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EAN : 9782234064393
240 pages
Stock (11/05/2011)
3.34/5   45 notes
Résumé :

« À la fin des années 1970, Sami, un jeune garçon, disparaît au centre de la campagne algéroise. Pour ne jamais l’oublier, Alya, son amie d’enfance, écrit chaque jour son histoire, leur histoire, réinventant le passé, fixant le présent, temps de l’attente et de l’imagination.Il m’est difficile de savoir la personne que je suis mais il m’est facile de savoir pourquoi j’écris.

C’est arrivé en 1979. Dans les nuits algériennes où mes rêves n’... >Voir plus
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Nous sommes en 1979 à Alger. Alya a 14 ans et, comme tous ses proches, elle redoute l'arrivée de 1980, année chargée de menaces et de mauvais présages. Alya souffre également de la disparition de Sami, son premier amour. Je me dis que Sami a été aspiré ; qu'il est passé de l'autre côté. » (p. 75) L'autre côté, c'est l'âge adulte. Alya, l'adolescente, a des restes d'enfance et des terreurs qui la coupent de cet âge à la fois inquiétant et séduisant. « Je n'ai pas peur la nuit avant de m'endormir, je n'ai pas peur des esprits, j'ai peur de ce qui existe. Je crois que j'ai peur de la vie, comme on me l'a donnée, proposée. Parce j'ai toujours l'impression de ne pas avoir le choix. D'être obligée de suivre les autres, le monde. » (p. 33)

Pour se défaire de ses peurs et de la terrible douleur de ne plus voir Sami, Alya écrit dans des carnets. Sa poésie est angoissée, torturée : elle convoque l'absent et rend le vide plus palpable. « Je vois Sami partout dans mes mots et […] je sens que je peux pleurer ce soir, parce qu'une année vient de passer et qu'il n'est pas revenu. Et qu'il ne reviendra peut-être plus. » (p. 133) le roman de Nina Bouraoui est un récit du passage entre un présent inquiet et un futur d'espérance. La narratrice comprend progressivement que la peur de l'avenir, voire de l'inconnu, est vaine.

Le rythme est très fragmenté, les phrases sont courtes, parfois interrompues pour mieux reprendre après le point. La narratrice parle comme on émettrait une incantation pour appeler la vérité, pour lever le voile qui dissimule les choses. Son souffle est court et la lecture s'adapte à cette ponctuation forcée, mais parfois au détriment du sens. Les phrases sont hachées, déchiquetées et le propos s'étiole. En dépit de la beauté et de la gravité du sujet, j'ai trouvé ce texte long et confus. Je me suis même perdue dans la lente métaphysique amoureuse et sensuelle de la narratrice.
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Alger, 1979. Sauvage est construit comme le long monologue d'une jeune fille, Alya, 14 ans. Elle revient sur l'année passée, un an après la disparition mystérieuse de son ami d'enfance Sami. Pour ne pas l'oublier, elle écrit, retraçant les liens qui les unissait, les tensions qui ont pu surgir au fil des années, et surtout la blessure atroce que cette disparition lui a causé.

C'est finalement le portrait, élaboré d'une manière très fine, d'une jeune fille qui entre dans la période troublée de l'adolescence, mal dans sa peau et dans son corps. Une jeune fille qui vit très mal son passage à l'âge adulte, surtout sans le soutien que fut Sami : "Je n'ai pas peur la nuit avant de m'endormir, je n'ai pas peur des esprits, j'ai peur de ce qui existe. Je crois que j'ai peur de la vie, comme on me l'a donnée, proposée. Parce que j'ai l'impression de ne pas avoir le choix. D'être obligée de suivre les autres, le monde. le marche du temps. C'est comme un écrasement de savoir cela. D'être obligée de l'accepter pour devenir une vraie personne, c'est-à-dire une personne qui trouve sa place, qui s'inscrit dans ce monde et qui participe, avec les autres, à la marche, sans jamais pouvoir l'arrêter, ou lui faire changer de sens."

C'est l'expression d'une grande détresse, d'une grande solitude et d'une grande clairvoyance quant au monde des adultes et à la vie. Une sorte de soeur de la petite fille de L'Élégance du Hérisson. Les émois de l'adolescence sont très présents : "Il fallait que ça sorte. On étouffait de nous-mêmes [...] Je me disais que nos âges étaient comme des vêtements trop petits pour nous. On avait d'autres envies. On avait d'autres désirs. On manquait de liberté. On n'avait pas eu d'enfance, on renonçait à notre jeunesse. Il nous fallait toujours plus. Toujours plus fort. Toujours plus vite. On ne voulait plus de limites. Et cela donnait de la colère parce qu'on était dans la frustration." . Un désir violent de liberté, de changer d'air, de sortir de cette atmosphère où a vécu Sami, c'est donc ce qui ressort de cette lecture.

Et en filigrane, une peur diffuse face à l'année 1980, qui se répand dans toute sa famille. (Note : Pour Nina Bouraoui, c'est l'année 1981 qui sera marquante puisque après des vacances en France, la famille ne peut pas rentrer en Algérie. le deuil d'une vie sauvage et libre.)

De son côté, Alya décortique tout, de la lumière du matin à ses propres sentiments en passant par le comportement des gens qui l'entourent : "C'est ce que j'ai toujours ressenti. Les autres ne sont rien. Leurs ordres ne sont rien. C'est notre réponse aux autres qui veut dire quelque chose, qui signifie quelque chose, et vouloir être libre des autres est une autre forme de prison.". On a l'impression qu'elle scanne sans cesse son environnement, s'interrogeant sur tout, en une sorte d'apprentie philosophe : "Je me disais que pour prendre conscience de la vie il fallait changer d'angle."

Au départ, je me suis laissée happée par ce ton nouveau, cette construction intéressante. Et puis, malgré la beauté du style, je me suis lassée de ce monologue, de cette voix unique, et je me suis perdue dans toutes ses réflexions, dans le labyrinthe de ses pensées, et me suis empressée de le refermer. Un livre angoissant et étouffant.

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Alya vit à Alger, dans un ensemble d'immeubles, avec ses parents et sa soeur : "J'étais bien à Alger. J'avais une vie particulière. Une vie dans les jardins et les forêts. Une vie que nous inventions, tous les jours, ma soeur et moi.", elle cherche l'attention et l'affection des gens : "Je voulais devenir la personne au centre de la scène.", et l'évènement à venir, c'est le passage en 1980, année de nombreux fantasmes.
Mais auparavant, l'évènement marquant de la vie d'Alya, c'est la disparition de Sami, son ami d'enfance.
Pour ne pas l'oublier lui ni les évènements qu'ils ont vécu ensemble, Alya se raconte, dans son journal, sous la forme d'un monologue qui durera tout le long du livre.
Alya entretient une relation ambigüe avec Sami, faite d'amour/amitié et de haine dont la raison ne sera donnée qu'à la toute fin du livre.
Mais ce qui ressort de son histoire, c'est le côté sauvage de leur amitié et de chacun de ces deux êtres pris séparément : "On avait d'autres envies. On avait d'autres désirs. On manquait de liberté. On n'avait pas eu d'enfance, on renonçait à notre jeunesse. Il nous fallait toujours plus. Toujours plus fort. Toujours plus vite. On ne voulait pas de limites.".
Alya est aussi croyante, que ce soit en une religion : "J'aimais l'idée du sacrifice aussi. Je trouvais ça généreux. Mais je gardais cela pour moi parce que mon sentiment pour Dieu me dépassait. Je n'arrivais pas à le définir. Je ne savais pas si c'était lui qui venait à moi ou moi qui allais à lui. Je n'avais ni les mots ni l'histoire de Dieu, mais j'en éprouvais le besoin comme l'on peut éprouver le besoin d'être aimé et d'exister pour quelqu'un.", ou en des rêves qu'elle faits : "Les rêves c'est la partie de soi que l'on ne peut pas montrer. Parce que c'est l'âme sans défense.".

A travers "Sauvage", Nina Bouraoui transporte le lecteur dans une Algérie tel qu'elle en a conservé le souvenir.
Ni tout à fait récit oriental ni tout à fait récit de science-fiction, "Sauvage" oscille en permanence entre ces deux genres littéraires.
Il y a à la fois le côté enchanteur de l'Algérie, des sensations, des odeurs, des paysages; et un univers fantastique exacerbé par l'imagination d'Alya, avec l'arrivée probable d'extraterrestres, la fin du monde avec le passage en 1980, le tout sous fond de musique avec la chanson "Spacer" de Sheila.
Il y a un côté voyeur dans ce roman qui m'a beaucoup plu, le récit à la première personne du singulier d'Alya y étant certainement pour beaucoup.
Avec elle, le lecteur découvre son univers quotidien, son immeuble et ses voisins, ses relations avec ses parents et sa soeur, et les moindres de ses pensées intimes.
Elle parle sans retenu des garçons, de sexe, des relations entre adultes qui la fascinent, de toutes ces questions qui passent par la tête d'une jeune fille de 13/14 ans, s'attirant ainsi l'intérêt et la curiosité du lecteur dès les premières phrases, deux sentiments qui ne le quitteront plus jusqu'à la fin du récit.
Il y a aussi une ambiance qui se dégage des mots, c'est un livre que je qualifierai d'animal tant il arrive à faire passer au lecteur des sensations et des impressions, ceci étant d'ailleurs renforcé par des passages très sensuels montrant, notamment, l'éveil à l'amour, au sentiment amoureux.
Le lecteur ne se contente pas de lire le journal d'Alya, il le vit et lui donne vie, c'est en tout cas ce que j'ai ressenti tout au long de la lecture.
Le style est beau et l'écriture maîtrisée, Nina Bouraoui livre avec "Sauvage" le très beau portrait d'une jeune fille dans une époque en pleine mutation, dans un pays qui commence à s'agiter et dans un monde qui change.

"Sauvage" est un roman qui se lit et qui se vit, porté par l'écriture audacieuse de Nina Bouraoui à travers un monologue de plus de deux cent pages et par Alya, une jeune fille très attachante, qui offre au lecteur une vision sans compromis de sa vie et de ses pensées.
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"Et parfois ça me dérange, ou ça me fatigue, de me dire que Sami n'existe que par moi, parce que ça m'oblige à exister, à garder les yeux bien ouverts, à m'inscrire dans le monde alors que bien souvent j'aimerais m'en soustraire, prendre la fuite, à mon tour."

Mon avant-dernière lecture dans le cadre du Prix France Océans, Sauvage est l'histoire d'une absence et d'une métamorphose. La disparition, c'est celle de Sami. La transformation, celle d'Alya, une adolescente algéroise confrontée à la perte de son ami, au seuil de l'année 1980. Son adolescence à fleur de peau, entre deuil et force de vie, doutes et questionnements métaphysiques, spiritisme et rationalité, est rendue par un long monologue intérieur ininterrompu, au rythme décalé et saccadé, qui passe par des métaphores puissantes et inédites (voir par exemple la scène de la noyade).

"Et même si ma vie a changé depuis la disparition de Sami, je dois rester là, sous le ciel et non dans le ciel, sur la terre et non dans la terre. C'est obligé, c'est un devoir et c'est un honneur aussi, parce que ça veut dire que je suis plus forte que la peur. Que j'ai réussi à me sauver de moi-même, c'est-à-dire de la mélancolie qui tombe comme la pluie sur mon visage, parfois."

Encore une fois, Nina Bouraoui réussit à secouer le lecteur et à l'interroger dans le tréfonds de son être. La lecture peut plaire ou ne pas plaire, mais elle laisse difficilement indifférent, tant on touche là à l'intime. le style de l'auteure ne m'avait pas accroché lors d'une précédente lecture (ancienne il est vrai), mais ici, derrière le caractère spécial de la narration, on est soufflé par la vivacité, l'énergie de cette écriture qui convoque les sens, et la justesse des propos sur le deuil. Très belle abstraction.

"Il y a tant de personnes à rencontrer, il y a si peu de personnes que l'on aime vraiment, c'est-à-dire à qui on pourrait confier sa vie."
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C'est peut-être le roman de Nina Bouraoui (franco-jijelienne) qui met en scène le mieux et le plus sa personnalité. Sauvage, comme le titre, assurément bien choisi. En fait, ce n'est ni un roman au sens classique et commun du terme, ni une oeuvre mémorielle et encore moins une autobiographie. Peut-être même un essai... de philo. En tout cas, un peu de tout, et surtout le portrait psychologique d'une Algérienne, une encore adolescente, à peine aux portes de la jeunesse, à la fin des années 70... vivant dans un milieu social assez aisée, mais pas riche, car vivant dans un appartement (situé, il est vrai, dans une résidence que l'on devine réservé aux membres de la nomenklatura de l'époque, dans un quartier où le peuple paraît un peu loin des soucis quotidiens). Une Algérienne «in», ni compliquée, ni complexée, mais s'interrogeant sans cesse sur sa vie, son amour «disparu de la circulation», et sur la vie de ses proches et des aînés (encore plongés dans les drames de la guerre d'Algérie) ; partagée entre la réalité d'un contexte ni dur, ni exaltant, entre les rêves de la modernité et la réalité d'une culture elle-même «éclatée», une grand-mère du «bled» et une autre (maternelle) de France... tout cela dans un pays que, l'on sent au bord de ruptures importantes... en train de vivre ses derniers moments de monde finissant et frappant aux portes pour se plonger d'on ne sait quelles drames. C'est, à travers, le drame existentiel de l'héroïne, que l'on sent tout cela, écrit avec une forte maîtrise de la langue et décrit à travers la présentation des (petits) drames de la vie au quotidien et des (petits) personnages de l'environnement proche. Françoise Sagan Algérienne ! Une erreur à signaler : Skikda est, par deux fois, confondue avec, je pense Tikjda (pp 92 et 188)... Skikda n'a jamais eu de hauteurs enneigés.

Avis : Livre au contenu lyrique, sensuel... qui fera replonger les quinquagénaires et un peu moins dans Alger des années 70. Les sexagénaires et un peu plus sauront enfin ce que valaient, ce que pensaient et ce que ressentaient alors leurs enfants... tout en regrettant de ne pas leur avoir passé le flambeau déjà à la fin des années 80.
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
« Je vois Sami partout dans mes mots et […] je sens que je peux pleurer ce soir, parce qu’une année vient de passer et qu’il n’est pas revenu. Et qu’il ne reviendra peut-être plus. » (p. 133)
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Tout se défait, tout se sépare, et je ne sais pas si l'on retrouve un jour les choses que l'on a perdues.
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On ne peut pas toujours avoir ce que l'on veut ou ce que l'on espère. On ne peut pas toujours être là où l'on aurait envie d'être. Et je me dis qu'exister est parfois une suite de petits et grands renoncements. Et que c'est cela qui forge le caractère, la personnalité, et que c’est cela qui fait sortir une bonne fois pour toute de l'enfance.
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« Je n’ai pas peur la nuit avant de m’endormir, je n’ai pas peur des esprits, j’ai peur de ce qui existe. Je crois que j’ai peur de la vie, comme on me l’a donnée, proposée. Parce j’ai toujours l’impression de ne pas avoir le choix. D’être obligée de suivre les autres, le monde. » (p. 33)
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Je voulais rejoindre un autre monde, plus rapide, plus puissant, plus lumineux. Un monde de vitesse. Un monde de féerie. Un monde où l’on n’aurait plus besoin des mots, des signes, du langage, pour se faire comprendre, pour se faire entendre, pour exister. Un monde où chaque cœur se reconnaîtrait, et se lirait. Un monde extralucide. […] Un monde où il serait plus facile de partager ses peines et ses joies, où chacun pourrait lire l’autre à livre ouvert, où tout serait simple c’est-à-dire limpide. Le monde dans lequel je vivais me semblait brouillé. Je n’arrivais pas à lire entre les lignes.
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Rencontre animée par Marie-Madeleine Rigopoulos
« Je ne sais pas ce que déclenche la mort d'un père, je ne sais pas si je vais me briser, me tordre ou grandir, m'élever. Je sais que je vais devenir une autre personne, j'espère être meilleure, progresser, j'espère ne jamais perdre ma douceur et mon étonnement sur le monde, j'espère que je saurai remplacer ce qui va désormais me manquer. (…) Il y aura une force nouvelle et inconnue parce que je ne veux pas tomber. »
Face à la douleur, Nina Bouraoui se tourne vers l'écriture, et mêle la vie de son père à la sienne. Tous les souvenirs reviennent de Paris à Alger, un art de jouer et d'aimer, une façon de vivre et d'observer. Nina Bouraoui raconte ce grand seigneur à l'existence hautement romanesque, et imagine les secrets qu'il emporte. C'est le bouleversant récit d'une perte et d'un rendez-vous par la mémoire et l'amour.
À lire – Nina Bouraoui, Grand Seigneur et le désir d'un roman sans fin, J.C. Lattès 2024.
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