Surdoués : s'intégrer et s'épanouir dans le monde du travail

Quand chacun demande "Pourquoi ?", le surdoué rétorque "Pourquoi pas ?" Il challenge les autres et les traditions, bouscule les statu quo, fait appel à des idées folles venues d'on ne sait où, comme s'il voyait ce que les autres ne pouvaient pas voir.

Le surdoué est un créatif permanent.
Sans qu'on le lui demande, juste parce qu'il veut effectuer sa mission au mieux, il la repositionne dans un contexte plus large que celui de son organisation et en analyse les tenants et aboutissants.
Avec sa vision globale, il identifie les points clés de blocage et réfléchit à ce qui peut améliorer la situation.

Convaincu que les orientations qu'il met en avant sont bonnes pour l'organisation, il n'imagine pas un instant que c'est aussi un changement qu'il propose.
Or la résistance au changement est l'une des grandes caractéristiques de l'entreprise stable, corps social qui, au nom de la "culture d'entreprise" (de la cohésion d'équipe), favorise le conformisme cognitif.

En voulant bien faire son travail, le surdoué est un spécialiste pour imaginer "ce qui pourrait être", faire des propositions, trouver des idées ...
autant d'initiatives qui apparaissent sur l'instant peu à propos et dont l'immédiate répercussion est de susciter la jalousie des autres et d'inquiéter la hiérarchie.

Nombre de surdoués ont appris, depuis leur enfance, à avoir peur : ils ne vivent plus pour eux mais uniquement en réagissant à leur environnement, d'où des réactions émotionnelles qu'ils ne peuvent plus contrôler car ils ont dissocié leur corps de leur intellect.

Cette dissociation leur est fatale, car, comme Damasio le rappelle, le corps est le premier à ressentir les émotions qui sont elles-mêmes à l'origine des décisions prises de façon intellectuelle.
Négliger le langage du corps, c'est donc risquer de prendre les mauvaises décisions.

Dabrowski a identifié cinq formes d’hyperexcitabilité : psychomotrice, sensuelle, imaginaire, intellectuelle et émotionnelle.

L’hyperexcitabilité émotionnelle, la plus visible, se traduit chez le surdoué par des sentiments très intenses et la capacité à exprimer une vaste gamme d’émotions (rougeurs subites, maux d’estomac, etc.). Il peut très rapidement passer de l’inhibition (timidité) à l’excitation (enthousiasme), et vice-versa. Il est également capable d’empathie et fait montre d’une grande profondeur dans ses attachements affectifs. L’amplitude extraordinaire de ses émotions est problématique : il peut passer très (trop) facilement d’une
joie intense, douloureuse même, à une désespérance si abyssale qu’il va jusqu’à souhaiter en finir avec la vie.

L’hyperexcitabilité psychomotrice génère chez le surdoué un besoin
intense d’activité physique et de mouvement. Son énergie physique débordante se manifeste par des tics et des logorrhées, ou encore le besoin de faire le clown. Elle peut le conduire à un penchant obsessionnel de l’organisation et au « workaholisme ». Il peut également éprouver de grandes difficultés à s’endormir à cause d’une activité cérébrale qui n’arrive pas à se mettre en veille : le cerveau, en surchauffe, n’arrête pas de tourner et la
pensée ne ralentit pas. Plus problématique encore pour lui, il peut avoir des comportements déplacés (nervosité, violence).

L’hyperexcitabilité sensuelle s’exprime chez lui par une exacerbation des sens. Pour limiter l’envahissement qui résulte de cette hyperperception, le surdoué peut se tourner vers des addictions en tous genres qui vont, temporairement, l’aider à en atténuer les effets.

L’hyperexcitabilité intellectuelle est le propre de celui qui a des convictions morales fortes, notamment le surdoué. Elle induit la curiosité, la capacité à soutenir un effort intellectuel intense, une avidité en matière de lecture, un penchant certain à poser des questions pertinentes et à résoudre des problèmes, mais aussi à critiquer.

L’hyperexcitabilité imaginaire facilite, elle, l’association des informations, le recours important aux métaphores, le souci du détail (les rêves sont si vivaces qu’ils peuvent être racontés par le menu), le risque étant pour le surdoué de se disperser.

Dans un monde qui favorise la standardisation, la singularité surprend et dérange. Dans un monde qui favorise une certaine pensée unique, l'indépendance d'esprit heurte. Certains surdoués grandissent alors avec le sentiment envahissant d'être perçus comme excessifs, comme étant toujours "trop" par rapport à une "norme" définie par les habitudes du groupe dominant.

Qu'il est difficile de faire face à des critiques qui ne portent pas sur ce qu'ils font mais sur ce qu'ils sont, à une remise en cause de leur façon d'exister (la fameuse phrase "Pour qui vous prenez-vous ?" et ses différentes déclinaisons).

La réalité, c'est que le surdoué est capable de travailler bien plus vite que n'importe qui, avec un rendu meilleur et une véritable originalité de pensée, allant parfois jusqu'à améliorer certains process pour en décupler l'efficacité.
C'est un véritable atout pour l'entreprise, mais cette facilité en agace et en inquiète plus d'un qui ne saisissent pas cette façon particulière de fonctionner.

Quand les malentendus entre surdoué et non-surdoué s'additionnent, le ressentiment augmente. Pour chacun, il est "évident" que l'autre refuse de comprendre.