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EAN : 9782070363377
224 pages
Gallimard (23/02/1973)
3.7/5   183 notes
Résumé :
Le printemps et l'été, rien ne distingue l'âne Culotte de tous les autres ânes. Mais l'hiver, il porte des pantalons ! Et puis, d'où vient-il, cet âne mystérieux ? Et où retourne-t-il une fois que le boulanger et l'épicier ont rempli ses couffins ? Les anciens du village le savent, mais ils n'en parlent pas. Bravant un jour l'interdiction de Grand-mère Ernestine, un jeune garçon, Constantin, grimpe sur le dos de l'âne Culotte pour se rendre dans le pays défendu.
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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Je ne me lasse pas de l'univers d'Henri Bosco. Après une dizaine de bouquins en l'espace de quelques mois à peine, cet engouement ne se dément toujours pas. L'âne culotte est un des romans les plus populaires de l'auteur, je suis surpris de ne pas l'avoir lu plus tôt. Peu importe. Dès les premières pages, j'y retrouve cette atmosphère si précieuse qui m'avait plu ailleurs. Il y a les paysages de Provence, les hauts plateaux, les rivières, les villages reculés, avec ses petites maisons en pierre, ses ponts. le tout dans un style si poétique, un vocabulaire très précis et évocateur. Ses descriptions parfois longues (dans certains cas, de quelques paragraphes) ne me paraissent jamais lourdes. Et puis, il y a ces touches d'étrangeté, de mystère. Par exemple, cet âne culotté, qui semble vous regarder droit dans les yeux, comme s'il pouvait lire vos pensées…

Malgré mes premières appréhensions (avec cet âne en apparence si sympathique, presque comique, qui donne son nom au titre, et cet enfant qui le monte), j'avais l'impression qu'il s'agissait davantage d'un roman pour les plus jeunes. Un peu à la manière de L'enfant et la rivière, même si un adulte peut apprécier ce dernier. Eh bien, non. Placer L'âne culotte entre les mains d'un gamin peut s'avérer hasardeux.

On y suit Constantin Gloriot, un garçon qui vit chez ses grands-parents, des gens différents des paysans des environs, aisés, qui emploient des domestiques. Avec lui, on découvre ce coin de pays, sa géographie, ses habitants. Certains sont des visages familiers, comme le curé, etc. Il se lie avec la petite Hyacinthe, de son âge, silencieuse, orpheline gardée par les domestiques des Gloriot. Enfin et surtout, il y a Monsieur Cyprien, qui habite plus haut dans les montagnes, qui possède un jardin secret (paradis perdu) et des habilités spéciales (minéraux, végétaux et animaux semblent lui obéir, dont le fameux âne). Ce bonhomme particulier détecte quelque chose, un don, une prescience chez ces deux enfants qui seront entrainés dans une série d'aventures qui prennent des allures d'initiation. Il est difficile de résumer davantage ce roman.

Comme je l'ai écrit plus haut, j'adore l'atmosphère qui se dégage des romans de Bosco. Ce roman n'y fait pas exception. Je me suis laissé entrainer dans l'histoire de Constantin et Hyacinthe, j'ai partagé leurs joies, leurs craintes, leurs peines et leurs espoirs. Leurs aventures, anodines d'abord, sont rapidement empreintes de spiritualité, de mysticisme, presque de religion. Dans tous les cas, on y détecte un je-ne-sais-quoi de fantasmagorique. Oui, fantasmagorique, le mot est à retenir. Tant par les thèmes que l'atmosphère, ça me fait penser aux films du réalisateur Miyazaki, que j'adore.

Toutefois, si l'univers me fascine, là où j'ai moins accroché, c'est à l'intrigue elle-même. Elle est difficile à cerner. Pendant toute la première partie du roman, elle me glissait entre les doigts. Tout finit par s'emmêler et trouver un sens mais, pendant une grande partie de ma lecture, je me demandais quel en était le moteur. Bien sûr, on peut dire que c'est un roman d'apprentissage, que Constantin doit trouver sa place dans le monde, mais…. Sans vouloir réduire un roman à son schéma actantiel, quelle était la mission du garçon? Eh bien, en arrivant à la fin, on découvre qu'il n'a pas réussi sa mission et que Hyacinthe joue un rôle plus important qu'on ne l'aurait cru. Et, même là, quelque chose m'échappe. Qu'étais-je sensé retenir de cette lecture? Je ne suis pas certain, et ce n'est pas une mauvaise chose non plus. Les livres n'ont pas à fournir toutes les réponses à toutes les questions. Dans tous les cas, L'âne culotte aura réussi à me dépayser, à me divertir et à me faire rêver et réfléchir à la fois.
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On trouve chez Henri Bosco ce sentiment océanique, religieux par excellence. Le 'eins mit allem' des romantiques allemands. Dans L'âne culotte, Constantin fait corps avec les éléments, la montagne, l'âne. Comme Pascalet, dans L'enfant et la rivière, il est attentif à la 'cadence de l'onde universelle'...
L'univers de Bosco est un univers chiffré, entrecroisé de signes, traversé de réminiscences d'un monde agraire, rustique, archaïque. L'écriture du monde. Un monde peuplé d'âmes, enveloppé d'étrangeté, balançant entre sommeil et veille, antérieur aux frontières. Un monde qui évoque les pratiques druidiques, qui confond les mânes, l'esprit des animaux et le christianisme. Monde nocturne, humide, improbable; d'effluves épais et de sons imprévus...qui répondent à d'inquiétants appels... Tout baigne dans une participation mystique communiquante et fluide, où tout s'apparente, s'interpénètre et se contamine....Règne végétal et minéral, règne animal et humain...le monde des vivants et celui des morts, dans ses multiples métamorphoses et survivances... Syncrétismes, où l'on reconnait des éléments d'orignes diverses, locales et d'ailleurs. Où tout se relie et vibre à l'unisson dans un panthéisme débridé et troublant, qui ravi sens et conscience, en brouillant les pistes........Une langue sensible et juste restitue l'indicible de l'expérience... la parole poétique s'y prête, droite et simple...directe...elle communique, et on communie...
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Ce livre est une bouffée d'air pur, et pour autant, il cache des côtés obscurs. L'histoire se passe dans un village provençal situé au pied des montagnes. Constantin, un enfant un peu solitaire et marginal, vit chez ses grands-parents. Un jour, circulant dans le village, il croise sur sa route un âne étrange qui, vêti de pantalons, décharge ses couffins chez les commerçants, se charge de provisions, et ensuite grimpe là-haut dans la montagne au Mas de Belles Tuiles, chez son maître Mr. Cyprien, un vieil aventurier venu s'y installer. Celui-ci ne se déplace jamais au village.

Ce récit est vraiment passionnant, d'abord grâce à l'âne, qui est attendrissant, et puis grâce à la passion de l'auteur pour la nature. Ça commence en nous parlant de la pluie et du mauvais temps. Dans la façon simple dont cela est raconté, on sent le poids des années, le confort et le « toujours » qui embrassent les lieux. On sent aussi le côté provençal et poétique dans le phrasé.

Au cours du récit, se dégage un côté plus occulte, et on est pris par la curiosité. Rien n'est attendu. Un livre magnifique.
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Constantin Gloriot vit chez ses grands parents, en Provence, dans le village de Peïrouré.
La famille semble aisée, en tous cas différente des paysans du coin.
Constantin aime à se promener Mais défense lui est faite de fréquenter les mauvais garçons du village et de dépasser le Pont de la Gayolle.
Au delà de ce pont vit M.Cyprien, homme que personne, à part le curé, ne connaît, et que tout le monde semble craindre.
Seul émissaire de Monsieur Cyprien, son âne qui porte la culotte en hiver et dont l'intelligence semble très particulière.
La tentation sera trop forte et Constantin franchira le pont ; bien entendu, il arrivera à Belles tuiles, la demeure de monsieur Cyprien.
Dès lors la magie va s'installer.
Monsieur Cyprien possède une science, un don, une connaissance divine. Il domine la nature. Végétaux, minéraux, animaux, tous lui obéissent.
Tous ? Non , mais malheur à ceux qui lui résistent.
Cyprien croit trouver en Constantin son apprenti mais l'enfant n'est peut-être pas assez pur ou docile.
De plus l'enseignement est matériellement interrompu plusieurs fois.
Monsieur Cyprien doit pourtant trouver son disciple, et c'est Hyacinthe, la petite orpheline qui vit chez les grands parents qui le deviendra, mais elle ne possède pas les dons que Cyprien avait décelé chez Constantin.
La fin du roman est plus obscure pour moi ; Cyprien semble sombrer dans la folie, mais le grand-père de Constantin le protège.
Hyacinthe va disparaître.

Bien que j'ai lu deux fois de suite ce roman, j'ai la très nette impression qu'une grande partie de son épaisseur m'ai échappée, je la sent mais ne peut l'atteindre.
Le style est noble, concis, remarquablement évocateur.
Les images sont fortes, le thème aussi.
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Cette histoire présente ,selon les confidences de Bosco en 1957, un côté véridique. Enfant, le petit Henri chérissait un baudet tirant une cariole , celle de Monsieur Autran, dit "Gros-Lapin", l'épicier ambulant.
Pour éviter à son animal de trait, patibulaire et serviable les morsures du froid, l'hiver, et les attaques des insectes , l'été,
son maître imaginatif revêtait ses quatre pattes velues d' une sorte de froc .
Plus tard, Bosco, jeune enseignant, se remémorant ses souvenirs enfantins, souhaita les partager avec ses lèves sous forme d'une longue dictée qui dura six mois !
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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Seulement, son paradis, ce n'était pas un paradis de cathédrale, c'était un paradis pour petite paroisse. Un joli paradis humain, tiède, bien clos, un de ces paradis de campagne qui groupent trois cyprès autour d'un puits. Tendrement il nous le montrait, de loin, derrière une masse de platanes avec ses dix maisons et le bout d'un clocher trapu ; et l'on se disait qu'il y ferait bon vivre. C'était un paradis orienté au sud, vers la chaleur, un paradis modeste, au milieu d'un hectare d'arbres fruitiers ; un paradis blotti au pied d'une haute falaise couronnée de figuiers sauvages, dans un creux, à l'abri de la pluie et du vent ; un paradis parfumé de plantes médicinales, comme la bourrache, la sauge et l'arnica ; un paradis sur lequel veillait un vieux saint un peu somnolent à barbe blanche, un vieux saint assis devant la porte, sur une chaise de paille ; un paradis que visitait, chaque année, tout seul, et monté sur son âne, le Dieu de la Fête des Palmes. Il s'y entretenait familièrement de l'état du ciel, du produit des jardins et du vin des dernières vendanges, avec les habitants venus à sa rencontre, cependant que, laissé en liberté, son âne broutait sur le bord du chemin, la gentiane bleue et la tige sucrée de la douce-amère.
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Noir-Asile, malgré son air de solitude, m’attirait, tant par le secret de son site caché derrière d’énormes buissons de genêts d’or, que par je ne sais quel charme encore humain. Resté seul dans le grand jardin, je ne tardai pas à sentir l’attrait de cette cabane de chiens qui, pendant si longtemps, avait abrité les mystérieux conciliabules d’Hyacinthe avec elle-même. Après l’étrange, l’inoubliable Belles-Tuiles, c’était pour moi l’un des plus graves habitats de l’enfance. J’y revenais plus souvent, et je m’y attardais des heures entières, sans pourtant y entrer. Mais, adossé à ses parois de planches, assis dans l’herbe sèche qui sentait le feu de l’été, j’y reprenais peu à peu avec la terre tiède ce contact de plaisir et d’angoisse dont le souvenir, depuis lors, n’a cessé de troubler ma vie. Car j’aime la terre.
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Chaque année, nous arrivions à Peïrouré pour la rentrée des classes. Les vignes rouges couvraient encore la campagne. Mais vers le 15 octobre, la pluie descendait des collines et, au premier coup de vent, toutes les feuilles partaient des arbres. Averses et rafales se succédaient et, pendant quatre longs mois, le mauvais temps régnait sur le pays. Si l'automne nous donnait encore quelque belle journée, on n'en sentait pas moins tomber la chaleur du soleil qui commençait à se rapprocher de l'horizon ; et peu à peu l'automne cédait les plus belles parties du ciel à la bise. Dès les premiers jours de décembre, l'hiver s'était installé sur la montagne. Des fenêtres de la petite école tournée vers le nord, on voyait les premières neiges passer les crêtes. Déjà on avait allumé les poêles et les classes sentaient la laine et le cuir humide. Déjà sans doute, sur les hauteurs, les bêtes libres, en quête de terriers plus chauds, avaient changé de quartiers. Toutes les cheminées fumaient sur le village, et l'on déchargeait à grand fracas des charretées de sarments devant la porte du boulanger. Depuis longtemps, l'église était devenue froide et, sauf le dimanche, on n'y rencontrait plus guère, en dehors des offices, de ces fidèles furtifs qui aiment à confier en passant une petite prière à leur saint de prédilection.
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- Alors, me dit-elle, qu'est-ce que tu as fait, mauvais garnement ?
- J'ai vu un âne.
- Un âne ? Quel âne ?
- Un âne qui portait des pantalons.
Sa figure se rembrunit.
- Et après ?
- Après, je l'ai suivi.
- Tu l'as suivi ?
Le souffle coupé, elle s'arrêta de rincer la vaisselle.
- Jusqu'où, tu l'as suivi ?
- Jusqu'au clos de la Chapelle.
Elle respira.
- Et tu étais seul ?
- Non, il y avait aussi Sucot, Toquelot, Claudius, Innocent, Rapugne...
S'étant essuyé les mains, elle se retourna et s'assit, la figure sévère.
- Constantin, me dit-elle (car je m'appelle Constantin), jure-moi devant Dieu, jure... que si jamais tu rencontres de nouveau cet âne...
- Hé bien ?
- Tu le laisseras passer son chemin, sans le regarder, sans le suivre, sans lui adresser la parole.
- Hé ! Péguinotte, adresser la parole à un âne ! Et pourquoi faire, dites ?
- Pourquoi, Bonne-Mère-des-Anges ? Un âne qui porte des culottes, comme un chrétien !... Et tu me demandes pourquoi ?
- Mais, Péguinotte, M. le Curé ne manque jamais de nous conseiller, après le catéchisme, de respecter beaucoup cet âne.
- M. le Curé est trop bon, voilà tout. Et d'abord M. le Curé ne sait pas. S'il savait...
- S'il savait quoi ?
La Péguinotte baissa le nez, regarda ses grosses mains rouges et dit :
- S'il savait d'où vient l'âne Culotte...
- Et d'où il vient ? Tu le sais, toi, dis ?
Elle se leva, prit une pile d'assiettes et murmura :
- Tais-toi. Tu m'en ferais trop dire. Certainement que je le sais. Mais par bonheur, je sais aussi me taire. Parce que, comme on dit chez moi :
Celui qui parle sans raison
Tire le diable à la maison.
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Il y avait là des bêtes... Lesquelles? Je ne les
voyais pas; peut-être toutes les bêtes de la forêt,
de la montagne... Du sol montait une colonne de poussière et l'odeur du sauvage. C'était bien cette odeur de poil, de sueur et de gibier noir qu'exhale
le sanglier à bout de forces; mais il s'y mêlait
des senteurs moins loyales: le puant de la fouine,
peut-être la fétidité du loup. Ils dansaient. Je ne
les voyais guère; mais ils dansaient. La masse oscillait lourdement, en mesure; les petits perdus
sous les gros, sans doute, les gros serrés flanc
contre flanc, le museau bas, mais tournés vers l'homme. Lui, il ne les regardait pas. Il contem
plait obstinément le rocher clair; et il jouait. Il
jouait de plus en plus vite; il poussait un air plus
impérieux dans les quatre ou cinq roseaux de sa
flûte; il posait une prise plus large sur ces têtes bestiales; il jouait comme un démon; il étendait son cercle magnétique par-delà le vallon
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Visite à l'écrivain Henri BOSCO dans sa maison niçoise ; il évoque son enfance, sa manière de travailler, son goût pour la cuisine et pour la musique et parle surtout d'un certain art de vivre, de sa conception de la vie. Evocation d'un de ses ancêtres proches, Don Bosco avec reportage dans une école technique de la fondation Don Bosco qui forme des ouvriers qualifiés. Présentation d'un...
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