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Jacques Ancet (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070128426
192 pages
Gallimard (30/09/2010)
4.35/5   13 notes
Résumé :

Malgré une éclipse considérable de trente ans entre son troisième recueil - Cuaderno San Martin (1929) - et son quatrième - L'Auteur (1960) -, durant laquelle il a composé ses proses les plus mémorables, Borges n'a cessé, sinon (le publier, du moins d'écrire de la poésie. Peut-être parce que le poème relève pour lui d'une nécessité existentielle. S'il y a recours aux mêmes obs... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
C'est par le poème que Borges entamera et finira son oeuvre. La proximité de la mer est un recueil d'une magie murmurée, une poésie coquillage où la proximité des mots se grave sur le sable. Une révélation en attente qui donne à l'esthétique de Borges élans vibratoires, plaisir palpable, méditative saveur, tigres et couteaux, quelques labyrinthes et force miroirs, là où la mer compte moins que son approche. Deviner ses rivages.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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Citations et extraits (50) Voir plus Ajouter une citation
LE CHIFFRE

L'amitié silencieuse de la lune
( je cite mal Virgile ) t'accompagne
depuis, cette nuit, aujourd'hui perdue
dans le temps, cette soirée où tes yeux
vagues l'ont déchiffrée pour toujours dans
un jardin, un patio qui sont poussière.
Pour toujours ? Je sais qu'une fois quelqu'un
pourra te dire en toute vérité :
Tu ne verras plus la lune claire.
Tu viens d'épuiser la somme des chances
que t'accorde le destin. Inutile
d'ouvrir toutes les fenêtres du monde.
Il est tard. Tu ne la trouveras plus.
Nous vivons découvrant et oubliant
cette douce coutume de la nuit.
Regarde. C'est peut-être la dernière.
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“Quand nous accable le malheur
L'espace d'une seconde nous sauvent
les infimes aventures
De l'attention ou de la mémoire :
La saveur d'un fruit, la saveur de l'eau,
ce visage qu'un rêve nous ramène,
les premiers jasmins de novembre,
le désir infini de la boussole,
un livre que nous croyions perdu, le battement d'un hexamètre,
la clé brève qui nous ouvre la maison,
l’odeur d'une bibliothèque ou du santal,
l'ancien nom d'une rue,
les couleurs d'une carte,
une étymologie imprévue,
le poli d'un ongle limé,
la date que nous cherchions,
compter les douze coups obscurs,
une brusque douleur physique.
Huit millions sont les divinités du Shinto
qui, secrètes, voyagent sur la terre.
Ces modestes divinité nous frôlent,
nous frôlent et puis nous laissent.”
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Les fleuves

Nous sommes temps. Nous sommes la fameuse
parabole d’Héraclite l’Obscur,
nous sommes l’eau, non pas le diamant dur,
l’eau qui se perd et non pas l’eau dormeuse.

Nous sommes fleuve et nous sommes les yeux
du grec qui vient dans le fleuve se voir.
Son reflet change en ce changeant miroir,
dans le cristal changeant comme le feu.

Nous sommes le vain fleuve tout tracé,
droit vers sa mer. L’ombre l’a enlacé.
Tout nous a dit adieu et tout s’enfuit

La mémoire ne trace aucun sillon.
Et cependant quelque chose tient bon.
Et cependant quelque chose gémit.
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9
L'autre tigre

Je pense au tigre. La pénombre exalte
la vaste et studieuse Bibliothèque
Et paraît éloigner les rayonnages ;
Fort, innocent, nouveau, ensanglanté,
Il ira dans sa forêt, son matin,
Et laissera sa trace sur la boueuse
Rive d'un fleuve dont il ne sait le nom
(Dans son monde il n'est ni noms ni passé
Ni avenir, seul un instant certain.)
Il franchira les distances barbares
Flairera aux tresses du labyrinthe
De toutes les odeurs l'odeur de l'aube
Et l’odeur délectable du chevreuil.
Entre les raies des bambous je déchiffre
Ses rayures et je pressens l’ossature
Sous le frisson de la splendide peau.
C’est en vain que s'interposent les mers
Convexes et les déserts de la planète ;
Depuis cette maison d'un port lointain
D’Amérique du Sud, je te poursuis
Te rêve, oh tigre des rives du Gange.
Le soir s'étend dans mon âme et je pense
Que le tigre vocatif de mes vers
Est un titre d'ombres et de symboles,
Une série de tropes littéraires,
De souvenirs de l' encyclopédie,
Non le tigre fatal, joyau funeste
Qui, au soleil, la lune changeante,
Poursuit à Sumatra ou au Bengale
Sa routine d’amour, d'ennui, de mort.
Au tigre des symboles c'est le vrai
Et son sang chaud, que je viens d'opposer,
Ce qui décime un troupeau de buffles
Et aujourd'hui, le 3 août 59
Étire sur la prairie la lenteur
De son ombre. Mais le fait de le nommer
Et de conjecturer son existence
En fait fiction de l'art, non la vivante
Créature de celles de la terre.

Nous recherchons un troisième tigre.
Il sera comme les autres une forme
De mon rêve, tout un système de mots
Humains et non le tigre vertébré
Qui, dans l'au-delà des mythologies,
Foule le sol, je sais, mais quelque chose
M'impose cette aventure infinie,
Insensée, ancienne et je continue
À chercher, pour le temps d'une soirée,
L’autre tigre, qui n’est pas dans mes vers.

p.40-41-42

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UN POÈTE DU XVIII SIÈCLE

Il corrige les brouillons incertains
De son sonnet sans titre, le premier,
Cette page arbitraire où sont mêlés
Des tercets imparfaits et des quatrains.

Lent il les cisèle, plume à la main
Et s'arrête. Lui est-il arrivé
De l'avenir et son horreur sacrée
Une rumeur de rossignols lointains ?

Qu'il n'est pas seul : l'a-t-il senti, au fond,
Que le secret, l'incroyable Apollon
Vient de lui révéler un archétype,

Un avide cristal où tout est pris
De ce qu'ouvre le jour ou clôt la nuit :
Dédale, labyrinthe, énigme, Œdipe ?
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Vidéo de Jorge Luis Borges
INTRODUCTION : « Le siècle qui commence trouve une Argentine confiante en l'avenir. le positivisme à la mode met une foi illimitée dans les avancées du progrès et de la science, et la croissance de la jeune république autorise une vision optimiste du destin national. La classe dirigeante a bâti son programme sur la base d'une instruction publique et gratuite pour tous, destinée à réaliser l'intégration culturelle de la deuxième génération d'une masse énorme et hétérogène d'immigrants à peine débarqués d'Europe. Cette Argentine, qui est à l'époque une toute jeune nation - sa guerre contre les Indiens n'est terminée que depuis vingt ans -, dépend économiquement de l'Angleterre, est fascinée par la culture française et admire autant l'opéra italien que la technologie allemande. Ce qui ne l'empêchera pas de tâtonner à la recherche de sa propre identité, à la faveur d'un sentiment nationaliste exacerbé dès 1910 […]. L'avant-garde poétique porte le sceau du modernisme, largement diffusé à Buenos Aires par Rubén Darío qui […] marquera d'une empreinte durable la vie culturelle du pays. […] La quête de la modernité inscrite dans le nouveau courant anime déjà ce pays avide de rallier un monde qui ne jure que par Le Louvre, la Sorbonne et Montparnasse. […].  […]  La seconde décennie du siècle […] marque un tournant décisif dans la réalité argentine. […] Hipólito Yrigoyen accède au pouvoir. Avec lui surgit une nouvelle classe sociale, issue de l'immigration et amenée, pour un temps, à prendre la place de la vieille oligarchie qui a dirigé le pays depuis les premiers jours de l'indépendance. […] Cette modernité, qui relie les poètes argentins à l'avant-garde européenne, se concrétise avec le retour au pays de Jorge Luis Borges, en 1921. […] Dans un article polémique paru dans la revue Nosotros (XII, 1921), Borges explique : « Schématiquement, l'ultraïsme aujourd'hui se résume aux principes suivants : 1°) Réduction de la lyrique à son élément fondamental : la métaphore. 2°) Suppression des transitions, des liaisons et des adjectifs inutiles. 3°) Abolition des motifs ornementaux, du confessionnalisme, de la circonstanciation, de l'endoctrinement et d'une recherche d'obscurité. 4°) Synthèse de deux ou plusieurs images en une seule, de façon à en élargir le pouvoir de suggestion. » […] […] les jeunes poètes des années 20 se reconnaissent au besoin qu'ils éprouvent de revendiquer une appartenance et de se trouver des racines. […] Il faut attendre une dizaine d'années encore pour que, dans le calme de l'époque, de jeunes créateurs, avec l'enthousiasme de leurs vingt ans, apportent un élan nouveau et de nouvelles valeurs poétiques. Prenant leurs distances par rapport à l'actualité, ils remettent à l'honneur le paysage et l'abstraction, ainsi qu'un ton empreint de nostalgie et de mélancolie. […] Les années 60 correspondent en Argentine à une période d'apogée culturel. le secteur du livre est en plein essor ; de nouvelles maisons d'édition voient le jour et, conséquence du boom de la littérature sud-américaine, la demande d'auteurs autochtones augmente, ce qui facilite l'émergence de noms nouveaux. […] La génération des années 70, à l'inverse, est marquée au coin de la violence. Plus se multiplient les groupes de combat qui luttent pour l'instauration d'un régime de gauche, plus la riposte des dictatures militaires successives donne lieu à une répression sanglante et sans discrimination qui impose au pays un régime de terreur, torture à l'appui, avec pour résultat quelque trente mille disparus. […] » (Horacio Salas.)
CHAPITRES : 0:00 - Titre
0:06 - Alejandra Pizarnik 2:30 - Santiago Kovadloff 3:26 - Daniel Freidemberg 4:52 - Jorge Boccanera
5:51 - Générique
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : Horacio Salas, Poésie argentine du XXe siècle, traduction de Nicole Priollaud, Genève, Patiño, 1996.
IMAGES D'ILLUSTRATION : Alejandra Pizarnik : https://universoabierto.org/2021/09/27/alejandra-pizarnik/ Santiago Kovadloff : https://www.lagaceta.com.ar/nota/936394/actualidad/santiago-kovadloff-argentina-pais-donde-fragmentacion-ha-perdurado-desde-siempre.html Daniel Freidemberg : https://sites.google.com/site/10preguntaspara1poeta
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