Ce « Découverte » Galllimard m'a permis d'appréhender l'oeuvre de ce peintre que je connaisssais mal, à dire vrai, quasiment pas du tout.
Comme toujours dans cette collection, le livre est abondamment illustré, et l'analyse très complète.
Un seul reproche, que je peux aussi faire pour toutes les monographies consacrés aux peintres, c'est l'absence d'une chronologie de la vie de l'artiste qui pourrait être résumée en fin d'ouvrage, ce que l'on trouve dans d'autres collections.
Or, très souvent, l'approche picturale des grands peintres évolue significativement au cours de leur vie, et peut dépendre d'événements personnels. Aussi, pouvoir se référer à une chronologie est, je trouve, utile pour le lecteur.
C'est d'autant plus vrai pour cette monographie consacrée à
Maurice Denis qui se détache un peu de l'approche chronologique, ce qui rend la lecture un peu complexe. Ainsi, peu est dit du décès de sa première épouse, Marthe, à laquelle pourtant il a consacré tant de tableaux.
Ceci dit, le livre est passionnant. Il montre une facette très originale de l'approche artistique à la fin du 19 ème siècle et au début du 20 ème siècle.
Spontanément, je pense pour cette période aux impressionnistes, Monet, Renoir, Pissarro, Sisley, à Cézanne et à
Van Gogh, puis à l'apparition du cubisme avec Picasso et Braque, au fauvisme avec Matisse, Derain, et aux débuts de l'art abstrait avec
Kandinsky, Kupka, Malevitch et Klee, bien que ce dernier ne soit pas tout à fait un peintre abstrait.
Or, dans cette période très riche, il y eut aussi les Nabis, dont Denis fit partie, influencés par Gauguin et l'art japonais.
Beaucoup de ces premiers tableaux montrent cette influence.
Mais, ce qui très vite distingue
Maurice Denis des autres « Nabis » , et ce livre le montre très bien, c'est la grande dimension religieuse de sa peinture. Et ce sont manifestement les peintres italiens du 15 et 16eme siècle, Giotto,
Fra Angelico qui inspirent son oeuvre à ses débuts, sans que ce soit une imitation. Car ce livre montre que ce caractère sacré ne s'exprime pas qu'au travers de tableaux religieux. Denis donne aussi une sorte de dimension sacrée aux représentations de sa vie familial. Ainsi en est-il des tableaux dans lesquels apparaît son épouse Marthe, où le parallèle avec la sainte des évangiles est fait délibérément ; même les nus de celle qui fut sa première femme ont cette beauté extatique, quasi religieuse.
Et les tableaux les plus tardifs notamment ceux de bord de mer, donnent ce sentiment d'une sorte de paradis terrestre.
Et puis, on ne peut évidemment commenter un livre consacré à un peintre sans mentionner les remarques fort intéressantes de l'auteur du livre quant à l'approche picturale, la simplification des formes, le traitement des volumes et des couleurs qui notamment rapprochent curieusement Denis et
Kandinsky.
Ce livre, qui illustre, comme bien d'autres, l'extraordinaire diversité de la création picturale en France au début du 20 ème siècle, m'a vraiment donné envie d'aller voir les oeuvres de
Maurice Denis, au musée d'Orsay, mais aussi au musée qui lui est consacré à
Saint Germain en Laye. En consultant la liste de ses tableaux, j'ai vu que, malheureusement, beaucoup sont dans des collections particulières, ce qui est bien dommage, mais très fréquent pour nombre de ces grands peintres., Bonnard notamment.