AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782070773640
112 pages
Gallimard (10/02/2005)
4.28/5   30 notes
Résumé :

" Quand il avait quitté Paris, dix ans plus tôt, pour venir habiter à Saint-Ange-des-Bois, Monsieur Ladmiral avait fait savoir, pour vanter la maison qu'il achetait, qu'elle était à huit minutes de la gare. C'était presque vrai à cette époque. Par la suite, et à mesure que Monsieur Ladmiral vieillissait, la maison avait été à dix minutes, puis à un bon quart d'heure de la gare. Monsieur Ladm... >Voir plus
Que lire après Monsieur Ladmiral va bientôt mourirVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Monsieur Ladmiral se fait vieux. Il a plus de soixante-dix ans, et même faut-il l'avouer soixante-seize. Mais il ne fait pas bon de le lui rappeler. Et ce n'est pas son fils, Gonzague, qui se permettrait une remarque là dessus. Ni d'ailleurs sur aucune autre chose que dit ou fait son père. Ho non, il le respecte, l'entoure de beaucoup d'amour et agit en toute simplicité avec lui, sans jamais lui montrer les efforts qu'il fait pour que ce dernier ne s'aperçoive jamais du temps qui passe.
Chaque dimanche, ou presque, Gonzague débarque ainsi de Paris avec sa petite famille pour passer la journée à la campagne, avec ce père si chéri. Et chaque dimanche, monsieur Ladmiral est à la fois heureux de les recevoir et mécontent d'être troublé dans son emploi du temps. Mais ce dimanche là, en plus de son fils, c'est Irène, sa fille, qui s'invite sans prévenir et avec elle entre dans le logis un tourbillon de vie, de paroles. Un souffle de modernité bouscule ce petit monde engourdi. Les enfants sont fascinés, Gonzague agacé et Monsieur Ladmiral ébloui...

Quelle douceur dans ce dimanche d'été si chaud, si lent. Quelle indicible tendresse dans les mots dits ou tus selon le moment. Aucune parole méprisante, ni véritable méchanceté exprimée entre ce frère et cette soeur qui se jalousent un peu et rivalisent de bonté auprès de ce vieux père fatigué et tant aimé.
Une écriture délicate et sensible (1945), emprunte d'une certaine préciosité, parfume agréablement cet instant suspendu d'un dimanche à la campagne, un petit rituel de gestes et de paroles que seul le temps semble inéluctablement éroder.
Une jolie peinture d'un tableau de famille, au charme suranné, qui a été admirablement et fidèlement filmé par Bertrand Tavernier (1984) dont je garde un souvenir émerveillé.
Commenter  J’apprécie          402
Ce n'est qu'il y a quelques années que j'ai appris que le film Un dimanche à la campagne, de Bertrand Tavernier, était une adaptation d'un roman de Pierre Bost - auteur que je ne connaissais absolument pas. J'ai un faible pour ce film, et maintenant pour le livre, mais ce sont deux objets bien distincts, Tavernier ayant tiré l'histoire et les personnages dans des directions qui ne sont pas forcément celles prises par Pierre Bost. Ainsi, Monsieur Ladmiral, attachant dans le film, ne l'est guère dans le roman, et n'a pas vocation à l'être.


Pas d'intrigue à proprement dit pour ce roman d'ambiance qui se déroule dans la première moitié du XXème siècle, et où un viel homme de 76 ans, vivant à la campagne avec une domestique dans sa maison située pas très loin de Paris, reçoit très régulièrement la visite de son fils Gonzague le dimanche, tandis que sa fille Irène, sa préférée, ne vient que de temps à autre en coup de vent. Voici qu'on nous dévoile un de ces dimanches, où non seulement Gonzague est venu, comme à son habitude, en train depuis Paris avec femme et enfants, mais où Irène montre elle aussi le bout de son nez.


Tout le roman explore les sentiments qui taraudent ces trois personnages - la femme de Gonzague ne comptant pas aux yeux de Monsieur Ladmiral, les enfants et la domestique guère plus. Leurs sentiments sont mêlés de tendresse, de jalousie, d'admiration, d'agacement, de regrets, de chagrin. C'est un triangle familial au lieu d'un triangle amoureux, mais les enjeux sont les mêmes. Gonzague ne peut s'empêcher, n'a jamais pu s'empêcher d'admirer son père, et c'est justement ce qui le tient à l'écart de son père, qui ne veut pas de cette admiration. Monsieur Ladmiral ne fait pas mine de cacher sa préférence marquée pour sa fille, qu'il idolâtre presque - ou carrément -, et c'est ce qui tient Irène à l'écart de son père. Pierre Bost explicite très clairement et très simplement ces sentiments d'admiration qui suscitent en partie - en partie seulement, car ils ont aussi de la tendresse les uns pour les autres - le rejet de l'objet admiré. Irène a su échapper à un père qui l'aurait étouffée, Gonzague ne saura jamais faire son deuil de la reconnaissance qu'il attend depuis toujours de la part de son père, et qu'il attendra, on le sait, on le sent, toute sa vie durant.


C'est un roman où les rapports entre parent et enfants sont particulièrement bien scrutés, où l'on peut retrouver bien des histoires de famille. le personnage de Gonzague est, tout comme dans le film (où il était joué tout en finesse par Michel Aumont), très attachant, traînant sa tristesse en sourdine et une tendresse qui ne lui sera jamais rendue par son père. Mais le personnage d'Irène l'est également à sa manière, même si elle n'attire pas la compassion comme son frère - son personnage est d'ailleurs assez différent de la version de Tavernier. Quant à Monsieur Ladmiral... Comme je le disais en début de critique, il n'est pas attachant ; il se sait injuste, il l'assume, il est égocentrique, il est même cruel par moments. La dernière phrase du livre est d'une dureté d'autant plus frappante que tout ce petit monde évolue dans un environnement apparemment tranquille, où tout semble se dérouler en douceur. le style même de l'auteur, d'une grande sobriété, dégage volontairement cette impression de douceur qui n'est qu'apparence.
Commenter  J’apprécie          322
Ce roman a été immortalisé par le très beau film adapté du livre -Un dimanche à la campagne- avec l'excellente Sabine Azéma. J'avais d'abord vu le film, fidèle au livre, il m'a donné envie de lire le récit.
Dans le livre poétique, impressionniste, comme dans le film, Monsieur Ladmiral, reçoit ses deux enfants devenus adultes tous les dimanches dans un décor bucolique. Celui-ci habite à la campagne dans une belle propriété retirée à quelques kilomètres de Paris.
Le roman met en valeur les liens familiaux, l'amour qu'éprouve les enfants pour leur père en mettant en avant celui de sa fille, l'amour que lui donne sa fille en retour.
Monsieur Ladmiral a une préférence pour sa fille. celle-ci, vive et dynamique ravive la petite flamme de vie qui est en lui, usée par l'âge et le sentiment de solitude. Elle est bout-en-train, fantasque, peu conventionnelle, culottée,elle met de la vie dans la propriété, en opposition au personnage du frère père de famille réservé, conventionnel.
C'est ainsi qu'ils se retrouvent en famille tous les dimanches, on est au début du siècle dans un décor bucolique.
Ladmiral est nostalgique du départ de sa fille, elle part toujours trop tôt à son goût, son fils lui manque de fantaisie.
Le roman montre l'attachement du père à sa fille, celui du fils au père mais il est peu partagé par ce dernier.
C'est tous les complexes familiaux qui sont en jeu dans le roman, l'oedipe par exemple, on y lit aussi la complexité des relations familiales. La peur de la perte de l'objet d'amour est mis en scène par touches impressionnistes.
C'est un beau récit, le film l'est tout autant. Les comédiens excellent dans leur rôle.

Commenter  J’apprécie          250
Délicatesse, impressionnisme, les teintes du livre constituent la meilleure toile que nous offre Monsieur Ladmiral, peintre conventionnel, qui a vu, senti, ressenti sans jamais pouvoir les aborder, les rives de l'art.
Toute la notion de la création artistique est développée subtilement : ses Beautés, son rêve perfectible, son renouvellement sans cesse repoussé mais aussi ses doutes, ses souffrances, ses impossibilités.
Tous les êtres qui entourent Monsieur Ladmiral sont décrits avec leurs craintes et leurs doutes autres que les siens mais tellement humains : le fils en quête continuelle de reconnaissance du père et soumis à une femme autoritaire et banale comme l'est leur vie à l'exception de ce déjeuner dominical campagnard, la fille tellement aimée, tellement vivante.
L'oxygène qu'elle dégage éblouit un Monsieur Ladmiral vieillissant qui n'a plus que faire des conventions qui ont dirigé vie et peinture.
Il y a des pages certes nostalgiques mais tellement éblouissantes dans ce court livre dont Bertrand Tavernier a réalisé un film fidèle et délicat : "Un dimanche à la campagne". A lire, à voir, à user sans modération.
Commenter  J’apprécie          120
Que de tendresse dans ce roman sur les bonheurs et les petits mensonges qui font la vie d'un homme devenu vieux. Tels les tableaux de Monsieur Ladmiral, les sentiments sont posés en petites touches pleines de simplicité et de délicatesse. C'est un petit bijou !
Commenter  J’apprécie          62

Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Monsieur Ladmiral, quand Gonzague s'en allait, n'était pas très triste de le voir partir ; mais ce départ lui rappelait qu'Irène n'était pas venue depuis longtemps. Alors, dans son adieu à Gonzague, on sentait toujours un peu le regret que cette visite n'eût pas été celle d'Irène. Gonzague comprenait, et il avait des jours où, en redescendant l'escalier de son père, bouleversé, il manquait des marches, comme un amoureux éconduit ; tous les chagrins se ressemblent.
Commenter  J’apprécie          180
Les jeux de la lumière sous le feuillage de la tonnelle le ravissaient, le plongeaient dans une espèce de griserie apaisante.C'était si beau, cette lumière d'été, et cette buée sèche de couleurs éclatantes sur tout le jardin, ces verts et ces rouges et cet or, et ce soleil comme un liquide ou une poudre.
Commenter  J’apprécie          110
Monsieur Ladmiral n’avait jamais beaucoup aimé Marie-Thérèse [sa bru], et d’abord parce qu’elle était une employée subalterne quand son fils l’avait connue ; épouser une femme qui travaille c’était, pour Monsieur Ladmiral, aussi fâcheux et, pour tout dire, aussi vulgaire que d’aller au bureau.
Commenter  J’apprécie          70
Gonzague comprenait, et il y avait des jours où, en redescendant l'escalier de son père, bouleversé, il manquait des marches, comme un amoureux éconduit; tous les chagrins se ressemblent.
Commenter  J’apprécie          80
Monsieur Ladmiral peignait encore, mais seulement pour son plaisir, disait-il, comme s'il eût peint, jusqu'alors, pour celui des autres.
Commenter  J’apprécie          100

Video de Pierre Bost (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Bost
un dimanche a la campagne, film d'après le roman de Pierre Bost Monsieur Ladmiral va bientôt mourir
autres livres classés : vieillesseVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (57) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3652 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}