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Critique de Eric76


Ce petit livre m'a profondément ému.
Clémence est la fille du juge anti-terroriste Gilles Boulouque, qui eut son bref moment de célébrité quand il fut magistrat instructeur des attentats de 1986 (souvenez-vous de la joute verbale hallucinante entre Chirac et Mitterrand lors du débat télévisé de la présidentielle de 1988. "JC : Pouvez-vous vraiment contester ma version des choses en me regardant droit dans les yeux ? FM : Dans les yeux, je la conteste.").
Deux ans plus tard, broyé par le système, la haine et les mesquineries du quotidien, le juge Boulouque finit par se tuer en se tirant une balle dans la tête.
Clémence Boulouque, étudiante à New-York, assiste aux attentats du 11 septembre 2001, et se retrouve brutalement confrontée avec sa propre histoire. "Le terrorisme, mon père, ma perte". Alors, elle écrit pour essayer de dominer son passé. Pas d'analyse politique, pas de jugement, pas de dénonciation dans ce livre ! Elle se souvient de son Papa. Simplement ! de son papa quand elle était une petite fille espiègle. de son papa qui ne pouvait pas s'empêcher de pouffer de rire avant d'achever son histoire drôle… de son papa passionné d'athlétisme et lecteur assidu de l'Equipe. Des petits riens de la vie quotidienne !
Puis la vie professionnelle de son Papa vient s'immiscer dans sa vie de petite fille. Les gardes du corps. Les menaces. La dureté des médias. La célébrité de Papa et la méchanceté des copines ("Fille de juge. Fille de pute"). On s'efforce malgré tout de vivre comme toutes les autres familles, et de rester digne et droit face à la férocité des hommes et aux "coups d'épingles" qui font souvent si mal.
Clémence sort à reculons de son petit monde d'enfant et devient une jeune adolescente. Elle reproche parfois âprement les trop nombreuses absences de son père dévoré par sa Grande Mission. Elle entrevoit aux détours d'un regard où d'une photo prise à ses dépens, l'immense souffrance de son père et le raconte avec des mots plein de retenue et d'amour perdu.
"Mon père était comme ces athlètes dont il suivait assidûment les performances, ces coureurs qui, au milieu de leur course, sont victimes d'un claquage (…); ils ont un masque de douleur, lorsqu'ils quittent le stade à cloche-pied, soutenus par un soigneur. A partir de ce mois de novembre, mon père a porté ces traits qui lui rayaient le visage".
Ce livre est empreint d'une telle tristesse qu'il vous poigne le coeur. Un livre tellement bouleversant qu'à plusieurs reprises il en est tombé de mes mains.
A lire absolument.
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