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EAN : 9782864328544
85 pages
Verdier (07/01/2016)
3.56/5   31 notes
Résumé :
Daily Express, 4 septembre?1945?: «?Personne ne sait encore pourquoi Sonia A., une artiste espagnole de 23 ans, a chuté mortellement de 80 pieds sur le pavé de Queensway, Bayswater. Hier matin, elle a passé un appel téléphonique depuis l'immeuble. Quelques minutes plus tard, elle gisait nue et mourante dans la rue.?»Quand on a vécu son enfance dans une absolue liberté et que l'entrée dans l'âge adulte ne s'est assortie d'aucun harnais, d'aucune obligation ni désir d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
La trajectoire et la chute insensées d'une poète pour évoquer le désir et le refus absolu de se conformer.

À partir de la trace ténue d'un fait divers tragique et mystérieux, tirée d'un passage des carnets du poète surréaliste Georges Henein, le suicide en septembre 1945 à Londres de Sonia A., défenestrée après s'être dévêtue, «suicide ayant donné lieu, selon l'abjecte coutume anglaise, à un procès contre la défunte», le quatrième roman de David Bosc, publié en janvier 2016 aux éditions Verdier, oscille sans cesse entre épouvante et merveille, en évoquant la trajectoire d'une femme broyée par la société, avec ses émotions d'enfant et son instinct d'animal insoumis, avec une curiosité et un appétit immense du monde et une frustration tout aussi démesurée envers les barrières auxquelles elle se heurte.
Ces appétit et frustration féroces la font dériver vers la folie et une sortie de vie par laquelle s'ouvre le livre, suicide dans une impulsion poétique et grandiose mais qui, aux yeux du monde, est un fait divers navrant et répréhensible.

«La fille à bout de souffle, soulevée par son souffle, atteint le palier du dernier étage, elle donne du poing contre la porte, sans cesser de lever les genoux. le gros homme au visage large, couleur de mortadelle, ouvre la porte, puis la bouche, la fille nue prononce des paroles sans queue ni tête, elle parle dans ses mains, où se mêlent des mèches de cheveux, elle dit je vais me marier, éclore, je vais me marier, donne-moi une livre, les cloisons tombent. Elle dit que nous ferons avec les oiseaux une race d'immortels, elle traverse l'entrée, toute nue sous les yeux de son père, elle s'engouffre dans le couloir et referme derrière elle la porte de sa chambre. le gros homme est changé en statue de sel. La bouche ouverte et la main levée.»

Les plus belles scènes du premier roman de David Bosc, «La claire fontaine», montraient un Gustave Courbet exultant de vitalité et de liberté en pleine nature, un homme hors du commun tout à la «joie de se gouverner lui-même». Sonia A. est aussi une femme libre, ingouvernable autrement que par ses propres lubies, refusant conventions et barrières aussi bien en société qu'en littérature.

«Seul me porte vers les livres le désir d'y trouver ce que je ne soupçonnais pas, et c'est pourquoi je déteste les faiseurs de bouquins, les romances ficelées, cousues d'astuces, farcies de diables à ressort, de pièges à souris. Je leur préfère le bruit du tram ou les écrits intimes, les chroniques fragmentaires, la philosophie, les recueils d'anecdotes. Ou le décompte que fit de ses chemises, dans la marge d'un sonnet, le pauvre Baudelaire. Il me semble qu'on doit écrire : dire, crier, murmurer, et mille fois s'il le faut. Dit-il, dit-elle, dit-il. Lorsque je lis « expliqua-t-elle » ou « se justifia-t-il », j'en ai le coeur qui se soulève.»

Mais les lubies de cette femme ne sont rien en regard de la folie du monde, que l'on devine dans ses cahiers à l'évocation de la poussière des bombardements de Londres et de l'odeur de brûlé du Blitz, ou dans le destin de son père, ancien ambassadeur républicain espagnol exilé à Londres.

Dans ce roman au titre magnifique, Mourir et puis sauter de son cheval, un vers de l'un des ultimes poèmes d'Ossip Mandelstam cité en exergue (Poème de Voronèje, juin 1937), comme Antoine Wauters avait pu le faire dans «Césarine de nuit», David Bosc parvient à orchestrer, avec son écriture poétique et précise, le récit d'un destin énigmatique en choc avec le monde, et un hommage au refus absolu de se conformer, même au prix de la folie et de la mort.

«Pourquoi la tête du cheval nous émeut-elle si fort ? C'est la douceur de la lèvre et des naseaux de velours gris – tandis que sous l'oeil on sent l'os, couvert à peine d'un cuir rêche, le crâne promis à la blancheur. Voilà pourquoi nous attendrit tellement la tête (horrible) des chevaux : le plus doux du vivant sur la promesse infaillible de sa destruction.»

Retrouvez cette note de lecture sur mon blog ici :
https://charybde2.wordpress.com/2016/01/07/note-de-lecture-mourir-et-puis-sauter-de-son-cheval-david-bosc/

Pour acheter ce livre chez Charybde, dès sa parution le 7 janvier 2016, c'est par là :
http://www.charybde.fr/david-bosc/
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L'auteur a écrit ce court opuscule à partir de deux extraits de presse relatant le suicide d'une artiste peintre à l'âge de vingt-trois ans qui s'est défenestrée, après s'être totalement dévêtue sous les yeux du concierge de l'immeuble. L'événement se situe à la sortie de la seconde guerre mondiale à Londres, encore sous l'emprise du rationnement.

J'ai découvert l'écriture de l'auteur et suis tombée immédiatement sous le charme. Il l'annonce, son histoire n'est que pure fiction et le surréalisme qu'il attache à l'artiste est digne de ma belgitude.

Reste quand même un malaise constant par rapport à la folie qu'il imagine chez l'artiste et qui ne transforme pas l'oeuvre en chef-d'oeuvre magistral. Mais ce n'en est pas loin. Bravo !
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C'est à partir de rien ou de si peu : deux articles de journaux, une photo et un extrait des carnets du poète Georges Henein que David Bosc réinvente une femme, Sonia Araquistáin, vingt-trois ans, artiste peintre d'origine espagnole, qui s'est suicidée le 3 septembre 1945 en se jetant nue d'un troisième étage.
Réinvente, oui c'est cela. L'auteur avoue : « Quant à la vraie Sonia, Sonia Araquistáin, vraiment je ne sais d'elle à peu près rien, des bribes, et ce ne sont ici que fantaisies, brûlures de contes pour enfants. ». David Bosc s'appuie sur, selon son expression, des « points de fixation ». Puis, l'invention donne vie au personnage. Il se peut qu'elle ait pensé cela, peut-être pas, on ne sait pas.
Après sa mort, imagine l'auteur, son père trouve dans son atelier un roman, sur lequel, en croisant les lignes, Sonia a écrit son journal. Ecrire sur un roman, sur un texte qu'elle n'avait peut-être pas lu ou pas aimé, pour lui coller sa vie, plus belle, plus fantasmée, avec des mots qui fracassent les murs, déchirent l'ordre établi, réglé, étriqué, suffocant. Elle a barré, rayé les lettres imprimées de son écriture sans entraves, de ses mots intimes et sensuels. Elle l'a fait taire. le roman s'est tu et elle s'est mise à nu.
Sonia est une femme libre. Elle a passé quatre années, de quinze à dix huit ans à Summerhill, école « sans grilles, sans serrures ». Elle s'y abreuve de liberté, d'amour mais prend rapidement conscience que Neill a sa petite idée sur la question : il « défend sa méthode en affirmant que le plus antisocial des voyous, une fois soumis à cette forme de liberté maximale, devient rapidement « un partisan de l'ordre et de la loi ». Donc lui aussi, il ne travaille qu'à l'adaptation des gosses au monde comme il est, comme il va. Forceries, porcheries, bordels, casernes, jardins d'acclimatation. On n'en sort pas. »
Oui, mais Sonia veut en sortir, franchir les limites, faire un pas de côté, s'envoler, refuser les conventions. Son émancipation sera totale.
« Si l'on a vécu son enfance dans une absolue liberté et que l'entrée dans l'âge adulte ne s'est assortie d'aucun harnais, d'aucune obligation ni désir de servir, de consacrer les bonnes heures du jour au travail, aux soins des enfants ou des animaux, alors la faim de liberté se déplace, elle mute, elle trouve aussitôt d'autres murs à quoi se heurter, d'autres insuffisances : la société bien sûr, la liberté qu'on n'a pas d'y faire ceci, d'y être cela, mais aussi la limitation du corps et la limitation de l'esprit. »
Sonia veut aussi libérer son corps, elle marche la nuit dans cette ville de Londres d'après guerre, rencontre des hommes, va dans les cafés, fréquente des artistes. Elle est mouvement, rien ne l'arrête, ne la contraint. Si on la retient, si on l'empêche, alors elle se fait eau, coule ou s'évapore. « Et je repars. Je suis une jonchée de feuilles, qui dévale, tourbillonne, s'élève, retombe, s'arrête, s'élance à nouveau, se divise, se mêle à d'autres tas de feuilles, plus jeunes ou plus anciens, accueille un papier gras, une page de journal, un morceau de ficelle, se laisse acculer dans une impasse, rebrousse chemin, explose en gerbe folle sur une bouche d'aération, paie son écot à l'eau de la rigole, espère et trouve les jambes nues d'un enfant, n'est aucune des feuilles pas plus qu'elle n'est le vent, elle est la danse, elle est dansée. »
Sonia veut aussi libérer son esprit en parlant plusieurs langues, en vivant de ses rêves, en brisant ce qui nous sépare des plantes, des animaux et des pierres. Elle s'imagine vivant et se multipliant à l'infini, envahissant tout l'espace, mutant à chaque seconde : « La liberté n'est plus que chez les tout-petits, les parasites, les levures, les bacilles. » Elle se veut crabe plein d'humour, gazelle, hirondelle aux ailes déployées. S'envolant. Afin qu'ait lieu « le miracle… la libération fortuite de ce flux primordial que l'on conspire à endiguer, à empêcher, afin que chacun reste à sa place dans le manège. »
Sonia fera ce « pas supplémentaire », ce « saut hors de la chose » pour ne jamais cesser d'être libre, proliférant encore et encore, devenant mouvements brusques et incontrôlés, métamorphoses éternelles et jaillissantes, vies illimitées, grouillements incessants…
Un texte sublime, intense, un poème où se plonger dans les visions hallucinées et obsessionnelles de cette femme, dans son langage libéré jusqu'au surréalisme et la folie.
« Ça n'était pas toujours facile à lire » constate le père découvrant le journal. Non, ça ne l'est pas car la parole de Sonia est fragments, éclats, miroirs démultipliant le réel à l'infini, ellipses. Elle se souhaite éparpillée, sans ordre ni classement, son texte en est le reflet : « … je déteste les faiseurs de bouquins, les romances ficelées, cousues d'astuces, farcies de diables à ressort, de pièges à souris. Je leur préfère le bruit du tram ou les écrits intimes, les chroniques fragmentaires, la philosophie, les recueils d'anecdotes. Ou le décompte que fit de ses chemises, dans la marge d'un sonnet, le pauvre Baudelaire. »
Le vers de Mandelstam : « Mourir et puis sauter sur son cheval » dit le mouvement d'une femme libre et qui tient à le rester, l'ultime élan en dehors des limites, dans cet ailleurs où doit se passer la vie.
Mourir pour mieux renaître.

Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Quel titre étrange et cependant si poétique. Cité en exergue du roman « Mourir et puis sauter de son cheval » est un vers de Ossip Mandelstam (Poème de Voronèje, juin 1937).
Londres, 1945, une jeune artiste espagnole vient de se jeter, entièrement nue, du haut de l'immeuble dans lequel elle vivait, peignait, écrivait. Son père cherche à comprendre ce qui a bien pu lui arriver. L'auteur nous entraine immédiatement dans les pas de Sonia, dans ses délires, ses rêves, ses aspirations et ses craintes, à une époque sombre de notre histoire récente, ponctuée par le bombardement et les tickets de rationnement.
Nous découvrons alors le journal de Sonia, et à travers ces lignes, son déséquilibre, ses délires surréalistes et son refus des conventions qui régissent son monde. Elle a découvert que soudain tout va changer, elle n'est plus la même, le monde devrait être émerveillé de cette transformation, elle laisse éclater sa soif de liberté, ses recherches sur l'évolution des êtres, des espèces, les mutations de son propre corps, ses envies de tout tenter, le plus beau comme le plus sordide. Délire poétique d'une jeune femme schizophrénique ? Il y a effectivement de la poésie mêlée d'hallucination dans son égarement, ce qui la rend à la fois étrange et attachante.
« Mourir et puis sauter sur son cheval » est librement inspiré d'un fait divers. Une jeune femme, S.A, s'est suicidée en se jetant d'un troisième étage… et le suicide, absolument pas admis par les différentes religions, donne lieu à un procès. Les poètes d‘alors y trouvent une occasion de rendre un hommage à S.A. Alors oui, il y a une certaine poésie dans ces pages, qui se lisent vite, poésie qui mêlée à un sentiment de liberté et de folie douce, laisse un petit goût étrange d'instabilité et d'égarement.
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Voilà un titre qui donne à lui seul envie de se plonger dans le quatrième roman de David Bosc, comme une promesse de poésie et d'originalité. Il prend pourtant racine dans un sordide fait divers : le suicide, à Londres, au lendemain de la guerre mondiale, de Sonia A, jeune artiste espagnole, qui s'est jetée nue par la fenêtre du dernier étage de la résidence où elle vivait en compagnie de son père. La presse londonienne expliqua son geste par "sa curiosité morbide pour la psychologie et un déséquilibre mental causé par une liaison amoureuse".

Le texte de David Bosc ne s'attache pas à la dimension publique, sensationnelle de l'événement. Il l'occulte complètement, pour nous livrer l'intime et rugissant cri d'amour pour la liberté d'une jeune femme atypique.

C'est en visitant l'atelier de sa fille que le père de Sonia trouve, après son décès, un journal rédigé entre les lignes des dernières pages d'un roman de gare. le lecteur découvre alors en même temps que lui ces quelques pages dans lesquelles la défunte exprime, avec un curieux mélange de maîtrise et d'intensité, pensées et émotions.

Au fil de brefs épisodes du quotidien qu'elle dépeints, de réflexions qui s'apparentent à des aphorismes, elle nous fait ressentir l'ampleur de son désir de liberté, dont la force la consume. Sonia ne supporte pas le prosaïsme avec lequel la plupart des individus se contentent d'interpréter l'existence, de comprendre les autres. Passionnée par la complexité des mécanismes qui président à la moindre manifestation, y compris le plus bénigne, de la vie, elle s'efforce de pénétrer le sens profond, intrinsèque, de toute chose et de tout être. Elle aspire ainsi à renouer avec une sorte d'animalité primitive, extrasensorielle, qui lui permettrait d'accéder à une émancipation absolue, aussi bien physique que psychologique, et de percer le mystère fantasque que recèlerait chaque portion de réalité. Elle accomplit cette démarche dans une ouverture totale d'esprit, repoussant toute limite, refusant de se laisser enfermée dans quelque carcan.

Son journal dénote son hyper sensibilité, mais aussi une certaine rigueur : ses propos révèlent une femme au bord de la démence, qui éprouve de plus en plus de difficultés à concilier la hauteur de ses aspirations spirituelles et la médiocrité du monde, mais ils sont formulés dans une langue riche et construite, traduisant une aptitude au raisonnement intacte. du coup, j'ai eu l'impression que cette lecture sollicitait davantage mes facultés de compréhension, qu'elle ne suscitait de réelle émotion. Et bien que poétique, très imagé, "Mourir et puis sauter sur son cheval" est un texte dont la complexité m'a souvent empêchée de m'attacher à son héroïne.

Lien : http://bookin-inganmic.blogs..
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
"À l'aube, les arroseuses mouillent la poussière des rues ; elle reviendra avant midi cet empêchement de voir et de respirer que l'on croyait à demeure chez les porteurs de babouches et de sombrero. Poudre de briques, plâtre des murs et des plafonds ; on dit que trois cent mille bombes sont tombées sur la ville.
Un gamin d'une quinzaine d'années est assis dans la vitrine crevée d'un marchand de livres d'occasion. Le bâtiment menace ruine, il a perdu son toit et son dernier étage, les occupants ont été évacués. Dans son costume de laine, avec une cravate qui ressemble à la ceinture d'un vieux peignoir, le bonhomme est en pleine lecture. Il a le pied sur une pile bien ordonnée - son premier choix - tandis que tous les autres livres, au sol et jusque sur le trottoir, s'étalent, se chevauchent et font les écailles d'un dragon terrassé. Il y a là comme une sécession et la guerre s'en trouve repoussée à mille lieues, au diable.
- Dis, c'est un miroir ou un trou de serrure ?
- Hein ?
- Dans ton bouquin, tu regardes vivre les autres ou tu ne vois partout que toi ?"
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Des Eves noires à la hanche fleurie. Un chevalier à pourpoint d'oiseau et tête de chardon rouge. Les adorateurs d'une fraise des bois, nus, adorablement. Cohue qui sort de l'eau pour régresser dans l'oeuf blanc dont on se demande bien qui le refermera, et comment. Cabrioles d'amour, le poirier ventre à terre, et les orteils là-haut en colloque muet. Le paradis ne peut être que miniature, ou plutôt le lieu d'une inversion des échelles.
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Le calme. Le calme. Il en cimente toute la maison, avec cette gravité qu'il jette comme du sable sur les départs de feu : fous rires, chagrins, enthousiasmes, trop fortes joies. Que ça puisse déborder, exploser, sortir de ses limites... il veille à l'empêcher avec un savoir-faire d'infirmier des asiles.
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De loin, on dirait une grange. Sous la charpente, ce sont de forts râteliers munis de crochets où pendent les carcasses en attente d'enlèvement. Demi-porcs, demi-génisses demi-moutons sans pieds ni tête. La chaîne de levage pour la mise à mort est à l'entrée, à l'aplomb du portique. Soulevée par une patte, la bête vient d'être frappée au front avec un lourd maillet qui ne l'assomme qu'à demi. Elle tremble, se tord comme un épileptique quand le couteau lui plonge dans la gorge. (Ce maillet, est-ce par dérision que les Français l'ont appelé merlin?) L'œil de l'animal s'imbibe, aspire le plus possible, se révulse et s'éteint. Ca n'est pas la mort qui est abominable ici c'est la moisson. C'est d'avoir fait vivre et se multiplier, c'est d'avoir élevé des êtres-pour-la-mort. Que l'on a portés au monde pour les tuer.
La main ouverte, le bras tendu, j'arrête les hommes qui me regardent vomir : ne me touchez pas.
Une porcherie est un cristal politique. Il n'y a d'avilissement des espèces animales qu'à proportion de celui des hommes. Et c'est à dessein que l'industrie alimentaire nous prive de la prédation, de la dévoration : l'homme est nourri comme sont nourris les animaux de boucherie.
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Seul me porte vers les livres le désir d'y trouver ce que je ne soupçonnais pas, et c'est pourquoi je déteste les faiseurs de bouquins, les romances ficelées, cousues d'astuces, farcies de diables à ressort, de pièges à souris.
p. 32
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Dans le cadre du banquet d'automne "Le travail de la langue" qui s'est déroulé à Lagrasse du 29 au 31 octobre 2016, s'est déroulé une table ronde avec les écrivains David Bosc, Maylis de Kerangal et Hélène Merlin-Kajman : Comment je travaille la langue.
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