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EAN : 9782081376595
120 pages
Flammarion (06/01/2016)
3.04/5   35 notes
Résumé :


1964. Dublin. Mel Ferrer, le mari d'Audrey Hepburn, organise une rencontre entre la jeune femme et celui qu'elle n'a pas vu depuis près de trente ans, Joseph, son père, qui avait abandonné sa famille pour mieux embrasser ses idéologies fascistes et dont la trace s'est perdue dans le fracas de la seconde guerre mondiale.

Vacances Romaines, Sabrina, Diamants sur Canapé ont fait d'Audrey Hepburn l'une des icônes d'Hollywood et l'objet de... >Voir plus
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Clémence Boulouque se sert des retrouvailles distantes entre Audrey Hepburn
et son père,. Lui qui a abandonné sa famille pour épouser la cause fasciste et nazie dans les années troubles d'avant la seconde guerre mondiale. Avec une grande justesse et une plume élégante, Clémence Boulouque mets en lumière les moments clés qui ont fait de cette jeune femme une star du cinéma, mélange d'élégance et de naturel désarmant.
Les blessures de l'abandon paternel, les privations de la guerre, les rêves de danseuse évanouis, Audrey Hepburn aurait pu devenir une étoile filante, de celle qui traverse régulièrement la sphère hollywoodienne. Mais sous la fragilité apparente se cachait une femme de coeur et de tempérament, donnant notamment de son temps et de sa notoriété pour de nombreuses missions à l'Unicef. Une belle personne que l'auteur nous fait revivre avec talent et émotion.
Un grand merci aux Editions Flammarion et à Babelio pour ce roman intelligent et sensible. A l'image de son titre « Un moment de grâce ».
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Immortelle Audrey déambulant lentement au petit matin en longue robe du soir noire sur la Cinquième avenue, élégante et gracile silhouette devant la vitrine de Tiffany…ou vive et joyeuse princesse fugueuse sur un scooter en vacances à Rome…
Les instants de grâce ne manquent pas dans la filmographie d'Audrey Hepburn, occultant avec talent ses fêlures, fragilités, et l'insondable vide laissé par un père absent, disparu sans raison alors qu'elle n'avait que sept ans.

Aout 1964, à Dublin, c'est la rencontre justement, distante après trente années d'absence avec ce père qui sert de point de départ et de trame au court récit de Clémence Boulouque.
Flash-backs, éclairages subtils ou plus crus sur les éléments essentiels de la vie d'une femme devenue icône du cinéma alors qu'elle se rêvait danseuse étoile, c'est grâce à une écriture précise, très élégante et surtout une grande délicatesse que l'auteur révèle un portrait original d'Audrey Hepburn, bien plus subtil qu'une simple litanie biographique, plus vivant et prenant aussi. L'analyse fine de l'auteur dévoile une femme toujours exigeante, blessée, entre autres, par l'abandon de son père, la froide distance de sa mère, les privations pendant la guerre, mais résolument tournée vers la joie et l'amour des autres, son engagement auprès de l'Unicef n'était pas qu'une posture.

Quelques bribes d'écriture :
« Elle avait appris à danser et n'avait pu devenir une étoile ; elle n'avait pas appris à jouer et avait été acclamée. Elle conserverait ce complexe d'illégitimité. »
« Elle fondrait sur la joie, quitte à déraper s'il le fallait. »
« Elle était complètement vulnérable, le resterait et n'en serait pas victime. »
« En réalité, dans chacun de ses rôles, elle montrait à des hommes riches, séducteurs, et surtout blasés, qu'ils avaient tout vu mais ne savaient plus voir. Elle n'était pas un démon de midi, mais une façon de les faire tomber amoureux de leur propre existence, à nouveau, en même temps que de ce lutin qu'elle était. »

120 pages d'un réel plaisir de lecture, c'est suffisamment rare pour être souligné, d'autant que je serais passée facilement à côté de ce livre si une amie ne me l'avait offert, connaissant mon admiration pour Audrey, l'actrice mais aussi la femme.
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De Vacances romaines à Drôle de frimousse, de Charade, à My Fair Lady, de Sabrina à Diamants sur canapé, elle brille comme un lutin espiègle au regard de velours un peu triste.

Elle arrache des larmes quand elle cherche son chat sous la pluie de New York, elle virevolte comme une plume dans les bras de Fred Astaire, elle épate par son culot de garçon manqué quand elle enfourche la vespa de Gregory Peck, elle est toute l'âme russe quand elle valse amoureusement avec Mel Ferrer, elle est toute la gentry d'Ascott quand elle arbore plumes et chapeaux du grand monde avec l'élégance innée d'un oiseau de paradis.

Elle ne marche pas, elle vole; elle ne parle pas , elle module; elle ne regarde pas, elle sonde.

Bref, vous l'avez compris, je suis une fan inconditionnelle d'Audrey Hepburn.

Je me suis donc ruée sur le petit livre de Clémence Boulouque....

Pas une once de facilité "people" dans ce petit livre-là: pas de biographie constituée, pas de récit chronologique et circonstancié.

C'est une facilité qui se refuse, un petit livre qui demande qu'on le décrypte, une voix qui exige qu'on l'écoute...Un Instant de grâce est écrit dans un style raffiné, précieux, exigeant, voire parfois un peu alambiqué ou obscur.

On déguste à petites goulées, on ne dévore pas: normal, pour cette brindille anorexique ou plutôt pour cette danseuse affamée par les privations de la guerre qui n'atteignit jamais le firmament des étoiles où elle espérait briller, pour cause de taille trop haute et de poids trop plume...

Les touches successives de ce portrait -chinois ou impressionniste, à tout le moins- sont faites comme au hasard, à mesure que le sujet progresse - il tient en quelques lignes:il s'agit d'une entrevue qui dure le temps d'un dîner.

Mel Ferrer, son mari, a combiné une rencontre, en 1964, à Dublin, entre sa femme et le père de celle-ci, Joseph Victor Anthony Ruston Hepburn, qu'Audrey n'a plus vu depuis 1939.

Cet aventurier au coeur dur, gagné aux idées rexistes, puis fascistes et enfin nazies, a quitté sa famille en 1935, sans un mot d'explication.

De Jakarta à Bruxelles, de Londres à Amsterdam, l'enfance d'Audrey a été un constant ballotage d'un pays à l'autre, d'une langue à l'autre, d'une guerre à l'autre (elle fuit le Blitz londonien pour tomber dans Amsterdam bombardée puis occupée, à deux pas de l'"achterhuis" où se cache Anne Frank).

Le père disparu, la mère distante et froide- une aristocrate hollandaise qui veut apprendre à sa fille qu'on survit en s'endurcissant- , Audrey, elle, a le coeur trop tendre pour se durcir alors elle se forge une rambarde contre l'écroulement: ce sera la" barre" et la dure discipline de la danse classique...qui ne voudra pas d'elle. Petits boulots alimentaires: la publicité, le mannequinat, la figuration..

Un jour, l'écrivain Colette la remarque et trouve en elle sa Gigi: Broadway lui ouvre ses portes, et le cinéma après le succès de Vacances romaines lui offre ses plus beaux rôles...C'est la gloire, vite, très vite. Elle n'a que 23 ans...

Mais la biographie n'est pas le propos de Clémence Boulouque, et je conseille à ses lecteurs de faire d'abord une petite révision Wikipédia du parcours de leur star favorite pour s'y retrouver un peu plus facilement..

.Lentement, avec pudeur, exigence, fermeté Laurence Boulouque fait le portrait en creux d'un vide laissé par l'absence du père , un vide que la grâce a empli- je ne parle pas seulement de la grâce physique mais aussi et surtout de la grâce donnée comme un don divin, de la grâce du coeur et de l'esprit, qui donne à la grâce physique ses lettres de noblesse.

Fragile et forte, tendre et secrète, Audrey Heppburn- pas l'actrice, la femme- naît bientôt entre les pages - comme ces fleurs japonaises qui s'ouvrent délicatement dans un bol d'eau fraîche...

C'est court, c'est parfois ardu, mais c'est intense...
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« Quand elle riait, il lui semblait qu'une part de son rire s'élançait pour explorer le terrain et l'autre attendait – un rire en léger différé. »
Et voilà, tout m'est revenu, et je souris moi aussi... Magne-toi le cul Fleur bleue ! Je pourrais revoir encore et encore cette scène, je ne m'en lasserais jamais. C'est ainsi que j'ai découvert Audrey Hepburn il y a bien longtemps. Aujourd'hui ce livre m'a apporté un éclairage très intéressant. Un très beau texte qui demande une lecture lente et silencieuse, tout en respect. C'est beau et délicat, Un instant de grâce. Une écriture maîtrisée, très travaillée pour un rendu tout en finesse. J'ai beaucoup apprécié ce livre qui relate quelques moments de la vie de cette actrice, vêtue de blanc, frêle, cachée dans ce grand pull à col roulé.
On ressent toute la fragilité de la femme, étonnée d'être. « Elle avait la tristesse compliquée, compensée en recevant le monde comme un cadeau. » Je ne savais pas grand chose de sa vie et j'ai appris en lisant plus que des éléments de sa vie. J'ai vu l'actrice, la femme de l'UNICEF et l'enfant qu'elle fut. Cela m'a permis de me remémorer des attitudes, des mimiques et de les comprendre avec un nouvel éclairage, moins blanc, grâce aux mots de Clémence Boulouque. « Les déracinements rendent les lèvres et les pensées mal synchrones. » Cette timidité qui m'étonnait, cette retenue qu'elle portait toujours le peu de fois où elle était vue hors champ et ce sourire qui illuminait son visage devant les caméras. L'auteur donne des clés : un père fasciste qui largue les amarres et sa famille pour l'aventure, une mère qui lui répétait « ton petit toi n'est pas intéressant », la guerre et la faim, la danse sans les étoiles...
Audrey aimait le blanc, comme si cette couleur pouvait tout effacer. Je comprends mieux après cette lecture. Son père « lui avait offert ce vide. Ne pas recevoir l'équivalent de ce que l'on donne, ne pas s'y attendre. Désirer sans souhait. »
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J'aimerai lancer des confettis de compliments, car cette évocation de Audrey Hepburn est un florilège de petits bijoux, de moments cultes, que notre narratrice Clémence Boulouque parsème en poèmes.


Clémence Boulouque évoque "un instant de grâce", où, comme la main de la danseuse se délie, pour nous conduire vers une autre figure, l'actrice traduit sur son visage bien plus qu'une émotion, des mots que le silence capte dans l'oeil de la caméra, un instant qui vous remue et fera de cet instant quelque chose d'inoublié.

"Un instant de grâce" qui se renouvelle, à chaque film, en instants ineffables où les silences deviennent par la magie de l'actrice, des portes ouvertes sur la vérité du personnage, l'incarnation de celui- ci, il y a des soupirs et des regards qui ne trompent pas.


La scène joué dans ce récit, le temps d'un repas, est la rencontre d'Audrey Hepburn avec son père, comme un instant suspendu.

"Et soudain, il était là. Joseph Victor Anthony Ruston Hepburn.
Les brumes dissipées, un froid était tombé, c'est très été précis comme son nom.
Il était engoncé dans une vie qui lui barrait le front en rides sèches, et y plaquait cet air obtus".

Chaque plan de cette rencontre renvoi au tournage d'un film, colères, pleurs, ironies, ce père qui a disparu tente de retrouver un visage, ils se sont connus ; "Tous trois avaient les gestes courts et vite figés, les mots qui ne venaient pas, pas plus que le silence.
Elle était debout, entre son mari qui n'avait jamais vu ce père, ce père, dont elle savait peu", se dit-elle page 16.

le livre se ferme sur le départ du père, jamais appelé papa, elle n' aura rien demandé, ni explication, ni pardon, elle sait la valeur des gestes, encore une figure apprise pour lui peut être, pour cet instant, elle le prit dans ses bras sans hâte. Elle le laissait à ses rôles inhabités, à tout le vide qui tord et s'écrase au sol, comme un linge mouillé.


Ce livret est une invitation à revisiter les rôles tenus par Audrey Hepburn, une femme où le sentiment d'abandon imprime chacun de ses gestes, une fêlure, que seuls certains de ses metteurs en scène vont percevoir, ses souvenirs de Hollande sont trop sombres pour qu'elle soit dans une légèreté d'insouciances, sa légèreté comme un leurre où viennent échouer ses secrets. Clémence Boulouque suggère page 18 ; " Elle était restée l'enfant qui avait trouvé dans les traumas les nuances de ce rôle, et ainsi tracé un nouveau cours à sa vie."

Vous serez peut être irrité par le procédé littéraire, seul bémol, qui consiste à brouiller les pistes, à disperser les époques ou les personnages, procédé très à la mode mais un peu artificiel et trop convenu pour dérouter et encore moins pour enchanter tous les lecteurs.
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Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
Un jour, il lui était apparu que, dans chacun de ses rôles, elle avait toujours volé, maraudé : elle était celle qui subtilisait une journée au protocole princier dans Vacances romaines, l'héritier qui ne lui était pas destiné dans Sabrina, le coeur d'un séducteur dans Ariane, et des babioles dans Diamants sur canapé - des larcins commis pour leur petit frisson, ou pour le bonheur de faire les poches de quelqu'un qui ne l'ignore pas tout à fait. Une filouterie, la danse, un rire étaient de la même texture que la joie : une force inarticulée capable de condenser un monde épars.
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Audrey trouvait son seul réconfort dans ses leçons de danse.
La petite fille franchissait le seuil de la pension
pour répéter à la barre des attitudes et des enchaînements qui, toute la semaine lui tenaient compagnie.
Elle collectionnait les gestes, la mémoire des mouvements,
le délié d'une main et elle regardait chacun emplir l'espace,
les corps étaient des rythmes,
et tout lui semblait une chorégraphie.
Elle aimait les esquisser, les jeter sur le papier,
comme d'autres de ses dessins.
p 41
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Il paraissait incapable de joie incrédule. Il lui aurait fallu pour cela accepter les quelques miracles d'une vie. Elle avait souvent pensé que la plus irréconciliable des différences était là : dans la part que chacun accorde à ce qui le dépasse, cette capacité à consentir à une brève incrédulité - ce bonheur d'avoir douté du bonheur et d'avoir eu tort. Tout se joue en un très bref ralenti ; le corps qui sait avant l'intelligence et dans ce décalage passe un filet de chaleur claire. mais pour que filtre la lumière, il faut la fracture. Et son père semblait fait d'une pièce, d'un bloc, sombre.
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Elle avait depuis longtemps eu la danse en exutoire, la danse l'avait sauvée, comme la joie, ce rire sans son et souvent sans motif. Toutes deux lui apportaient une maîtrise ivre.
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Et soudain, il était là. Joseph Victor Anthony Ruston Hepburn.
Les brumes dissipées, un froid était tombé, ses traits étaient précis comme son nom.
Il était engoncé dans une vie qui lui barrait le front en rides sèches, et y plaquait cet air obtus.
Il était une figure et une charpente épaisses.
Il s'en était allé un jour de mai 1935, sans raison.
P 13
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Videos de Clémence Boulouque (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Clémence Boulouque
Clémence Bouloque publie « Un instant de grâce », un roman sur Audrey Hepburn. Pour Entrée Libre, l?écrivaine revient sur la carrière de l?actrice américaine, icône du cinéma hollywoodien, avec des films cultes comme « Funny Face », Diamants sur canapé », « Vacances romaines »?
Du lundi au vendredi à 20h15, Claire Chazal explore les multiples formes de la culture. Au menu, l'actualité culturelle des dernières 24 heures, des reportages sur des sujets éclectiques, ainsi que des rencontres avec des personnalités du monde des arts plastiques, du spectacle vivant, du cinéma et de la musique. Une fois par mois, un invité prend les commandes de l'émission et propose ses choix culturels.
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