la « Cité des Immortels ». Fasciné par la possibilité de devenir immortel, notre héros va entreprendre de trouver le fleuve en question, avec le soutien de deux cents soldats et de plusieurs mercenaires.

A l'issue d'une longue quête qui le laisse seul et à moitié mort, Flaminius finit par atteindre le fleuve, boire son eau et inspecter la toute proche Cité des Immortels. Cette dernière ressemble à un labyrinthe monstrueux, à une construction insensée d'hommes ou de dieux devenus fous. Les immortels qui vivent au bord du fleuve ont cessé depuis longtemps de parler, et ne font qu'accomplir les tâches les plus élémentaires d'une vie qui a depuis longtemps perdu toute signification.

L'un d'entre eux, aussi humble que miséreux, suit Flaminius à la manière d'un chien, si bien que le soldat romain le surnomme « Argos », en mémoire du vieux chien mourant de l'Odyssée. Ce surnom semble raviver la mémoire de l'immortel, qui recouvre la parole pour révéler son identité : il est Homère, l'homme qui écrivit mille cent ans plus tôt l'Odyssée.

En quelques lignes, Borges résume le destin épique de Flaminius jusqu'en l'an de grâce 1921, où ce dernier fait escale dans un port d'Érythrée et boit, comme il en a l'habitude, l'eau d'un ruisseau d'eau clair qui coule dans les environs. En remontant sur la berge, un arbuste épineux lui déchire le dos de la main et Flaminius comprend avec un immense soulagement qu'il vient de boire l'eau du fleuve qui ôte l'immortalité.

La nouvelle se termine par un paragraphe en forme de facétie toute borgésienne, qui interroge a posteriori l'identité du narrateur, et conclut que l'auteur des lignes qui précèdent est trop lettré pour un soldat, et s'intéresse davantage au destin des hommes qu'à la pratique de la guerre. Bref, il ne s'agit pas de Flaminius Rufus mais d'Homère lui-même.

« Quand s'approche la fin, il ne reste plus d'images du souvenir ; il ne reste que des mots. (...) J'ai été Homère ; bientôt je serai Personne, comme Ulysse ; bientôt je serai tout le monde : je serai mort ».

« L'Immortel » présente la particularité de mêler une authentique ampleur narrative avec le dessein métaphysique qui traverse l'oeuvre de son auteur.

Le lecteur est d'abord happé par la quête du soldat romain, par son accession à l'immortalité, avant de partager son immense déception devant le non-sens absolu qu'elle représente, symbolisé par l'atrocité labyrinthique qu'est en réalité la Cité des Immortels. Il finit soulagé pour le narrateur lorsque celui-ci recouvre sa condition de mortel, avant d'être désorienté par le dénouement qui remet en question l'identité de ce dernier.

Tout le génie de Borges est d'introduire une forme de réflexion purement spéculative au coeur même de son récit. Il parvient à nous faire ressentir l'absurdité absolue que représenterait une vie réellement éternelle, et le retour à un état quasi végétatif qu'elle engendrerait. On saisit d'ailleurs, à l'instar du héros, à quel point le statut d'immortel n'est absolument pas souhaitable. L'obsession mathématique de l'auteur pour le principe de symétrie sauve le narrateur : s'il existe un fleuve qui rend immortel, alors il en existe un autre qui permet de recouvrer la condition de mortel. Une autre obsession récurrente, très présente dans le recueil, est la dualité ; elle s'exprime ici dans la pirouette finale, qui voit se confondre les destinées du soldat Flaminius et de l'homme de lettres Homère.

Vertige métaphysique face aux implications d'une vie éternelle, recours à une symétrie quasi axiomatique, obsession pour la dualité au sein de laquelle se dissout l'identité, les principaux ingrédients du génie borgésien fécondent pour notre plus grand plaisir cet authentique chef d'oeuvre que constitue « l'Immortel ».
Commenter  J’apprécie          5529
J'ai écouté la nouvelle L'Aleph interprétée par l'inoubliable Michel Bouquet.
Le narrateur qui s'appelle Borges se consacre depuis des années à la mémoire de Beatriz Viterbo, sa bien aimée, morte en 1929. Quand elle était en vie Borges aimait sa Béatrice seulement en imagination. Depuis qu'elle est morte, il se sent plus libre, il peut pénétrer chez elle, toucher les objets qui lui ont appartenu et contempler les portraits multiples qu'on a fait d'elle. A chaque anniversaire de sa mort, le 30 avril, Borges se rend chez elle et fait la connaissance de son cousin germain, Carlos Argentinos Daneri qu'il méprise à cause de ses gesticulations et de son accent italien. On sent quand même une proximité certaine avec le narrateur car le cousin est bibliothécaire subalterne et se pique de faire des vers . Carlos Daneri veut que Borges le mette en relation avec un écrivain reconnu mais Borges s'abstient de le faire.
Cependant plusieurs mois plus tard Daneri lui téléphone très agité. La maison de ses parents et de Beatriz va être démolie ! Cette fois le narrateur compatit à sa douleur. Tout l'univers imaginaire du narrateur sera enseveli et Daneri ne pourra retrouver l'Aleph sous la salle à manger.
L'Aleph ? Vous vous demandez ce que c'est. Ah ! Ah ! Vous vous dites que le cousin est un peu dérangé comme toute la famille. Vous voulez en savoir plus, je vous connais. Et vous oubliez Beatriz. le narrateur aussi...


L'interprétation de l'inoubliable Michel Bouquet est formidable. du grand art.
J' ai lu la nouvelle, je l'ai relue, elle me fatigue un peu trop la cervelle et m'émeut seulement à la fin…L'aurais-je déjà oubliée demain ?
Commenter  J’apprécie          3916
Il s'agit d'un recueil de 17 nouvelles, parues en revue entre 1944 et 1952. La dernière nouvelle donne son titre à l'ensemble, titre qui renvoie à la première lettre de l'alphabet hébreux.

Nous retrouvons dans ces récits les motifs borgésiens : labyrinthe, miroir, songe… Borges réécrit sans cesse les mythes, les réinterprète, les recombine… le monde qu'il décrit est étrange, irréel et pourtant terriblement dense. Un monde où le lien avec le divin est brisé, mais où un écho de ce lien semble subsister, resurgir. La théologie en devient une sorte de variante du fantastique.

L'intellect, la connaissance paraissent être proches de l'imaginaire, de la fiction. Rien n'est certain tout est possible. L'identité individuelle semble se dissoudre , par dédoublement, multiplication, réversibilité. le traître est la même personne que le héros, le saint est une autre expression de l'hérétique. le moi est un mirage. Tout homme est autre, autant dire aucun. Nous sommes au coeur d'un scepticisme généralisé, exprimé par une ironie distante.

La littérature est une fabulation, un artifice, elle ne peut saisir que que des chimères, des cauchemars, des songes, voyager dans les terres mouvantes de l'incertain, de l'indéterminé. La fiction borgésienne ne prétend pas dire le réel, indicible par définition, mais nous proposer un voyage, vers nulle par, vers nous même. Un voyage à recommencer sans cesse, dans une répétition qui n'en est pas une. Car en changeant un petit détail, un angle de lecture, un état d'esprit, d'autres combinaisons et possibles apparaissent, nous menant vert d'autres territoires, insoupçonnés jusque là.
Commenter  J’apprécie          343
L'Aleph (en espagnol : El Aleph) est un recueil de dix-sept nouvelles écrit par Jorge Luis Borges, éditées séparément entre 1944 et 1952 dans différents périodiques de Buenos Aires. le titre du livre est celui de la dernière nouvelle. C'est une accumulation assez hétéroclite. On y retrouve plusieurs thèmes, la métaphysique, la littérature, les labyrinthes, l'infini et la mort, avec aussi plusieurs cadres, l'Antiquité gréco-latine, l'Orient médiéval et bien sûr l'Amérique du Sud. Celle qui m'ont le plus séduit, ce sont celle où l'on retrouve l'esprit fantastique cher à la littérature sud américaine, comme “L'autre mort”, j'ai eu un peu plus de mal à entrer dans les considérations métaphysiques et religieuses de certaines, mais l'ensemble est d'une belle richesse, parfois poétique, ce recueil aspire à la réflexion, la connaissance. Et comme dans les nombreux labyrinthes que l'on trouve dans ses histoires, il n'est pas désagréable de s'y perdre en flânant parmi les mots. A lire et à relire.
Commenter  J’apprécie          320
«Toute destinée, pour longue et compliquée qu'elle soit, comprend en réalité «un seul moment»: celui où l'homme sait à jamais qui il est.» p. 51

Une lecture exigeante que ce recueil de nouvelles souvent qualifiées de contes métaphysiques. Pour ma part, j'ai surtout vu un jeu de piste formidable au milieu d'une multitude de références littéraires et religieuses. Nombreuses citations et allusions entre lesquelles l'auteur tisse des liens.
L'auteur s'interroge sur ce qu'est la vie, ce qu'est l'homme, comment se connaître soi-même. Il nous peint des destins singuliers où sonne la vengeance parfois, où règne la mort souvent.
Les lieux, d'une façon générale, semblent oniriques. C'est un paysage fascinant, enchanteur, facilitant la méditation et les pensées métaphysiques. Les villes semblent vides, même si très ouvragées, et restent minérales et dépeuplées.

J'ai beaucoup aimé certaines nouvelles, d'autres me sont restées hermétiques. C'est un auteur que l'on n'aborde pas aisément, simplement. Je pense qu'il faut y revenir, approfondir peu à peu et creuser les innombrables références données.

Mais un auteur à lire, c'est certain!
Commenter  J’apprécie          320
Voici une lecture dont il faut mériter le plaisir. Je veux dire par là qu'elle n'est pas des plus simples, qu'elle requiert parfois quelque support culturel philosophique ou théologique. Ces nouvelles, en tout cas, permettent d'entrer dans l'univers littéraire de Borgès. Ainsi nous retrouvons-nous comme Ariane dans un dédale dont il nous faut trouver l'issue. Dédale de mots, de référérences mythologiques et de légendes sud-américaines. La nouvelle dont je me souviens après 20 ans, et qui remplit parfois encore mes songes tant elle m'a frappée, c'est "L'écriture du Dieu". Tzicacan est emprisonné depuis des années à côté d'une cage où se tient un jaguar. Il voue tout son temps à la recherche du symbole que Dieu a choisi pour divulguer la formule magique qui sauvera les hommes de la fin des temps. Il comprend alors que ce symbole se trouve dans les taches du pelage des jaguars. Nous oscillons entre le rêve et la réalité, la conscience de soi et la perte de l'identité. C'est un texte à la fois simple et puissant, qui ouvre de multiples perspectives de réflexion, à l'instar de ces autres nouvelles "La demeure d'Astérion", "l'Aleph" ou encore "L'immortel". Cette lecture nous enrichit, véritablement!
Commenter  J’apprécie          290
Premier livre de cet immense auteur qu'est Borges que je lis ! Et contrairement à ce que je pensais, c'est parfaitement lisible !

Il faut dire que j'ai choisi un recueil de nouvelles, même si ce n'est pas mon genre de prédilection et que le quatrième de couverture annonçait que le style était moins roide qu'à l'accoutumée. Il y avait même cette fois des personnages, fussent-ils anonymes.

Quelle belle écriture, malgré la traduction ! Cela coule et se lit sans problème quant à la forme.

Je ne suis pas l'éditeur quand il indique que la plupart des nouvelles sont empreintes de fantastique. Je dirais plutôt de rêverie ou de fantasmagorie.

Sur le fond, cette lecture suppose une érudition qui n'est pas mienne et j'ai souvent dû aller sur Wikipedia pour apprendre qui était Cybèle ou l'une ou l'autre référence principalement à l'antiquité. Ce n'est pas gênant en soi, mais c'est sans doute là la raison de ma cote un tout petit peu inférieure, mais très légèrement, à cinq étoiles.
Commenter  J’apprécie          225




Lecteurs (1576) Voir plus



Quiz Voir plus

Créatures étranges.

Serpent bicéphale rencontré par Caton.

Amphisbène
Basilic
Mandrake
Mermecolion

5 questions
11 lecteurs ont répondu
Thème : Le livre des êtres imaginaires de Jorge Luis BorgesCréer un quiz sur ce livre

{* *}